M” > .. _ RE “ , Fe CR - er dl "1 F 4 ñ £ Css CT DA LE TR EAU ': LÉ ” À HARVARD UNIVERSITY. # ‘4 \ k __h LIBRARY ; OF THE | \ MUSEUM OF COMPARATIVE ZOOLOGY _ 14, 101] | à BEQUEST OF WILLIAM BREWSTER DS Er EsT CS Le FE PAR PTT DA fes Se Er dns gr D re à PRES" és, ES TA ME pc RS PS SEE Que TN PA TES : + PROD. TITRE CPR TRE > CAE. È , : x É D ÉP z 2 E : Fr Mr rpg 4 HISTOIRE NATUREL. LE DES OISEAUX. LE >, << Tome Cinquième. hi. ARPA RES, DE L'IMPRIMERIE ROYALE. #L DECLXXVY, d j L AU aout ‘PVR AT ANTON Le # tetétetteese AVERTISSEMENT. J EN étois au feizième Volume it-4. de mon Ouvrage fur l'Hiftoire Na- turelle, Iorfqu'une maladie grave & longue a interrompu pendant près de deux ans le cours de mes travaux. Cette abréviation de ma vie, déjà fort avancée, en produit une dans mes Ouvrages. J'aurois pu donner dans les deux ans que j'ai perdus, deux ou trois autres Volumes de l'Hiftoire des Oifeaux, fans renoncer pour cela au projet de l'Hiftoire des Minéraux dont je m'occupe depuis plufieurs années. Mais me trouvant aujour- d'hui dans la néceflité lol entre ces deux objets, jai préi féré le dernier X e IV viy AVERTISSEMENT. comme m'étant plus familier, quoiquê plus difhcile, & comme étant plus analogue à mon goût, par les belles découvertes & les grandes vues dont il eft fufceptible. Et pour ne pas priver le Public de ce qu'il eft en droit d'attendre au fujet des Oifeaux jai engagé l'un de mes meilleurs amis, M. Gueneau de Montbeillard, que je regarde comme l'homme du monde, dont la façon de voir, de juger & d'écrire, a plus de rapport avec la mienne ; je l'ai engagé, dis-je, à fe charger de fa plus grande partie ‘des Oifeaux; je lui ai remis tous mes papiers à ce fujet, Nomenclature, Extraits, Obfervations, Correfpon- dances; je ne me fuis réfervé que quelques matières générales & un Ps AVERTISSEMENT: 5% _ pétit nombre d'articles particuliers déjà faits en entier où fort avancés. Ïl a fait de ces matériaux informes- un prompt & bon ufage, qui juftife bien le témoignage que je viens de rendre à fes talens: car ayant voulu fe faire juger du Public fans fe faire connoître , il a imprimé .. fous mon: nom , tous les chapitres de fa compo- fition, depuis l'Autruche jufqu'à 1 Caille , fans que le Public ait paru s’apercevoir du changement de main; & parmi les morceaux de fa façon, il en eft, tel que celui du Paon, qui ont été vivement applaudis & par le Public & par les Juges les plus févères.. Hne m'appartient donc en propre dans: le fecond Volume 7-4." de l'Hiftoire … des Oifeaux queles articles du Pigeon, | *“. x AVERTISSEMENT. du Ramier & des T'ourterelles; tout le refte, à quelques pages près de lhiftoire du Coq, a été écrit & compolé par M. de Montbeillard. Après cette déclaration, qui eff auffr jufte qu'elle étoit néceflaire, je dois encore avertir que pour la fuite de l'Hiftoire des Oïleaux & peut-être de celle des Végétaux, fur laquelle j'ai aufli quelques avances, nous met- trons, M. de Montbeillard & moï ; chacun notre nom aux articles qui feront de notre compofition, comme je lai fait avec M. Daubenton dans lHiftoire des Animaux. On va loin fans doute avec de femblables aides; mais le champ de Ia Nature eft fr vafte qu'il femble s'agrandir à melure qu'on le parcourt; & la vie dun, AVERTISSEMENT. % deux & trois hommes eft fi courte, qu'en la comparant avec cette im- menfe étendue, on fentira qu'iln'étoit pas poflible d'y faire de plus grands progrès en aufir peu de temps. Un nouveau fecours qui vient de m'arriver & que je m'emprefle d'annoncer au Public, c'eft la com- munication, aufli franche que géné- reule, des lumières & des obfervations d'un iHuftre Voyageur, M. le Che- valier James Bruce de Kinnaird , qui revenant de Nubie & du fond de lAbyfimie, s'eft arrêté chez moi plufeurs jours & m'a fait part des connoïffances qu'il a acquifes dans ce voyage, aufi pénible que périllkux. J'ai, été. vraiment. émerveillé en parcourant limmenfe colleétion de 14 VI «y AVERTISSEMENT. Deflins qu'il a faits & coloriés lui- même; les animaux, les oifeaux, les poiflons, les plantes; les édifices, les monumens , les habillemens, les armes, &c. des différens peuples, tous les objets en un mot dignes de nos connoiflances ont été décrits & parfaitement repréfentés , rien ne paroït avoir échappé à fa curiofité, & fes talens ont tout faifr. H nous refte à defirer de. jouir pleinement de cet ouvrage précieux. Le Gouver- nement d'Angleterre en ordonnera fans doute la publication; cette ref- pectable Nation qui précède toutes les autres en fait de découvertes, ne peut qu'ajouter à fà gloire en com- muniquant promptement à l'Univers celles de cet excellent Voyageur, qui AVERTISSEMENT. Xÿ ne s'eft pas contenté de bien décrire la Nature, mais a fait encore des Oblervations très-importantes fur {a culture de différentes efpèces de grains, fur la navigation de la Mer rouge, Îur le cours du Nil, depuis fon embouchure jufqu’à fes fources, qu'il a découvertes le premier & fur plufieurs autres points de Géogra- phie, & de moyens de communi- cation qui peuvent devenir très-utiles au Commerce & à l'Agriculture ; grands Arts peu connus, mal cultivés chez nous, & defquels néanmoins dépend & dépendra toujours la fupé- riorité d’un Peuple fur les autres. ce PRAETE.e ut J8 L à L ë à LT de LE 4 - | A ns LA WT Er LPSC CA rer dey aéga re Road ee 'RLNTEDN eArt “ { LUE A B L'E De ce qui eft contenu dans ce Volume. MrRr DESERT page vi Le Crave ou le Coracias, . + mn Le Coracias huppé ou le S onneut. I a PAUL MS SO Oifeaux étrangers qui ont rapport au Corbraminne Dù HU NL à 95 Le Corbeau des Indes de Bontius, Ibid, La Corbine ou Corneille noire. 61 Le Freux où la Frayonne. ... 7$ La Corneille mantelée. ...... $ ç Oifeaux étrangers qui onf rapport aux CS NO Lu Elo I. La Corneille du Sénégal. Ibid. IT. La Corneille de la Jamaïque, 03 sr; & Crus huppé M. Briflon , rome " nt 6, appelé à Zurich, Scheller, Waldr-rapp, Stein -rap; & en Bavière, comme en Stirie, Clanfs - rapp, En Italien, Corvo frilato; en Polonois, Xruk- lefry Nocny ; en Anglois, Wood crew from [witzerland, À vj | # 12 Hifioire Naturelle dé rochers, dans les crevaffes de Ja terre ; & dans les trous d'arbres & de murailles, pour y chercher les vers & les infeétes dont il fait fa principale nourriture. On a trouvé dans fon eflomac des débris de grillons - taupes, vulgairement appelés courtillieres. 1 mange auflr des larves de fannetons, &.fe rend utile par là guerre qu'il fait à ces infectes deftructeurs. Les plumes qu’il a fur le fommet de la tête, font plus longues que les autres, & lui forment une efpèce de huppe, pendante en arrière; mais cette huppe, qui ne commence à paroïtre que dans les oïffeaux adultes, difparoït dans les vieux, & cet de-là fans doute qu'ils ont été appelés, en certams endroïts, du nom de corbeaux chauves; & que dans quelques defcriptions ïls font repréfentés comme ayant la tête jaune, marquée de taches rouges. Ces couleurs font apparemment celles de Ja peau, lorfqu’au temps de Ja vieillefle elle eft dépouillée de fes plumes. Cette huppe, qui a valu au fonneur le nom de huppe de montagne (b), n'eft [b) Klein, Oyrdo avium , page 111; ne XVI à dj du Coraciäs huppé, ANNE + 3 pas la feule différente: qui le diftingue du crave où coracias : 1l a encore le cou plus grêle & plus alongé, la tête plus petite, la queue plus courte, &c. De plus, 1l n’eft connu que comme oïfeau de paffage, au lieu que le crave ou coracias, n'eft oïfeau de paflage qu’en certains pays & certaines circontances, comme nous . l'avons vu plus haut: c’eft d’après ces traits de diffembiance que Gefner en a fait deux efpèces diverles, & que je me fuis cru fondé à les diftinguer par des noms différens. Lune. | Les fonneurs ont le vol très - élevé, & vont prefque toujours par troupes /c); ils cherchent fouvent leur nourriture dans les prés & dans les lieux marécageux, & is nichent toujours au haut des vie eyes tours abandonnées, ou dans des fentes de rochers efcarpés & inacceflibles, comme s'ils fentcient que leurs petits font un fe) Je fais que M. Klein fait du HAE un oïfeau folitaire, mais c ft contre le témoignage formel de Gefner, qui paroît être le feul auteur qui . ait parlé de cet oifeau d’après fa propre obfervation, & que M. Kleïn copie lui-même dans tout le refle, fans le favoir, en copiant Albin, 14 Hifloire Naturelle mets délicat & recherché, & qu'ils vou- luflent les mettre hors de la portée des hommes; mais il fe trouve toujours des hommes qui ont aflez de courage ou de mépris d'eux-mêmes pour expofer leur vie par lappät du plus vil intérêt, & lon en voit beaucoup dans la faifon, qui, pour dénicher ces petits oïifeaux, fe hafardent à fe laïfler couler le long d’une corde, fixée au haut des rochers où font les nids, & qui fufpendus ainfi au-deflus des précipices, font la plus vaine & la plus périlleufe de toutes Îes récoltes. | | Les femelles pondent deux ou trois œufs par couvée, & ceux qui cherchent leurs petits, laïffent ordinairement un jeune oifeau dans chaque nid, afin de s’affurer de leur retour pour lannée fuivante, Lorfqu’on enlève la couvée, les père & mère jettent un cri, ka-ka, kæ-kæ ; le refte du temps ils fe font rarément entendre. Les jeunes fe privent aflez facilement & d'autant plus factlement qu’on les a pris plus jeunes & avant qu’ils fuflent en état de voler. Ils arrivent dans le pays de Zurich, du Coracias huppé, ce. #5 vers le commencement d’avril, en même temps que Îles cigognes; on recherche leurs nids aux environs de [a Pentecôte, & ils s’en vont au mois de juim avant tous les autres oïfeaux /4). Je ne fais pourquoi M. Barrere en a fait une efpèce de courlis. | Le fonneur fe trouve fur les Alpes, & fur les hautes montagnes d'Italie, de Stirie, de Suifle, de Bavière & fur les hauts rochers qui bordent le Danube, aux en- virons de Paflau & de Kelheym. Ces oïfeaux choififlent pour leur retraite, certaines gorges bien expofées entre ces rochers, d’où leur eft venu Je nom de Klauf-rappen, corbeaux des gorges. (4) Voyez Gefner, de Aribus, page 351 [foire Natirelle PRETARIPE DE RESTE LIENS TD Eee ER LE CORBEAU (à). Planche 11 de ce volume *. UOIQUE Îe nom de Corheau ait été donné par les Nomenclateurs à plu- fleurs oïfeaux, tels que les corneilles , les _* Le deflin de cette planche a été fait d’après un de ces individus, dont le plumage eft plutôt brun que noir, & qui ont le bec plus fort & plus convexe que celui repréfenté dans {a planche enlu- minée, #%° 499$: {a) C'eft le Corbeau de M. Briflon, rome I, page #, En Grec, Kopzë£; en Latin, Corus; en Efpagnol, Cuervo; en Italien, Corvo; en Allemand, Rate, Rave, Kol- Rave: en Anolois, Raven: en Suédois, Xorp ; en Polonois, Xruk; en Hébreu, Oreb ; en Arabe, Geralib; en Perfan, Calak ; en vieux François, Corbin; en Guyenne, £fcorbeau ; fes petits fe nomment Corbilluts & Corbillards ; & le mot Corbiner exprimoit autrefois le cri des Corbeaux _ & des Corneilles, felon Cotgrave. Voyez Salerne, page #5. En comparant les noms qu'on a donnés à cet oifeau dans les idiomes modernes, on remar- quera que ces noms dérivent tous vifiblement de ceux qu'il avoit dans les anciennes langues, .en fe rap- prochant plus ou moins de fon cri, Il faut fe fouvenir du Corbeau. 7 choucas les craves ou coracias , &e. nous n reftreindrons ici lcéeption , & nous. Jattribuerons exclufivement à 11 feule | efpèce du grand corbeau, du corvus des anciens, qui eft affez différerit de ces autres roïfeaux par fa groffeur /h), {es MŒUS fes habitudes naturelles, pour qu’on doive luï appliquer une dénomination diftinétive, & {ur-tout lui conierver Jon ancien nom. Cet oïfeau à été fameux dans tous les temps; mais fa répuiation eft encore plus mauvaile qu elle n’eft étendue; peut-être par cela même.qu'il a été confondu avec d’autres oifeaux, & qu ’on lui a imputé tout ce qu'il y avoit de mauvais dans plufieurs efpèces. On l’a toujours regardé comme Îe dernier des oïfeaux de proie, & comme l’un des plus lâches & des plus que les voyageurs donnent fouvent, & trés- mal à propos, le nom de Corbeau à un oïfeau d'Amé- rique, qui a été rapporté à l'elpèce du vautour, some 1 de cette Hifloire des Oileaux, page 204. _ (Bb) Le corbeau eft de la grofleur d’un bon coq, il pèfe trente - quatre ou trente - cing onces; par conféquent , mafle pour mafle, il équivaut à trois corneilles & à deux freux, : | 18 Hifloire Naturelle dégoûtans. Les voiries infectes, les cha- ! rognes pourries, font, dit-on, le fonds | de {a nourtiture ; s’il s’aflouvit d’une chaïr |! vivante, c’eft cle celles. des animaux foibles ! Ou utdes, comme agneaux, levrauts, &c. /c) On prétend même qu’il attaque quelquefois les grands animaux avec àvan- tage, & que fuppléant à la force qui lui mânque par la rufe & lagilité, He cram- ponne fur le dos des buffles, les ronge tout vifs & en détail après leur avoir crevé les yeux /4); & ce qui rendroit {[e) Aldrovande, Ornitholog, tome 1, page 702. | — Traité de la Pinpée, où Von raconte fa chafle d’un ! lièvre ectreprife par deux corbeaux qui paroiïfloient s'entendre, lui crevérent les yeux & finirent par le prendre. {d) Voyez Ækan, Natur, animal lib. TL, cap. LI, & le Recueil des Voyages qui ont ferri a l'établiffement de la Compagnie des Indes, tome VIIT, pages 273 © Ju, C'eft peut-être là l'origine de lPantipathie qu'on a dit être entre le bœuf & le corbeau. Voyez Arifiot. Aff animal, lib. IX, cap. 1. Au refte, J'ai peine à croire qu’un corbeau attaque un buffle, comme Îes voyageurs difent l'avoir obfervé. I peut fe faire que ces oïfeaux fe pofent quelquefois fur le dos des buffles, comme la corneïlle mantelée fe ofe fur le dos des ânes & des moutons, & la pie fur le dos des cochons, pour manger les infectes du Corbeau. #9 cette férocité plus odieufe, c’eft qu’elle _ feroit en lui l’eflet, non de la néceffié, mais d’un appétit de préférence pour Îa chair & le fang, d'autant qu'il peut vivre de tous les fruits, de toutes les grames, de tous les infectes & même des poiflons morts, & qu'aucun autre animal ne mérite mieux la dénomination d’omnivore /e), Cette violence & cette univerfalité d'appétit ou plutôt de voracité, tantôt l’a fait profcrire comme un animal nuiïlible °& deftructeur, & tantôt lui a valu la protection des loix, comme à un animal utile & bienfaifant:; en eftet, un hôte de fi grofle dépenfe ne peut qu'être à charge qui courent dans le poil de ces animaux. Il peut fe faire encore que par fois les corbeaux entament le cuir des buffles par quelques coups de bec mal mefurés, & même qu'ils leur crèvent les yeux, rune fuite de cet inftinét qui les porte à s'attacher a tout ce qui eft brillant; mais je doute fort qu’ils aient pour but de les manger tout vifs & qu'ils Puffent en venir à bout, (e) Voyez Ariftot, Alf animal Nb, VI, cap. 11À Willughby, Ornilolog. pages 82 dr fuir, J'en aï vu de privés qu'on nourrifloit en grande partie de viande, tantot crue, tantôt cuite, 20 Hifioire Naturelle à un peuple pauvre ou trop peu nom- breux; au lieu qu'il doit être précieux dans un pays riche & bien peuplé, comme confommant Îles immondices de toute efpèce dont regorge ordinairement un tel pays. C’eft par cette raifon qu’il étoit autrefois défendu en Angleterre, fuivant Belon, de lui faire aucune violence /f), & que dans lifle Feroé, dans celle de Malte, &c. on a mis fa tête à prix /g).. Si aux traits fous lefquels nous venons de repréfenter le corbeau, on ajoute fon plumage lugubre, fon cri plus lugubre encore, quoique très-foïble, à proportion de fa grofleur; fon port ignoble, fon regard farouche, tout fon corps exhalant (f) Nature des Oifeaux, page 279. Belon écrivait vers l'an 1550: Sancta avis a noffris habetur, nec facilé ab ull occiditur. FAUNA SUECICA, n° 69. Les corbeaux jouiflent de la même fauve - garde à Surinam, felon le doteur Fermin; Defcription de Surinam, tome Il, page 148. ) Ales de Copenhague, années 1671, 1672, Otfervan X LIX, A l'évard de l'ifle de Maite, on m'aflure que ce fontrdes corneïlles; mais on me dit en même temps que ces corneilles font établies fur les rochers les plus déferts de la côte, ce qui me. fait croire que ce font des corbeaux. du Corbeau. 21 l'infection /4), on ne {era pas furpris que dans prefque tous Îles temps il ait été regardé comme un objet de dégoût &. d'horreur; fa chair étoit interdite aux Juifs; les Sauvages n’en mangentjamais /i), & parmi nous, les plus miférables n’en mangent qu'avec répugnance & après avoir enlevé [a peau qui eft très-coriace. Par-tout on le met au nombre des oifeaux finiftres, qui n’ont le preflentiment de l'avenir que pour annoncer des malheurs. De graves Hifioriens ont été jufqu’à publier la relation de batailles rangées (h) Les auteurs de la Zoologie Britannique, {ont les feuls qui difent que le corbeau exhale une odeur agréable, ce qui eft difficile à croire d’un oifeatt; qui vit de charogne. D'ailleurs on fait par expérience que les corbeaux nouvellement tués la!ffent aux doigts une odeur aufli défagréable que celle du poiflon, C'eft ce que m'aflure M. Hébert, obfervateur digne de toute confiance, & ce qui eft confirmé par. le témoignage de Hernandès, page 331, W eft vrai qu'on a dit du carancro, efpèce de vautour d'Amérique, à qui on a aufli appliqué le nom de corbeau, qu'il exhale une odeur de mufc, quoiqu'il vive de voiries. { Voyez le Page du Pratz, Hifloire de la Louifiane, time H, page 111); mais le plus gtand nombre aflure précifément le contraire. (ë) Noyage du Père Théodat, Récolle, page 700... 22 Hifioire Naturelle entre des armées de corbeaux & d’autres oïfeaux de proie, & à donner ces combats comme un préfage des guerres cruclles qui {e font allumées dans la fuite entre les nations /k). Combien de gens encore aujourd’hui frémiflent, & s'inquiètent au bruit de fon croaffement ! Toute fa fcience de avenir fe borne cependant, ainfi que celle des autres habitans de Pair, à con- noître mieux que nous lélément qu’il habite, à être plus fufceptible de fes moindres impreflions , à preflentir fes moindres changemens, & à nous les annoncer par Certains cris & certaines actions qui font en lui l’eflet naturel de ces Changemens. Dans les provinces méri- dionales de la Suède, dit M. Linnæus, lorfque le ciel eft ferein, les corbeaux volent très-haut en failant un certain cri qui s'entend de fort lom {//. Les auieurs À) Voyez Æneas Sylvius, Hifl, Europ, cap. LIIT. nes ui kb. . — ne Le des FPE 4" | (1) « le Smolandia 7 Auftraloribus provincits » calo fereno alté volitat, à fingularem clargoreni Jeu » tonum Clong remotiffimé Jenantem excitar, Faura Suecica, %° 69 du Corbeau. AE |: de [a Zoologie Britannique ajoutent que dans cette circonftance ils volent le plus fouvent par paires /m). D'autres écrivains moins éclairés, ont fait d’autres remarques mêlées plus ou moins d’incertitudes & de fuperflitions /n }. Dans le temps que Îles arufpices fai- foïent partie dela religion, les corbeaux, quoique mauvais prophètes, ne pouvoient w’être des oïfeaux fort intéreflans: car la paflion de prévoir les évènemens futurs, même les plus triftes, eft une ancienne maladie du genre humain; auffi s’attachoit- on beaucoup à étudier toutes leurs actions, toutes les circonftances de leur vol, toutes les différences de leur voix, dont on avoit compté jufqu’a foixante-quatre mflexions diftinttes, fans parler d’autres différences plus fines & trop difficiles à apprécier /0); chacune avoit fa fignification déterminée; “lne manqua pas de charlatans pour en. procurer l'intelligence /p), ni de gens (im) British Zoology, page 75. {#) Voyez Pline, Belon, Gefner, Aldrovande, à'c _ (eo) Aldrovande, tome T, page 69}, {P) Vo Pline, 4, XXIX, cop, IV, 24 Hifloire Naturelle fimples pour y croire; Pline fui-même, qui n'étoit ni charlatan ni fuperftiieux.. mais qui travailla quelquefois fur de mauvais mémoires, a eu foin d'indiquer celle de touies ces voix qui étoit la plus. finiftre /g). Quelques - uns ont pouflé la folie juiqu'à manger le cœur &:lÎes entrailles de ces vieux, dans l'efpé- rance de s'approprier lé don, de pro. phétie fr}. Non-feulement le corbeau'a un grand Anne d’mflexions de voix répondant. les différentes affle@tions i intérieures, il a SE le talent d’imiter le cri des autres. animaux {/f). & même la parole de. l'homme , & l’on a imaginé de lui couper | | le filet NES de perfectionner cette difpo=, fition naturelle. Co/as eft le mot qu'il prononce le plus aifément (i}, & Scaliger en a entendu un quis loriqu'il avoit faim, | he | Le q) Peff ma eorum fignificatio cum glatiunt vocem | velut firangulati, HbiX., cap. X11. sl {r) Porphyr. De abflinendo ab animant, lib. IE, (D) Aldrovande, tome 1, page 93 (t) Belon, Nature des Oifeaux, page 279. app eloit { PAF à À da Corbeau, RES _#ppeloit diflinétement le cuïfinier de Ia _maïfon, nommé Conrad fu). Ces mots ont en effet quelques rapports avec le cri ordinaire du corbeau. Re On faïloit grand cas à Rome de ces oïfeaux parleurs, & un Philofophe n’a pas dédaigné de nous raconter affez au long l'hiftoire de lun d'eux /x). Ils n’ap- prennent pas feulement à parler, ou plutôt a répéter la parole humame, mais ils deviennent familiers dans la maiïfon: ils fe privent, quoique vieux /y), & paroïflent (2) Exercitario [in Cardanum, 237). Scaliger remarque comme une chofe plaifante, que ce même corbeau ayant trouvé un papier de mufique l'avoit criblé de coups de bec, comme s'il eût voulu lire cette mufique (ou battre la mefure). Il me paroît plus naturel de penfer qu'il avoit pris les note pour des infectes, dont on fait qu'il fait quelquez . fois fa nourriture, : ‘4 ) « Maturé (à adhuc palus) fermoni afue- fe s omribus matntints evolans in Roffra, ....,, Tiberium, déin GCermanicum à Drifum Cafures sominatin , 0x tranfeuntem populum Romanun falu- «e rabat, poflea ad tabernam remeans, dre, » Pline, #b, 4: Cap. XLIII, | (y) Corus longavas chifimé ft domefficus, Voyeæ Gefner, page 33 ee. Vita APPLE MOI Te OS 4 NRA PL PO'RAE We" U : \4b: ét 4 7 PA 4, # à 26 Hifloire Naturelle _ même capables d’un attachement per fonnel & durable /7 ). SA 1 Par une fuite de cette fouplefle de naturel , ils apprennent aufli , non pas à dépouiller leur voracité, mais à Ia régler & à l’employer au fervice de l’homme. Pine parle d’un certain Craterus d’Afie qui s’étoit rendu fameux par fon habileté à les dreffer pour la chaffe, & qui favoit fe faire fuivre, même par les corbeaux fauvages /a). Scaliger rapporte que. le roi Louis (apparemment: Louis XII), | en avoit un ainfi dreflé, dont il fe fervoit ! pour la chaffe des perdrix /). Albert | en avoit vu un autræ à Naples qui prenoit | & des perdrix & des falans, & mème Témoin ce corbeau privé dont parle Schwenckfeld, lequel s'étant laiffé entrainer trop loin par fes camarades fauvages ,,& ayant pu | fans doute retrouver le lieu de fa demeure, reconnut | dans la fuite fur le grand chemin l'homme qui . avoit coutume de Jui: donner à manger, plana quelque temps au-deflus de fui en croaffant , comme pour lui faire fête, vint fe pofer fur fa main & ng le quitta plus. Avéarium ile (æ, Page 245% (a ) Pline, lib, À, apr XLIIT. (9) le Cardamm cxerclah 2324 du Corbean, 27 d’autres corbeaux; mais pour chaffer ainft les oïfeaux de fon efpèce, il falloit qu'il y füt excité & comme forcé par la pré- fence du Fauconnier /c). Enfin il femble qu'on lui aït appris quelquefois à défendre fon maître, & à l'aider contre fes ennemis avec une forte d'intelligence & par une * manœuvre combinée; du moins fi l’on peut croire ce que rapporte Aulu- Gelle du corbeau de Vaierius /d). : Ajoutons à tout cela que le corbeau Rx A Ê f À ; CLER ie Mparoît avoir une grande faoacié d’odorat Ÿ . qui ne ceffla de harceler pour éventer de loin les cadavres /e); Dampier, some 11, page 25, 174); Un Gaulois de grande taille, ayant défié à un combat fingulier les plus braves des Romains, un ribun, nommé Valerius, qui accepta Île défi, ne triompha du Gaulois que pe le fecour: d’un corbeau à { c) Voyez ARR page 702, Voyez auffs + on ennemi, & toujours à propos, lui déchirant Îes mains avec fon bec, lui fautant au vilage & aux yeux, en un mot, l’em- barraffant de manière qu'il ne put faire ufage de ar A St #. À %4 toute fa force contre Valerius, à qui le nom de Corvinus en refta. Not, Auicæ, Hb, IX, cap. xr, (ec) Corvi in aufpicis foll intelle um videntur khabere erfcationum fuarun, nam cum Medie hofpites occife Ka, one és è Pelopponefo Ur Aticé regione volayerés B ij io aies 2h) 28 Hifloire Naturelle Thucydide lui accorde même un inftinct affez für pour s’abftenir de ceux des animaux qui font morts de la pefte /f; mais Il faut avouer que ce prétendu difcernement fe dément quelquefois & ne l’empêche pas toujours de manger des chofes qui lui font contraires, comme nous le verrons plus bas. Enfin c'eft encore à l’un de ces oïfeaux qu’on a attribué la fingulière induftrie, pour amener à fa portée l’eau ‘qu'il avoit | aperçue au fond d’un vafe trop étroit, |! d’y laifler tomber une à une de petites pierres, lefquelles en s’amoncelant firent monter l’eau infenfiblement & Îe mirent à même d’étancher fa foif /2). Cette foif, fi le fait eft vrai, eft un trait de diflemblance qui diftingue le corbeau de la plupart des oïiféaux de proie /h), Pline, 4h. X, cap. XII. D'après Ariftote, {b, IX, cap, XXXI, — Mira fagaciate cadavera fubolfacis Bcet remotiffima. Fauna Suecica, n.° 69. (f) Voyez Thucydid, b. TI (&) Pline, 45, X, cap. XLIII: (h) Infigniter aquis obleélamr corvus ac cerise i Gefner, page 336 — —— — du Corbeau. 29 fur-tout dé ceux qui fe nourriffent de proie vivante, lefquels n’aiment à fe défaltérer que dans le fang, & dont lin- duftrie eft beaucoup plus excitée par Île befoin de manger que par celui de boire. Une autre différence, c’eft que les corbeaux ont les mœurs plus fociales ; mais il eft facile d'en rendre raïfon: comme ils mangent de toutes fortes de nourritures, ils ont plus de reflources que les autres oïfeaux carnafliers, ils peuvent donc fubfifter en plus grand nombre dans un même efpace de terrein, & ils ont moins de raïfon de fe fuir les uns les autres. C’eft ici le lieu de remar- quer, que quoique les corbeaux privés mangent de la viande crue & cuite, & qu'ils paflent communément pour faire, dans l’état de liberté, une grande deftruc- tion de mulots, de campagnols, &c. /i) (1) On dit qu'à lIfle de France on conferve précieufement une certaine efpèce de corbeau, def- tinée à détruire les rats & les fouris. Voyage d’un Officier du Roi, 1772, pages 122 & fur, On dit que les ifles Bermudes ayant été affligées pendant .\ cinq années de fuite par une prodigieule multitude . de rats, qui dévoroïent les plantes & les arbres, de k ; D üj 30 Hifoire Naturelle M. Hebert qui les a obfervés fong-temps & de fort près, ne Îles à jamais vus s’acharner fur les cadavres , en déchiqueter Ja chair , ni même fe DOfet deflus ; & il eft fort porté à croire qu'ils préfèrent les in- fetes, & fur-tout les vers de terre à toute autre nourriture : I} ajoute qu on trouve de la terre dans leurs excrémens. Les corbeaux, les vrais corbeaux de montagne ne font point otfeaux de pafige, & différent en cela plus ou ne des cornet les auxquelles on a voulu les affocier. Ïis femblent particulièrement attachés au qui paflo'ent à Ja nage fuccefMivement d’une ifle à l'autre ; ces rats difparurent tout d’un coup, fans g'on.en pri affigne r d'autre caufe, finon que dans les deux dernières années , on avoit vu däns ces me nes iffles une gran le quantité de corbeaux, qui ‘n'y avoient jamais paru auparavant & qui n'y ont Pot reparu depuis ; mais tout cela ne prouve point que les corbeaux lofent de. grands deftruteurs..de rats, car on peut être la du €, d'un préjugé dans VIfle de France comme ailleurs: & à l'évard des rats des ifles Bermudes , il peut fe faire qu'ils fe foient entre - détruits, comme ïi arrive fouvent, ou qu'ils foient morts dé faim après avoir tout confommeé, où qu'ils ajent été fubmervés & noyés par un coup de vent, en paffant d'une ifle à l'autre, & cela fans que les CAREALE y aient eu beaucoup de part. PRE, oh Cri fur lequel ils fe font appariés ; on les y rocher qui, ME a vu naître ; où true rite | voit toute l’année en nombre à _peu-près is y. defcendent plus rarement l'été que E égdl, & ils ne l’'abandonnent ; jamais entiè- 4 | rement : s'ils defcendent dans la phine, | » c’eft pour chercher leur fubfiflance; Ne Thiver, parce qu'ils évitent les grandes 1 chaleurs, & c’eft {a feule influence que [a | différente température des faifons paroïffe Avoir fur leurs habitudes. Ils ne paffent | les corneilles, ils favent fe choifir, dans leurs HAE une retraite à l: ve du nord , fous de voûtes naturelles, formées par de avances où des enfoncemens de rocher; c’eft-là qu'ils {e retirent pendant la nuit, au nombre de quinze ou vingt. point la nuit dans les bois, comme font 11 Jls rente perchés {ur les arbrifleaux qui: croïflent entre les roches ils font. rochers, ou dans les trous de murailles, au haut des vieilles tours abandonnées, & “quelquefois fur les hautes branches des grands arbres ilolés (k): Chaque mâle Mir k) M, Le dit qu'en Suède le corbeau ï B ‘tif } en M4 Jeurs nids dans les crevaffes de ces mêmes | til KES 14 t w à) S Eflore Narrélle a à femelle à qui il demeure attaché plufieurs années de fuite //): car ces PS oifeaux fi odieux , fi dégoûtans pour nous, favent néanmoins s’infpirer un amour l'exprimer comme la tourterelle par des Careffes graduées, & femblent connoître les nuances des préludes & la volupté des détails. Le mäle, fi lon en croit quelques Anciens, commence toujours par une efpèce de chant d'amour /”), enfuite on les voit approcher leurs becs, fe carefler, fe baïler, & lon n'a pas manqué de dire, comme de tant d’autres oïeaux, qu'ils s’accouploient parle bec /7); ir cette abfurde méprife pouvoit être réciproque & conftant; ils favent aufft niche principalement fur les fapins, Fauna Suecica m,° 69; & M, Frifch, qu’en Allemagne c’eft prin- cipalement fur les grands chènes, / PL, 63.) Cela veut dire qu'il préfère les arbres les plus hauts, _ & non l'efpèce du chène ou du fapin. [1) Quandoque ad quadragefimum ætatis annum. jara comjugi... fervare traduntur, Aïldrov, Ornithol some Î, p, 7 0 0, Athénée renchérit encore là-deflus. (m) Oppian. De aucupios {n) Ariftote qui attribue cette abfurdité à Anaxa- gore, a bien voulu la réfuter férieufement, en difant que les corbeaux femelles avoient une vulve l | | | i du Corbeau. A? juflifiée, c’eft parce qu'il eft auffr rare de voir ces oïfeaux s’accoupler réellement, qu'il eft commun de les voir fe careffer; en effet , ils ne fe joignent prefque jamais de jour, ni dans un lieu découvert, mais au contraire dans Îles endroits les plus retirés & les plus fauvages /o), comme s’is avoient l’inftinét de fe mettre en füreté dans le fecret de la Nature, pendant Ia durée d’une action qui fe rapportant toute entière à la confervation de l’efpèce, femble fufpendre dans Pindividu ie foin actuel de fa propre exiftence. Nous avons déjà vu le jean-/e-blanc fe cacher pour boire, parce qu’en buvant il enfonce fon bec dans leau jufqu'aux yeux, & par conféquent ne peut être alors fur fes gardes /p). Dans tous ces cas les animaux & des ovaires. ,,,.,, que fi la femence du mîle pafloit par ie ventricule de la femelle, elle s’y digé- reroit & ne produiroit rien, De Generatione, Lib, IT, Cap. VI. {o) Albert dit qu'il a été témoin une feule fois de l’accouplement des corbeaux, & qu’il fe paffe comme dans les autres efpèces d'oifeaux. Voyez Gefner, de Avibus, page 337. (p) NVovez ci-devant l'hifloire de cet oïfeau, tome T, page 174 2 B v 34 Fifloire Naturelle | fauvages fe cachent par une forte de prévoyance qui ayant pour but immédiat le fom deleur pro; re confervation, paroît plus près de linftinét des bêtes que tous les moiifs de décence dont on a voulu Jeur faire honneur: & ici le corbeau a | d'autant plus befoin de cette prévoyance, qu'ayant moms d’ardeur & de force pour Facte de fa généraiion //4), fon accou- plement doit probablement avoir une certaine durée. | - La femelle fe diftmgue du male, felon Barrere, en ce qu’elle eit d’un noir moins décidé & qu’elle a le bec plus foible ; & eñ effet, j'ai bien obfervé dans certains individus des becs plus for8 & plus convexes que dans d’autres, & différentes teintes de noir & méme de brun dans le plumage; mais ceux qui avoient le bec le plus fort étoient d’un noir moins décidé, foit que cette couleur füt naturelle, foit qu'elle füt altérée par le temps & par les précautions qu’on a coutume de prendre PEBORORENUT HO EL EU SONORE EE EP (g) Corvinum: genus lilidinofum mon ef; quippe quod parim, facundum fit; coire tamer id quoque rifun eff, Axifiote, de Gexeratioxe, b, JIF, cap. vi, a ‘} du Corbean. pour fa confervation des oifeaux defféchés, _ Ceïte femelle pond aux environs du mois de mars /r), jufqu’à cinq ou fix œufs /f), «à * d’un vert pâle & bleuätre, marquetés d’un || grand nombre de taches & de traits de ! couleur obfcure /#). ‘Elle: kes couve “ pendant environ vingt jours lu}; }& pendant ce temps le mâle a foin de pour- Voir à fa nourriture; il y pourvoit même largement , car les gens de la campagne trouvent quelquefois dans Îes nids des _ corbeaux, ou aux environs, des amas … aflez confidérables de graïns, de noix &, _ d’autres fruits. Il eft vraï qu’on a foup- _ çonné que ce n’étoit pas feulement pour Ta fubfiftance de la couveufe au temps > lincubation, mais pour celle de tous ke D pradant MA (x) Quoi qu’il en | 19%: Willughby dit, que quelquefois les corbeaux at encoré plutôt en Angleterre, Ornithologie , if animal. Mb. IX, cap. XXXX HAE ND: SE AS 164908 s Sy, D y, & l'endroit cé “ANENTE a d Wu : < à L D sh Ris ln | if animal. Wb: VA, cap. VE | | Oruitholegs tome LL » pages Le Late NT Fa Li AR \ PEU »J s Lt 436 Hifloire Naturelle foi de leur intention, ïl eft certain que cette habitude de faire ainfi des provifions & de cacher ce qu'ils peuvent attraper, ne fe borne pas aux comellibles, ni même aux chofes qui peuvent leur être uules, elle s'étend encore à tout ce qui fe trouve à leur bienfeance, & il paroît qu'ils préfèrent les pièces de métal & tout ce qui brille aux yeux /y). On en a vu un à Erford qui eut bien la patience de porter une à une & de cacher fous.une pierre dans un jardin une quantité de peutes monnoïes, jufqu’à concurrence de cinq ou fix florins /7/; & il n’y à guère de, pays qui n'ait fon hiftoire de pareils vols domefliques. Quand les petits viennent d’éclore, il. s’en faut bien qu'ils foient de la couleur … ‘des père & mère; ils font plutôt blancs que noirs, au contrañe des jeunes cygnes qui doivent être un jour d’un fi beau blanc, & qui commencent par être | bruns /a). Dans les preiniers jours la A Enfch, | Pnche 670000 Re ue (x) Voyez Gelner, de Ayibus, page 338. il {a) Aldrovand. Oyuithobg, tome I, page 7024. }« L'ART, 4 & du Corbean. 37 mère femble un peu négliger fes petits, elle ne feur donne à manger que lortqu’ils commencent à avoir des plumes, & lon n'a pas manqué de dire qu'elle ne commençoit que de ce moment à les reconnoître à leur plumage naiflant, & à les traiter véritablement comme pi (b} Pour moi, je ne vois dans certe diète des premiers jours que ce que lon voit plus ou moins dans preîque tous Îles autres animaux, & dans l’homme lui- même; tous ont beloin d’un peu de | temps pour s'accoutumer à un nouvel _ élément, à une nouvelle extftence. Pen- dant ce temps de diète le petit oïfeau . n'eft pas dépourvu de toute nourriture, sh il en trouve une au-dedans de lui-même à FR qui lui eft très-analogue, c'eft le di reftant du faune que renferme l'abdomen, _ & qui pafle infenfiblement dans les PE me par un conduit particulier (c}: La mère après ces premiers temps | nourrit {es petits avec des alimens conve- _mables, dE ont déjà {ubi une préparation 6) JU PEN 10e A page 702 {<) Willughby, Oruitholog. page 82. OPA NL 4er, ‘ # “ CA / 8 HS PET NAN TA à 74 DR t } JE IE 38 ‘ Hifloré Nanrelle dans fon jabot, & qu’elle leur dégorgé dans le bec, à peu-près comme font les pigeons. /d) | de :_ Le male ne fe contente pas de pourvoir a la fubfiftance de Ia famille, ül veille aufli pour fa défenfe, & s'il s'aperçoit qu'un milan ou tel autre oifeau de proie s'approche du nid, le péril de ce qu'it aime le rend courageux, il prend fon eflor, gagne Îe deflus, & fe rabattant fur lennemi, il le frappe violemiment de fon bec: fi l’oifeau’ de proie fait des efforts pour reprendre le deflus, le corbeau en fait de nouveaux pour con- ferver fon avantage, & Hs s'élèvent quelquefois {1 haut qu’on les perd abfo- lument de vue, jufqu’à ce qu'excédés de + fatigue, l’un ou l’autre, ou tous les deux, : {e laiflent tomber du haut des airs. /e) à père & la mère les oblige Avr Re à ra 3 "OM de + RES CURE LEUR (4) Willughby, Ornihobgie, page 82 (e) Srifh, Planche 6j % 14 du Cordear. 39 nid, & à faire ufage de leurs ailes ; que bientôt même ïl les chaffent totalement du diftri& qu'ils fe font approprié, fr ce diftri& trop flérile ou trop reflerré, ne fuffit pas à la fubfiftance de plufieurs couples /f), & en cela ils fe montre- roïent véritablement oïfeaux de proie; mais. ce fait ne s'accorde point. avec les obfervatuions que M. Hebert à faites fur les corbeaux des montagnes du Bugey, iefquels prolongent l’éducation de leurs petits, & conuünuent de pourvoir à leur fubfiftance bien au-delà du terme où ceux-ci font en état. d’y pourvoir par eux-mêmes. Comme l’occafton de faire de telles obfervations & le talent de les faire auffi bien ne fe rencontrent pas fouvent, L2 Jar cru devoir en rapporter. ici le détaïl dans les propres termes de PObfervateur. « Les petits corbeaux éclofent de fort bonne heure, & dès le moïs de mai ce ils font en état de quitter le nid. H en naïfloit chaque année une famille en «c face de mes fenêtres, fur des rochers ce qui bornoiïent la vue. Les petits au « 4) Affiote, Hif, aninal, Eb, IX Jeap- XXXE, 40 Hfloire Naturelle >» nombre de quatre ou cinq fe tenoïent >» fur de gros blocs éboulés à une hauteur » Moyenne, où il étoit facile de les voir ; 22 22 22 22 22 22 2» 33 & ils fe faifoient d’ailleursaffez remarquer par un praulement prefque continuel. Chaque fois que le père ou là mère leur apportoient à manger, ce qui arrivoit plufieurs fois le jour, ïls les appeloïent par un cri crau, Crau, Crau, très-différent de leur piaulement. Quel- quefois il n’y en avoit qu’un feul qui prit l’eflor, & après un léger effai de fes forces il revenoit fe poler fur fon rocher: prefque toujours il en reftoit quelqu'un, & c’eft alors que fon piau- lement devenoit continuel. Lorique les petits avoient l'aile aflez forte pour voler, c’eft-à-dire, quinze jours au moins après leur fortie du nid , les père & mère les emmenoient tous les matins avec eux & les ramenotent tous les foirs : c’étoit toujours fur les cinq ou fix heures après midi que toute la bande revenoit au gite, & le refte de la foirée fe pafloit en criailleries très - incom- modes. Ce manège duroit tout Pété, ce qui donne fieu de croire, que les Re A 2 do 1) par an. » | © Gefner a nourri fr jeunes corbeaux © avec de [a chair crue, des petits poiffons fs du pain trempé dAHs eau (g). Hs font . fort friands de cerifes, & ils les avaient avidement avec les queues & Îles noyaux; | imais ils ne digérent que la pu pe, & deux heures après ils rendent par le bec Îes LÉ | noyaux & les queues; on dit 1e ls | rejettent aufli les os: des animaux qu'ils f ont avalés avec la chair; de même ‘que Ia crefferelle, les oïfeaux de proïe noc- turnes, les oïfeaux pécheurs, &c, rendent les parties dures & n idigeftes des antinaux où des poiflons qu'ils ont dévorés /4). Pline dit que les corbeaux font fujets mous les étés à une maladie périodique de {oïxante jours, dont, felon lui, le prin- cipal fÿmptôme eft une grande foif (: à); mais je foupçonne que cette maladie n’eft (gÀ De Avibus, page 336. / (#) Voyez Aldrovand. tome 1°? page 697, ® le tome II de cette Hiftoire Naturelle des Crée, NI ADR (i) Li, XXIX, cap II » + vt _ & en état de fe reproduire ; & fi PE RO TT 42 #7 floire Natarelle autre chofe que là mue, laquelle fe fait plus lentement dans le corbeat que dans plufieurs autres oifeaux de proie [k). Aucun Obfervateur, que je fiche, | | n’a déterminé l'âge auquel les jeunes corbeaux , ayant pris la plus grande partie \ de leuraccroiffement, {ont vrarinent LE 17 période de fa vie étoit proportionnée dans les oïfeaux, comme dans. les animaux quadrupèdes, à la durée de la vie totale Fe on pourroit foupçonner que les cotbE | 1 ne deviendroient adultes qu'au bout de plufieurs ‘années; car quoiqu'il y ait. beaucoup à be fur la longue: vie qu’'Héfrode accorde aux corbeaux (1) ) 2. | (A) Wides Gelñer, page 3; 6. … (A) Fefiodus, .,. Ccraici novem noffras artribnie _‘@lares, ‘hjriprdiié eus cervis, 1d triplicatum . corviss Pline, Gb, VII, cap. XLVTII. En prenaix lâge :d'horime, fealérnent pour trente ans, ce feroit neuf . fois 30 où 270 ans pour la corneille, 1080 pour le cerf, & 3240 pour le corbeau. Fin réguitant l'age d'homme.à 10 ans, ce feroit oo ans pour Îa corneille, 360 pour le cerf, & ie Ho pour le corbeau, ce qui feroïit encore D biant Le feul moyen de donner un fens raifonnable à ce paflage, c'eft de rendre le 3érca d'Héfiode & l’œtas de Pline dn Corbean, 43 cependant il paroît aflez avéré que cet oïfeau vit quelquefois un fiècle & davan= tage: on en a vu dans plufieurs villes de France qui avoient atteint cet âge, & dans tous les pays & tous les temps, é a paité pour un oïfeau très- vivace ; Fine Li mais 1[ s’en faut bien que le terme de 1Tâge adulte, dans cette efpèce, {oit retardé en proportion : ‘de Ta durée totale de [a vie, car fur Ia fin du premier été, lorfque toute la famille vole de | compagnie, il eft déjà difficile de diftin- uer à {a taille les vieux d’avec les; jeunes,” & dès-lors il eft très-probable que ceux-ci si en état de fe Te dès la feconde année. Nous avons remarqué plus haut que. le corbeau n'étoit pas noir en naïflant ; 1 ne left pas non plus en mourant, du moins quand il meurt de: ee car: dans ce cas fon plumage ARE {ur kR par année; alors la vie de la corneille fe Héditt 4 9 années, celle du cerf à 36 , comme elle a été déter- : … minée dans l'Hifloire Naturelle de cet animal, & L celle du corbeau à 108, comme il eft prouvé par i J'obfervation, — AA Hifloire Naturelle fin & devient jaune par défaut de nour- riture /m): mais il ne faut pas croire qu'en aucun temps cet oïfeau {oit d’un noir pur & fans mélange d'aucune autre tete : Aa Nature ne connoît guère cette uniformité ab{olue. En effet, le noir qui domine dans cet oïfeau paroît mêlé de violet fur la partie fupérieure du corps, de cendré fur la gorge & de vert fous le corps, fur les pennes de la queue, & ‘fur les plus grandes pennes des ailes & es plus éloignées du dos /n). IH n’y a que les pieds, les ongles & le bec qui foïient abfolument noirs, & ce noir du bec femble pénétrer jufqu’à la langue, comme celui des plumes femble pénétrer juiqu’à Ia chair, qui en a une forte teinte, La langue eft cylindrique à fa bafe,. aplatie & fourchue à fon extrémité, & . hériflée de petites pointes fur fes bords. L'organe de louïe eft fort compliqué {m}) Corvorum peunæ poftremd in colorem flavum tranfmutantur, cum Jcilicet alimento deflituuntur, De | Coloribus, {n) Voyez lOrnitholog. de M. Brion , rome I], poge | du Corbeau. 4S & peut-être plus que dans les autres _oïfeaux fo). A faut qu'il foit aufli plus fenfible, fi l’on peut ajouter foi à ce que dit Plutarque, qu’on a vu des corbeaux tomber comme étourdis par les cris d’une multitude nombreufe & agitée de quelque grand mouvement /p ). L’œfophage fe dilate à l’endroit de fa jonction avec le ventricule, & forme par fa dilatation, une efpèce de jabot qui n'avoit point échappé à Aritote. La face intérieure du ventricule eft fillonnée de rupofités ; la véficule du fiel eft fort grofle & adhérente aux inteftins /g). Redi a trouvé des vers dans la cavité de l’abdomen /r). La longueur de Pinteftin eft à peu-près double de celle de l’oifeau. même prie du bout du bec au bout des ongles ; c'eft-à-dire, qu’elle eft moyenne (0) A&es de Copenhague, année 1673. Obfers vatien LIL. . (p) Vie de T. Q. Flaminius, 4) Wäilughby, page #7; & Ariftote, HiA mur lib, 11, cap. UE je _(r) Colkdfion Académique Éérangére, tome IVe ie . _ Page j21e % PAR M AU SIA RES +0 Va JAUR 4.6 - Hifloire Nuatarelle entre la longueur des inteftins des véri- tables carnivores & celle des inteftins des véritables granivores; en un mot, telle qu'il convient pour un oïfeau qui vit de chair, de feuts AA Cet appétit du corbeau, qui s'étend à tous les genres de nourritures , fe tourne fouvent contre lui-même, par la facilité qu'il offre aux Ofïfeleurs de trouver des appâts qui lui conviennent. La poudre de noix vomique qui eft un poifon pour | un grand nombre d’animaux quadrupèges, en eft aufli un pour le corbeau; elle fenivre au point qu'il tombe bientôt après qu'il en a mangé, & il faut faifir e moment où il tombe, car cette ivrefle eit quelquefois de courte durée, & ül ‘reprend fouvent aflez de forces pour aller mourir ou languir fur fon rocher /£/. ‘ Dr Ho Lin Obfervateur -digne de foi, m'a Lite ! avoir vu le manege d’un corbeau, qui s’éleva plus Wen ce vingt fois à la hauteur de 12 ou 1 $ toifes pour nas _ Aaifler tomber de cette hauteur une noix qu'il alloit _ yamafler chaque fois avec fon bec; mais il ne put venir à bout de,ia cafler, parce que tout cela fe _ pañloit dans une terre labourée, F IR (1) Voyez Gelner, PALE 339 em Journal Ece: ie de décembre 1758, 1 î É: (int PNA 4 On le. qu auffi avec plufieurs fortes de filets, de lacéts & de piéges, & même à la pipée, comme les petits oifeaux ; ‘car il partage avec eux leur antipathie our le hibou, & il n’aperçoït jamais cet ‘oïfeau , ni la chouette, fans jeter un tort (u). On dit qu'il eft aufii en guerre avec le milan , le vautour, {a pie de mer (x); mais ce n’eft autre chofe que Veffet de cette antipathie néceflaire qui 'eft entre tous les animaux carnafliers, ennemis nés de tous Îles foibles qui peuvent "dévenir leur proie, & de tous les forts EL | Le” la leur difputer. LI à, Les "corbeaux: lorfqu'ils fe pofent 4 ‘Naf marchent & ne fautent point; ils ont, comme les oïfeaux de proie, les ailes Aongues & fortes {à peu-près trois pieds & demi d'envergure); ellés font com- pofées de vingt pennes dont les deux ou | LOS ee ‘RAS Gt (has 1e a 46 D eo NE AE Fe é) Thé de F Pise + rad ER À Val. Voyez. Ælian,. de An Il ,, I, cap. LT; po Aldrovand. tome. ae 0, © $ Acad, 1 A gore. is “de t : Las I #2 6. ‘ ri Foie + Preis hi À Colon ie + " 1 ; FN à 2 de #1. TRS | eu E 48 Fifloire Naturelle trois premières /y) font plus courtes que | la quatrième qui eft la plus longue de | toutes /7), & dont les moyennes ont üne fmgularité, c’eft que l'extrémité de leur côte {e prolonge au-delà des barbes & finit en pointe. La queue a douze pennes, d'environ huit pouces, cependant un peu mépgales, les deux du milieu étant les plus longues, & enfuite les plus voifines de celles-là, en forte que le bout de la queue paroït un peu arrondi fur fon plan horizontal fa): c’eft ce que j'appelleraï dans la fuite queue étagée, De la longueur des ailes on peutprefque toujours conclure la hauteur du vol; aufft les corbeaux ont-ils le vol très-élevé, comme nous l'avons dit, & il n’eft pas furprenant qu’on les ait vus dans les temps “ (y) M5 Briffon & Linnæus, difent deux, & . M. Willughby, dit trois. : ee 4 (T2 CR font ces pennes de aile qui fervent aux | Facteurs pour emplumer les fautereaux des clavecins, | & aux Deflinateurs pour defliner à la plume, | (a) Ajoutez à cela que les corbeaux ont, fur . prefque tout le corps, double efpèce de plumes, & | tellement adhérentes à la peau, qu'on ne peut les | gracher qu'à force d'eau chaude, d | | ; du Corbean: 49, de nuées & d'orage, traverfer les airs ayant le bec chargé de feu /4). Ce feu n'étoit autre chofe, fans doute, que celui des éclairs même, je veux dire, qu’une aigrette lumineufe formée à la pointe de ‘leur bec par la matière électrique, qui, comme on fait, remplit la région fupé- rieure de l’atmofphère dans ces temps d'orage; & pour le dire en paffant, c’eft peut-être quelque obfervation de ce genre qui a valu à l'aigle, le titre de miniftre de la foudre; car il eft peu de fables quyre foïent fondées fur la vérité. e ce que le corbeau a le vol élevé, comme nous venons de le voir, & de ce qu'il s’'accommode à toutes les tem- pératures, comme chacun fait /c), ïü s'enfuit que le monde entier lui eft ouvert, à = ‘ penser {B) Hermolaus Barbarus, vir gravis à do@lus aliique Philofophi aiunr. ... Dum fulnina tempeftarum zemipore frunr, corvi per aerem hac tllac c'rcumro!antes roftro ignem deferre, Scala Naturalis apud Aldrovand, some À page 704, _ {c) Quafris aeris mutationes facile tolerant, nee frigus nec calorem reform'dant. ,... ub'cunque al'menté ‘cop'a fuppetit degere fuflinent, .... in folitudine, im #rbibus Ctiam popubofiffimis. Ornitholog PES 82, Oifeaux, Tome V. } s0 Hifloire Naturelle & qu'il ne doit être exclu d’aucune région. . | En effet, il eft répandu depuis le Cercle polaire /d) jufqu'au Cap de Bonne- efpérance /e), & à Vifle de Mada- gafcar / f ), plus ou moins abondamment, felon que chaque pays fournit plus ou moins de nourriture, & des rochers qui foient plus ou moins à fon gré /g): 11 | pafle quelquefois des côtes de Barbarie dans l'ifle de Ténérifie; on le retrouve encore au Mexique , à Saint-Domingue, au Canada /4), & fans doute dans Îles autres parties du nouveau continent & dans les ifles adjacentes. Lorfqu’une fois il eft établi dans un pays & qu'il y a pris fes habitudes, ïl ne le quitte guère pour {d) Klein, Ordo avium, pages $8 & 167; mais ces Auteurs parloïent-ils du même corbeau! {e) Kolbe, Defcription du cap, page 1364 {f) Voyez Flaccourt. | | qe {g) Pline dit, d'après Théophrafte, que les corbeaux étoient étrangers à l’Afle, lb, X, Cap ANT X (h) Charlevoix, Æifloire de l'Ile Efpagnole de Saint - Domingue, tome I, page 30; & Hiflaire | de la nouvelle France, du même, page 1554 _— : x — du Corbeau. SE . paller dans un autre /i). If refte même attaché au nid qu’il a conftruit, & il s’en fert plufieurs années de fuite, comme nous l'avons vu ci- deflus. Son plumage n’eft pas le même dans tous les pays. Indépendamment des caufes particulières qui peuvent en altérer [a couleur ou la faire varier du noir au brun & même au jaune, comme je fai remarqué plus haut, ïl fubit encore plus ou moins les. influences du climat : il eft quelquefois blanc en Norvège & en Iflande, où il y a aufli des corbeaux tout-ä-fait noirs, & en aflez grand nombre /4). D'un autre côté, on en trouve de blancs au centre de la France & de F’Allemagne, dans des nids où ïl y en a aufli de noirs //). - {i) Fritch { PL 63,) Aves que in urbibus folens præcipue vivere femper apparent, nec loca murant aué lateut, ut corvus 7 cornix. Ariftot. F4 animal Mb. IX, cap. XXI1II. (k) Defcript. de l'Iflande, d'Horrebows , tome 1, pages 206,219: — Klein, Ordo avium, pages S 6, 167. Jean de Cay a vu en 1548 à Lubec, deux corbeaux blancs qui étoient dreflés pour la chafle, Klein, Ordo avium, page 58. (1) Noyez Éphémérides d'Allemagne. Décurie ls j C5 S2 Hiffoire Naturelle Le corbeau du Mexique, appelé cacalotl par Fernandez, eft varié de ces deux couleurs /m) ; celui de la baie de Saldagne a un collier blanc /»); celui de Mada- gafcar , appelé coach, felon Flaccourt, a du blanc fous le ventre, & l’on retrouve le même mélange de blanc & de noir | dans quelques individus de Ia race qui | réfide en Europe, même dans celui à qui . M. Briffon a donné le nom de corbeau blanc du nord [/o), & qu'il eùt été plus naturel, ce me femble, d'appeler corbeau noir à’ blanc, puifqu’il a le deffus du corps noir , le deflous blanc, & la tête blanche & noire, ainfr que le bec, les pieds, Îa année Îil. Obferv. LvII. Le docteur Wifel ajoute, que l’année fuivante on ne trouva dans le même nid que des corbeaux noirs, & que dans le même bois, maïs dans un autre nid, on avoit trouvé un corbeau noir & deux blancs. On en tue quelquefois de cette dernière couleur en ftalie. Voyez Gerini, Sroria degli Uccell, tome IT, page 33. i (m) Hifloria Aviun novæ Hifpaniæ, cap. CLXXIV, page 48, _ {n) Voyage de Downton, à la fuite de celui de Middleton, 1610. (e) Ornithelogie, tome VI, Supplément, pag. 334 Dal O PDA. TK ; queue & les ailes. Celles- ci ont vingt -& une pennes, & Îa queue en a douze , dans lefquelles il y a une fingularité à remarquer, C’eft que les correfpondantes de chaque côté, Je veux dire les pennes qui de chaque côté font à égale diftance des deux du milieu, & qui font ordinai- … rement femblables 0 "elles pour fa forme _ & pour la difiribution des couleurs, ont dans l'individu décrit par M. Briffon plus ou moins de blanc, & diftribué d’une . manière différente, ce qui me feroit foup- çonner que le blanc eft ici une altération de la couleur naturelle, qui eft le noir; un effet accidentel d la température exceflive du climat, laquelle, comme caufe extérieure, n'agit pas toujours unifor- mément en toutes faïfons ni en toutes circonftances, & dont les effets ne font jamais aufli réguliers que ceux qui font produits par la conftante aélivité du moule intérieur ; & fi ma conjecture eft vraie, il n’y a aucune raffon de faire une efpèce particulière , ni même une race ou variété permanente de cet oïfeau, lequel ne différe d’ailleurs de notre eur ordinair €, que par fes ailes un peu plus longues ; Ci 54 FHifloire Naœwrelle, de. = "NM de même que tous les autres animaux des | pays du Nord, ont le poil pluslong que # ceux de mème efpèce qui habitent des climats tempérés, 1 Au refte, les variations dans le plumage d'un oïfeau aufli généralement, aufti pro- M fondément noir que le corbeau, variations : produites par la feule différence de l’âge, : du climat, ou par d’autres caufes purement accidentelles, font une nouvelle preuve : ajoutée à tant d’autres, que la couleur ne : fit jamais un caractère conftant, & que dans aucun cas elle ne doit être regardée M comme un attribut eflentiel. 45" Outre cette variété de couleur, 1f y a aufli dans l’efpèce des corbeaux, variété » de grandeur; ceux du mont Jura, par 4 exemple, ont paru à M. Hebert qui a M été à portée de les obferver, plus grands N & plus forts que ceux des montagnes du W Bugey; & Ariftote nous apprend que les corbeaux & les éperviers font plus petits dans Égypte que dans la Grèce /p/. {p) Hiflor. animal, Gb. VIT, cap. XXXVHT ‘1 LUE set à DE Ape = vs s'Sag <Ÿ- ae ; D en 0 à ee Ales mms Ze AE TRS Ro 1 = M ES 100 RATE NT put. Mn = fs | + {4 || | | | Cuve deb; J Hertsel Zus " cup. LE CORBEAU. | Pa’ 24, OISEAUX ÉTRANGERS, | qu ont rapport au CORBEAU. \ LE CORBEAU DES INDES DE BONTIUS, GC: ET oifeau fe trouve aux ïfles Mo- luques, & principalement dans Celle de Banda: nous ne le connoïffons que par une defcription incomplète & par une figure très-mauvalfe; en forte qu’on ne peut déterminer que par conjecture celui de nos oïfeaux d'Europe auquel ïl doit être rapporté. Bontius, le preinier & je crois le feul qui Pait vu, la regardé - comme un corbeau //a), en quoi il a été fuivi par Ray, Willughby /2) & quelques autres; mais M. Briffon en 2 _ fait un calao /c). J'avoue que je fuis de {a) Noyez Hi, Nat à Med, India or, (Bb) Ornithologie, page 86. {c) Ornithologie, tome IV, page 566. C Hi s6 Hifloire Naturelle l'avis des premiers, & voici mes raïfons en peu de mots. ti _ Cet oïfeau a, fuivant Bontius, le bec & la démarche de notre corbeau, & en conféquence il Jui en a donné le nom, malgré fon cou un peu long, & la pette protubérance que a figure fait paroître fur Île bec; preuve certaine qu'il ne connoëloit aucun autre oifeau avec lequel celur- ci eût plus de rapports, & néan- moins il connoifioit le calao des Indes. Bonüus ajoute, à la vérité, qu’il fe nourrit de noix mufcades, & M. Willughby a regardé cela comme un trait marqué de diffemblance avec nos corbeaux ; cepen- dant nous avons vu que ceux-ci mangent les noix du pays, & qu'ils ne font pas aufli carnaffiers qu’on le croit commu- nément. Or cette différence étant ainfr réduite à fa jufte valeur, laifle au fentiment de lPunique Obliervateur qui a vu & nommé l’oifeaii, toute fon autorité. D'un autre côté, ni la defcriptuion de Bontius, ni la figure ne préfente Île moindre veltige de cette dentelure du bec dont M. Briflon a fat un des caractères de Ia famille des calaos; & Îa des Oifeaux étrangers, CC NT etite protubérance qui paroît fur le bec, dans la figure, ne femble point avoir de rapport avec celles du bec du calio. Enfin le calao n’a ni ces tempes mou- chetées, ni ces plumes du cou noirâtres dont 1! eft parlé dans {a . defcription de Bonuus; & il a lui- même un bec fi fingulier /d), qu'on ne peut, ce me . femble, fuppofer qu'un Obfervateur l'ait vu & n’en ait rien dit, & fur-tout qu'il Pait pris Loue un be de corbeau ordinaire. La chair du corbeau des Indes de Bontius a un fumét aromatique très- agréable qu'elle doit aux mufcades dont loifeau fait fa principale nourriture; & il y a toute apparence que fr notre corbeau fe nourrifloit de même, ïül perdroit fa mauvaile odeur. Il faudroit avoir vu le corbeau du defert Fr graab el zahara), dont parle le docteur Shaw /e), pour le rapporter fürement à L [d) Voyez-en Îa eur Planche XLV de d Ohiholgie de M. Briflon, tome 1V. {c) M: Shaw lui donne encore les noms fuivans, 4 58 Hifloire Naturelle l’efpèce de notre pays dontil fe rapproche le plus. Tout ce qu’en dit ce Docteur, c’eft qu'il eft un’ peu plus gros que notre corbeau, & qu'il a le bec & les pieds rouges. Cle rongeur des pieds & du bec eft ce qura détenetaé M. Shaw à le regarder comme un. grand Coracias : à la vérité l’efpèce du coracias n’eft point étrangère à l Afrique, comme nous avons | vu plus haut; mais un coracias plus grand qu un HAenu Quatre Bis de def- cription bien faite difliperoïent toute cette | incertitude, & c’eft pour obtenir ces quatre | lignes de quelque Voyageur inftruit, que _ je fais ici mention d’un oiïfeau dont j'ai. Î1 peu à dire. Je trouve encore dans Kempfer deux “oïfeaux auxquels il donne le nom de | Corbeaux, fans indiquer aucun caractère | qui puifle juftifier cette dénomination. L'un eft, felon lui, d’une grofleur mé- diocre, ii AE SE fier; on l’avoit apporté de la Chine au Japon pour en, faire préfent à l'Empereur: lautre qui. Crow of he deferr, redlegged crow, Pyrhocoras Voyez Travels of Barbary, page 251: des Oijeaax étrangers, 'e, 59 fut auffi offert à l'Empereur du Japon, étoit un oifeau de Corée, fort rare, appelé coreigaras, c’eft-à- dire, Corbeau de Corée, Kempfer ajoute, qu'on ne trouve point au Japon Îles corbeaux qui font communs en Europe, non plus que les perroquets & quelques autres oïfeaux des Indes /f). Nota. Ce {eroit ici le lieu de placer l'oifeau d'Arménie, que M. de T'ournefort a appelé roi des corbeaux [g), fi cet oïfeau étoit en eflet un corbeau, ou feulement sil approchoït de cette famille. Mais il ne faut que jeter les veux fur le deffin . en miniature qui le repréfente pour juger qu'il a beaucoup plus de rapport avec les paons & les faifans par fa belle aïgrette, par la richefle de fon plumage, par Ia brièveté de fes aïles, par la forme de fon bec, quoiqu'il foit un peu plus alongé, & quoiqu’on remarque d’autres différences dans la forme de Ia queue & des pieds. Il eft nommé avec raïfon fur ce deflin, (T ) Voyez Hifioire du Japon, tome I, page 113. (g) Noyez Jon voyage du Levant, tome II, P239 3534 \ C vj 60 Hifloire Naturelle, érc. avis Perfica pavoni congener; & c’eft auffr parmi les oïfeaux étrangers, analogues aux faifans & aux paons, que j'en aurois parlé, {1 ce même deffin fût venu plus tôt à ma connoiflance /4). y (A) I eft à la Bibliothèque du Roi dansle Ca- binet des Eflampes, & fait partie de cette belle fuite de miniatures en grand, qui repréfentent d'après Nature les objets les pius intéreffans de FHifioire Naturelle, | 0 Ten RE RTS ac Gt PAOSEÉ TE Te - ti 21 5 ù CORDBINE © 0 CORNEILLE NOIRE (à). Quorour cette corncile diffère à beaucoup d’égards du grand corbeau, fur - tout par la groffeur & par quelques-. unes de fes habitudes naturelles, cependant il faut avouer que d’un autre côté elle a aflez de rapports avec lui, tant de \ * Voyez les Planches enluminées, n.° 48 3° _ {a) C'efft la Corneille de M. Briflon, rome 11, page 12. En Chaldéen, Xurka ; en Grec Kopoæovm ; en Grec moderne, Képéra, Kscara , KouGa ; en Italien, Cornice, Cornacchia, Cornacchio, Grac- chia ; en Efpagnol, Corneia ; en Allemand, Xrae, Schwartz Krahe ; en Anglois, a Crow: en Hyrien, W/rana ; en Catalan, Graula, Bufaroca, Cucula ; en _ vieux François, Graille, Graillat; en Touraine & ailleurs, fon M. Salerne, Grolle; en Bourbonnois, Agrolle; en Sologne, Couale; en Berri, Couar; en Auvergne, Crouas; en Piémont, Croace, {d'où vient croacer). On lui donne encore les noms fuivans, dont quelques-uns paroïflent corrompus, Æachoac, Karine, Borofitis, Xercula, Kokis, &c, \ 62 Hifloire Naturelle conformation & de couleur que d'inftinct, pour juftifier la dénomination de corbine, qui eft en ufage dans plufieurs endroits , & que j'adopte par Ia raifon qu’elle eft en ufage. Ces corbines paflent l'été dans les grandes forêts, d’où elles ne fortent de temps en temps que pour chercher Teur fubfiftance & celle de leur couvée, Le fonds principal de cette fubfiftance, au printemps, ce font les œufs de perdrix dont elles font très-friandes, & qu'elles favent même percer fort adroi- tement pour les porter à leurs petits fur la pointe de leur bec: comme elles en font une grande confommation, & qu'il ne leur faut qu’un moment pour détruire l’efpérance d’une famille entière, on peut dire qu’elles ne font pas les moins nuifibles des oïfeaux de proie quoïqu’elles foient les moins fanguinaires. Heureufement 1l n'en refte pas un grand nombre; on en trouveroit difficilement plus de deux douzaines de paires dans une forêt de cinq ou fix lieues de tour aux environs de ‘Paris. En hiver elles viyentavec les mantelées, de la Corbine ou Corneïlle noïré. 63 les frayonnes ou les freux, & à peu-près de la même manière : c’eft alors que l’on voit autour des lieux habités des volées nombreufes, compolées de toutes Îles efpèces de corneilles, fe tenant prefque toujours à terre pendant le jour, errant pêle-méêle avec nos troupeaux & nos bergers, voltigeant fur les pas de nos laboureurs & fautant quelquefois fur le dos des cochons & des brebis, avec une familiarité qui les feroit prendre pour des oïfeaux domeftiques & apprivoités. La nuit elles fe retirent dans les forêts fur de grands arbres qu'elles paroïfient AvOIr adoptés & qui font des efpèces de rendez- vous, des points de ralliement où elles fe raflemblent [le foir de tous côtés, quelquefois de plus de trois lieues à [a ronde, & d’où elles fe difperfent tous es matins: mais ce genre de vie qui eft commun aux trois efpèces de corneilles ne _ réuflit pas également à toutes; car Îles corbines & les mantelées deviennent pro- digieufement grafles, au contraire des frayonnes qui font prefque toujours maigres , & ce n’eft pas la feule différence qui fe remarque entre ces efpèces. Sur 64 Hiffoire Naturelle la fm de hiver, qui eft le temps de leurs | amours, tandis que les frayonnes vont À nicher dans d’autres climats, les corbines qui difparoïffent en même temps de la plame, s’éloïgnent beaucoup moins; Îa plupart {e réfugient dans les grandes forêts qui font à portée, & c’eft alors qu’elles rompent la fociété générale pour former des unions plus intimes & plus douces; elles fe féparent deux-à-deux, & femblent fe partager Le terrein, qui eft toujours une forêt, de manière que chaque paire occupe fon diftrit d'environ un quart de lieue de diamètre, dont elle exclut toute autre paire /b), & d’où elle ne s'abfente que pour aller à la provifion. On aflure que ces oïfeaux reftent conf- tamment appariés toute Îeur vie; on prétend même que lorfque l’un des deux vient à mourir, le furvivant lui demeure fidèle & pafle le refte de fes jours dans une irréprochable viduité. On reconnoit la femelle à fon plumage ({b) C'eft peut-être ce qui a donné lieu de dire 7e les corbeaux chafloient leurs petits de leur ifirict, fitôt que ces petits étoient en état de voler, , A de la Corbine ou Corneille noire. 65 qui a moins de luftre & de reflets: elle pond cinq ou fix œufs, elle les couve environ trois femaines, & pendant qu’elle couve, le mâle lur apporte à manger. J'ai eu occafion d'examiner un nid de corbine, qui m'avoit été apporté dans les premiers jours du mois de juillet. On lavoit trouvé {ur un chêne à [a hauteur _ de huit pieds, dans un bois en côteau où il y avoit d’autres chênes plus grands: ce nid pefoit deux ou trois livres ; il étoit fait en dehors de petites branches & d'épines, entrel:ffées groflièrement, & maftiquées avec de la terre & du crotn de cheval ; le dedans étoit plus mollet, & couftruit plus loïgneufement avec du che- velu de racines. J’y trouvai fix petits éclos ; ils étoïent encore vivans, quoiqu'ils euflent été vingt-quatre heures fans man- ger ; ils n'avoient pas les yeux ouvefts /c); on ne leur apercevoit aucune plume, ff ce n’eft les pennes de l’aile qui commen- çoïent à poindre; tous avoient la chair (c) Noyez Ariftot, De generatione, Uib, IV, £€ap, VI | 66 Fifioire Naturelle mêlée de jaune & de noir; le bout du ! bec & des ongles jaune; les coins de la bouche blanc fale; le refte du bec & des | pieds rougeütre. | D Lorfqu’une bufe ou une crefferelle vient à pafler près du nid, le père & la mère fe réuniflent pour les attaquer, & ils fe jettent fur elles avec tant de fureur qu'ils les tuent quelquefois en leur crevant | la tête à coups de bec. Ils fe battent auflr avec les pies- grièches ; maïs celles - CI, quoique plus petites, font fi courageufes qu'elles viennent fouvent à bout de les vaincre , de les chafler & d’enlever toute la couvée. | D Les Anciens aflurent que Îles corbines, aimfr que les corbeaux, continuent leurs foins à leurs petits bien au-delà du temps où ils font en état de voler /4). Cela me paroïît vraifemblable; je fuis. même porté à croire qu'ils ne fe féparent point du tout la première année; car ces. oïfeaux étant accoutumés à vivre en fociété, & cette habitude qui n’eft mterrompue. (4) Ariflot, ÆZf4 animal, lib. VI, cap. VI | | LÆ 7 } de la Corbine où Corneille noire, 67 que par la ponte & fes fuites, devant bientôtles réuniravecdes étrangers, n’eft-1l pas naturel qu’ils continuent la fociété commencée avec leur famille, & qu'ils la préfèrent même à toute autre! La Corbine apprend à parler comme le corbeau, & comme lui elle eft omni- Vore: infectes, vers, œufs d'oifeaux, voiries, poiflons, grains, fruits, toute nourriture lui convient : elle fait auffi caffer les noix en les laïffant tomber d’une certame hauteur /e/: elle vifite les lacets & les piéges, & fait fon profit des oïfeaux qu'elle y trouve engagés: elle attaque même le petit gibier affoibli ou bleflé, ce qui à donné l’idée dans quelques pays de l’élever pour la fauconnerie /f); mais , {e) Pin. lb, K y CAP XTT: (ff) Les feigneurs Turcs tiemnent des éperviers, . facres, faucons, &c. pour la chaffe; les autres de moindre qualité tiennent des corneïlles orifes & noires, qu'iis peignent de diverfes couleurs, qu'ils portent fur le pomg de la main droite, & qu'ils réclament en criant Aoub, houb, par diverles fois, jufqu’à ce qu’elies reviennent fur le poing. Villamont, page 677; À Voyage de Bender, par Le chevalier Belleville, page 232, ( 68 Hifloire Naturelle par une jufte alternative elle devient à fon tour la proie d’un ennemi plus fort, tel que Le milan, le grand duc, &c. /2) Son poids eft d'environ dix ou douze onces, elle a douze pennes à [a queue, toutes égales, vingt à chaque aile, dont la première eft [a plus courte & la_qua- trième la plus longue; environ trois pieds de vol /4) ; l’ouverture des narines ronde & recouverte par des efpèces de foies dirigées en avant; quelques grains noirs autour des paupières; le doïgt extérieur de chaque pied uni à celui du milieu jufqu’à la première articulation ; la fangue fourchue & même effilée, le ventricule peu mulculeux ; les inteftins roulés en un grand nombre de circonvolutions; les cæcum longs d’un demi-pouce ; la véficule du fiel grande & communiquant au tube (g ) 1pfe vidi Milvum media hieme cornicem juxta viam publicam deplumantem. Klein, Ordo avium, page 77. Voyez ci- deflus lhiftoire du grand Duc, tome 1°” page 336 (4) Wilughby ne leur donne que deux pieds de vol ; ce feroït moins qu’il n’en donne zu choucass je crois que c’eft une faute d'impreflon, de la Corbine où Corneille noire, 69 _ inteflinal par un double conduit /i); enfin le fond des plumes, c’eft-à-dire, la partie qui ne paroit point au- dehors , d'un cendré foncé. Comme cet oifeau eft fort rufé, qu’il a lodorat très-fubuil, & qu’il vole tit rement en grandes troupes, il fe laifle difficilement approcher & ne donne guère dans les piéges des Oïieleurs. On en attrape cependant quelques-uns à Îa pipée en lnitant le cri de [a chouette & tendant les gluaux fur les plus hautes branches, ou h en en les attirant à la portée du fufil ou même de la farbacane, par le moyen d’un grand duc ou de el autre oïfeau de nuit qu’on élève fur des juchoirs dans un lieu découvert. On les détruit en leur jetant des fèves de marais dont elles font très - friandes, & que l’on a eu la pré- caution de garnir en dedans d’aiguilles rouillées : mais la façon Îa plus fingulière de les prendre eft celle-ci que je rapporte parce qu’elle fait connoïire le naturel de l’oifeau. I faut avoir une corbine vivante, on l’attache folidement contre terre, ms { {) Willughby, page 'L 70 Hifloire Naturelle pieds en haut, par le moyen de deux crochets qui faififlent de chaque côté l'origine des ailes: dans cette fituation pénible elle ne ceffle de s’agiter & de crier, les autres corneilles ne manquent pas d’accourir de toutes parts à fa voix comme pour lui donner du fecours ; mais la prifonnière cherchant à s’accrocher à tout pour fe tirer d’embarras, faïfit avec le bec & les griffes, qu’on lui a laiflé libres, toutes celles qui s’approchent, & les livre ainfr à l’Oïfeleur / 4). On les prend encore avec des cornets de papier, appätés de viande crue : Jorfque la corneiïlle introduit fa tête pour faifir Pappât qui eft au fond, les bords du cornet qu’on a eu [a précaution d’engluer s’attachent aux plumes de fon cou, elle en demeure coiffée, & ne pouvant fe débarrafler de cet incommode bandeau qui lur couvre entièrement les yeux, elle prend leflor » & s'élève en lair, prefque perpendicu- \ lairement, { direction la plus avantageule pour éviter les chocs) jufqu’à ce qu'ayant épuifé fes forces, elle retombe de laffitude, (4) Noyez Gefner, de Avibus, page 4 LL Le. ST M 3 ï de la Corbine où Corneille noire, 7x & toujours fort près de l'endroit d’où elle étoit partie. En général, quoique ces corneilles n'aient le vol ni léger ni rapide, elles montent cependant à une très-grande hauteur; & lorfqu’une fois elles y font parvenues, elles sy foutiennent long- temps, & tournent beaucoup. Comme ïl y a des corbeaux blancs & des corbeaux variés, il y a aufli des corbines blanches //) & des corbines variées de noir & de blanc /m), lefquelles ont les mêmes mœurs, les mêmes inclinations que les noires. Fnifch dit avoir vu une feule fois une troupe d’hirondelles voyageant avec une bande de corneilles variées, & fuivant Îa même route : Il ajoute que ces corneilles variées patent l'été fur les côtes ded’océan, vivant de tout ce que rejette [a mer; que l'automne elles fe retirent du côté du midi ; qu'elles ne vont jamais par grandes (1) Noyez Schwenckfeld, Aviarium Sikfa, page 243. —Salerne, page #4, M. Eriflon ajoute, qu'elles ont auffi le bec, les pieds & les ongles blancs, {m) Krifch, Planche 66, 72 Hifloire Naturelle troupes, & que bien qu’en petit nombre. elles fe tiennent à une certaine diflance les unes des autres (7 /; en quoi elles reffemblent tout-à-fait à la corneille noire, dont elles ne {ont apparemment qu ’une . variété conftante, ou fi l’on veut, une race particulière. IL eft fort probable que les corneilles des Maldives, dont parle François Pyrard, ne font pas d’une autre efpèce, puitque | ce Voyageur, qui les a vues de fort près, n'indique aucune différence ; feulement elles font plus familières & plus hardies que les nôtres; elles entrent dans les maifons pour prendre ce qui les accom- . mode, & fouvent la préfence d’un homme ne leur en impole point /o/. Un autre Voyageur ajoute que ces corneilles des Indes fe plailent à faire dans une chambre, lorfqu’elies peuvent y pénétrer, toute: les . malices qu’on attribue aux fmges, elles dérangent les meubles, les déchirent à {u) lrifch, planche 66, (o) Fr. Pyrard, première partie de fox Voyage, tome 1, page 1314 ; coups RIT A a { de la Corbine où Corneille noire. 73 coups de bec, renverfent les Jampes, les encriers, &C. (p} | Enfin, felon -Dampier, 1 y a à Ia nouvelle Hollande / 9) & à la nouvelle Guinée /r) beaucoup de corneilles qui reflemblent aux nôtres : il y en a aufli à la nouvelle Bretagne /f), mais il paroît que quoiqu'il y en ait beaucoup en France, en Angleterre & dans une partie de l'Allemagne, elles font beaucoup moins répandues dans le nord de l’Europe; car M. Klein dit, que [à corbme eft rare dans la Prufle /1), & ïil faut qu’elle ne foit point commune en Suède, puifqu’on ne trouve pas même fon nom dans le dénombrement qu'a donné M. Linnæus (p) Voyage d'Orient, du père Philippe de a (Trinité, page 379 _{g) Noyage de Dampier, tome IV, page 1 > 8, (r) lbidem, ‘iome V, page 81, Suivant cet Auteur les corneilles de la nouvelle Guinée, diffèrent des nôtres feulement par la couleur de leurs plumes, dont tout ce qui paroit eft noir , mais dont le fond cit blanc. (f/ Navigation aux terres Auftrales, rome IL, _ page 107 | | | (1) Ordo avium, page $8 Oifeaux, Tome V. D T& - ‘Hifloire Naturelle, AA te des oifeaux de ce pays. Le P: du Tertre affure aufli qu'il n’y en a point aux Antilles /u), quoique fuivant un autre Voyageur /x}, elles {oïent fort communes a la Louifiane. _ {u) Hiïftoire Naturelle des Antilles, rome II, page 267: | | t {x) Noyez Hifloire de la Louifiane, par M. le Page du Pratz, rome 11, page 174, à y eft dit que leur chair eft meilleure à manger dans ce pays qu'en France, parce qu'elles n’y vivent point de voiries, en étant empêchées par les carancros, c'eftà-dire, par ces efpèces de vautours d'Amé- rique, appelés Auwras qu Marchands. all NL \ \ N. LA 1) 418) , JN ( \ a À TT EE = ALL LE TA met ll EUR NE | | \' 4 à nie Ue POUEU ll Le Jere del, VW, À, veuve Lirdiiu S'eulp LA CORBINE vx CORNEILLE NOIRE, Pag 24. a * Pen ; Va y e sd AS MEES Let LP RE a 18 Pate “ - 5 4 “NN. ARS LE OS ea 2 As + 7 Pi ge SES, L. Gas "ATEN \ 14 Ar 5 5: DCR + A M À 4 \ à AU) ua F3 7 Vtsh PR OT RAT RTE Ne EE 3e de y 0 à he end A € .h.) 0 F + l,. PTT PES" LS À C t « “ te 2" “4 TRE $4:à # Cr fÀ + 7 As AA CLR +46 ADP VN EUX LA FRAYONNE (a). L E freux eft d’une groffeur moyenne, entre le corbeau & la corbine, & il a la voix plus grave que les autres corneïlies : fon caractère le plus frappant & le plus difin@tif, c’eft une peau nue, blanche, farineufe & quelquefois galeute qui en- vironne la bafe de fon bec, à la place des plumes noires & dirigées en avant, qui dans les autres efpèces de corneilles * Voyez les Planches enluminées, n° 484. (a) C'eft la Corneille moifonueufe de M. Briffon , some Î1, page 16. On l'appelle frayonre dans Les environs de Paris: en Grec, Zzrweacsec; en Latin, Ærugilega, Cornix frugivora ; Gracculus, {uï- vant Belon: en Allemand, ÆÂoeck, peut - être à caufe de fon bec inégal & raboteux; en Ang'ois, Rook; en Suédois, Roka; en Polonois, Gawron : en Hollandois, Xoore - kræey; en vieux François, Graÿe (venant de Krae).; Groike, felon Belon, D ïj 76 Hiflotre Naturelle s'étendent jufque fur l’ouverture des na2 rines : il a aufli le bec moins gros, moins fort & comme räpé. Ces difparités fr fuperficielles en apparence, en fuppofent de plus réelles & de plus confidérables. Le freux n’a le bec ainfr râpé, & fa bafe dégarnie de plumes, que parce que vivant principalement de grains , de petites racines & de vers, il a coutume d’enfoncer fon bec fort avant dans la terre pour chercher la nourriture qui lui convient /b), ce qui ne peut manquer à Îa longue de rendre le bec raboteux, & de détruire les germes des plumes de fa bafe, lefquelles font expofées à un frottement conti- nuel /c); cependant il ne faut pas croire à À (b) Voyez Belon, Nature des Oifeaux, page 282, {(c) M. Daubenton le jeune, Garde-Démonf- trateur du Cabinet d'Hifloire Naturelle, au Jardin du Roi, fit dernicrement en fe promenant à fa campagne, une obfervation qui a rapport à ceci, Ce Naturalifte à qui lOrnithologie à déjà tant d'obligation, vit de loin dans un terrein tout-à-fait inculte, fix corneilles dont ïl ne put diftinguer Tefpèce, letquelles paroiffoient fort occupées à foulever & retourner les pierres éparfes çà & là, pour faire eur profit des vers & des infectes qui étoient cachés deflous. Elles y alloient avec tant d'ardeur qu'elles Te ET « does, ie De du Freux ou la Frayonne, 77 que cette peau foit abfolument nue; on y aperçoit fouvent de petites plumes ifolées; preuve très- forte qu’elle n’étoit point chauve dans le principe , maïs qu’elle left devenue par une caufe étrangère; en un mot, que c’eft une efpèce de difformité accidentelle, qui s'eft changée en un vice héréditaire par les loix connues de Îa génération. L’appétit du freux pour les grains , les vers & les infectes eft un appétit exclufif, car 1l ne touche point aux voiries ni à aucune chair, 11 a de plus le ventricule mufculeux & Îles amples inteltins des granivores. Ces oïfeaux voñt par troupes très- nombreufes, & fi nombreufes que Pair en eft quelquefois. obfcurci. On imagine faifoient fauter les pierres les moins pefantes à deux ou trois pieds. Si ce fingulier exercice que perfonne n’avoit encore attribué aux corneilles, eft familier aux freux, c’eft une caufe de plus qui peut contri- buer à ufer & faire tomber les plumes qui environnent fa bafe de leur bec; & le nom de Tourne-pierre que Le lon avoit appliqué exclufivement au cou- onchaud, deviendra déformais un nom générique qui conviendra à plufieurs efpèces. D ii 78 Hifloire Naturelle | tout fe dommage que ces hordes de moiffonneurs peuvent caufer dans les terres nouvellement enfemencées, ou dans les moïflons qui approchent de la maturité; aufit dans plufieurs pays le Gouvernement a-t-if pris des mefures pour les détruire /d), La Zoologie Britannique réclame contre cette profcription, & prétend qu'ils font plus de bien que de mal, en ce qu'ils coniomment uñe grande quantité de ces larves de hannetons & d’autres fcarabées, jui rongent les racines des plantes utiles, & qui {ont fr redoutées des laboureurs & des jardiniers /e). C’eft un calcul à faire. Non -feulement Île freux vole par troupes, mais il niche aufir, pour ainfr dire, en fociété avec ceux de fon efpèce, non fans faire grand bruit, car ce font des oifeaux très-criards , & principalement quand ils ont des petits. On voit quelque- fois dix ou douze de leurs nkis fur Île même chêne, & un grand nombre d'arbres ain garnis dans la même forêt, ou plutôt (d) Voyez Aldroyand. Ornihologie, tome ï, PASS 7? {e) Noyez British Zoelogy, page 77e du Freux où la Frayonne, 79 dans le même canton /f): ils ne cherchent pas les lieux folitaires. pour couver, ils femblent au contraire s'approcher dans cette circonftance des endroits habités; & Schwenckfeld remarque qu'ils préfèrent communément Îles grands arbres qui bordent les cimetières /v), peut-être parce que ce font des lieux fréquentés, ou parce qu'ils y trouvent plus de vers qu'ailleurs, car on ne peut foupçonner qu'ils y foïent attirés par l'odeur des cadavres, puilque _ j, Son nom Hébreu eft incertain; en Grec, K/aæ à Kia, Tloxiau; en Grec moderne Afjæspoa ; en Latin, Pica, Cfa, avis pluvia felon quelques- uns; en mauvais Latin moderne, Ajacia; en Italien, Gaza, Ragayza, Aregayza, Gayzuola, Gazzara, Pica, Patta ; en Catalan, Graffa; en Efpagnol, Pepa, Picata, Pigayza; en Allemand, Aelfler, Arel, Aegerft, Agelafler, Algafter, Agerlufler, (quaft “Agriluflra); en Flamand, Aexter; en llrien, Strakavel, Krysflela ; en Polonois, Srroka; en Sué- dois, Shata ; en Anglois, Pye, Pior, Magpye, Pianet; en François, en différens ‘temps & en diflérens lieux, Pie, Jaquette, Dame, Agaffe y Agace, Ajace, Ouaffe, #c (b) Syflem. nat, edit. X, page 106, {c) Belon, Nature des Oïfeaus , page 297; y r8 Hifloire Naturelle en effet [a pie a le bec, les pieds, Îes yeux, & la forme totale des corneilles & des choucas; elle à encore avec eux beaucoup d’autres rapports plus intimes dans l’inftinct, les mœurs & les habitudes naturelles, car elle eft omnivore comme eux, vivant de toutes fortes de fruits, allant furles charognes /d), faïfant fa proie des œufs & des petits des oïfeaux foibhes, quelquefois même des père & mère, foit qu'elle les trouve engagés dans les piéges, foit qu’elle les atiaque à force ouverte : on en a vu une fe jeter fur un merle pour Je dévorer, une autre enlever une écrevifle qui la prévint en Vétranglant avec fes pinces, &c. /e) On a tiré parti de fon appétit pour Ia chair vivante en Îa dreffant à [a chafle comme on y drefle les corbeaux D: Elle pafle ordinairement [a belle faifon (4) Klein, Ordo avium, page 6 r. J'en ai vu uné qui mangeoit fort avidement de l'écorce d'orange. (e) Aldrovande, Ornitholog. tome I, page 78 0 Œlle caufe quelquefois beaucoup de défordre dans une pipée, & vient, pour aïnfi dire, menacer le _pipeur juique dans fa loge. ({) Früch, Planche 68, À de la Pie, t19 appariée avec fon mâle, & occupée de fa ponte & de fes fuites. L’hiver elle vole par troupes, & s'approche d’autant plus des lieux habités qu'elle y trouve plus de reflources pour vivre, & que la rigueur de la faifon lui rend ces reflources plus néceffaires. Elle s’accoutume aïfément à la vue de l’homme, elle devient bientôt familière dans la maïfon, & finit par fe rendre la maîtrefle : j’en connoiïs une qui palfe les jours & les nuits au milieu d’une troupe de chats & qui fait leur en impofer. Elle jafe à peu-près comme la corneille, & apprend aufli à contrefaire fa voix des autres animaux , & la parole de l’homme. On en cite une qui 1mitoit parfaitement _ Îes cris du veau, du chevreau, de la brebis, & même le flageolet du berger: une autre qui répétoit en entier une fanfare de trompettes /g/. M. Willughby en a vu (g) Plutarque raconte, qu'une pie qui fe plaifois à imiter d'elle-même la parole de l’homme, le cri des animaux & le fon des inftrumens, ayant un jour entendu une fanfare de trompettes, devint muette fubitement, ce qui furprit fort ceux qui avoient coutume de l'entendre babiller fans cefle; xaaïs ils furent bien plus furpris quelque temps après, Y20 Hifhoire Naturelle plufieurs qui prononçoient des phrafes entières /). Margot eft le nom qu'on a. coutume de fui donner, parce que c’eft celui qu’elle prononce le plus volontiers ou le plus facilement, & Pline affure que cet oïfeau fe plaît beaucoup à à ce genre d'imitation, qu'il s’attache à bien articuler les mots qu'il a appris , qu'il cherche long - temps ceux qui lui ont échappé, qu'il fait éclater fa joie lorfqu'il les à retrouvés, & qu'il fe life quelquefois mourir de dépit lorfque fa recherche eft vaine, ou que fa langue fe refufe à a pro- nonciation de quelque mot nouveau /i). _ La piea le plus fouvent la fangue noire comme le corbeau; elle monte fur le dos des cochons & des brebis, comme font les choucas, & court après Ia vermine de ces animaux, avec cette différence que le Jorfqu' elle rompit tout-à-coup le filence, non pour répéter fa leçon ordinaire, mais pour imiter le {on des trompettes qu'elle avoit entendues , avec les mêmes tournures de chant, les mêmes modulations & dans le même mouvement. Opufc. de Plutarque, Quels animaux Jont les plus av ïfés. / (h) Wälughby, Ornithologia, page 87 (ti) Voyez Hiflon zak Hb. X, cap. XLIT. cochon L de la Pie. I21 cochon reçoit ce fervice avec complai- fance , au lieu que [a brebis, fans doute plus fenfible, paroït le redouter /k). Elle happe aufli fort adroïitement les mouches & autres infectes aïlés qui volent à fa portée. Enfin, on prend la pie dans les mêmes iéges & de la même manière que Îa _corneille, & l’on a reconnu en elle les. mêmes mauvaifes habitudes, celles de voler & de faire des provilions //); habitudes prefque toujours inféparables dans les difié- rentes elpèces d'animaux. On croit awfir 2 =) dé ? . qu’elle annonce la pluie lorfqu’elle jafe plus qu’à lordinaire /m). D'un autre côté elle s’éloiwne du genre des corbeaux & £ 8 | des corneilles, par un aflez grand nombre de difftrences. {k) Salerne, Hiff nat. des Oifeaux , page 94 __ (1) Je m'en fuis affuré par moi-même en répan- dant devant une pie apprivoiiée des pièces de monnoie & de petits morceaux de verre. J'at mème reconnu qu'elle cachoit fon vol avec un fi grand foin, qu'il étoit quelquefois difficile de le trouver, par exemple, fous un iit, entre les faigles & le fommier de ce lit, {m) Aldrovand. Ornitholog, page 781. Oifeuux, Lome V. 122 Hifloire Naturelle Elle eft beaucoup plus petite & même plus que le choucas, & ne pèfe que huit à neuf onces; elle a les ailes plus courtes & la queue plus longue à proportion, par conféquent fon vol eit beaucoup moins élevé & moins foutenu:; aufli n’entre- prend-t-elle point de grands voyages, elle ne fait guère que voluiger d’arbre en arbre, ou de clochers en clochers, car pour l’action de voler il s’en faut bien que la longueur de la queue compenfe la briè- _veté des ailes. Lorfqu’elle eft pofée à terre elle eft toujours en action, & fait autant de fauts que de pas: elle à aufii dans la queue un mouvement brufque & prefque continuel comme la lavandière. En général elle montre plus d'inquiétude & d’activiié que les corneiïlles, plus de alice & de penchant à une forte de moquerie /1). Elle met aufli plus de com- binaïfons & plus d’art dans la conftruction de fon nid, {oit qu'étant très-ardente pour (n) Vidi aliguande picam adyolantem ad avem..., In quodam loco ligatam, à cum ülla fruflula carnis comedere vellet, pica fu& caudä ea fruflula removit : unde pan ave ejfe aliarum avium derifii All COOV Avicenna apud Gefner, page 6 9 7: Le. : re de la Pie, 123 fon mâle /0), elle foit auffi très-tendre pour fes petits, ce qui va ordinairement de pair dans les animaux; foit qu’elle fache que plufreurs oïfeaux de rapine font fort avides de fes œufs & de fes petits; & de plus, que quelques-uns d’entr'eux font avec elle dans le cas de la repréfaille ; elle multiplie Îles précautions en raïfon de fa tendreffe & des dangers de ce qu’elle aime ; elle place fon nid au haut des plus grands arbres, ou du moins fur de hauts buifions /p/, & n'oublie rien pour le rendre {olide & für : aidée de fon male, elle le fortifie extérieurement avec des bûchetres flexibles & du mortier de terre gachée, & elle le recouvre en entier d’une enve- ioppe à claire- voie, d’une efpèce d’abattis de petites branches épmeufes & bien entre- laflées ; elle n’y laifle d'ouverture que dans le côté le mieux défendu, le moins acceflible, & feulement ce qu’il en faut (o) Les Anciens en avoient' cette idée, puifque de fon nom grec K/sæ4, ils avoient formé celui de Kioyæy qui eft une expreflion de volupté, (p) C'eft ordinairement fur la lifière des bois ou dans les vergers qu’elle létablit. | FE 1j 124 Hifloire Naturelle pour quelle puifle entrer & fortir: fa prévoyanee induftrieufe ne fe borne pas à la fûreté, elle s'étend encore à la com- _modité, car elle garnit le fond du nid d'une efpèce de matelas orbiculaire /g), pour que fes petits foïent plus mollement & plus chaudement; & quoique ce matelas, qui eft le nid véritable, n'ait qu'environ fix pouces de diamètre, la maffe entière, en y comprenant les ouvrages extérieurs & l'enveloppe épineufe, a au moins deux pieds en tout fens. (g) Lutea. .…. flragulum fubjicit... & merula à pica... Ariftot. Æiff animal, Gb, TX, cap. xHI. Je remarque à cette occafion que plufieurs Ecrivains ont penfé que la Kia d’Ariflote, étoit notre geai, parce qu'il dit que cette Kiawx faifoit des amas de glands, & parce qu'en effet le gland eft la principale nourriture de notre geai; cependant on ne peut nier que cette nourriture ne foit commune au geai & à la pie: mais deux caractères qui font propres au geaï, & qui n'euflent point échappé à Ariftote, ce font les deux marques bleues qu'il a aux aïles, & cette efpèce de huppe que fe fait cet oïfeau en relevant les plumes de fa tête, caraétère dont ce Philofophe ne fait aucune mention; d'où je crois pouvoir conjeéturer que la pie d’Ariftote & Ia nôtre, font le même oifeau, ainfi que cette pie variée à longue queue qui étoit nouvelle à Rome & encore rare du temps de Pline, Lib, X°, can XX IX. de la Pie. 125$ * Tant de précautions ne fuffifent point encore à {a tendrefle, ou {1 l’on veut à fa défiance : elle a continuellement l’œ1l au guet fur ce qui fe pafle au dehors; voit-elle approcher une corneilie, elle vole aufinôt à fa rencontre, la harcelle & fa pourfuit fans reliche & avec de grands cris, jufqu’à ce qu’elle foit venue à bout de lécaprér (r). Si c’eft un ennemi ret- pectable, un faucon, un aigle, la crainté ne la retient point, & elle ofe encore lattaquer avec une témérité qui n’eft pas toujours heureufe; cependantil faut avouer que fa conduite eft quelquefois plus réflé- chie, s'il eft vrar-ce :qu'on- dit, -que lorfqu’ elle à vu un homme obfervér trop curieufement fon nid, elle tranfporte fes œufs ailleurs, foit entre fes doigts, {oit d’une autre manière encore plus incroyable {f). Ce que les chaffeurs racontent à ce fujet de fes connoiflances arithmétiques, n’eft guère moins étrange , (r) Frlch, Planche 68, [[) Surcul Juper bia ova tmpofito, La£ Prramrate ali glutino, fubditâ cervice medio, æqua utrinie ique lbra deporrant av, Plin, Kb, X , cap, XXXI1I. F 1j 126 Hifloire Naturelle quoique ces prétendues connoiffances né s'étendent pas au-delà du nombre de einq (t). | Elle pond fept ou huit œufs à chaque couvée, & ne fait qu’une feule couvée par an, à moins qu'on ne détruife ou qu'on ne dérange fon nid, auquel cas elle en entreprend tout de fuite un autre, & le couple y travaille avec tant d’ardeur, qu'a eft achevé en moins d’un jour; après quoi elle fait une feconde ponte de quatre ou cinq œufs ; & Î1 elle eft encore troublée, elle fera un troifième nid fembiable aux deux premiers, & une troïfième ponte, (t) Les chaffeurs prétendent que fi la pie voit entrer uu homme dans une hutte conflruite au pied de l'arbre où eft fon nid, elle n’entrera pas elle- même dans fon nid qu’elle n’ait vu fortir homme de la hutte; que fi on a voulu la tromper en y entrant deux & n’en fortant qu’un, elle s’en aperçoit très-bien, & w’entre point qu’elle n'ait vu fortir auffr le fecond ; qu’il en eft de même pour trois ou pour quatre, & même encore pour cinq, mais que S'il en eft entré fix, le fixième peut refter fans qu'elle s'en doute; d’où 1 rélulteroït que la pie auroit une appréhenfion nette de la fuite des unités & de leurs combinaïfons au-deffous de fix : & il faut avouer que lappréhenfion nette du coup-d'œil de l’homme eit renfermée à peu-près dans les mêmes junites, de la Pie, FR mais toujours moins abondante /z); fes œufs font plus petits & d’une couleur moins foncée que ceux du corbeau, ce {ont des taches brunes femées fur un fond vert- bleu, & plus fréquentes vers le gros bout. Jean Liébault, ené par M. Salerne /x/, eft le feul qui dife que le mâle & {1 femelle couvent alterna- tivement. Les piats ou les petits de Ja pie, font aveugles & à peine ébauchés en naïflanr, ce n'eft qu'avec le temps & par degré que le développement s'achève & que leur forme fe décide : [a mère non-feulement les élève avec follicitude, mais leur con- tue fes foms long - temps après qu'ils font élevés. Leur chair eft un manger médiocre, cependant on y a généralement moins de répugnance que pour celle des petits corneïllons. el (u). C’eft quelque chofe de femblable qui aura donné lieu d'imputer à fa pie le ftratagème de faire conflamment deux nids, afin de donner ie chance aux olfeaux de proie qui en veulent à fa couvée, C’eft ainfi que Denys le T'yran avoit trente chambres à coucher. (4) Hiff nat des Oifraux, page 93. F inf 128 ÆHifloire Naturelle A légard de Ia différence qu’on remarque dans le plumage, je ne la regarde point abfolument comme fpéci- fique, puilque parmi les corbeaux, les corneilles & les choucas, on trouve des individus qui font variés de noir & de blanc comme la pie; cependant on ne peut nier que dans l’efpèce du corbeau, de la corneille & du choucas proprement dit, le noir ne foit la couleur ordinaire, comme le noir & blanc eft celle des pies; & que fi lon. a vu des pies blanches, ainft que des corbeaux & des choucas blancs , il ne foit très-rare de rencontrer des pies entièrement noires. Au refte il ne faut pas croire que le noir & le blanc gui font les couleurs principales de la pie, excluent tout mélange d’autres couleurs ; ea y regardant de près & à certains jours, on y aperçoit des nuances de vert, de pourpre, de violet /y), & l'on eft furpris de voir un fi beau plumage à un oïleau Î1 peu renommé à cet égard. Mais ne fait-on pas que dans ce genre & dans {») Voyez British Zoology, page 77 » OÙ plutôt obfervez une pie fous difiérens jours. | NN de la Pie, 129 _ bien d’autres, la beauté eft une qualité | fuperficielle, fugitive, & qui dépend _ ,abiolument du point de vue. Le mäle fe diflingue de [a femelle par des reflets bleus plus marqués fur la partie fupérieure du corps, & non par la noirceur de fa langue, comme quelques-uns l'ont dit, La pie eft fujette à la mue comme les autres oïfeaux; mais on à remarqué que fes plumes ne tomboïent que fuc- ceflivement & peu-à-peu , excepté celles de la tête qui tombent toutes à la fois, en forte que chaque année elle paroït chauve au temps dela mue /7). Les jeunes n’acquièrent leur lorigue queue que Îa feconde année, & fans doute ne deviennent adultes qu’à cette même époque. Tout ce que je trouve fur la durée de da pie, c’eft que le docteur Derham en a nourri une qui a vécu plus de vingt ans, mais qui à Cet âge éiolt tout- à - fait aveugle de vieilleffe /a). Cet oïleau eft très-commun en France, TPE Plin. 48, X, cap. XXIX, Weneft de mûne du geai & de plufieurs autres efpèces. (a) Voyez Albin, tome I, page r 4, | QU à 130 Hifloire Naturelle en Angleterre, en Allemagne, en Suède & dans toute l’Europe, excepté en Lap- ponie / b), & dans les pays de montagnes où elle eft rare, d’où l’on peut conclure qu’elle craint le grand froid. Je finis fon hifloire par une defcription abrégée, qui portera fur les feuls objets que la figure ne peut exprimer aux yeux, où qu'elle n'exprime pas affez diflinétement. Elle a vingt pennes à chaque aile, dont la première elt fort courte, & les quatrième & cinquième font les plus longues; douze pennes inégales à [a queue & diminuant toujours de longueur, plus elles s’é- Torgnent des deux du milieu qui font les plus longues de toutes: les narines rondes, la paupière interne des yeux marquée d’une tache jaune, la fente du palais hériffée de poils fur fes bords, la rangue _noiïrâtre & fourchue, les inteftins fongs de vingt-deux pouces, les cœcum d’un demi - pouce, l’œfophage dilaté & garni de glandes à Pendroit de fa jonétion avec . {B) Noyez Fauna Suecica, n° 76, M. Heberi m'aflure qu'on ne voit point de pies dans les mon- tagnes du Bugey, ni même à la hauteur de Nantua de la Pie, lat le ventricule , celui-ci peu mufculeux, la rate oblongue & une véficule du fiel à l'ordinaire /c). + J'ai dit qu'il y avoit des pres blanches, comme Il y a des corbeaux blancs, & quoique Îa principale caufe de ce chan- gement de plumage {oit l'influence des ‘climats feptentrionaux, comme on peut le fuppoler à l'égard de-la pie blanche de Wormius qui venoit de Norwège /d), & même à l'égard de quelques - unes de celles dont pre Rzaczynskt /e); cepen- dant 1 faut avouer qu’on en trouve quelquefois dans les climats tempérés, témoin celle qui fut prife 11 y a quelques années en Sologne, & qui étoit toute blanche , à exception d’une feule plume TI. ? (ce) Willughby, page 8 7. (d) Voyez Mujæum Wormianum, page 293. Ex Norwegiä ad me tranfmiffa eft ubi in nido duo hujus generis pulle inventé... Cum pics vulgaribus, quoad corperis Conflitutionem plané convenit, nift quod cotore , A , Q \ ? ] fit candido Ÿ flaturä minori, cum ad adultam nondum pervenertt ætatem... Caput glabrum vifitur, (e) Pica alba in oppido Comarno Palatinatäs Ruffiæ educata ns Prope Viasha picæ quinque ejufdem coloris Junt confpééte ; in Volhiniä non procul a civitate Olkä una comparuh Rzaczynski, Auéharium, page 412, UM “ “#3X floire Naturelle, dr c. noire qu elle avoit au milieu des ailes RT ÿ} A foit qu’elle eût pañté des pays du en du climat, foit qu’étant née en France, cette altération de couleur eût été produite par quelque caufe particulière. Ïl faut dire la même chofe des pies blanches que lon voit quelquefois en Italie /z). Wormius remarque que fa pie Haba avoit la tête lifle & dénuée de plumes, ‘apparemment qu'il la vit au temps de la mue, & cela confirme ce que j'ai dit de celle Me pies ordinaires. Willughby a vu dans fa ménagerie du roi d'Angleterre, des pies brunes ou roufsätres /#), qui peuvent pafler pour une feconde variété de l’efpèce ordinaire. (f) Voyez Salerne, Hifloire naturelle des O eaux, P289:93: (g) Voyez Gerini, Storia degli Urcell, tome IL, Page 41e {h) Ornithologie , a l’endroï: cité, an en France, après avoir fubi l'influence Ù F f PL. VIL. pag. 152 a Le 14 NII ) Fa del , eve. ? y De Th. Rousselet Sculp. 4 ? O1 6 LA PIE * Pe7 i ] ŒL à. Nb VV URSS ASE epittn. PSS v Re M, 0 5 AU t 4. te UY Va '" OISEAUX ÉTRANGERS, Qui ont rapport a la PIE. + | * LA PIE DU SENEGAL (a). EF LLE eft un peu moins grofie que Ia nôtre, & cependant elle a prefque autant d'envergure , parce que fes ailes font plus longues à proportion; fa queue eft au contraire plus courte, du refte conformée de même. Le bec, les pieds & les ongles font noirs, comme dans la pie ordinaire, mais le plumage eft très-différent ; il n’y entre pas un feul atome de blanc, & toutes les couleurs en font obfcures: la tête, le cou, le dos. & la portrme font noirs avec des reflets violets; les pennes de la queue & les grandes pennes des ailes font brunes : tout le refte elt noïrâtre plus ou moins foncé. . * Voyez les Planches enluminées , n° ÿ 3 8, (a) Voyez lOrnithologie de M. Briflon, fome IL, PA 490 134 Hifioire Naturelle PET LA PIE DE LAJAMAIQUE (à). CET oïfeau ne pèfe que fix onces, & il eft d'environ un tiers plus petit que la pie commune, dont 1f a le bec, les pieds & la queue. it Le plumage du mâle eft noir avec des _reflets pourpres; celui de la femelle eft brun, plus foncé fur le dos & fur toute la partie fupérieure du corps, moins foncé {ous le ventre. Ïls font leur nid fur les branches des arbres : on en trouve dans tous les diftriéts de lille , mais plus abondamment dans {es lieux les plus éloignés du bruit; c’eft defi qu'après avoir fait leur ponte & donné naiffance à une génération nouvelle pen- dant l'été, 1ls fe répandent l’automne dans les habitations & arrivent en fi grand {b) On lui a donné le nom de Fe, de Choucas, de Merops & de Merle des Barbades. Voyez Brown, Natural Hifiory of Jamaïc, — Catefby , Hifloire Naturelle de la Caroline, tome If" page 12. — M. Klein a copié la traduétion Françoile avec fes fautes, page Go de YOrdo Avium, Voyez auf M, Briflon, rome II, page 41 PRE OT" PTT LS des Oifeaux étrangers, de. 435$ nombre que l'air en eft quelquefois obicurci. Hs volent ainfi en troupes lPef- pace de plufieurs milles, & par-tout où ils fe pofent ils font un dommage confi- dérable aux culrivateurs. Leur reffource pendant l’hiver eft de venir en foule aux portes des granges. Tout cela donne iieu de croire qu’ils font frugivores, cependant on remarque qu'ils ont l'odeur forte , que leur chair eft noire & groflière, & qu'on en mange fort rarement. If fuit de ce que je viens de dire, que cet oifeau diffère de notre pie, non-feu- lement par [1 façon de fe nourrir, par fa taille & par {on plumage, mais en ce qu il a le vol plus foutenu & par conféquent l'aile plus forte, qu’il va par troupes plus nombreules, que fa chair eft encore moins bonne à manger, enfin que dans cette efpèce Îa différence du fexe en entraine une plus grande dans les couleurs: en forte qu'ajoutant à ces traits de diffem- blance la difficulté qu'a dû rencontrer Îa pie d'Europe à pafler en Amérique, vu qu'eile à aile trop courte & HO, foible pour franchir [es grandes mers qui (e- parent les deux coinens fous les Zones 136 Hifloire Naturelle tempérées, & qu'elle fuit les pays fepten- wionaux où ce paflage feroit plus facile ; on eft fondé à croire que ces prétendues p'es Américames peuvent bien avoir quelque rapport avec les nôtres & Îles repréfenter dans Île nouveau continent, mais qu’elles ne ‘defcendent pas d’une fouche commune. | Le tefquizana du Mexique /c) paroît avoir beaucoup de reflemblance avec cette ie de la Jamaïque, puifque fuivant Fer- nandez 1} a fa queue fort longue, qu'il furpafle l’étournsau en groffeur, que le noir de fon plumage a des reflets, qu’il vole en grandes troupes, lefquelles dé- vaftentlesterres cultivées où elles s'arrêtent, qu’il niche au printemps, que fa chair eft dure & de mauvais goût ; en un mot, qu'on peut le regarder comme uneefpèce d’étour- neau où de choucas : or, l’on fait qu’au plumage près, un choucas quia unelongue queue, reflemble beaucoup à une pie. {c) Jai formé ce nom par contraction du nom Mexicain, Tequixquiacazanatl. Fernandez l'appelle encofe Ærourneau des lacs falés, & les Ffpagnoks, Tordo, Cet oïfeau a le chant plaintif. Voyez Fer- nandez, Fill, aviun novæ Hifpanià, cap. XXX1V. des Oifeaux étrangers, ee. 137 I n’en eft pas ainfi de l’ifana du même Fernandez /d), quoique M. Briflon le confonde avec fa pie de la Jamaïque /e). Cet oïfeau a, à fa vérité, le bec, Îles pieds & le plumage des mêmes couleurs ; mais il paroït avoir fé corps plus gros /f), & le bec du double plus long: outre cela, il fe plat: dans les contrées les plus froides du Mexique, & ïl a le naturel, les mœurs & le cri de l’étourneau. II eft difficile , ce me femble , de reconnoître à ces traits [a pie de la Jamaïque de Catefby ; & fi on veut le rapporter au même genre, on ne peut au moins fe difpenfer d’en faire une efpèce féparée; d'autant plus que Fernandez, le feuPNNaturalifte qui lait vu, lur trouve plus d'arnlogie avec l’étourneau qu'avec la pie; & ce témoignage doit être de quelque poids auprès de ceux qui ont éprouvé combien le premier coup d'œil d’un Obfervateur exercé, qui faifit rapidement le caractère naturel de a (d) Hifh avium nove Hifparie, cap. XXXU, H l'appelle /zanarl, d'autres Yrrlaokanari (e) Ornithologie, tome IT, page 42. ([) Brachium eraffa , dit Fernandez, 139 Hifloire Naturelle phyfionomie d’un animal, eft plus décifif & plus für pour le rapporter à fa véritable efpèce, que l’examen détaillé des carac- téres de pure convention, que chaque Méthodifte élit à fon gré. Au refle, il eft #rès- facile & très- excufable de fe tromper en parlant de ces elpèces étrangères, qui ne font connues que par des defcriptions incomplètes , & par de mauvaifes figures. | Je dois ajouter que l’ifana a cette forte de ris moqueur, ordinaire à la plupart des oïfeaux qu’on appelle des pies en À mérique. Li LA PIE DES ANTILLES (c). M. Buiflon a mis cet oïfeau parmi les rolliers /A); je ne vois pas qu'il aït eu d’autres raifons, finon que dans la figure donnée par ÂAldrovande, les narimes font découvertes, ce que M. Briffon établit en #&) Voyez l'hifloire générale des Antilles , tome TE, SE 258. — Aldrovandi Ornihologia, tome F, page 788. {4) Ornihologie , tome IT, page 80. 4 À, ne des Oifeaux etrangers, 7e. 139 effet pour un des caractères du rollier (i}} mais 1.” ce n’eft qu'avec beaucoup d’m- certitude qu’on peut attribuer ce caractère à l’oifeau dont il s’agit ici, d’après une figure qui n'a pont paru exacte à M. Briflon lui-même, & qu’on doit fup- pofer encore moins exacte fur cet article que fur aucun autre, tout ce détail de petites plumes étant bien plus indifférent au Peintre qui veut rendre [a Nature dans fes principaux effets, qu’au Naturalifte qui voudroit l’aflujettir à {a méthode. 2. On peut oppoler à cet attribut incertain, faifr dans une figure fautive, un attribut beaucoup plus marqué, plus évident, & qui n’a échappé ni au Peintre ni aux Oblervaieurs qui ont vu l’oifeau même; ce font les Jongues pennes du milieu de a queue, attribut dont M. Briflon a fait Le caractère diftinétif de la pie /4). 3." Ajoutez à cela que la pie des Antilles reffemble à Ja nôtre par fon cri, par fon naturel très-défiant, par fon habitude de nicher fur les arbres & d’aller le long des (1) Ornithologie, page 63, : (4) lbid, page 35, 140 Hifloire Naturelle rivières, par la qualité médiocre de fa chair //); en forte que fi l’on veut rap- procher cet oïifeau étranger de l'efpèce d'Europe avec laquelle ïl a le plus de rapports connus, Il faut ce me femble, le rapprocher de celle de la pie. IL en diffère néanmoins par l'excès de longueur des deux pennes du milieu de la queue ./"”), lefquelles dépaflent les latérales de huit ou dix pouces, & aufit par fes couleurs; car il a le bec '& les (1) Hif. des Antilles, loco cicato, Va Pie va auffi Je long des eaux, puilqu'elle enlève quelquefois des écrevifles , comme nous l'avons dit. {m) Je ne parle point d'une fingularité que lui attribue Aldrovande, c'eft de n'avoir que huit pennes à la queue; mais ce Naturaïifie ne les avoit comptées que fur la figure coloriée, & Ton fent combien cette manière de juger eft équivoque & fujette à l'erreur. [left vrai que le P. Dutertre dit la même chofe, mais il eft encore plus vraifem- blable qu'il le répète d’après Aldrovande dont il connoifloit bien Forrithologie, puïlqu'il la cite à la pige fuivante: d’ailleurs, il avoit coutume de faire fes defcriptions de mémoire, & la mémoire a be{oin d’être aidée / Voyez page 247 du rome IT) : enfin, fa defcription de la pie des Antilles eft peut-être la feule où il foit fait mention du nombre des pennes de la queue. des Oifeaux étrangers, rc. 141 pieds rouges , le cou bleu avec un collier blanc, la tête de mênie couleur bleue, avec une tache blinche mouchetée de noir qui s'étend depuis l'origine du bec fupérieur jufqu’à la naïffance du cou; le dos tanné, le croupion jaune, Îles deux longues pennes de la queue de couleur bleue avec du blanc au bout & la tige blanche, les autres pennes de [a queue rayées ï à bleu & blanc, celles de l'aile mélées de vert & de Apr & le deflous du corps blanc. En comparant la defcription de Ia pie des Antilles du P. Dutertre, avec celle de la pie des fndes à longue queue d’AI- drovande, on ne peut douter qu’elles n'aient été fanes l’une & l'autre d’après un oïfeau de la même efpèce, & par conféquent, que ce ne foit un oïfeau d’ À mériqu e comme l’aflure le P. Duterire qui l’a oblervé à la Guadeloupe, & non as un oïfeau du Japon, comme le dit Aldrovande, d'après une tradition fort incertaine (n/; à moins qu'on ne veuille fuppofer qu'il s’eft répandu du côté du (n) Svectofiffimam hanc avem Japonenfium rex Jummo Pont: ci pre fi nguläri munere ante aliquot annes 1 42 Hifloire Naturelle nord, d’où il aura pu paffer d’un continent a l’autre. h EN: L'HOCISANA fo). QUOIQUE Fernañdez donne à cet olfeau le nom de grand étourneau, cepen- dant on peut le rapporter, d’après ce qu'il dit fui-même, au genre des pies, car il affure qu’il feroit exaétement femblable au choucas ordinaire, s’il étoit moins gros, qu'il eût la queue & les ongles moins longs, & le plumage d’un noir plus franc & fans mélange de bleu. Or fa longue queue eit un atiribut non de létourneau , mais de la pie, & celui par lequel elle diffère le plus à l’extérieur du choucas; & quant aux autres caractères, par lefquels l’hocifana s'éloigne du choucas, ils font autant ou plus étrangers à l’étourneau qu'à la pie. tranfmifit, ut ex marchione Facchinetio, qui eas Inno- centio nono... Patruo fuo acceptas referebat, intellexi, Aldrovand. co citato, (e) Noyez lernandez, cap, XXXII1. Le nom mexicain eft Flocirzanarl, Ce oifeau s'appelle encore Caxcaxtoroil dans ie pays. C’eft la grande Pie du Mexique de M. Brion, fome 11, page 47, des Oifeaux étrangers, ce. 143 D'ailleurs , cet oïfeau cherche Îles lieux habités , eft familier comme fa pie, jafe de même & a la voix perçante: fa chair eft noire & de fort bon goût. M, LA VARDIOLE (p). SEBA lui a donné le nom d’oifeau de Paradis, comme il le donne à prefque tous les oïfeaux étrangers à longue queue; & à ce titre la vardiole Le méritoit bien, puifque fa queue eft plus de deux fois aufii fongue que tout le refte de fon corps mefuré depuis la pointe du bec jufqu’à lextrémité oppofée; mais il faut avouer que cette queue n’eft point faite comme dans l’oifeau de Paradis, fes plus grandes pennes étant garnies de barbes dans toute leur lon- gueur, fans parler de plufieurs autres différences. Le blanc eft la couleur dominante de _ cet oïfeau : il ne faut excepter que la tête (p) C'eft la Pie de l'ile Papoe de M, Briflon, tome Î1, page 45. On Vappelle dans le pays Waygehoe & Wardie, d'où j'ai fait Vardiole, _ 1 | 19 | Fed | 144 Hifloire Naturelle & le cou qui font noirs avec des reflets de pourpre très-viis, les pieds qui font d’un rouge clair , les ailes dont les grandes pennes ont des barbes noires, & les deux pennes du milieu de la queue qui excèdent de beaucoup toutes les autres, & qui ont du noir le long de fa côte, depuis leur bale jufqu’à la moitié de leur longueur. Les yeux de Ja vardiole font vifs & entourés de blanc; [a baie du bec fupé- rieur eft garnie de petites plumes noires piiformes, qui reviennent en avant & couvrent les narines ; fes ailes font courtes, & ne dépaffent point l'origine de la queue; dans tout cela elle fe rapproche de la pie, mais elle en diffère par ia brièveté de {es pieds qu’elle a une fois plus courts à proportion, ce qui entraîne d’autres diffé- rences dans le port & dans la démarche. On la trouve dans lifle de Papoe felon Seba, dont la deicriptign, la feule qui {oit originale, renferme tout ce que lon fait de cet oïleau /g ). (g) Voyez Seba, tome 17, page 85, PL LII, 4 fg. 3, Voyez auf Klein, Ordo avium, page 62, W Fa | VL PE Oifeaux étrangers, ge 45. V TL À: LA BNGANO ET FERNANDEZ compare cet oïfeau du Mexique à la pie commune, pour Ia grofieur, pour la Jongueur de la queue, pour la perfection des fens, pour le talent de parler, pour lPinftinét de dérober tout ce qu’elle trouve à fa bienféance: il ajoute qu'il a le cri comme plaintif & femblable à celui des petits étourneaux, & que fon plumage eft noir par-tout, excepté fur le cou & fur la tête où l’on aperçoit une teinte de fauve. (r) C'eft {a petite Pie du Mexique de M. Briflon, tome [1, page 44, Voyez Fernandez, caps XXXV Le nom Mexicain eft Zfanahoer 5 146 Fifloire Naturelle FER GE A Fa), P; ESQUE tout ce qui a été dit de Vinflnét de la pie, peut s'appliquer au geai; & ce fera aflez faire connoître celui-ci que d'indiquer les différences qui le caradtérilent. | L'une des principales, c’eft cette marque bleue, ou plutôt émaillée de différentes nuances de bleu, dont chacune de fes ailes eft ornée, & qui fuffroit feule pour le difinguer de prefque tous les autres * Voyez les Planches enluminées, n.° 48 re (a) Ceft le Geai de M. Briflon, rome 11, \ . ; page 47 En Grec, Maaawowpareus , fuivant Belon:; en Grec moderne Kaceraëa ; en Latin, Garrulus ; en Efpagnol, Gayo, Cayo; en Catalan, Gaïty, Gralla; en Italien, Ghiandaia ; Gaza verla, Berta, Bertina, Baretino; en Allemand, Alüher, Hatzler, Baum Hatzel, Eichen-heher, Nuffheher, Nuff-hecker, Jäck, Broe-kexter, Marggraff, Marcolfus ; en Suifle, Herren vogel; en Polonois, Soyka ; en Suédois, Nor- Skrika; en Angloïis, Jay, la ta; en françois, en différens lieux & différens temps, Jay, Geaï, Gar, Jayon, Gayon, Jaques, Jacura, Gera, Ganterear ; Vautret, Rihard, Girard, Ta du Geai, 117) Pi oïfeaux de l’Europe. Il a de plus fur le front un toupet de petites plumes noirés, bleues & blanches : en général toutes fes plumes font fingulièrement douces & foyeufes au toucher, & il fait, en rele- vant celles de fa tête, fe faire une huppe qu'il rabaifle à fon gré. Il ef dun quart moïns gros que la pie; il a la queue plus courte & les ailes plus longues à pro- portion, & malgré cela, il ne vole guère mieux qu’elle /). Le mâle fe diftingue de Ia femelle par la groffeur de la tête & par la vivacité des couleurs /c): les vieux différent auffr des jeunes par le plumage, & de-li en grande partie, les variétés & le peu d’ac- cord des defcriptions /4); car il n’y a que les bonnes defcriptions qui puiflent (b) Voyez Belon, Nature des Offeaux, page 190. (c) Olina, Uccellieræ, page 35. | (d) In picä glandariä ab Aldrovando defcripra. maculæ nulle tranfverfales in cauda apparenr, Wie lughby, page £9, Ses pieds font gris, fuivant - Belon; ïüls font d’un brun tirant au couleur de chair, felon M. Briflon, Ornihologie, tome II, page 47, & felon nos propres obfervations ( Voyez da, Planche enluminée, n° 48 1 ), Gi 148 #difloire Naturelle s’accorder, & pour bien décrire une elpèce, 11 faut avoir vu & comparé un srand nombre d'mdividus. | Les geais font fort pétulans de leur nature; ils ont les fenfations vives, les mouvemens brufques, & dans leurs fré- quens accès de colère, ils s'emportent & oublient Ie foin de leur propre confer- vation , au point de fe prendre quelquefois la tête entre deux branches, & ils meurent ainfi fufpendus en Pair /e). Leur agitation perpétuelle prend encore un nouveau degré de violence Ilorfqu'ils fe fentent gênés, & c’eft la raïfon pourquoi ils deviennent tout-à-fait méconnoiïflables en cage, ne pouvant y conferver la beauté de leurs plumes, qui font bientôt caffées, ufées, déchirées, flétries par un frotte- ment continuel. Leur cri ordinaire eft très-défagréable, & ils le font entendre fouvent; ils ont aufli de [a difpofition à contrefaire celui {e) Voyez Gefner, de Avibus, page 702. Cet inftin& rend croyables ces batailles que l’on dit s’être données entre des armées de geais & des armées de . pies. Voyez Belon, page 290. ne] n Un au Lea © 40 de plufieurs oïfeaux qui ne chantent pas mieux, tels que y crefferelle , le chat- huant, &c. ff). S'ils aperçoive ent dans le BC un renard, ou quelqu’autre animal de rapine, 1ls jettent un certain cri très- perçant, comme pour s'appeler les uns les autres, & on les voit en peu de temps Hffénble en force, & fe croyant en état d’en impofer par le tte ou du moins par le bruit (a) Cet inftinct qu'ont les eals de fe rappeler, de fe réunir à la voix de l’un d’ eux, & leur viclente anti- ‘pathie contre la tete offrent plus d'un moyen pour les atuirer dans Îles piéges (h), & il ne fe pafle guère de pipée fans qu’on n’en prenne plufieurs ; . car étant plus pétulans que Îa pie, il s’en faut bien qu’ils foient auffi défians & auffr rufés : ils n’ont pas non plus le cri naturel {1 varié, quoiqu'ils paroïflent n'avoir pas moins d flexibilité dans le BONE, ni Bifch, lanche , 7 Lu (g) Frifch, iidem, (h) Belon prétend que c’eft un pas déduit de Ze voir voler aux O! 'ifeaux de Fauconnerie, auf} ? de le voir prendre à la paffée, ei 150 Hifloire Naturelle moins de difpofition à imiter tous les fons, tous les bruits, tous Îles cris d’animaux qu'ils entendent habituellement, & même la parole humaine. Le mot richard eft celui, dit-on, qu'ils articulent le plus NICE Ils ont aufli, comme la pie & toute [a famille des fe des corneilles & des corbeaux , l’habitude 4 ’enfouir leurs provifions fuperflues fi 7. 6 cle 0e: dérober tout ce qu’ils peuvent emporter ; mais ils ne fe fouviennent pas toujours de Fendroit où ils ont enterré leur tréfor; ou bien, felon linftinét commun à tous les avares, ils fentent plus la crainte de le FR que le defir d’en faire ufage ; en forte qu’au printemps fuivant, les glands & les noiïfettes qu’ils avoient cachés & peut-être oubliés, venant à germer en terre ; & à poufler ‘der feuilles au-dehors, en ces amas inutiles, & les indiquent, quoiqu'un peu tard, à qui en faura Mieux jouir. Les geais nichent dans " bois, & lom des lieux habités, préférant les ne les plus touffus, & ceux dont le tronc eft (i} Belon, Nature des Oifeaux , page 2904 du Geai. 151 entouré de Tière /4/; mais ils ne conftruifent pas leurs nids avec autant de précaution que la pie:.on m'en a apporté plufieurs dans le mois de mai; ce font des demi- fphères creules Poches de petites racines entrelaffées, ouvertes par-deflus, fans matelas au- dedans, fans défenfe au-dehors ; j y ai toujours trouvé quatre ou cinq œufs; d’autres difent y en avoit trouvé cinq ou fix: ces œufs font un peu moins gros que ceux de pigeons, d'un gris plus ou moins verdätre, avec de petites taches foiblement marquées. Les petits fubiflent leur première mue dès le mois de juillet; ils fuivent leurs père & mère jufqu’au printemps de l’année fuivante ( l), temps où ils les quittent pour fe réunir deux à deux, & former de nouvelles familles : c’eft qu que Îa plaque bleue des ailes qui s’étoit marquée de très- bonne heure, paroît dans toute fa beauté. Dans l’état de domefticité, auquel ils fe façonnent aifément, il s’'accoutument à (hk) Olina, Uccelliera, page 35. (7) British Zoology, page 77. G ti 152 Hifloire Naturelle toutes fortes de nourritures, & vivent ainft huit à dix ans /m); dans l'état de fauvage , ils fe nourriffent non-feulement de glands & de noiïlfettes, mais de chà- taigues, de pois, de fèves, de forbes, de grofeilles , de cerifes, de framboifes, &c. Ils dévorent aufli les petits des autres oifeaux , quand ils peuvent les furprendre dans le nid.en labfence des vieux, & quelquefois les vieux lorfqu'’ils les trouvent pris au lacet ; & dans cette circonftance ils vont, fuivant leur coutume, avec fi peu de précaution, qu’ils fe prennent quelquefois eux-mêmes, & dédommagent amft l’Oïfeleur du tort qu’ils ont fait à fa chafle /n): car leur chair, quoique peu délicate, eft mangeable, fur-tout fr on Îa fait bouïllir d’abord, & enfuite rôtir : on dit que de cette manière, elle approche de celle de l’oïe rôtie. Les geais ont la première phalange du doigt extérieur de chaque pied, unie à célle du doigt du mieu, le dedans de X {m) Olina, ibidem, — Frifch, planche 55e {(n) Frifch, co citato, — British Zoolocy, loca citato ,. Ü Cr ec Toph M LEdes | du Geai. 7 S 3 Ja bouche noir, Ia langue de Îa même couleur, fourchue, mmce, comme mem- braneule & prefque tranfparente; la véficule du fiel oblongue, l’eftomac moins épais, & revêtu de mufcles moins forts que le géfier des granivores ; il faut qu'ils aient le gofier fort large, s'ils avalent, comme on dit, des glands, des noïfeites & même des chätaignes toutes entières, à la manière des ramiers /c): cependant je fuis für qu'ils n’avalent j jamais les calices d’œillets tout entiers, quoiqu’ils foient très-friands de la graine qu'ils renferment. Je me fuis amufé quelquefois à confidérer eur manège : fr on leur donne un œillet, ils le prennent brufquement; f1 on leur en donne un fecond , ils fe prennent de même, & ils en prennent ainfr, tout autant que leur bec en peut contenir & même .davantge; car ïl arrive fouvent qu’en hsppant les nouveaux ils hiflent tomber fes premiers, qu'ils (auront bien retrouver ; loriqu'ils véle ent commencer à manger, ils pofent tous les autres œillets, & n'en gardent qu'un {eul dans leur bec; s'ils . : 4 {o) Belon, Nature des Oifeaux, ) G y 154 Hiflore Naturelle ne le tiennent pas d’une manière avan- tageufe , ils favent fort bien le pofer pour le reprendre mieux ; enfui e ils le faïfiffent fous le pied droit, & à coups de bec, ils emportent en détail d’abord les pétales de la fleur, puis l’enveloppe du calice, ayant toujours l'œil au guet, & regardant de tous côtés; enfin lorique la graine eft à découvert, ils la mangent avidement, & fe meitent tout de fuite à éplucher un fecond œillet. . On trouve cet oiïfeau en Suède, en Ecofle, en Angleterre, en Allemagne, en Jtalle; & je ne crois pas qu'il foit étranger à aucune contrée de l’Europe ; ni même à aucune des contrées corref- pondantes de l’Afie. | Pline parle d’une race de gear ou de pie à cinq doigts, laquelle apprenoït mieux à parler que Îles autres /p/: cette race n’a rien de plus extraordinaire que celle des poules à cinq doigts, qui eft connue de tout le monde, d'autant plus que les (p) Addifcere alias [ Picas ) negant poffe quam quæ ex: genere earum Junt quæ glande vefcuntur, Ÿ inter «as facilius quibus quini funt digüti in pedibus, Lib, X, cap, XLII, es 4 de re 2 Lil EN der A PS SEEN LR Es, du Geai. 155 geais deviennent encore plus familiers, plus domeftiques que les poules; & lon fait que les animaux qui vivent le plus avec l’homme, font aufii les mieux nourris, conféquemment qu’ils abondent le plus en molécules organiques fuperflues, & qu'ils font plus fujets à ces fortes de monftruofités par excès. C’en feroit une que les phalanges des doigts multipliées dans quelques individus au-delà du nombre ordinaire : ce qu’on a attribué trop géné- ralement à toute l’efpèce /4). Mais une autre variété plus généra- lement connue dans Pefpèce du geai, c’eft le geai blanc; 1 à la marque bleue aux ailes /r), & ne diffère du geai ordinaire que par la blancheur prefque univerfelle de fon plumage , faquelle s'étend jufqu’au bec & aux ongles, & par fes yeux rougés, tels qu’en ont tant d’autres animaux blancs. Au refte, il ne faut pas croire que Îa blancheur de fon plumage foit bien pure; (g) Digiti pedim multis articulis fleétlurtur, Aldro- vande, Ornithologie, tome I, page 788. (r) Voyez Gerini , Sroria de gli Uccelli, tome IE, planche 162,, | | G vj 156 Fhifloire Naturelle, ce, elle eft fouvent altérée par une teinte jaunâtre plus où moins foncée. Dans un individu que j'ai obfervé, les couvertures qui bordent les aïles pliées, étoient ce qu'il y avoit de plus blanc: ce même individu me parut aufli avoir les pieds plus menus que le geai ordinaire. , . 6 PL. VII. pay .15 SE 4484 QUULL P/ NES = IS RSS SSSR S = = > à IE & ES SSS LE GEAI à TVA Li L “ot Lt 1 Matt. +» ANS PRES ER ER 'EAES $ ISEAUX ÉTRANGERS, Qui ont rapport au GEAL. ; I! LE GEAI DE LA CHINE ABÉE, ROUGE *. Co TE efpèce nouvelle vient de paroïtre en France pour la première fois ; fon bec rouge fait d'autant plus d’effet que toute la partie antérieure de {a tête, du cou, & même de la poitrme, eft d’un beau noir velouté ; le derrière de la tête & du cou eft d’un gris tendre, qui {e mêle par petites taches fur le fommet de la tête avec le noir de {a partie antérieuré : le deffus du corps eft brun, & le deflous blanchätre ; mais pour fe former une idée jufte de ces couleurs , if faut fuppofer une teinte de violet répandue fur toutes, excepté fur le noir, mais plus foncée fur les ailes, un peu moins fur le dos & encore moins * Voyez les Planches enluminées, n° 622. 158 Hilotre Naturelle fous fe ventre. La queue eft étagée, fes ailes ne paffent pas le tiers de fa longueur, & chacune de fes pennes eft marquée de trois couleurs ; favoir , de violet- clair à l'origme, de noir à la partie moyenne, & de blanc à l’extrémité:; mais le violet tient plus d’efpace que le noir, & celui-ci plus que le blanc. | Les pieds font rouges comme le bec, les ongles blanchâtres à leur naïffance, & bruns vers la pointe, du refte fort longs & fort crochus. ai Ce geai eft un peu plus gros que le nôtre, & pourroit bien n'être qu’une variété de climat. LE LE GEAI DU PÉROU. * LE plumage de cet oifeau eft d’une rande beauté ; c’eft un mélange des cou- leurs les plus diftmguées, tantôt fondues avec un art inimitable, tantôt contraftées avec une dureté qui augmente l'effet. Le vert tendre qui domine fur la partie fupérieure du corps, s'étend d’une part * Voyez &es Planches enluminées y N° 62$e des Oifeaax étrangers, &'e. 159 fur les fix pennes intermédiaires de fa queue , & de l’autre va s’unir en fe dégra- dant par nuances infenfibles, & prenant en même temps une teinte bleutre, à une efpèce de couronne blanche qui orne le fommet de la tête. La bafe du bec eft entourée d’un beau bleu, qui reparoît derrière l'œil & dans l’efpace au-deffous. Une forte de pièce de corps de velours noir, qui couvre la gorge & embraffe tout le devant du cou, tranche par fon bord fupérieur avec cette belle couleur bleue, & par fon bord inférieur, avec le jaune jonquille qui règne fur a poitrine, le ventre, & jufque fur les trois pennes latérales de chaque côté de la queue. Cette queue eft étagée, & plus étagée que celle du geai de Sibérie. On ne fait rien des mœurs de cet oïfeau , qui n’avoit point encore paru en Europe. 160 Hifloire Natarelle DUR D File FL EEE ALI E RUIN D E CANADA (a). S'IL étoit poffible de fuppofer que sh geai eùt pu paffer en Amérique, je ferois tenté. de regarder celui- ci comme une variété de notre efpèce d'Europe; car il en a le port, [a phyfionomie ; ces plumes douces & foyeufes qui font comme un attribut caractériftique du geat; il n'en diffère que par fa groffeur qui eft un peu moindre, par les couleurs de {on plumage, par la longueur & la forme de fa queue , qui eft éagée : ces différences pourroient à toute force s’inputer à linfluence du climat ; mais notre geai a Paile trop foible & vole trop mal pour avoir pu traver{er des mers ;° & en attendant qu’une con- noïffance plus détaillée des mœurs du geai brun de Canada, nous mette en état de porter un jugement folide fur fa nature, * Voyez les Planches enluminées, n° 530. {a) Voyez l'Ornithologie de M. Briflon, rome TI, poge js. des Oifeanx étrangers, re. 161 nous nous déterminons à le produire ict comme une efpèce étrangère, analogue à notre geai, & l’une de celles qui en approchent de plus près. La dénomination du gear brun donne une idée aflez jufte de la couleur qui domine fur le deflus du corps; car le deffous , ainfi que le fommet de Îa tête, la gorge & le devant du cou font d’un blanc fale, & cette dernière couleur fe retrouve encore à l'extrémité de la queue & des aïles Dans limdividu que ja obfervé, le bec & Iles pieds étoient d’un brun foncé, le deffous du corps plus rembruni, & le bec inférieur plus renflé que dans la figure ; enfin, les plumes de la gorge fe portant en avant, formoiïent une efpèce de barbe à loifeau. LV: LR CLAI DE: SIBÉRIE* LES traits d’analogie par lefquels cette nouvelle efpèce fe rapproche de celle de notre gea, confiltent en un certain air de me * Voyez les Planches enluminées, n° 608. 162 Hifloire Naturelle famille, en ce que la forme du bec & des pieds, & la difpofition des narines font à peu-près les mêmes, & en ce que le geai de Sibérie a fur la tête, comme le nôtre, des plumes étroites qu’il peut à fon gré relever en manière de huppe. Ses traits de diflemblance font qu'il eft plus petit, qu’il a la queue étagée, & que les couleurs de fon plumage font fort différentes, comme on pourra s’en aflurer en comparant Îes figures enluminées qui repréfentent ces deux oïfeaux. Les mœurs de celui de Sibérie nous font abfolument inconnues. V., * LE BLANCHE-COIFFE OT LE GEAI DE CAYENNE (D). IL eft à peu-près de la groffeur de notre geai commun, mais il a le bec plus court, les pieds plus hauts, la queue & * Voyez les Planches enluminées, n° 373. (b) Ceft le Geai de Cayenne de M. Brifion, jume Îl, page $2, ES ee =. ht sheet 2, | des Orfeaux éfrangers, de. 163 les ailes plus longues à proportion, ce _ qui lui donne un air moins lourd & une : forme plüs développée, On peut fui trouver encore d’autres différences, principalement dans le plu- mage : le gris, le blanc, le noir & diffé- rentes nuances de violet, font toute [a variété de fes couleurs ; le gris fur le bec, les pieds & les ongles; le noir fur le front, les côtés de Ia tête & Ia gorge; le blanc autour des yeux, fur le fommet de Ia tête & le chignon jufqu’à la naiflance du cou, & encore fur toute la partie inférieure du corps; le violet, plus clair fur le dos » & les ailes, plus foncé fur [a queue; celle - ci eft terminée de blanc & com- polée de douze pennes dont les deux du milieu font un peu plus longues que _ es latérales. 4 __ Les petites plumes noires qu'il a fur le front, font courtes & peu flexibles ; une partie fe dirigeant en avant, recouvre Îles narines, l’autre partie fe relevant en arrière, forme une forte de toupet hériffé. 164 Hiffoire Naturelle | L'APE RSS LE GUA REC O U LE GEAI À VENTRE JAUNE DE CAPENNEN C’EST celui de tous les geais qui a les ailes les plus courtes, & qu’on peut le moins foupçonner d’avoir fait le trajet des mers qui léparent les deux Continens, d'autant moins qu'il fe tient dans les pays chauds. Il à les pieds courts & INGnUS , & fa phyfienomie caractérilée. Je n'ai rien à ajouter, is aux couleurs, à ce que la figure préfente, & l’on ne fait encore 1REA de fes tee ; on ne fait pas même s’il relève Îles plumes de fa tête en manière de huppe, comme ne les autres geais. C’eft une efpèce nouvelle /c). * Voyez les Planches enluminées, n° a à {c) Un Voyageur imftruit a cru reconnoître dans la figure enluminée de cet Oileau, celui qu'on appe: de à Cayenne Bon jour Coma AEAt parce qu'il femble prononcer ces trois mots; mais il me Le 1 des doutes fur l'identité de ces deux Oifeaux, parce des Oifeaux étrangers, dc. 165 NAIL *LE GEAI BLEU DE L'AMÉRIQUE BU SRB TENTRIONALE, (4 A" CET oifeau eft remarquable par la belle couleur bleue de fon plumage, laquelle domine avec quelque mélange de blanc, . de noir & de pourpre, fur toute la partie | fupérieure de fon corps , depuis le deffus de Ia tête jufqu’au bout de la queue. I a la gorge blanche avec une teinte de rouge; au- deflous de la gorge une ._ efpèce de haufle- col noir, & plus bas une zone rougeûtre, dont fa couleur fe dégradant infenfiblement, va fe perdre dans le gris &'le blanc qui règnent fur _ Ja partie inférieure du COrps. que ce même Voyageur m'a paru confondre le Garlu ou Geai à ventre jaune, repréfenté dans les Planches enluminées ,° 249, avec le Tyran du Ka Der ut ( Brefil, repréfenté ».° 212: celui-ci reflemble en _ effet au premier par le plumage, mais il a le bec tout différent. * Voyez les Planches enluminées, n° °$20: (d) C’eft le Geaï bleu de Canada de M. Briflon; tome 1° page S'Yr 166 Hifloire Naturelle Les plumes du femmet de [a tête font Jongues, & l’oileau les relève, quand il veut, en mañtère de huppe /e): cette huppe mobile eft plus grande & plus belle que dans notre geai; elle eft terminée fur le front par une forte de bandeau noir qui fe prolongeant de part & d’autre fur un fond blanc jufqu’au chignon, va fe rejoindre aux branches du haufle-col de la poitrine: ce bandeau eft féparé de Ia bafe du bec fupérieur par une ligne blanche formée des petites plumes qui couvrent les narines. Tout cela donne beaucoup de variété, de jeu & de caractère à la phy- fionomie de cet offeau. La queue eft prefque auffi longue que l'oïfeau même, & compolée de douze pennes étagées. é M. Catefby remarque que ce geai d'Amérique a la même pétulance dans les mouvemens que notre geai commun; que fon cri eft moins défagréable, & que la femelle ne fe diftingue du male que (e)'Je ne fais pourquot M, Klein qui a copié Catefby, avance que cette huppe eft toujours droite & relevée, Ordo avium, page 61e …. des Oifeaux étrangers, de, 167. par fes couleurs moins vives: cela étant, . la figure qu’il a donnée, doit repréfenter lune femelle /f), & celle de M. Edwards, un mâle /g); mais âge de loifeau peut - faire auffr beaucoup à la vivacité & à la . perfection des couleurs. . Ce gear nous vient de Îa Carolme & . du Canada, & il doit y être fort commun, _ caronen envoie fouvent de ces pays-là. (f) Hifloire Naturelle de la Caroline, tome I, » page 15 | (g) Phnche 239. 168 44 iffoire Nanrelle s LISE LOTS TRIER RARES * LE VO4 SSE-NOIX 4) Gi ET oifeau difière des geais & dé pies par la forme du bec qu'ii à plus droit, plus obtus & compofé de deux pièces mégales ; il en diffère encore par linflinét qui l'attache de PRE au féjour des : hautes montagnes, & par {on naturel moins : déflant & moins rufé. Du relle, il a* beaucoup de rapports avec ces deux, efpèces d’oïfeaux, & la plupart des Natu- raliftes qui n’ont pas été gênés par leur , * Voyez les Planches enluminées, n° $0. à h (a) C'eft le Caffe-noix de M. Briflon , teme I fe F PET 9% ; Il n'a pas été connu des Grecs quoiqu fait un à nom grec, KGpUOXETAXTNS ; ce nom lui a été donné # par Gefner. On jui a aufli appliqué celui de M KoxuoSpauione ; mais Il convient mieux au Gros bec, ". M s'appelle en Latin, Nucifraga, Offifragus, & par il quelques-uns, octets Jaxatilis. Merula faxarifs, Pica à] abietum gutrata, Gracculis-alpinus, Corvus cinereus, dc: il en Turc, Garga; en Allemand, Muff- brerfcher, A INuff- bicher, dc. Toul heher, Turchifcher - holft- | | | | FE fchreyer ; en alone Ktesk, Gralu!usk; en Rufle, Xe) ne. en Anglois, {Vut-cracher; en François, Æle -grivelée * _ méthode, du Calle-noix. 169 méthode, n’ont pas fait difficulté de le placer entre les geais & les pies, & même avec les choucas /h), qui, comme on fait, reflemblent beaucoup aux pies; mais on prétend qu'il eft encore plus babillard que les uns & Îles autres. M. Klem diftingue deux variétés dans lefpèce du caffe-noix /c), l’une qui eft mouchetée comme l’étourneau, qui a le bec anguleux & fort, la langue fongue & fourchue, comme toutes les efpèces de pies ; l’autre qui eft moins groffe, & dont _ Île bec (car ïl ne dit rien du plumage) eft plus menu, plus arrondi, compoté de deux pièces inégales dont fa fupérieure eft Ja plus longue, & qui à la langue divifée profondément, très- courte & comme perdue dans le gofier /d), (b} Gefner, de Avibus, page 244,— Turner, îhid, — Klein , Ordo avium, page 61.— Willughby, Ornithologie, page 90. — Linnæus. Syffema Natura, . edit. X, page 106.—TFrifch, Planche 5 6, (c) Ordo avium, page 61. (4) Selon Willughby, la langue ne paroït pas pouvoir s’avancer plus loin que les coins de la bouche, le bec étant fermé ; parce que dans cette fituation la cavité du palais qui correfpond ordinairement à la Oifeaux, Tome V, 170 Hifloire Naturelle Selon le même Auteur, ces deux oïfeaux man gent des noïfettes; mais le premier les cafle, & l’autre les perce : tous deux fe nourrifient encore de glands, de baies fauvages, de pignons qu ls épluchent fort adronement, & même d’ imfeétes ; enfin tous deux eq , Comme les geaïs, les pies & les choucas, ce LAS n'ont pu conlommer. Les caffle-noix, fans avoir le plumage brillant, lont remarquable pa fes mou- Mines blanches & triangulaires qui font répandues par-tout, excepté fur la tête. Ces mouchetures A plus petites fur la partie fupérieure, plus larges fur la poi- trine; elles font d'autant plus d’eflet & fortent d'autant mieux, qu'elles tranchent fur un fond brun. Ces oifeaux fe paient fur-tout, comme je l'ai dit ci-deffus, dans les pays mon- tagneux. On en voit communément em Auvergne, en Savoie, en Lorraine, en langue, fe trouve remplie par une arête faillante de ia machoire inférieure, laquelle ÉOrF EDP ici à cette cavité: il ajoute que le fond du palais & les bords de fa fente ou fiflure font hériflés de petites pointes, $ " du Caffe-noix. 171 Franche - Comté, en Suifle, dans Île Bergamalque , en Autriche fr les mon- tagnes couvertes de forêts de fapins : OI Ré retrouve jufqu’en Suède, mais feu- lement dans la partie mél tilé de ce ays, & rarement au-delà {e). Le peuple d’'Allemaone leur a donné les noms d’oi- feaux de Turquie, d'Italie, d'Afrique; & l’on fait que dans le langage du peuple ces rioins fignifient, non pas un oifeau venant réel tiens dé ces contrées , mais un oïfeau étranger dont on ignore le pays (f/: .. Quoique les caffe-noix ne foient point oïfeaux de paflage ils quittent quelquefois leurs montagnes pour ‘fé répandre dans les plaines: Frifch dit qu’on les-voit de temps en temps: arriver en troupes avec d’autres oïffeaux, en différens cantons de l'Allemagne, & toujours par préférence dans ceux: où ils trouvent des fapins. re (e) Habitat 1 Snolandia , Yarior albri Fa Suecica , page 26, n° 7) — Gerini remarque qu'on nen voit point en Tofcane. Sroria de gl Urcelli, tome IT, page 45. (f} Frifch, eco citatgs H ij 172 Hiflotre Naturelle Cependant en 1754, il en paffa de grandes volées en France, & notamment en Bourgogne, où il y a peu de fapins /2): ils étoient Î1 fatigués en arrivant qu'ils fe laifloient prendre à la main. On en tua un fa même année au mois d'octobre, près de Monftyn en Flint-shire /4/, qu’on fuppofa venir d'Allemagne. If faut remar- quer que cette année avoit été fort sèche & fort chaude, ce qui avoit dû tarir Îa (g) Un bhabile Ornithologifte de fa ville de Sarbourg * m’apprend qu’en ‘cette même année 1754» il pañla en Lorraine des volées de Caffe-noix fi nombreufes, que des bois & Îes campagnes en étoient remplis; leur féjour dura tout le mois d'octobre, & la, faim . les avoit tellement affoiblis qu'ils fe laifloient approcher & tuer à coups de. baton. Le même Obférvateur ajouté que ces oïfeaux ont reparu en 1763, mais en beaucoup plus petit nombre; que. leur paflage fe. fait toujours en automne, @& qu'ils mettent ordinairement entre. chaque paffage, un intervalle de fix à neuf années: ce qui doit fe reftreindre à Îa Lorraine ,: car en France, & particulièrement en Bourgogne, les paf- fages des Cafle-noix font beaucotip plus éloignés. à h ) British Zoolocy, page 76, * M. le Docteur Lottinger qui connoît tres-bien les oïfeaux de = la Lorraine; & à qui je dois plufieurs faits concernant leurs M sœurs, leurs habitudes & leurs paflages : jeme ferai un devoir de le citer pour toutes les chfervations qui lui feront propres ; & çe que Je dis ici pourra fuppléer aux çitations omifess Î ' "4 : + 1 : du Caffe-noix, 1#3 plupart des fontaines, & faire tort aux fruits dont les Re no font leur nourriture ordinaire ; & d’aïrlleurs comme en arrivant ils paroiffoient affamés, donnant en foule dans tous Îles piéges, & laïffant prendre à tous les appats, il eft vraïfemblable qu'ils avoient été contraints d'abandonner leurs retraites par le manque de fubfftance. Une dés raifons qui les empêchent de refter & de fe perpétuer dans les bons pays, c'elt, dit-on, que comme ils caufent un grand préjudice aux forêts en perçant es gros arbres à Ia manière des pics, les propriétaires leur font une guerre conti- nuelle /i), de manière qu'une partie eft bientôt détruite, & que l’autre eft obligée de fe réfugier Hihs ES for£e efcarpées, où il n’y a point de Gardes-bois. Cette habitude de percer les SHires n’eft pas le feul trait de reflemblance qu'ils ont avec les pics; ils nichent aufli comme eux dans des trous d’arbres, & peut-être dans des trous qu'ils ont faits eux-mêmes ; car ils ont, comme les pics, les pennes ({) Salerne, Hifloire des Oifeaux, page 99. H ii 174 Hifloire Naturelle du milieu de la queue ufées par le bout (Rp, ce qui luppote qu'ils grimpent auflr comme eux fur les-arbres; en -{orte que fi on vouloit conferver au caffe-noix [a place ‘qui paroiït lui avoir. été marquée par la Nature, ce feroit entre les pics & les geais : & il eft fingulier que Wilughhy lui ait donné précilément cette place dans fon Ornithologie, quoique la defcription qu'il en a fe n indique auçun rapport entre cet: olieau & les pics. . IL a l'iris couleur de noïfette, le bec, les pieds & les ongles noirs /), Le narines rondes, ombragées par de petites plumes blanchâtres, étroites, peu flexibles, & dirigées en avant; les pennes des ailes & de la queue noirâtres, fans mouchetures, | £ mais feulement la plupart terminées de blanc, & non fans quelques variétés dans les différens individus & dans Les différentes (h) lntermedi's apice detritis. Linn, Syf Nat edit. X, page 106, [ 1) Digiris, ut in Pira glandarià , V'arits artièuls flexibilibus, ajoute Scmwenckfeld, page 3 10; mais nous avons vu ci-deffus que ps géais n'ont pas aux doigts un plus grand nombre d'ar aticulati ons que les autres oifeaux, Lo PI. IX: PA : 174 Ti 77 ° / f, Ib A NN NS de Jeze del } À Sù 2 rer & PAPAS , Un 4,9 du Calle-noix. > (E7s defcriptions /#”) : ce qui femble confirmer l'opmion de M. Klein fur les deux races ou variétés qu'il admet dans l’efpèce des caffe - noix. Qn ne trouve dans les Écrivains d'Hi(- toire Naturelle, aucuns détails fur leur ponte, leur incubauon, l'éducation de leurs petits, la durée de leur vie;..... c'eit qu'ils habitent, comme nous avous vu, dés lieux inacceffibles, où ïls font, où ïls feront long -temps inconnus, & d'autant plus en füreté, d’autant plus heureux. | {m) Noyez Gefner, Schwenckfeld, Aldrovande , Willughby, Briffon, &c. mais ne confultez Rzac- zynski qu'avec précaution, car il confond perpé- tuellement le Cocorhraufles avec le Caryocataites, Auéluariunt, page 399: H 7 176 Hifloire Naturelle LES ROLLIERS. S: l’on prend le roilier d'Europe pour type du genre, & que l'on choififfe pour fon caraétère diftindtif, non pas une ou deux qualités faperficielles, ifolées, mais fenfemble de fes qualités connues, dont peut-être aucune en particulier ne ui eft abfolument propre, mais dont la fomme & [la combinaïfon Île caractérifent, on trouvera qu'il y a un changement confi- dérable à faire au dénombrement des efpèces dont M. Briffon a compolé ce genre, {oit en écartant celles qui n'ont point Mira rapports avec notre rollier , {cit en rappelant à la même efpèce les individus qui ont bien quelques diffé- rences, mais moindres cependant que celles que l’on obferve fouvent entre le mâle & la femelle d’une même efpèce, ou entre l’oifeau jeune & Île même oïleau plus âgé, & encore enire Pndividu habitant un pays chaud & le même individu tranf- porté dans un pays froïd, & enfin entre un individu {ortant de la mue & le même des Rollers. dry individu ayant réparé fes pertes & refait des plumes nouvelles plus brillantes qu’au- paravant. D'après ces vues qui me paroïffent fondées, je me crois en droit de réduire d’abord à une feule & même efpèce le rollier d'Europe Planches enluminées, n.” 486) & le shaga-rag de Barbarie, ag parle le Docteur Shaw. | Je réduis de même à une feule le rollier d’ Abyfinie, n 626; & celui du Sénégal, n 3 2 6, que M. Briffon ne paroït pas avoir connus. ° Je réduis encore à une feule efpèce le olier de _Mindanao , n 285$; celui d'Angola, n° 88, dont M. Briffon a fait fes deuxième & troifième rolliers /a), & celui de Goa, n° 627, dont M. Briflon n'a point parlé: ces trois efpèces n’en feront ici, qu’une feule, par Îles raifons que je dirai à l’article-des rolliers d’ Angola & de Mindanao. _4.° Je me crois en droit d’exclure du genre des rolliers, la cinquième efpèce a Vo: si fon Qrnithologie. tome Îl, pages 69, 72 Ÿ H v 178 Ælifioire Naturelle | de M. Briflon, ou le rollier de fa! Chine, parce que c’eit un oïifeau tout différent, & qui reflenible beaucoup plus au grivert de Cayenne, avec lequel je l'aflocierai fous la dénomination conimune de ro/le ; & je les placerar tous deux avant les rolliers, parce que ces deux efpèces nre paroïflent faire la nuance entre les geais & les rolliers. | s. J’ai renvoyé aux pies le rollier des Antilles, qui eft la fixième efpèce de M. Briflon /b), & cela par les raifons que j'ai dites ci-deffus à l’article des pies. 6.” Je laiffe parmi les oifeaux de proie l'ytzquaubtli, dont M. Briffon a fait fa feptième efpèce de rolliers , fous le nom de rollier de fa nouvelle Efpagne, & dont M. de Buffon a donné lhiftoire à Ia fuite des aigles & des balbuzards /c ); en effet, felon Fernandez qui eft l’Auteur original /d), & felon Seba lui-même qui l'a copié /e), c’eft un véritable oïfeau de (b} Voyez fon Ornithologie, tome 11, page 80 {c) Voyez le tome IL®" de cette Æifloire Naturelle des Oifeaux, page 192. (d)-Hifiorii Avium noræ Hifpan'æ, cap. C. (e) Seba, tome 1 page 97, n° 20 des Rollers... #79 proie qui donne la chafle aux lièvres & aux Japins, & qui par conféquent eft très-différent des rollers. Fernandez ajoute qu’il eft propre à la faucon:erie, & que {a grofieur égale celle d’un bélier. 7. Je retranche encore le hoxetot ou rollier jaune du Mexique /f), qui'eft le neuvième rollier de M. Briffon, & que j'ai mis à [a fuite des pies, comme ayant plus de rapports avec cette efpèce qu'avec aucune autre. Enfin j'airenvoyé ailleurs l’ococolin de Fernandez // 2), par Îles rafons expolées ci-deflus à l’arucle des cailles /4), & je ne puis admettre dans le genre du rollier l’ococolin de Seba, très-différent de celui de Fernandez, quoiqu'il porte le même nom; Car 1! a {a taille du corbeau, le bec gros & court, les doigts & Îles ongles très-longs, les yeux entourés de mamelons rouges, &c. /i). En forte qu'après cette (f) Voyez Flifloria Avium novæ Hifpanie, cap.-LV111; & Seba, tome 1° page 96,n° 1, (£ F, Hifl, Aviun novæ Hifpanie, cap. LXXXV. {[h) Tome [IV de cette Hiloire Naturelle des Oifeaux, page 299, ({) Voyez Seba, page 190, n° r, Nouvel À vj e] PA 1 gun Hifloire Naturelle, rc. réduction, qui me paroïît aufli modérée que néceffaire, & en ajoutant les efpèces ou variétés nouvelles, inconnues à ceux qui nous ont précédés, &:même le trente-unième troupiale de M. Briflon /4), que je regarde comme faifant la nuance entre’les rolliers & les oïfeaux de Paradis, il refte deux efpèces de rolles & fept efpèces de rolliers avec leurs variétés. exemple de la liberté qu’a prife cet Auteur d’ap- pliquer les noms de certains oïfeaux étrangers à d’autres oïfeaux étrangers tout différens, On ne peut ” trop avertir les commençans, de ces fréquentes méprifes qui tendent à faire un cahos de POrni- thologie. (à) Noyez le Supplément, tome VI, page 37 NE 2e LE ROLLE DE LA CHINE *. Ï L eft vrai que cet oïfeau à les narines découvertes comme les rolliers, & le bec fait à peu-près comme eux ; mais Ces traits de reflemblance font-ils affez décififs pour qu'on ait dù le ranger parmi les rolliers ! & ne font-ils pas contre-balancés par des différences plus confidérables & plus mul- tipliées, foit dans les dimenfions des pieds que le rolle de Ia Chine a plus longs, foit dans les dimenfions des ailes qu'il a plus courtes, & compofées d’ailleurs d’un moindre nombre de pennes, & de pennes autrement proportionnées /a); foit dans la forme de fa queue qu'il a étagée; foit enfin dans la forme de fa huppe qui eft une vérliable huppe de gear, & tout-à- fait femblable à celle du geai bleu de * Voyez les Planches enluminées, n° 620. (a) Dans le Rolle de la Che, l'aile eft com- pofée de dix-huit pennes, dont la première eft très - courte, & dont la cinquième eft la plus longue _de toutes, comme dans le Geaï; tandis que dans le Rollier l'aile eft compofée de vingt-trois pennes, dont la feconde eft ia plus longue de toutes, 192 Æijloire Natrelle, dc. Canada! C'eft d’après ces différences & {ur-tout celle de a longueur des ailes dont l’influence ne doit pas être médiocre {ur les habitudes d’un oïfeau, que je me fuis cru en droit de féparer des rolliers le rolle de la Chine, & de le placer entre cette efpèce & celle du. geai, d'autant que prefque toutes les difparités qui lPéloïgnent des rolliers femblent le rapprocher des geais; car mdépendan- ment de 1 huppe dont j'ai parlé, on fait que les geais ont aufli les pieds plus longs que les rolliers, les ailes plus courtes, les pennes de l’aile proportionnées comme dans le rolle de fa Chine, & que plufieurs enfin ont la queue étagée, tels que le geal bleu de Canada, le gear brun du même pays, & le geai de la Chine. DER > ; LE GRIVERT O'U ROLLE DE CAYENNE *, (x ne doit pas féparer cet oïfeau du rolle de la Chine, puifqu'il a comme lui le bec fort, les ailes courtes, les pieds longs & la queue étagée : il n’en diffère que -par la petitefle de la taille & par les couleurs du plumage, qu’on a tâché d’in- diquer dans le nom de pgrivert. À l'égard des mœurs de ces deux rolles, nous ne fomines point en état d’en faire la compa- raïton; mais il eft probable que des oïfeaux qui ont à, peu-près là même conforma- tion de, parties extérieures, fur-tout de celles qui fervent aux fonctions principales, comme de marcher, de voler, de manger, ont à peu-près les mêmes habitudes; & il me femble que lanalogie des efpèces fe décèle mieux par cette fimilitude de conformation dans les principaux organes, que par de petits poils quinaïffent autour des narines. T Voyez les Planches enluninées, n° 616. LA CR 29 L1 184 Hifloire Natnrelle * LE ROLLIER D'EUROPE (a). h: S noms de geai de Strafbourg, de pie de mer où des bouleaux, de perroquet d’ Alle- magne , fous lefquels cet oïfeau eft connu en difiérens pays, lui ont été appliqués fans beaucoup d’examen, & par une analogie purement populaire, c’eft-à-dire, très - fuperficielle : il ne faut qu’un coup d'œil fur l’oifeau , ou même fur une bonne * Woyez Les Planches enluminées, n° 486. {a) Gefner avoit ouï dire que fon nom allemand : Roller exprimoit fon cri; Schwenckfeld dit la même chofe de célui de Rache ; ïl faut que l’un ou l'autre fe trompe, & j'incline à croire que c’eft Gefner, parce que le mot vache, adopté par Schwenckfeld, a plus d’analogie avec la plupart des noms donnés au Rollier en difiérens pays, & auxquels on ne peut guère affigner de racine commune que le cri de . loifeau. En Allemand, Galgen-Regel, Halk-Regel, Gals - Kregel, Racher; en Polonois, Xrasha; en Suédois, Spansk-Kraoka, rc, en Barbarie, Schaga- Rag. On lui donne aufli en Allemand les noms de Heiden Elfler, Kugel Elfler, Mandel-Krae, Deurfcher © Papagey ; & enfin celui de Roler, qui a été adopté . par les Anglois; en Latin, ceux de Mercolfus , Garrulus, Galgulus, Cornix cærulea, Corvus dorfo Jfanguineo, Pica marina, Coracias, de. Ÿ du Rollier d'Europe. 185 figure coloriée, pour s’aflurer que ce n’eft point un perroquet, quoiqu'il ait du vert & du bleu dans fon plumage ; & en y regardant d’un peu plus près, on jugera var aufii fürement qu’il n’eft ni une pie niun geaï, quoiqu'il jafe fans cefle comme ces oïfeaux /b). En effet,ilala phyfionomie & le port très-différens, le bec moins gros, les pieds _ beaucoup plus courts à proportion, plus courts même que le doïot du milieu , les ailes plus longues, & la queue faite tout autrement, les deux pennes extérieures dépaflant “ plus d’un demi-pouce (au moins dans quelques individus } Îles dix pennes intermédiaires qui {ont toutes égales entr'elles. [Il a de plus une elpèce de verrue derrière l'œil, & l'œil lui-même entouré d’un fie à de peau jaune & fans plumes /c). Enfin, pour que a dénomination de geai de Strafbourg fût vicieule à tous & égards, 1l falloit que cet oïfeau ne fût (2) Aldrovand. Ornitholog, tome L.®' page 790. (c) Voyez Edwards, planche 109. M. Briflon n'a parlé ni de cette verrue , ni de la forme fingulière _ de la queue, 186 Hifloire Naturelle rien moins que commun dans les environs de Strafbourg, & c’eft ce qui m’eft affuré pofitivement par M. Hermann, Profefeur de Médecine & d’Hiftoire Naturelle en cette ville: « Les rolliers y font fi rares, » m'écrivoit ce Savant, qu’à peine il s’y en égare trois OU quatre en vingt ans ». Celui qui fut autrefois envoyé de Straf- bourg à Gefner, étoit fans doute un de ces égarés , & Gefner qui n’en favoit rien, & qui crut apparemment qu'il y étoit commun, le nomma geai de Strafbours, quoique, encore une fois, il ne füt point un geai, & qu’il ne fût point de Strafbourg. D'ailleurs c’eft un oïfeau de paflage, dont les migrations fe font régulièrement chaque année, dans les moïs de mai & de feptembre /d), & malgré cela il eft moins commun que fa pie & le geai. Je vois . qu'il fe trouve en Suède /e), & en Afrique /f), mais il s’en faut bien qu'il (4) Voyez l'extrait d'une Lettre de M, le Com- mandeur Godeheu de Riville, fur le pañage des | Oïfeaux, rome 111 des Mémoires préeniés a {’Aca- demie Royale des Sciences de Paris, page 82. (e) Fauna Suecica, n° 73. (f) Shaw's travels, Ü'e, page 2514 du Rollier d'Europe. 187 fe répande même en paflant, dans toutes les régions intermédiaires, 1! eft inconnu dans plufieurs diftriéts confidérables de PAllemagne /g), desla France, de Îa Suifle /4), &c. d’où l’on peut conclure qu'il parcourt dans fa route une zone «flez étroite, depuis la Smalande & la Scanie jufqu'en Afrique; il y a même affez de ports donnés dans cette zone pour qu'on puifle en déterminer fa direétien, fans beaucoup d'erreur, par a Sixe, [a Fran- conie, la Souxibe, fa Bavière, le Tirol, Pltalie /i), la Sicile /4k), & enfin par l’ifle de Malte //), Faquelle eft comme un entrepôt général pour la plupart des orfeaux voyageurs qui traverfent a Méditerranée. Celur qu'a décrit M. Edwards, avoit été (g}) Frifch, planche S7 _ (4) Capta apud nos anno 1 5 Or, Augufli medio. nec agnita, Gefner, de Avibus, page 703. (1) Mermini hanc videre aliqguando Bononiæ. Gefner, Page 7o7, (%) Vidimus venales in Ornithcpolarum tabernis Meffanæe Sicile, W Mughby, Ornithohg. page 80. (1) Vidinus Melitæ in foro venales, Wiülugbby, Ibid, Voyez auffi la Lettre de M. le Commandeur Godheu, citée plus haut, 188 Hifloire Naturelle : tué fur Îles rochers de Gibraltar, où il avoit pu paller des côtes d'Afrique; car ces oïfeaux ont le vol fort élevé /m). On en voit aufli, quoique rarement, aux environs de Strafbourg, comme nous avons dit plus haut, de même qu’en Lorraine, & dans le cœur de la France /x); mais ce font apparemment des jeunes qui quittent le gros de la troupe & s’égarent en chemin. | Le rollier eft aufli plus fauvage qu Te geai & la pie; il fe tient dans les bois les moins fréquentés & les plus épais, & je ne fache pas qu’on ait jamais réuffi à le priver & à lui apprendre à parler /o/); cependant la beauté de fon plumage eft un für garant des tentatives qu’on aura faites (m) Gefner, de Avibus, page 702, {n) Ornithologie de Briflon, tome 11, page 68. M. Lottinger m’apprend qu’en Lorraine ces oifeaux - paflent encore plus rarement que les cafle-noix, & en moindre quantité; il ajoute qu'on ne les voit jamais qu’en automne, non plus que les caffe-noix, & qu'en 1771 il en fut bleflé un aux environs de Sarbourg, lequel, tout bleflé qu'il étoit, vécut encore treize à quatorze jours fans manger. (0) Sylreftris plané 7 inmanfueta. Schwenckfeid, PRE | du Roller d'Europe. 189 - pour cela: c’eft un aflemblage des plus belles nuances de bleu & de vert, mêlées avec du blanc, & relevées par l’oppolition de couleurs plus obfcures /p); maïs une fioure bien enluminée donnera une idée ‘ plus jufte de la diftribution de ces couleurs, que toutes les defcriptions : feulement ïf faut favoir que les jeunes ne prennent leur bel azur que dans la feconde année, au contraire des geais qui ont fleurs belles plumes bleues avant de fortir du nid. Les : rolliers nichent, autant: qu’ils peuvent, fur les bouleaux, & ce n’elt qu'à leur défaut qu'ils s’établiflent fur d’autres arbres /g/; maïs dans fes pays où les arbres font rares, comme dans l’ifle de Malte & en Afrique, on dit qu'ils font leur nid dans la terre /r): f1 cela eft (p} M. Linnæus eft le feul qui dife qu'il a le dos couleur de, fang. fauna Suecica, n° 73, Le fujet qu'il a décrit auroit-il été différent de tous ceux qui ont été décrits par les autres Naturaliftes! de (4) Erich, Planche $ 7, *[r) « Un Chafleur, dit M. Godeheu, dans Ja Lettre que j'ai déjà citée, m'a afluré que «. dans le mois de juin fi avoit vu fortir un de ces « oifeaux d’une butte de terre où il y avoit un « trou de Îa groffeur du poing , & qu'ayant creufé « 190 Hifloire Naturelle vrai, il faut avouer que linflinct des aninaux, qui dépend principalement de leurs facultés tant internes qu’externes, eft quelquefois modifié notablement par les circonitances , & produit des actions bien différentes, felon la diverfité des lieux, des temps, & des matériaux que F animal eft forcé d'employer. | Klein dit que contre Fordinaire des olieaux, des petits du rollier font leurs excrémens dans Je nid /f); & c’eft peut- être ce qui aura donné leu de croire que cet oïfeau enduiïloit fon nid d’ex-" crémens humains, comme on la dit de la huppe /t), mas cela ne fe concilieroït » dans cet endroit en fuivant le fil du trou, qui » alloit horizonta'ement, 11 trouva à un pied de » profondeur ou environ, un nid fait de pa: Île & de brouffailles, dans fequel il Y avoit deux œufs », Ce témoignage de Chafleur , qui feroit fufpe sil étoit unique, {emble confirmé par celui du Doéteur Shaw qui pariant de cet me connu en Âfrique fous le nom de Shapa-ras + dit qu …ïl fait fon nid dans les berges des lits des rivières. Malgré tout cela, je crains fort qu'il n’y ait ici queique méprife, & que lon n'ait pris le martin - pêcheur pour le rolller, à caufe de la reflemblance des couleurs. ([) Ordo Aviun, page 62. {t) Schwenckfeld, page 243: 2 du Rollier d'Europe, 191 point avec fon habitation dans les forêts les plus fauvages & les moins fréquentées. On voit fouvent ces oïfeaux avec les pies & les corneilles, dans Îes champs Jabourés qui fe trouvent à portée de leurs forêts ; ils y ramaflent les petites graines, les racines & les vers que le foc a ramenés à la furface de [a terre, & même les grains nouvellement femés /7): lorfque cette reffource leur manque, ils fe rabattent fur les baies fauvages, les fcarabées, les fau- terelles & même les grenouilles /x), Schwenckfeld ajoute qu'ils vont quelque- fois fur les charognes ; mais il faut que ce foit pendant l’hiver, & feulemenñt dans les cas de difette abfolue /y), carils paflent en général pour n'être point carnafiiers, & Schwenckfeld remarque fui-même qu'ils deviennent fort gras lautomne, & qu'ils font alors un bon manger /7), ce qu'on (u) Frifch, Loco citara … /[{x) Voyez Klein, Wiluohby, Schwenckfeld, Linnæus. ... (3) S'is y vont l'été, ce peut être à caufe des minf.ces. {4/ Frich compare leur chair à celle du ramierg 192 Hifloire Naturelle ne peut guère dire des oïfeaux qui Er nourriflent de voiries. On a oblervé que le rollier avoit les narines longues, étroites, placées oblique- ment fur le bec près de fa bafe, & découvertes ; [a langue noire, non four- chue, mais comme déchirée par le bout, & terminée en arrière par deux appendices fourchues, une de chaque côté; Le palais vert, le gofier jaune, le ventricule couleur de fafran, les inteftins longs à peu-près d’un pied, & les cæcum de vingt- fept lignes. On lur a trouvé environ vingt-deux | pouces de vol, vingt pennes à chaque aïle, & felon d’autres vingt-trois, dont fa feconde eft la plus longue de toutes; enfin on a. remarqué que par-tout où ces pennes &. celles de la queue ont du noir au-dehors, . elles ont du bleu par-deflous /a). Aldrovande qui paroït avoir bien connu - ces oïfeaux, & qui vivoit dans un pays” où il yen a, prétend que la feinelle diffère u beaucoup du mâle, & par le bec qu’elle a plus épais, & par le plumage, ayant la tête, le cou, la poitrine & le ventre | KR. ( a) Wiülluohby , Schwenckfeld Dao x, - à couleurs = ——_—_—_—_———————— | du Rollier d'Europe. 193 couleur de marron tirant au gris cendré /b), tandis que dans le mâle ces mêmes parties font d’une couleur d’ague - marme plus ou moins foncée, avec des reflets d'un vert plus ob{cur en certains endroits. Bgur moi, je loupçonne que les deux longues pennes extérieures de [a queue, & ces verrues derrière les yeux, lefquelles ne paroiïflent que dans quelques individus, font les attributs du mâle, comme l’éperon l’eft dans les gallinacées , la longue queue - . dans les paons, &c. Variété du Rollier. Le Docteur Shaw fait mention dans fes _ voyages, d’un oïfeau de Barbarie appelé par les Arabes Shaga-rag, lequel à Ia grofleur & la forme du geai, mais avec un bec plus petit & des pieds plus couris. Cet oïfeau a le deflus du corps brun, la tête , le cou & le ventre d’un vert-clair, & “fur les ailes ainfr que fur la queue, des taches d’un bleu foncé. M. Shaw ajoute qu'il fait fon nid {ur le bord des rivières, (b) Ornithologie , tome J, page 793: Oifeaux, Tome V. I 194 Hifloire Naturelle, rc. & que fon cri eft aigre & perçant /c). Cette courte defcription convient telle- ment à notre roilier, qu’on ne peut douter que le shaga-rag n’appartienne à la même effèce, & l’analogie de fon nom avec ia lupart des noms allemands donnés au rollier d’après fon crt, eft une probabilité de plus. | _ (6) Thomas Shaw's travels, page 25 1 P/. | X. Pa 194. SUIS NININS RS, SSSS ST St \ à SNS eos M — il) (Us 800 js mul RUE ? RÉCOLTER RASE \ A AN me bé = N\ mL, 2 1 7) (LAS KM Br, 2 h d'A (2: ti bte LS V4, “L > d "4 pS « A ANES A LULORLÉ RES as Le KR KE VE NS LYS SES NE: È ARR SNS Ve, 0 PAT UE LAOASERE Baron futp | | ‘ | LE ROLLIER D'EUROPEF. FOR" PAL EC ER RENE nie / PRE CP OISEAUX ÉTRANGERS, Qui ont rapport au ROLLIER. Dr NE LA LE ROLLIER D'ABYSSINIE *, Hal efpèce reflemble beaucoup, par le plumage, à notre rollier d'Europe; feulement les couleurs en font plus vives _& plus brillantes, ce qui peut s’attribuer à l'influence d’un climat plus fec & plus chaud. D'un autre côté, il fe rapproche du rollier d’Angola par la longueur des deux pennes latérales de la queue, lef- quelles dépaflent toutes les autres de cinq pouces; en forte que la place de cet oïfeau femble marquée entre le rollier d'Europe & celui d’Angola. La pointe du bec fupérieur eft très-crochue. C’eft une efpèce tout-à- fait nouvelle. * Wayez les Planches enluminées , n° 626. I i 196 Hifloire Naturelle Variété du Rollier d’Abyfinie. On doit regarder le rollier du Sénégal, reprélenté dans les planches enluminées, n 326 /a), comme une variété de celui d’Abyffinie. La principale différence que l’on remarque entre ces deux oïfeaux d'Afrique, confifte en ce que dans celui d’Abyffinie la couleur orangée du dos ne s’étend pas comme dans celui du Sénégal jufque fur le cou & la partie poftérieure : de Îa tête: différence qui ne fuffit pas à beaucoup près pour confilituer deux efpèces diftinétes, & d'autant moins que les deux rolliers dont 11 s’agit ici appar- tiennent à peu-près au même climat, qu'ils ont l’un & l'autre à la queue ces deux pennes latérales excédantes, dont la Ion- gueur eft double de celles des pennes intermédiaires; qu'ils ont tous deux Îles ailes plus courtes que celles de notre rollier | (a) Ce rollier du Sénégal eft exatement le même que le rollier des Indes à queue d’hirondelle de M. Edwards /planche > 27); nouvelle preuve de l'incertitude des traditions fur le pays natal des oifeaux. M. Edwards n'a compté que dix pennes à la queue de ce rollier, qui lui a paru parfaite, des Oifeaux étrangers, à" 197 d'Europe; enfin qu'ils fe reemblent encore par les nuances, l’éclat & la diftri- bution de leurs couleurs. LE LE ROLLIER D'ANGOLA EN HE COUAT /E) O U LE ROLLIER DE MINDANAO *, CES deux rolliers ont entreux des rapports fi frappans qu’il n’eft pas poñlible de les féparer. Celui d’Angola ne fe difimgue du cuit ou roilier de Mindanao, que par la longueur-des pennes extérieures de fa queue, double de Ia Jongueur des pennes mtermédiaires, & par de légers _accidens de couleurs ; maïs on fait que de telles différences & de plus grandes encore, _ font fouvent l'effet de celles du fexe, de (b) C'eft le nom que les habitans de Mindanao donnent à ce rollier; M. Edwards lui donne celui de geai-bleu, planche 326 ; & Albin celui de geai de Bengale, tome I, n° 17. ÎVota. Le module a été oublié; ïl doit être d'un à pouce. : © À Voyez des Planches enluminées, n°5 88 àr 285. l ii 198 Hifloire Naturelle l’âge, & même de la mue: & que cela {oit ainft à Fégard des deux rolliers dont il eft queflion, c’eft ce qui paroïtra fort probable d'après fa comparaïfon des frgures enluminées, n.” 88 à 285, & même d’après l'examen des defcriptions faites par M. Briffon /c), qui ne peut être foup- çonné d’avoir voulu favoriler mon opi- nion fur l'identité fpécifique de ces deux oïfeaux, puifqu'il en fait deux efpèces diftinétes & féparées. Tous deux ont à peu- près la groffeur de notre rollier d'Europe, fa forme totale, fon bec un peu crochu, fes narines découvertes, fes pieds courts, {es longs doïgis, fes longues ailes & même les couleurs de fon plumage, quoique diffribuées un peu différemment: c’eft toujours du bleu, du vert & du brun, tantôt féparés & tranchant lun fur Pautre, tantôt mêlés, fondus enfemble, & formant plufieurs teintes intermédiaires différem- ment nuancées, & donnant des reflets différens, mais de manière que le vert bleuâtre ou vert de mer eft répandu fur le fommet de la tête; le brun plus ou (€) Ornithologie, tome IT, pages 72 & 69. des Oifeaux étrangers, dc. 199 moins foncé, plus ou moins verdätre, fur tout le deflus du corps, & toute la parte antérieure de l’oifeau, avec quelques teintes de violet fur la gorge; le bleu, le vert & toutes les nuances qui réfultent de [eur mélange, fur le croupion, la queue, les ailes & le ventre. Seulement le rollier de Minidanao a au-deffous de la poitrme une efpèce de ceinture orangée que n’a point _ Je rollier d’Angola. On objectera peut-être contre cette identité d’efpèce, que le royaume d’An- _ gola eft loin du Bengale, & bien plus encore des Philippines. ..,. mais eft-il impoñlible, n’eft-il pas au contraire affez naturel que ces oïfeaux foïent répandus en différentes parties du même continent, & dans des ifles qui en font peu éloignées, ou qui y tiennent par une chaine d’autres iles, fur-tout les climats étant à peu-près femblables! D'ailleurs on fait qu’il ne faut pas toujours fe fer fur tous les points au témoïgnage de ceux qui nous apportent les productions des pays éloïgnés, & que même en fuppofant ces perfonnes exactes & de bonne for, elles peuvent très-bien, vu l communication perpétuelle que les | liif 200 Hifloire Naturelle vaifleaux Européens établiflententretoutes les parties du monde, trouver en Afrique, & apporter de Guinée ou d’Angola des oïfeaux originaires des Indes orientales; & c’eft à quoi ne prennent point affez garde la plupart des Naturaliftes lorfqu’ils veulent fixer le climat natal des efpèces étran- gères: quoi qu'il en foïit, fi lon veut attribuer les petites diflemblances qui font entre le rollier de Mindanao & le rollier d’Angola à la différence de l’âge, c’eft le dernier qui fera le plus vieux; que fi on les attribue à la différence du fexe, ce fera encore lui qui fera le mâle; car l’on fait que dans les rolliers les belles couleurs des plumes, & fans doute les longues ennes de fa queue, ne paroïffent que a feconde année, & que dans toutes les efpèces fi le mâle diffère de la femelle, c’eft toujours en plus & par la furabon- dance des parties, ou par Pintenfité plus grande des qualités femblables, Variété des Rolliers d'A agola © de Mindanao. TL vient d'arriver de Goa au Cabinet du Roi, un nouveau rollier qui a beaucoup | des Oifeaux étrangers, dc. 207 de rapports avec celui de Mindanao: il en diffère feulement par fa groffeur & par une forte de collier, couleur de lie de vin, qui n’embrafle que la partie pofté- rieure du cou, un peu au-deflous de la tête. Il n’a pas, non plus que le rollier d'Angola, la ceinture orangée du rollier de Miadanao; mais s’il s’éloigne en ceia du dernier, il fe rapproche d'autant du premier , qui eft certainement de la même _ efpèce. A EE 1 À QULE ROLLIER DES INDES *. CE rollier, qui eft le quatrième de M. Briflon, diffère moins de ceux dont nous avons parlé, par fes couleurs qui font toujours le bleu, Le vert, le brun , &c. que par l’ordre de leur diftribution; mais en général fon plumage eft plus rembruni; . fon bec eff auffi plus large à fa bafe, plus crochu, & de couleur jaune: enfin c’eft . de tous les rolliers celui qui a les ailes les plus longues. M. Sonnerat a remis depuis peu au * Voyez les Planches enlminées, n° 619, Li 202 Hifloire Naturelle Cabinet du Roï, un oïfeau reffemblant prefqu’en tout au roîlier des Indes; il a feulement le bec encore plus large : aufft lavoit-on étiqueté du nom de grand”’gueule de crapaud. Mais ce nom conviction mieux au tette - chèvre. Lu LUE ROBE ER De) 1 4 DAC LS Ca CETTE efpèce diffère de toutes les pré- cédentes par le bec qui eft plus épais à fa bafe , par les yeux qui font plus grands, par Îa longueur des aïles & de la queue, quoique cependant celle-ci n'ait point les pennes extérieures plus longues que les . intermédiaires ; enfin, par l’uniformité du : _ plumage, dont la couleur dominante eft un brun pourpre : feulement le bec eft jaune, Îles plus grandes pennes de Paile font noires, le bas- ventre eft d’un bleu- clair, la queue éft de même couleur , bordée à fon extrémité d’une bande de trois nuances, pourpre, bleu-clair, & Ia * Voyez les Planches enluminées n° Sos des Oifeaux étrangers, "« 203 _ dernière bleu-foncé prefque noir. Du refte cet oifeau a tous les autres caractères … apparens des rolliers, les pieds courts, les bords du bec fupérieur échancrés vers la pointe, les petites plumes qui naflent autour de fa bafe relevées en arrière, les narines découvertes, &c. VU. LE ROLLIER DU MEXIQUE. C’EST le merle “ Mexique de Seba, dont M. Briflon a fait fon huitième rollier. I faudroit l'avoir vu pour le rapporter à fa véritable efpèce , Car cela feroit aflez difficile d’après le peu qu'en a dit Seba, * lequel eft ici l’Auteur original. Si je ladmets en ce moment parmi les rolliers, c’eft que n'ayant aucune raïlfon décifive de fui donner Pexclufion jai cru devoir m'en rapporter fur cch à lavé de M. Briflon, jufqu’à ce qu’une connoif- fance plus exacte confirme ou détruife Cet arrangement provifionnel. Au refte, les couleurs de cet oïfeau ne font point du tout celles qui dominent ordinairement dans le plumage des rolliers. La partie | Ï vj 204 Hifloire Natorelle fupérieure du corps eft d’un gris obfcur mêlé d’une tete de roux, & Ia partie inférieure d’un gris plus clair relevé par des marques couleur de feu /4). VAE LME ROLLIER DE PARADIS (+). JE place cet oïfeau entre les rolliers & les oïfeaux de Paradis, comme faïfant la nuance entre ces deux genres, parce qu'il me paroït avoir la forme des premiers, & fe rapprocher des oïfeaux de Paradis par la petitefle & Ia fituation des yeux au - deffus & fort près de la commiffure des deux pièces du bec, & par lefpèce de velours naturel qui recouvre la gorge & une partie de la tête. D'ailleurs les deux :{d) Voyez Seba, tome T, planche C4, fig, V. (e) Golden bird of Paradife, Edwards, planche 212, Remarquez que dans cette figure les grandes pennes de Faile manquent, & que Îes pieds & Îles jambes ont été fupplées par M. Edwards, le fujet qu'il a deffiné en étant abfolument privé. M, Linnæus en a fait fa 5. efpèce de Coracias, genre 49 ; & M. Briflon fon 31. troupialk, tome ÎV, page 37: 4 des Oifeaux étrangers, dre. 205 longues plumes de la queue qui fe trouvent quelquefois dans notre roîlier d'Europe, & qui font bien plus longues dans celui d’Angola, font encore un trait d’analogie qui rapproche le genre du roilier de celut de l’oifeau de Paradis. L’oifeau dont il s’agit dans cet article a le deffus du corps d’un orangé vif & brillant, le deflous d’un beau jaune; fl n'a de noir que fous la gorge, fur une partie du maniement de l'aile & fur Îles pennes de Îa queue. Les plumes qui revêtent le cou par-derrière font longues, étroites, flexibles, & retombent un peu de chaque côté fur les parties latérales du cou & de la poitrine. On avoit fait l'honneur au fujet décrit & deffliné par M. Edwards, de [ui arracher les pieds &.les jambes, comme à un véritable Gifeau de Paradis, & c’eft fans doute ce qui avoit engagé M. Edwards à le rapporter à cette efpèce, quoiqu'il n'en eût pas les principaux caractères. Les grandes pennes de l'aile manquoïient aufir, mais celles de la queue étoient complettes ; If y en avoit douze de couleur noire, comme j'ai dit, & terminées de 206 Hiflorre Narurelle, & ce. jaune. M. Edwards foupçonne que les grandes pennes de Faile devoient auffi être noires, foit parce qu’elles font le plus fouvent de là même couleur que celles de la queue, foit par cela même qu’elles manquoient dans lindividu qu’il a obfervé; les Marchands qui trafiquent de ces oïfeaux ayant coutume en Îles fai- fant fécher, d’arracher comme inutiles les plumes de maunvaife couleur, afin de laïffer paroîïtre les belles plumes pour lefquelles feules ces oïfeaux {ont recherchés. mn. L PL.XTZ. pay .- 200: Cf L n =, 22 = AA fé PET DERRR 7 hr, 1 H \ out x! (HMRTOTE) AI { A A NA AUS A - ee e » h\ 4 Ù ù NN 7: NS I es) A 1 41 SAN FES LD LAN PT so " vu LE ROLLIER DE MADAGASCAR / Hertsrs et 1 2 uv cup * pag. 36: . ra Ê 13 ti L! h s) * 12 Le Le 7 > Lre : LL ; er ; \ 0 Le 4 0 à L®, : | APTE mar PE 7e * L'OISEAU DE PARADIS (a). | Re efpèce eft plus célèbre par les qualités faufles & imaginaires qui lui ont été attribuées, que par fes propriétés réelles & vraiment remarquables. Le nom d’oi/eau de Paradis fait naître encore dans la plupart des têtes l’idée d’un oïfeau qui n’a point de pieds, qui vole toujours, même en dormant, ou fe fufpend tout au plus pour quelques inftans aux branches des arbres, par le moyen des longs filets de fa ueue /b); qui vole en s’accouplant q plant, * Woyez les Planches enluminées, n° 254. (a) En Latin, Avis Paradifea, Paradifiaca & Faradifi, Apos Indica, Avis Der, Farvus Pavo, Pavo Indicus , Manucodiata, nom que les Italiens ont adopté: Manucodiata Rex, Manucodiata longa , Hippomanucodiata, Hirundo Ternatenfis : Belon lui a appliqué mal-à-propos le nom de Phenix ; en Allemand, Lufi-vogel, Paradifs-vogel; en Anglois, Bird of Paradife ; en Portugais, Paffaros de fol; dans la Nouvelle Guinée, Purong -arou ; en Indien, Doëres, c'eft-a-dire, Oifeaux, ces peuples n'ayant point de noms particuliers pour défigner les diffé- rentes efpèces. (Bb) Voyez Acofta. Hif, naturelle dr morale &es Judes orientales À occidentales, page 196, > 208 FH; iffoire Naturelle comme font certains infectes , & de plus en pondant & en couvant fe œufs /c), ce qui n’a pont d'exemple dans la Nature ; qui ne vit que de vapeurs & de rofée; qui a la cavité de labdomer uniquement remplie de graifle au lieu d’eflomac & d’inteftins /d }, lefquels lui feroïent en effet inutiles par {a fuppoftion , puifque ne mangeant rien il n’auroit rien à digérer ni à évacuer; en un mot qui na d'autre exlitence que le mouvement, d'autre élé- ment que l'air, qui s’y foutient toujours tant qu'il refpire, comme les poiffons {e foutiennent dans l’eau, & qui ne touche la terre qu'après fa mort /e). {c) On a cru rendre la chofe plus vraifemblable en difant que le male avoit fur le dos une cavité dans laquelle la femelle dépoloit fes œufs, & les couvoit au moyen d'une autre cavité correl] bondante qu'elie avoit dans l’abdomen, & que pour aflurer la fituation de la couveufe ïls ebtréldeoient par leurs longs filets. D'autres ont dit qu’ils nichoïent dans le Paradis terreftre, d’où leur eft venu le nom d'oifeaux de Paradis, Voyez Mufæum Wormianum, page 294, ({d) Voyez Aldrovande, Ornithologia , tome L, page 820, (e ) Les Indiens fem qu'on les trouve toujours le bec fiché en terre... Navigations aux Terres + : de l'Oifeau de Paradis. 209 Ce tiflu d'erreurs groflières n’eft qu’une chaîne de conféquences aflez bien tirées de fa première erreur, qui fuppofe que Joifeau de Paradis n’a point de pieds, quoiqu'il en aït d’aflez gros /f); & cette erreur primitive vient elle-même /g) de. Auffrales, tome 11, page 252. Et en effet, con- formés comme ils font, ils doivent toujours tomber le bec le premier. : _ {f} M. Barrere qui femble ne parler que par conjetlures fur cet article, avance que les oifeaux “4 de Paradis ont les pieds ff courts, & tellement garnis de plumes jufqu'aux doigts, qu'on pourroit » croire qu'ils n'en ont point du tout. C’eft aïnfi qu'en voulant expliquer une erreur il eft tombé dans une autre. (g) Les habitans des îles d'Arou croient que ces oïfeaux naiflent à la vérité avec des pieds, mais qu'ils font fujets à les perdre, foït par maladie, foit . par vieïlleffe. Si le fait étoit vrai, il feroit [a caufe de l'erreur & fon excufe. { Voyez les obfervations : de J. Otton Helbigius, dans la Collection académique, partie étrangere, rome Î[1, page 448), Et s'il étoit vrai, comme le dit Olaüs Vormius /Mufæum, page 295), que chacun des doiats de cet oïfeau eût trois articulations, ce feroit une fingularité de plus; car l’on fait que dans prefque tous les oifeaux le ren. © nombre des articulations eft différent dans chaque doigt, le doigt poftérieur n’en ayant que deux, compris celle de longle, & parmi les antérieurs interne en ayant trois, celui du milieu quatre & Jexterne cinq. 210 Aifloire Naturelle ce que les Marchands Indiens qui font le commerce des plumes de cet oïifeau, ou les Chaffeurs qui les leur vendent, font dans lufige, foit pour les conferver & : les tranfporter plus commodément, ou peut-être afin d’accréditer une erreur qui leur eft utile, de faire fécher l’oifeau même en plumes, après [ui avoir arraché les cuifles & les entrailles ; & comme on a été fort [ong-temps fans en voir qui ne fuffent ainfi préparés, le préjugé s’eft fortifié au point qu'on a traité de men= teurs Îles premiers qui ont dit la vérité, comme c’eft l'ordinaire /4). Au refte, fr quelque chofe pouvoit. donner une apparence de probabilité à. la fable du vol perpétuel de foiïfeau de Paradis, c'eft {a grande lécèreté produrte par la quantité & l’étendue confidérable de fes plumes: car outre celles qu'ont ordinairement les oifeaux, il en a beaucoup. d’autres & de très-longues, qui prennent. naïflance de chaque côté dans les flancs entre l'aile & la cuïfle, & qui fe prolongeant. (h) Antonïus Pisaphetta pedes illis palmum au longos fafiffime tribuin, Aldrov, tome Ï, page 80 7, de l'Oifean de Paradis. 214 _ bien au-delà de [a queue véritable, & fe confondant pour ainfi dire avec elle, lui font une efpèce de faufle queue à laquelie plufieurs Obfervateurs fe font mépris. Ces plumes fubalaires /i) font de celies que les Naturaliftes nomment décompo- fées; elles font très-légères en elles- mêmes, & forment par leur réunion un tout encore plus léger, un volume prefque fans maffe & comme aërien, très-capable d'augmenter la grofleur apparente de loïfeau /k), de diminuer fa pefanteur fpécifique, & de l'aider à fe foutenir dans Pair ; mais qui doit auffi quelquefois mettre obftacle à la vitefle du vol & nuire à fa direction, pour peu que le vent foit contraire : aufii a-t-on remarqué que Îles olfeaux de Paradis cherchent à fe mettre à l'abri des grands vents //), & choïfiffent {i) Je les nomme aiïnfi parce qu’elles naiflent f A Jub ala, (k) Auffi dit-on qu’il a la groffeur apparente du pigeon, quoiqu'il foit en effet moins gros que le merle. S (1) Les ïles d’Arou font divifées en cinq îles, il n'y a que celle du milieu où lon trouve ces oïfeaux ; ils ne paroiflent jamais dans les autres, « LL 4! 212 Fiffoire Naturelle al pour leur féjour ordinaire les contrées qui ! y font le moins expofées. | | Ces plumes'font au nombre de quarante ou cinquante de chaque côté, & de lon- gueurs inégales; Îa plus grande partie paflent fous la véritable queue, & d’autres paflent par-deffus fans la cacher; parce. que leurs barbes effilées & féparées com- pofent par leurs entrelacemens divers un. tiflu à larges mailles & pour aïnfi dire. tranfparent ; effet très-difficile à bien rendre. dans une enluminure. 7:10 On fait grand cas de ces plumes dans les Indes, & elles y font fort recherchées : !. n’y a guère qu'un fiècle qu'on Îles employoit aufli en Europe aux mêmes. ufages que celles d’autruche, & il faut. convenir qu’elles font très-propres, foit par leur légèreté, foit par leur éclat, à. Tornement & à la parure ; mais les Prêtres! du pays leur attribuent je ne fais quelles. vertus miraculeufes qui leur donnent un. nouveau prix aux yeux du vulgaire, & AI: parce qu'étant d’une nature très-foible, ïls ner peuvent pas fupporter les grands vents, Æe/ipius, foco citato, | 14h de l'Oifeau de Paradis. 213 qui ont valu à l’oifeau auquel elles appar- uennent le nom d’oifeau de Dieu. Ce qu’il y a de plus remarquable après cela dans l’oifeau de Paradis, ce font les deux longs filets qui naiffent au- deffus de la queue véritable, & qui s'étendent plus d’un pied au-delà de Ia faufle queue formée par Îles plumes fubalaires. Ces filets ne font effectivement des filets que dans leur partie intermédiaire, encore cette partie elle-même eft-elle garnie de petites barbes très-courtes, ou plutôt de naïffances de barbes; au lieu que ces mêmes filets font revêtus vers leur origine & vers leur extrémité de barbes d’une longueur ordi- naire. Celles de extrémité font plus courtes dans la femelle; & c’eft fuivant M. Briflon, la feule différence qui la diftingue du mâle /m). La tête & la gorge font couvertes d’une efpèce de velours formé par de petites plumes droites, courtes, fermes & ferrées ; _ {m) Oxnithologie, tome II, page 135. Les babitans du pays difent que Îes femelles font plus petites que les mâles, felon J, Otton Helbigius, 214 Hifloire Naturelle celles de [a poitrine & du dos font plus longues, mais toujours foyeufes & douces au toucher. Toutes ces plumes font de diverfes couleurs, comme on le voit dans la figure, & ces couleurs font changeantes & donnent différens reflets felon les diffé- rentes incidences de [a Iumière, ce que : la figure ne peut exprimer. La tête eft fort petite à proportion du . corps, les yeux font encore plus petits & . placés très- près de l'ouverture du bec, lequel devroit être plus long & plus arqué dans la planche enluminée : enfin, Clufius aflure qu’il n’y a que dix pennes à la queue, mais fans doute il ne les avoit pas comptées fur un fujet vivant, & il eft douteux que ceux qui nous viennent de fi loin aient le nombre de leurs plumes bien complet, d’autant que cette efpèce eft fujette à une mue confidérable & qui dure plufieurs mois chaque année. Hs fe cachent pendant ce temps-là, qui eft la faifon des pluies pour. le pays qu'ils habitent; mais au commencement du mois | d'août, c’eft-à-dire après Ia ponte, leurs plumes reviennent, & pendant les mois de 1 ‘Oifeau de Paradis, 21% de feptembre & d’oétobre, qui font un temps de calme, ils vont par troupes comme font les étourneaux en Europe /7). Ce bel oïfeau n’eft pas fort répandu : on ne le trouve guère que dans fa partie de l’Afie où croiflent les épiceries, & particulièrement dans Îes ïfles d’Arou; il n’eft point inconnu dans la partie de {a nouvelle Guinée qui eft voifme de ces ifles, puifqu'il y a un nom; maïs ce nom même qui eft Purung-aroux, femble porter l'empreinte du pays originaire. . L’attachement exclufif de l'oifeau de Paradis pour les contrées où croiflent les épiceries, donne lieu de croire qu’il rencontre fur ces arbres aromatiques la nourriture qui lui convient le mieux /0); - du moins eft-il certain qu’il ne vit pas uni- quement de [a rofée. J. Otton Helbigius (n) J. Helbigius, loco citato, __(o) Tavernier remarque que loifeau de Paradis eft en effet très-friand de noix mufcades, qu'il ne manque pas de venir s'en raflafier dans Ja faifon; … qu'il en pañle des troupes comme nous voyons des volées de grives, pendant les vendanges, & que cette . noix qui eft forte, les enivre & les fait tomber, Voyage des Indes, tome LIT, page 3694 216 Hiflotre Naturelle ‘ ui à voyagé aux Indes, nous Cl qu’il fe nourrit de baies rouges que prod un arbre fort élevé: Linnæus dit qu'il fait fa proïte des grands papillons /p), & Bontius qu ’l donne quelquefois Ia chafe. aux petits olfeaux & les mange /7). Les bois font fa demeure ordinaire; il fe perche en | les arbres, où les Indiens! tendent cachés dans des huttes légères qu ils favent atta= cher aux branches, & d’où ils le tirent avec” leurs flèches de rofeau /r). Son vol reflem- ble à celui de l’hirondelle, ce qui lui a fait donner le nom d? birondelle de Ternate (f}s d’autres difent qu il a en effet la forme de l’'hirondelle , maïs qu 1 a le vol plus élevé, & qu’on le voit toujours au haut de l'air /£)+ (p) Syflema Natura, edit, X, page 110. {q) Bontius, Hiloria Nat, à medic, Indie orienti Hb, V, cap. 12. (r) I y en a qui leur ouvrent le ventre avec un couteau dès qu’ils font tombés à terre, & ayant enlevé les entrailles avec une partie de la chair, ils introduifent dans la cavité un fer rouge, après quoi | on {es fait fécher à la cheminée, & on les vend à vi prix à des Marchands. J. Æelbigius, loco citatos . ([) Voyez Bontius, loco citato {4) Navigations aux Terres auftrales, some 11, | Quoique | page HET de l'Oifean de Paradis. 217 ” Quoique Marcgrave place la defcrip- tion de cet oïifeau parmi les defcriptions des oifeaux du Brefil /4/, on ne doit point “croire qu'il exifte en Amérique, à moins que les vaifleaux Européens ne l’y aient tranfporté; & je fonde mon aflertion non- _Heulement fur ce que Marcgrave n’indique point fon nom brafilien , comme il a cou- tume de faire à l'égard de tous Îles oifeaux du Brefil, & fur Île filence de tous Îles Voyageurs qui ont parcouru le nouveau continent & les 1fles adjacentes, mais encore fur la loi du climat : cette loï ayant été établie d’abord pour les quadrupèdes, _s'eft enfuite appliquée d’elle - même à plufieurs efpèces d'oifeaux, & s'applique particulièrement à celle-ci comme habitant les contrées voifines de féquateur, d’où _ Ha traverfée eft beaucoup plus difficile, & comme n'ayant pas l'aile aflez forte rela- tivement au volume de fes plumes; car _ la légèreté feule ne fuffit point pour faire lune telle traverfée, elle eft même un obffacle dans le cas des vents contraires, ainf que je l'ai dit : d’ailleurs comment ces (u) Hiforia Naturalis Brafliæ , page 210. Oifeaux, Tome V, 218 Hifloire Naturelle oïfeaux fe feroient- ils expofés à franchir! des mers Immenfes pour gagner le nouveau continent , tandis que même dans l’ancien ils fe {ont reflerrés volontairement dans un. efpace affez étroit, & qu'ils n’ont point cherché à fe répandre dans des contrées : contiguëés qui fembloient leur offrir Ia mème température, les mêmes commodités & les mêmes reflources ! Il ne paroît pas que les Anciens aient connu loifeau de Paradis : les caractères fi frappans & fi fmguliers quile diftinguent | de tous les autres oïfeaux, ces longues plumes fubalaires, ces longs filets de Ia . queue, ce velours naturel dont la tête eft revêtue, &c. ne font nulle part indiqués dans leurs ouvrages; & c’eft fans fonde- rent que Belon à prétendu y retrouver le phénix des Anciens, d’après une foible analogie qu'il a cru apercevoir, moins entre les propriétés de ces deux oïfeaux, u’entre les fables qu’on a débitées de lun & de l'autre /x): d’ailleurs on ne peut nier. x) Auri fulgore ciyca colla, catera purpureus, dit Pline en parlant du Phénix, puis il ajoute... geminen extitiffe qui viderit vefcentem, lib, X, cap. 24 LA 4 4 k, de Î Oifeau de Paradis, 21 9 que leur climat propre ne foit abfolument différent, puifque le phénix fe trouvoit en Arabie & quelquefois en Egypte, au lieu _ que l’oifeau de Paradis ne s’y montre jamais, & qu’il paroït attaché, comme nous venons de le voir, à la partie orientale de PAfie, dr laquelle étoit fort peu connue des Anciens. Clufius rapporte fur le témoïgnage de quelques Mars, lefquels n’étoient imf- truits eux-mêmes que par des ouï -dire, qu’il y a deux efpèces d’oïfeaux de Pa- radis , l’une conftamment plus belle & plus grande , attachée à l’ifle d’Arou; Pautre plus petite & moins belle, attachée à Ia artie de la terre des Papoux qui eft voifine de Gülolo /y). Helbigius qui à ouï dire la même chofe dans les ifles d’Arou, ajoute que les oïfeaux de Paradis de la nouvelle Guinée, ou de Îa terre des Papoux, différent de ceux de l’ifle d’Arou, non- feulement par [a taille, mais encore par les couleurs du plumage qui eft blanc & jaunâtre; malgré ces deux autorités dont (3) Clufius, Æxotic, in Aucuario, page f J, Otion Helbigius parle de l’eipèce qui fe RUE la nouvelle Guinee comme n'ayant point à la queue les deux longs ftiets qu'a l'efpèce de l'ifle d'Arou, K ij 220 Hifloire Naturelle lune eft trop fufpecte, & l’autre trop vague pour qu’on puifle en tirer rien de précis, il me paroît que tout ce qu’on. peut dire de raïfonnable d’après les faits les plus avérés, c’elt que les oïfeaux de Paradis qui nous viennent des Indes ne. font pas tous également confervés, ni. tous parfattement femblables ; qu’on trouve en effet de ces oïfeaux plus petits ou plus : grands , d’autres qui ont les plumes fuba- laires & les filets de Ia queue plus où moins longs, plus ou moins nombreux ; d’autres qui ont ces filets différemment pofés, différemment conformés, ou qui n’en ont point du tout; d’autres enfin qui diffèrent entreux par les couleurs du plumage, par des huppes ou touffes de. plumes, &c. mais que dans le vrai il eft. difficile parmi ces différences aperçues dans des individus prefque tous mutilés, défigurés , ou du moins mal defféchés, de . déterminer précifément celles qui peuvent conftituer des efpèces diverfes, & celles quine font que des variétés d’âge, de fexe, . de faifon, de climat, d'accident, &c. D'ailleurs il faut remarquer que les oifeaux de Paradis étant fort chers comme de / Oifeau de Paradis, 221 marchandile, à raïfon de leur célébrité, on tâche de faire pafiler fous ce”nom plufieurs oïfeaux à longue queue & à beau plumage, auxquels on retranche Îes ieds & les cuilles pour en augmenter la _ valeur. Nous en avons vu ci-deflus un à exemple dans le rollier de Paradis, cité par M. Edwards, planche CX 11, & auquel on avoit accordé les honneurs de la muti- lation : j’ai vu moi-même des perruches, des promérops, d’autres oïfeaux qu’on avoit ainfi traités, & l’on en peut voir plufieurs autres exemples dans Aldrovande . & dans Seba /7 ). On trouve même aflez {x ) La feconde efpèce de Manucodiata d’Aldrc- vande fiome Î, pages 811 à 812), n'a ni les filets de la queue, ni les plumes fubalaires, ni la calotte de velours, ni le bec, ni la lanoue des oïfeaux de Paradis; la diflérence efl fi marquée que M, Briffon s’eft cru fondé à faire de cet oïfeau un guépier : cepen- dant on l'avoit mutiié comme un oïfeau de Paradis. À l'égard de la cinquième efpèce du même Aldro- vande; qui eft certainement un oïfeau de Paradis, c’eft ! tout aufli certainement un individu non - feulement mutilé, mais défiguré. | Des dix oifeaux repréfentés & décrits par Seba fous le nom d’oifeaux de Paradis, il n’y en a que quatre qui puiflent être rapportés à ce genre; favoir, ceux des planches XXXVIII, fig, $ ; LX, fige 1 ; & LXIII, fig, r © 2, celui de la planche XXX, K ii 222 Hiflore Naturelle, dc. 2 communément de véritables oifeaux de Paradis qu’on a tâché de rendre plus “ finguliers & plus chers en les défigurant # de différentes façons. Je me contenterai M donc d'indiquer à la fuite des deux efpèces M principales les oïfeaux quim’ont paru avoir W aflez de traits de conformité avec elles pour y être rapportés, & aflez de traits … de diflemblance pour en être diftingués, fans ofer décider, faute d’obfervations M fuffifantes, s'ils appartiennent à l’une ou M à Jautre, ou s'ils forment des efpèces féparées de tous les deux. Jg, s, n’eft point oïifeau de Paradis, & n’a aucun. de fes atttributs diftinctifs, non plus que ceux des planches XLVI à LII: ce dernier eft la vardiole. dont j'ai parlé à l'article des pies. Ces troïs efpèces ent à la queue deux pennes excédantes très-longues, mais qui étant emplumées dans toute leur longueur, reflemblent peu aux frets des oïifeaux de Paradis, L£s deux de la planche LX , fig. 2 à >, ont aufli. les deux longues pennes excédantes & garnies de barbes dans toute leur longueur ; & de plus, ils ont le bec de perroquet; ce qui n’a pas empêché qu'on ne leur ait arraché Îes pieds comme à des oifeaux. de Paradis: enfin, celui de la planche LXVI, non- ‘4 {eulement n’eft point un oiïfeau de Paradis, mais n'eft pas même du pays de ces oifeaux, puifqu'il / . \ A | étoit venu à Seba des ïles Barbades, GREY 4 F1. XIZ. pag . 222 1,9 ( 4 (AS 2) ET ( 5 # ET D « h d in L 2 4 : L OISEAU DE PARADIS Le OA PRLEPARES n 6 AL 2e fe: | | (0 * ‘ L - 4 y Le ' ne and D ne ll À |" 20 « = 223 LA ml A he _2] * LE MANUCODE (à). Le manucode, que je nomme ainfi d’après fon nom indien ou plutôt fuperf- tideux, manurodiata, qui fignifie oifeau de Dieu , eft appelé communément /e Roi des cifeaux de Paradis; maïs c’eft par un pré- jugé qui tient aux fables dont on a chargé l'hiftoire de cet oïfeau. Les Marins dont Clufius tira fes principales informations, avolent oui dire dans le pays, que chacuñe des deux efpèces d’oifeaux de Paradis avoit fon Roï, à qui tous les autres paroïfloient obéir avec beaucoup de foumiflion & de fidélité; que ce Roi voloit toujours au- deffus de la troupe, & planoit fur fes fujets; que de-là il eur donnoit fes ordres pour aller reconnottre les fontaines où on pouvoit aller boire fans danger, pour en faire épreuve fur eux-mêmes, &c: /b); * Voyez ls Plañches enririnées, 5 296 {a) En Latin, Marucodiata Rex, Rex Paradys, Rex avium Paradifearum , Avis regia ; en Arglois, King of Birds of Paradife, | (5) Voyez Clufius, Exotie, in Auéluario, page é K üj di 224, Hifloire Naturelle & cette fable confervée par Clufius:. quoique non moins abfurde qu'aucune | autre, étoit {a feule chofe qui confolàt Nieremberg de toutes celles dont Clufius avoit purgé lhiftoire des oïleaux de Pa- radis /c): ce qui, pour le dire en paflant, doit fixer le degré de confiance que nous pouvons avoir en Îa critique de ce com- pilateur. Quor qu'il en foit, ce prétendu ! Roï a plufieurs traits de reflemblance avec l'oifeau de Paradis, & if s’en diftmgue |! auflr par plufieurs différences. Îf a comme fui Ja tête petite & couverte d’une efpèce de velours, les yeux encore plus petits, fitués au-deffus de Pangle de louverture du bec, les pieds aflez longs & aflez forts, les couleurs du plumage changeantes, deux filets à [a queue à peu- près {emblables, excepté qu'ils font plus courts, que leur extrémité qui eft garnie de barbes fait la boucle en fe roulant fur . 359, Cela a rapport à la manière dont les Indiens fe rendent quelauefois mattses de toute une volée _. À À À ss Ê È | : dé ces oifeaux, en empoifonnant les fontaines où ils. vont boire, ! {c) Voyez Nierembere, page 2 12: du Manucode. 223$ Méllé-même , & qu’elle eft ornée de miroirs femblables en petit à ceux du paon /d). II a aufli fous l'aile, de chaque côté, un paquet, de fept ou huit plumes plus longues que dans la plupart des oifeaux , mais moins longues & d’une autre forme que dans l’oïfeau de Paradis, puifqu’elles font garnies dans toute leur longueur de » barbes adhérentes entr’elles. On a difpofé Wa figure de manière que ces plumes _fubalaires peuvent être aperçues. Les autres différences font que le manucode ef plus petit, qu äl a le bec blanc & plus . long à proportion, les alles auf plus longues, la queue plus courte & Îes narines couvertes de plumes. Clufus n’a compté que treize pennes (a chaque aile & fept ou huit à la queue, mais ina vu que des individus defléchés & qui pouvoient n'avoir pas toutes leurs plumes. Ce même Auteur remarque, » comme une fin gularité, que dans quelques fujets les deux filets de la queue fe (4) Collection académique, , tome LIT, parie étrangère, page 4491 0, di "1 : À à a % DS . 1 226 Hifloire Naturelle, ré. croifent /e); mais cela doit arriver fouventh# a. & très-naturellement dans le même indie ‘4 à vidu à deux filets longs, Fees & dm Li à côté l’un de l'autre. É per 3 LA à. 4 ee 1" E (2) Voye Clufius, page 3 Gr Edwards à M planche 111: Lee F. | PT. XII. pag , 226. PATES 2 MA 110 LS LL (7! H 4 TEA 411194) l ( MAT ANR aura pag" 10 &, | *LE MAGNIFIQUE | DE LA NOUVELLE GUINÉE, Na O U LE MANUCODE À BOUQUETS (a). hi. deux bouquets dont j'ai fait le caractère diftintif de cetoïfeau, fe trouvent derrière le cou & à fa naïffance. Le premier eft compofé de plufieurs plumes étroites, de couleur jaunâtre, marquées près de la pointe d’une petite tache noire, & qui au Heu d’etre couchées comme à l'ordinaire, fe relèvent fur leur bafe, les plus proches de Ia tête jufqu’à l'angle droit, & les fuivantes de moins en moins. Au-deflous de ce premier bouquet, on en voit un fecond plus confidérable, maïs * Voyez les Planches enluminées, n° 63 +. a) Cet oïfeau a du rapport avec le Manucodiata cirrata d'Aïdrovande , tome I, pages 811 à 814, Ce dernier a un bouquet pareïl, formé pareillement de plumes effilées, de même couleur & polées de même; mais ii paroit plus grand, & il a le bec &x la queue beaucoup plus longs, K vj 228 Hifloire Naturelle moins relevé & plus incliné en arrières Il eft formé de longues barbes détachées qui naïffent de tuyaux fort courts, & dont quinze où vingt fe réuniflent enfemble pour former des efpèces de plumes couleur de paille : ces plumes femblent avoir été coupées carrément par le bout, & font dés angles plus ou moins aigus avec le plan des épaules. Ce fecond bouquet eft accompagné, de droite & de gauche, de plumes ordi- naires, variées de brun & d'orangé, & il eft terminé en arrière, je veux dire du côté du dos, par une tache d’un brun rou- geatre & luifant, de forme triangulaire, dont Ia pointe ou Îe fommet eft tourné vers [a queue, & dont les plumes font décompofées comme celles du fecond - » bouquet. | ,. Un autre trait caractériftique de cet oïfeau , ce font les deux filets de la queue: ils font longs d'environ un pied, larges d’une ligne , d’un bleu changeant en vert éclatant, & prennent naiflance au - deflus du croupion. Dans tout celails reflemblent fort aux filets de l’efpèce précédente, mais ils cn diffèrent par feur forme; car du Manucode à Longuet. 229 ils fe terminent en pointe, & n'ont de. barbes que fur la partie moyenne du côté intérieur feulement. , Le milieu du cou & de la poitrine eft marqué depuis la gorge par une rangée de plumes très-courtes, prélentant une fuite de petites lignes tranfverfales qui font aliernativement d’un beau vert-clair changeant en bleu, & d'un vert-canard foncé. | Le brun eft la couleur dominante du bas-ventre, du croupion & de fa queue; le jaune -rouffâtre eft celle des pennes des ailes & de leurs couvertures; mais les pennes ont de plus une tache brune à leur extrémité; du moins telles font celles qui reftent à l'individu que lon voit au Cabinet du Roï; car ïl eft bon d’averur qu’on lui avoit arraché les plus longues pennes des ailes ainfi que les pieds (b}. Au refte, ce manucode eft un peu plus gros que celui dont nous venons de parler à l’arucle précédent ; 1l a le bec de (b) Je ne fais fi l'individu obfervé par Aldrovande avoit le nombre des pennes de laile bien complet; mais cet Auteur dit que ces pennes étoient de couleur noirâtre, 230 ÆHiffoire Naturelle, rc. même, & les plumes du front s'étendent {ur les narines qu’elles recouvrent en partie; ce qui eft une contravention aflez mar- quée au caractère établi pour ces fortes d’oifeaux par l’un de nos Ornihologiftes les plus habiles /c); mais les Ornitholo- g'iftes à méthode doivent être accoutumés à voir la Nature, toujours libre dans fa marche, toujours variée dans fes procédés, échapper à leurs entraves & fe jouer de leurs loix. Les plumes de Ia tête font courtes, droites , ferrées & fort douces au toucher; c'eft une efpèce de velours de couleur changeante , comme dans prefque tous les oïlfeaux de Paradis, & Ile fond de cette couleur eft un mordoré brun, la gorge eft re _aufli revêtue de plumes veloutées; mais : celles - ci font noires, avec des reflets vert - dorés. {c) Les plumes de la bafe du bec tournées en grrière , & laiffant les narines à découvert, Ornüho- logie de Briflon , rome II, page 1304 SE | #LE MANUCODE NOIR DE LA NOUVELLE GUINÉE, dit le Superbe. L E noireft en effet la principale couleur qui règne fur le plumage de cet oïfeau ; mais c’eft un noir riche & veloué, relevé _ fous le cou & en plufieurs autres endroits ar des reflets d’un violet foncé. On voit briller fur la tête, Ia poitrine & Îa face H T , poltérieure du cou les nuances variables qui compofent ce qu’on appelle un beau vert changeant; tout le refle eft noir , fans en excepter le bec. Je mets cet oïfeau à Îa fuite des oïfeaux . de Paradis, quoiqu'il wait point de filets « à la queue; maïs on peut fuppofer que la . mue ou d’autres accidens ont fait tomber ces filets : d’ailleurs il fe rapproche de ces fortes d’oifeaux, non - feulement par fa forme totale & Ft fon bec, mais æncore par l'identité de climat, par la & Voyez les Planches enluminées, n° 632, _— 232 Hifloire Naturelle EC ‘A richefle de fes couleurs, & par une cer- taine furabondance, ou fi lon veut, par un certain luxe de plumes qui ef, comme on fait, propre aux oïfeaux de Paradis. Ce luxe de plumes fe marque dans celui ci, en premier lieu , par deux petits bouquets de plumes noires qui recouvrent les deux narines, en fecond lieu, par deux autres paquets de plumes de‘même couleur, mais beaucoup plus longues & dirigées ‘en fens contraire. Ces plumes prennent naïffance des épaules, & fe relevant plus ou moins fur le dos, mais toujours inclinées en arrière , forment à l’oifeau des efpèces de . faufies ailes qui s'étendent prefque juf- qu’au bout des véritables, lorfque celles-ct: font dans leur fituation de repos. Di II faut ajouter que ces plumes font de longueurs inégales, & que celles de la . face antérieure du cou & des côtés de. la poitrine font longues & étroites. D 4% D LP SSTFFTLET O U MANUCODE À SIX FILETS. S; l’on prend les filets pour le caractère fpécifique des manucodes, celui-ci eft fe _manucode par excellence; car au liéu de deux filets il en a fix, & de ces fix il n'en fort pas un feul du dos, mais tous prennent naiflance de la tête, trois de chaque côté; ils font longs d’un demi- pied, & le dirigent en airière; ils n'ont de barbes qu'à leur extrémité fur une étendue d'environ fix fignes : ces barbes "font noires & affez longues. Indépendamment de ces filets, l'oifeau dont 1l s’agit dans cet article a encore deux autres attributs qui, comme nous avons dit, femblent propres aux offeaux Wde Paradis, le luxe des plumes & la richefle des couleurs. : Le luxe des plumes confifle dans le 4 oyez les Planches enluminées, n° 633. -2 7. 234 Hifloire Naturelle fifilet, 1.° en une forte de huppe com- polée de plumes roïides & étroites , laquelle s'élève fur la bafe du bec fupérieur; 2." dans la longueur des plumes du ventre & du bas-venire, lefquelles ont jufqu’à quatre pouces & plus: une partie de ces plumes s'étendant direétement, cache le deflous de Ia queue, tandis qu’une autre partie fe relevant obliquement de chaque côté, recouvre la face fupérieure de cette même queue jufqu’au tiers de fa Jongueur, & toutes répondent aux plumes fubalaires de l’oifeau de Paradis & du manucode. À l'égard du plumage, les couleurs les plus éclatantes brillent fur fon cou, par - derrière Île vert doré & le violet bronzé; par-devant, l'or de la topale” avec des reflets qui fe jouent dans toutes les nuances du vert, & ces couleurs tirent un nouvel éclat de leur oppofition avec les teintes rembrunies des parties voïfines ; car la tête éft d’un noir changeant en. violet foncé, & tout le refte du corps eft d’un brun prefque noirätre avec des reflets du même violet foncé. Le bec de cet oifeau eft le même à peu-près que celui des oifeaux de Paradis; 4 di Siflt, dre 235 Ja feule différence, c’eft que fon arête fupérieure eft anguleufe & tranchante , au Jieu qu’elle efl arrondie dans la plupart des autres elpèces. _ On ne peut rien dire des pieds ni des ailes, parce qu on les avoit arrachés à l'individu qui a fervi de fujet à cette def- . cription, futvant la coutume des chaffeurs ou marchands Indiens ; tout ce monde | ayant intérêt, comme nous avons dit, de } fupprimer ce qui augmente ER n Je poids ou le volume, & bien plus encore * ce qui peut offufquer les belles couleurs de ces oifeaux. ROLE QU TURIE DE LA NOUVELLE GUINÉE (a). N OUS retrouvons ici, fmon le [uxe &. Pabondance des plumes, au moins les. belles couleurs & le plumage velouté des” oïfeaux de Paradis. Le velours de [a tête eft d’un beau. bleu changeant en vert, dont les reflets”. imitent ceux de l’aigue-marine ; le velours du cou a le poil un peu plus long, mais” il brille des mêmes couleurs, excepté que. chaque plume étant d’un noir luftré dans fon milieu, & d’un vert changeant en bleu feulement fur les bords’, il en réfulte des nuances ondoyantes qui ont beaucoup plus de jeu que celles de la tête. Le dos, le croupion, la queue & le ventre font Demers * Voyez les Planches enluminées, n.° 634. _{a) C'eft le nom que M. Daubenton le jeunew a donné à cet oïfeau pour exprimer la principale couleur de fon plumage, qui eft celle de Facter” bronzé; & c’eft au même M. Daubenton que jew dois tous les élémens des de{criptions de ces quatre efpèces nouvelles. | | : 2 f ‘4 à ÿ ! | ds tt , , du Calÿbé de la nouvelle Guinée. 237 d'un bleu d'acier poli, égayé par des reflets très - brillans. Les petites plumes veloutées du front fe prolongent en avant julque fur une parue des narines, lefquelles font plus profondes que dens les efpèces précé- dentes. Le bec eft aufli plus grand & plus gros ; mais il eft de même forme, & fes bords font pareillement échancrés vers la pointe. Pour là queue on n'y a compté que fix pennes, mais probablement elle n’étoit pas entière. à L'individu qui a fervi de fujet à cette defcription , amfi que ceux qui ont fervi de fujets aux trois defcriptions ‘précé- dentes /b), eft enfilé dans toute fa longueur d’une baguette qui fort par le bec, & le ee antennes {b) Ces quatre oïfeaux font partie de la belle fuite d'animaux & autres objets d'Hifloire Naturelle, rapportée des Indes depuis fort peu de temns, & remife au Cabinet du Roï par M. Sonnerat, Cor- refpondant de ce même Cabinet. I feroit à fouhaiter . que tous les Correfpondans euflent Je même zèle | & le même goût pour lHifioire Naturelle que - M. Sonnerat, & que celui-ci renchériffant encore | fur lui-même, fe mit en état de joindre à la peau | de chaque animal une notice exacle de {es habitudes L & de {es mœurs, 238 Hifloire Naturelle, dc. Re déborde de deux ou trois pouces. C’eft de cette manière très-fimple, & en retran=" chant les plumes de mauvais effet, que les Indiens favent fe faire fur le champ une aïgrette ou une efpèce de panache tout-à-fait agréable, avec le premier petit olfeau à beau plumage qu’ils trouvent fous la main ; mais aufli c’efi une manière fûre de déformer ces oïfeaux & de les rendre méconnoiflables , foit en leur alongeant le cou outre melure, foit en altérant toutes” leurs autres proportions; & c’eft par cette raïon qu’on a eu beaucoup de peine à retrouver dans le calybé l’inlertion des ailes | qui lui avoient été arrachées aux Indes, . en forte qu'avec un peu de crédulité on. n’eût pas manqué de dire que cet olfeau joignoit à la fingularité d’être né fans pieds, la fingularité bien plus grande d’être né fans ailes. Le calybés’éloigne plus des manucodes, que les trois cipèces précédentes, c’eft | pourquoi je l'ai renvoyé à la dernière placen & fui ai donné un nom particulier. RITA cr * LE PIQUE-BŒUF. M. BRISSON eft le premier qui ait décrit & fait connoître ce petit oïfeau, envoyé du Sénégal par M. Adanfon. II a environ quatorze pouces de vol & n’eft guère plus gros qu’une alouette huppée; {on plumage n’a rien de difingué : en général Je gris-brun doinine fur la partie fupérieure du corps, & le gris - jaunätre fur la partie inférieure. Le bec n’eft pas d’une couleur conftante ; dans quelques individus il eft tout brun, dans d’autres rouge à la pointe & jaune à [a bafe, . dans tous il eft de forme prefque quadran- gulaire, & fes deux pièces font renflées par le bout en fens contraire. La queue eft étagée & on y remarque une petite fngularité, c’eft que les douze pennes dont elle eft compofée font toutes fort pointues. Enfin pour ne rien oublier de ce que fa figure ne peut dire aux yeux, a première phalange du doigt extérieur * Voyez les Planches enluminées, n° 293, Et “À L m1! 240 Hiffoire Naturelle, rc. A eft étroitement unie avec celle du doigt. du milieu. | Cet oiteau eft très-friand de certains vers ou larves d’infectes qui éclofent fous l'épiderme des bœufs & y vivent jufqu’à… leur métamorphole ; il a l'habitude de few poler fur le dos de ces animaux & de leur entamer le cuir à coups de bec pour . en urer ces vers; c'elt de-là que lui vient | % fon nom de pique” bœuf /a).. {a) Voyez l'Ornithologie de M. Briflon, rome 17 5 page 47 6, I le nomme en Latin Dsphagus, 4 L'ÉTOURNEAUM uaro k Ci ha PL XIV. pay . 240. delin I nt LE PIQUE-BŒUF. PR d'A Pad PY à, = = , - AS "4 s be: ; f ! M} # La | % 4% à i + a CE r Pa DRAP ON PES at » : , biens dolce de À re ds d : “s bag * L'ETOURNEAU (a). Î: eft peu d’oifeaux auffi généralement connus que celui-ci, fur-tout dans nos climats tempérés; car outre qu'il pañfle dé Voyez les Planches enluminées, 1° 7% (a) En Hébreu, Sarfr, felon quelques - uns; Zezir, felon d’autres; en Arabe, A/zaragir, dont * on à formé le nom Latin, Zarater, Azuri felom \ / \ d’autres: en Grec, Yap, Yupoc, d'où Yaœporio le granite, efpèce de pierre tachetée, ainft que » J'Étourneau, A’œaroc, Banc , To, ou Tous : en Latin, Srurnus, Sturnellus; en Italien, Srurno, Storno, Stornello ; en Portugais, Srurnino ; en Ef- * pagnol, E flornino ; en Catalan , Sroruell; en Périgord, Eflournel; en Guyenne, Tournel; en François, Eflourneau, Eflorneau, Eflerneau, Eterneau, Etour- neau, Sanfonnet, & même Chanfonrer, f{elon Cotgrave ; ce qui Indique fon aptitude à apprendre à chanter; en Allemand, Sraar, Siaer, Sioer, S'arn, Rinder-Star | parce qu'ils fuivent les troupeaux de bœufs) Spreche, Sprehe; en Suédois, rare ; en Anglois, Srare, Starll, Staring , Sterbng ; en … Flamand, Jpreuve, Sprue ; en Polonois, S7par, Jparzek , Sfpaczieck, Skorzek. Polydore Virgile prétend que cet oifeau apoelé Sreryng en Anglois, a donné fon nom à Ja livre - numéraire Angioife, dite Serlng ; il auroit pu faire venir tout aufli naturellement du mot François Oifeaux , Zome V, L 242 Hifloire Naturelle toute l’année dans Île canton qui Fa vu naître fans jamais voyager au loin /2), la facilité qu'on trouve à Îe priver & à lui donner une forte d'éducation, fait qu’on en nourrit beaucoup en cage, & qu’on eft dans le cas de les voir fouvent & de fort près, en forte qu’on a des accafions fans nombre d’obferver leurs habitudes & d'étudier leurs mœurs, dans l’état de do- imefticité comme dans l’état de nature. . Les merles font de tous Îles oifeaux ceux avec qui iétourneau a le plus de rapport; es jeunes de l’une & l'autre elpèce {e refflemblent même f parfane- ment qu'on a peine à les difimguer (C}. É Etournean, notre livre Tournois : maïs il eft conffant que ce mot Tournois eft formé du mot Tours, M nom d'une ville de France, & ïl eft probable que le # mot Sterling eft formé du nom d'une ville d'Écofle, à appelée Jrerling. (b) HN parcit que dans des climats plus froids, tels que la Suède & la Suiffe , ils font moins fédentaires & deviennent oïffeaux de pañffage: Difcedit poil me- ! diam æflatem in Scaniam campeflrem, dit M. Linnæus, ‘Fauna Suecica, page 70. Cum abeunt e noffrä regione, dit Gefner, page 745. De avibus, {c) Voyez Belon, page 322. Nature des Oifeauxs Cette reffemblace entre les jeunes merles & les jeunes étourneaux eft telle, que J'ai vu un procés de l'Étourneau. 243 Maïs lorfqu'avec le temps ils ont pris chacun leur forme décidée, leurs traits caractérifliques, on reconnoit que létour- neau diffère du merle par les mouchetures & les reflets de fon plumage, par Ia conformation de fon bec plus obtus, plus fat & fans échancrure vers fa ponte /d), par celle de fa tête aufli plus aplatie, &c. Mais une autre différence fort remar- quable, & qui tient à une caufe plus profonde, c’eft que lefpèce de l’étourneau eft une efpèce olée dans notre Europe, au Heu que Îles efpèces de merles y paroïflent fort multipliées. Les uns & les autres fe reffemblent encore, en ce qu'ils ne changent point de domicile pendant lhiver : feulement ils véritable, une inftance juridique entre deux parti- culers, dont l'un réclamoit un étourneau ou fan- fonnet qu'il prétendoit avoir mis en penfion chez l'autre pour lui apprendre à parler, fiffier, chanter, " &c. & l’autre repréfentoit un merle fort bien élevé, & réclamoit fon falaire, prétendant en effet n'avoir reçu qu'un merie, ; | {(d) M. Barrère dit que létourneau a Île bec … quadran gulaire, Ornihelogia Jpecnen novun, Page 39° 11 conviendra au moins que les angles en font fort arrondis, Li 2 44 Hifloire Naturelle choififfent dans le canton où ils font établis, les endroits les mieux expofés /e), & qui font le plus à portée des fontaines chaudes; mais avec cette différence que les merles vivent alors folitairement, ou plutôt qu’ils continuent de vivre feuls ou prefque feuls, comme üls font le refte de l’année; au lieu que les étourneaux n’ont pas plutôt fini leur couvée qu'ils fe raffemblent en troupes très-nombreufes : ces troupes ont . une manière de voler qui leur eft propre, & femble foumile à une tactique uniforme & régulière, telle que feroit celle d’une troupe difciplinée, obéiffant avec préci- fion à la voix d’un feul chef: c’eft à la voix de l’inflinét que Îles étourneaux obéifient, & leur inflinét les porte à fe rapprocher toujours du centre du peloton, tandis que la rapidité de leur vol Les emporte fans ceffe au-delà; en forte que cette multitude d’oifeaux , ainfi réunis par une tendance commune vers le même point, allant & venant fans cefie, circulant | & fe croifant en tout fens, forme une (e) C’eft apparemment ce qui a fait dire à Ariftote que l'étourneau fe tient caché pendant l'hiver, de l'Éïourneau. 245 efpèce de tourbillon fort agité, dont Îa mafle entière, fans fuivre de direction bien certaine, paroït avoir un mouvement énéral de révolution fur elle-même, réfultant des mouvemens particuliers de circulation propres à chacune de fes parties; & dans lequel le centre tendant perpétuellement à fe développer, mais fans cefle preflé, repouflé par leflort contraire des lignes environnantes qui pèfent fur lui, eft conftamment plus ferré qu'aucune de ces lignes , lefquelles le font elles-mêmes d’autant plus qu’elles font plus voifines du cenire. Cette manière de voler a fes avantages & {es inconvéniens; elle a fes avantages contre les entrepriies de l’oifeau de proie qui fe trouvant embarraffé par le nombre de ces foibles adverfaires, inquiété par Jeurs battemens d'ailes, étourdi par leurs cris, déconcerté par leur ordre de bataille, enfin ne fe jugeant pas aflez fort pour enfoncer des lignes fr ferrées, que fa peur concentre encore de plus en plus, fe voit contraint fort fouvent d'abandonner une {1 riche proie fans avoir pu s’en approprier la moindre parte. L ïj 246 Hiflore Narrelle Mais d'autre côté un inconvénient de cette façon de voler des étourneaux, c’elt. la facilité qu’elle offre aux Oiïfeleurs d’en prendre un grand nombre à la fois, en lächant à fa rencontre d’une de ces volées un ou deux oïfeaux de la même efpèce, ayant à chaque patte une ficelle engluée : ceux-ci ne manquent pas de fe mêler dans [a troupe, & au moyen de leurs allées & venues perpétuelles, d'en em- barrafler un grand nombre dans la ficelle petfide, & de tomber bientôt avec eux aux pieds de l’Oïfeleur. C’eit fur-tout le foir que les étourneaux fe réuniflent en grand nombre, comme our fe mettre en force & fe garantir des dangers de a nuit; üls [a paflent ordinairement toute entière, sinft raflem- blés,, .dans les rofeaux où ïls fe jettent vers la fin du jour avec grand fracas /f), ls jafent beaucoup le foir & le maun avant de fe féparer, mais beaucoup moins (f) Auventando ben fpeffo con tanta furia, che é per la moltitudine e per l'impeto con che vanno, nel giignere fi fente finder l'aria con un ftrepito horribile non diffimile alla gragnuola, Olina, Uccelliera, ps 1 8 —_ PE | l Étourneau. Me ‘7 le refle de Îa journée, & point du tout pendant la nuit, Les étourneaux font tellement nés pour la fociété, qu’ils ne vont pas teule- ment de compagn nie avec ceux de leur efpèce, mais avec des cfpèces différentes. . Quelquefois au printemps & en automne, c’eft-à-dire avant .& après [a faifon des couvées, on les voit fe mêler & vivre avec les corneliles & les Ro comme aufli avec les litornes & les mauvis, & | même avec les pigeons. Le temps des amours commence pour eux fur la fin de mars, c'eft' alors que ehaque paire s'afforiit : mais ici comine alieUrs, Ces unions {1 douces font pré- parées par la gerer & décidées par la force; les femelles n’ont pas le droit de … faire un choix; les mâles, peut-être plus nombreux & toujours plus preilés, fur- tout au commencement, fe les dif, putent à coups de bec, & elles appartiennent au vainqueur. Lots amours font prefque aufli bruyans que leurs combats; on les entend alors gazouiiler continuellement : chanter & jouir c’eft toute leur occnpa- uon, & {eur ramage cft même fi vif qu'ils L 5j 2.48 Hifioire Naturelle femblent ne pas connoître la langueur des intervalles. T:AS ie pau € Après qu'ils ont fatisfait au plus preffant des befoins, ils fongent à pourvoir à ceux de la future couvée, fans cependant y prendre beaucoup de peine, car fouvent ils s'emparent d’un nid de pivert, comme le pivert s'empare quelquefois du leur; loriqu'’ils veulent le conftruire eux-mêmes, toute fa façon confifte à amaffer quelques feuilles sèches, quelques brins d'herbe & de moufle aw fond d'un trow d'arbre ou de muraille: c’eft fur ce matelas fait fans art que la femelle dépofe cinq ou fix œufs d’un cendré verdâtre & qu’elle les couve lefpace de dix-huit à vingt jours: : quelquefois elle fait fa ponte dans les » colombiers, au- deflus des entablemens des maifons, & mêine dans des trous de rochers fur les côtes de a mer, comme on le voit dans Pile de Wight & ailleurs /), ” On m'a quelquefois apporté dans le mois de mai de prétendus nids d’étourneaux qu'on avoit trouvés, difoit-on, fur des arbres; mais comme deux de ces nids ñ (g) British Zoobgy, page 93. La Bi Î de l'Etournbau. 249 entr'autres reffembloïient tout-à-fait à des nids de grives; j'ai foupçonné quelque fupercherie de la part de ceux a ui mme les avoient apportés, à moins qu’on ne veuille imputer la fupercherie aux étour- neaux eux-mêmes, & fuppofer qu'ils s'emparent quelquefois des nids de grives & d’autres oifeaux, comme nous avons vu qu'ils s’emparoïent fouvent des trous des piverts. Je ne nie pas cependant que dans certaines circonflances ces oifeaux ne faflent leurs nids eux-mêmes; un habile Obervateur m'ayant affuré avoir vu plu- fieurs de ces nids fur le même arbre. Quoi qu'il en foit, les jeunes étourneaux reltent fort long-temips fous la mère, & par cette raifon je douteroils que cette efpèce fit jufqu’à trois couvées par an, comime l'affurent quelques Auteurs /4), fi ce n'eft dans les pays chauds où d'incu- bation, l'éducation & toutes les périodes du vol ppement antnaf, font abrépées en rañfon du degré de phaiiees Fe En général les plumes des étourneaux sm (4) Cova.... due 0 tre volte l’anno, con quatre inque uccelli per covatæ Oïna, Uccelliera. EZY 250 Hfiffoire Naturelle 7 font longues & étroites, comme dit | Belon (i /, leur couleur eft dans le prenuer âge un brun noïrâtre, uniforme, fans moucheiures eomine fans reflets. Lio mouchetures ne commencent à paroître qu après la première mue, d’abord fur ja par ie inférieure du corps, vers la fin de juillet; puis fur la tête, & enfin fur la parue {u; érieure du corps aux environs du 20 d'août. Je parle toujours des jeunes étourneaux qui étoient éclos au comimen- cement de mar. J'ai obfervé que dans cette première mue-les plumes auï environnent la bafe du bec tombèrent prefque toutes à Îa fois, en forte que €ette partie fut chauve endant le mois de juillet / 4), comme elle left habituellement dans fa frayonne pendant toute l’année. Je remarquaï auffr que le bec étoit prefque tout jaune le 1 $ de maï; cette couleur fe changea bientôt en couleur de corne, & Belon affure qu'avec le temps elle devient orangée. (i) Nature des Oifeaux, page 327. (4) Je ne fais pourquoi Pline a dit, en parlant des étourneaux : Sed hi plumam non amittunt, Pline ; Gb, X, cap, XXIVi. LA CR LUS De ER de l’Étourneau. ASE Bois mâles les yeux font plus PHE ou d'un brun plus uniforme //), I mouchetures du plumage plus tx ra k plus jaunûtres, & Îa couleur rembrunie des plumes qui n'ont point de mouche- tures , eff égayée par des reflets plus vifs - qui varient entre le pourpre & le vert foncé. Outre cela le mâle eft plus gros; il péfe environ trois onces & demie. M. Salerne ajoute une autre différence entre les deux fexes, c'eft que la langue eit pointue dans Pa mâle & fourchue dans {a femelle: 1! femble en effet, que M. Linæus ait vu cette parie pointue en certams individus & fourchue en d'autres /m): pour moi je lai vue four- chue dans les fujeis que j’af eu occalion d’oblerver. (/) La femina ha nel chiaro del occhio una ma- gletta, havendo Lo mafchio tutto nero bene Olina, page 18. Cette efpèce de taie que les femelles ont fur les veux felon Olna, eft apparemment ce que Wiltugh| by veut exprimer , en difant: Oculorum frides avellanes, es na parte albidiores , page 145 , & ji! faut fuppotet que ce dernier parle ici de Îa femelle { 1n Lineu4 acata, Sy. nat. edit, X, page 1 67 Linou bifida ,- Fauna Suecica, page 70. vj 252 Fliflorre Nüuturelle Les étourneaux vivent de limaces, de vermifleaux, de fcarabées, fur-tout de ces jolis fcarabées d’un beau vert bronzé luifant , avec des reflets rougeätres, qu’on trouve au mois de juin fur les fleurs & principalement fur les rofes; ils fe nour- riflent aufli de blé, de farrafin, de mil, de panis, de chenevis, de graine de fureau, d'olives, de cerifes, de raïfins, &c. On prétend que cette dernière nourriture eft celle qui corrige le mieux l’amertume naturelle de leur chair /r), & que les cerifes font celles pour faquelle ils montrent un appétitde préférence ; aufii s’en fert-on comme d’unappâtinfallhble pourles attirer dans des naffes d’ofiers que l’on tend parmi les rofeaux où ils ont coutume de fe retirer tous les foirs, & l’on en prend de cette manière jufau’à cent dans une feule nuit ; (n) Voyez Schwenckfed, M. Salerne, &c. Cardan dii que pour borifier la chair des étour- neaux, il ne s'agit que de leur couper la tête fitôt qu'ils font tués; Albin, qu'il faut feur enlever la . peau; d’autres que les étourneaux de montagne valent mieux que les autres, mais tout cela doit s'entendre des jeunes, car ma'gré les montagnes & les précautions, la chair des vieux fera toujours sèche, amère & un très-mauvais manger. de l'Étourneau. 25 3 mais cette chaffe n’a plus lieu lorfque la failon des ceriles eft paflée. | - Ils fuivent volontiers les bœufs & autre gros bétail paiffant dans les prairies , attirés, dit-on, par les infectes qui voltigent autour d'eux, ou peut-être par ceux qui four- | Hillent dans leur fiente, & en général dans toutes les prairies. C’eft de cette habitude que leur eft venu le nom Alle- mand, ÆRinder- Staren. On les accufe encore de fe nourrir de fa chair des cadavres expofés fur les fourches patibu- laires /o); mais ils n’y vont apparemment que parce qu'ils y trouvent des Imfectes. Pour moi j'ai fait élever de ces oïfeaux, & j'ai remarqué que lorfqu’on leur pré- fentoit de petits morceaux de viande crue, ils fe jetoient deflus avec avidiié & les mangeoïent de même; fr c’étoit un calice d’œillet, contenant de la graine formée, Ho de te 6Mbient pas fous leurs pieds, comme font les geais, pour léplucher avec le bec ; mais le tenant dans Îe bec, - ils le fecouoïient fouvent & Île frappoient à plufieurs reprifes contre les bâtons ou (0) ÂAldrovande, tome II, page 622 254 Hifioire Naturelle D le fond de la cage, jufqu'à ce que le calice s’ouvrit & laifl at paroître & forür la graine. J’ai aufir remarqué qu’ils buvoient à peu-près comme les gallinacés, & qu’ils prenoïent grand plaïfir à fe baigner : feion toute apparence l’un de ceux que je faïfois élever eft mort de refroïdiffement, pour s’être trop baigné pendant l'hiver. Ces oifeaux vivent fept ou huit ans, & même plus dans l’état de domefticité. Les fauvages ne fe prennent point à la pipée, parce qu'ils n’accourent point à lappeau, c’eft-à-dire, au cri de la chouette: mais outre Ia reffource des ficelles engluées & des naffes dont j’ai parlé plus haut, on a trouvé le moyen d'en prendre des couvées entières à Îa fois en attachant aux murailles & fur les arbres où ils ont coutume de nicher, des pots de terre cuite, d’une forme commode, & que ces oïfeaux préfèrent fouvent aux trous d'arbres & de muraille pour y faire leur ponte /p). On en prend aufis beaucoup au facet & à la panuère ; Br m— (p} Olina, Uccellera, page 19. ochwenckfeld, Aviarium Vilefiæ, page 352e ; _ b de l'Æitournean. 255$ en quelques endroits de l'Italie on fe fert : de belettes apprivoifées pour les tirer de leurs. nids ou plutôt de leurs trous; car Je grand art de l’homme eft de fe fervir d’une efpèce efclave pour étendre fon empire fur fes autres. Les étourneaux ont une paupière interne, les narines à demi-recouvertes par une membrane, les pieds d’un brun rougeatre /4/, le doïgt extérieur uni à celui du milieu jufqu’à la première pha- ange, Pongle poftérieur plus fort qu'aucun autre, le géfier peu charnu, précédé d’une dilatation de l’œfophage & contenant quel- quefois de petites pierres dans fa cavité; le tube imteftinal long de vingt pouces d’un orifice à l’autre, la véficule du fiel à l’ordimarre , les cæcuims fort petits & plus près de lanus qu'ils ne font ordinairement dans les oïleaux. En difféquant un jeune étourneau, de ceux qui avoient été élevés chez moi, j'ai remarqué que les matières contenues (g) Je ne fais pourquoi Wiughby a dit, Tire ad articulos ujque plumofæ Ornithologia, page 145. Je n'ai rien vu de pareil dans tous les étourneaux qui mont pailé {ous les yeux, 256 Æifoire Naturelle à dans le géfier & dans les inteftins étoient abfolument noires, quoique cet oïfeau eût été nourri uniquement avec de la mie de pan & du lait: cela fuppofe une grande abondance de bile noire, & rend en méme temps raïfon de l’amertume de a chair de ces oïfeaux, & de l’ufage qu’on a fait de leurs excrémens dans Îles cofmétiques. Un étourneau peut apprendre à parler indifféremment François, Allemand, La- un, Grec, &c. /r) & à prononcer de fuite des phrafes un peu longues: fon gofier fouple fe prête à toutes les in- flexions, à. tous fes accens. Il articule franchement la lettre R /f) & foutient très-bien fon nom de fanfonnet ou plutôt de chanfonnet par la douceur de fon ra- mage acquis, beaucoup plus agréable que fon ramage naturel /£), {r) Habebant & Cafares juvenes item flurntm, lufcinias græco atque latino fermone dociles ; praterea aneditantes in diem affidué nova loquentes longiore etiam context, Pline, lb, X, cap, XLIL, _(f) Scaliger, Æxercir, | | = {t) Sturnas pifat ore ; ifitat, pififlrat C’eft ainfi que les Latins exp'imoient le cri de létourneau, Voyez Autor Philomele, &e, | 27. fon | PIX. Pag- 206 ) A7] DD LOIR mi x RSS |: RSS S ANR NN Cl houyfsard kctl | F Fe PAT. 21 &, on Le age DE TRE 4 Lu Je à“ Le J x de. l'Étourneau. 267 Cet oifeau eft fort répandu dans l’ancien continent : on le trouve en Suède, en _ Allemagne, en France, en Italie, dans l'ifle de Malte, au cap de Bonne-efpérance /u}, & par-tout à peu-près le même; au lieu que les oïfeaux d’A mérique auxquels on a donné Île nom d’étourneaux, forment des efpèces aflez multipliées, comme nous le verrons bientôt. {u) Voyez Kolbe, tome 111, page 1 ÿ 9+ AA NX SES TRI (Era Er. Ce up a y) JA =" NS ce LS 258 Hifoir Naturelle, CRE ns LD = 27 nee ES Pour o a mg) er momies 2 » VARIETES DE L’'ET OURNEAU. nn" Qu OI Q UE l'empreinte du Hé primitif ait été aflez ferme dans l’eipèce : de notre étourneau pour empêcher que fes races diverfes, s éloignant à un certain point, ffane cnfe des eipèces dif. unCtes & féparées, elle n’a pu cependant rendre abfolument nulle Ia Ladies per- pétuelle qui porte la Nature à la variété, tendance qui fe manifefte ici d’une manière fort marquée, puifqu’on trouve des étour- neaux noirs { ce font les jeunes}, d'autres tout blancs, d’autres blancs & noirs, enfin d’autres gris, c’eft-à-dire, dont le noir s’eft fondu dans le blanc. If faut remarquer que fouvent on a trouvé ces variétés dans fes nids des étourneaux ordmaires, en forte qu'on ne peut les confidérer que comme des variétés mdividuelles, ou purement éphé- mères que la Nature femble produire en fe jouant fur Ja fuperficie, qu’elle anéantit à chaque génération pour les renouveler & les détruire encore, maïs qui ne pouvant ni fe perpétuer, ni pénétrer jufqu’au type V'aricrés de l'Étournean. 2 9 fpécifique , ne peuvent conféquemment donner aucune atteinte à fa pureté, à {on unité. Telles font les variétés furvantes dont parlent les Auteurs. I. L’étourneau blanc d’Aldrovande /a) aux pieds couleur de chair, & au bec jaune rougeûtre, tel qu ’l eft dans nos étourneaux devenus vieux. Aidrovande | remarque que celui-ci avoit été pris avec … des étourneaux ordinaires, & Rzaczynski affure que dans un certain canton de Ia - Pologne /b), on voyoit fouvent fortir du L mêm F1 nid un étourneau noir & un blanc. Wi liughby parle aufli de deux étourneaux de ceite dernière couleur, qu'il avoit vus _ dans le Cumberland. : $ II. L’étourneau noi & blanc: je rap- orte à cette variété 1.° l’étourneau à tête blanche d’Aldrovande /c/: cet oïfeau avoit en effet la tête blanche, ainfi que le bec, le cou, tout le deflous du corps, les couvertures des ailes & les deux pennes extérieures de la queue; les autres pennes de la queue & toutes ceiles des ailes étoient | (a) Tome IF, page 631. {b) Prope Coronoviam, {e) Tome IT, page 637, 260 Hifloire Naturelle, dc. comme dans l’étourneau ordinaire : le blanc de la tête étoit relevé par deux petites | taches noires, fituées au-defius des yeux, : & le blanc du deffous du corps étoit varié par de petites taches bleuâtres. 2.° L’é- tourneau-ple de Schwenckfeld qui avoit le fommet de Ia tête, la moitié du bec du côté de Ia bafe, le cou, les pennes des aïles & de la queue noirs, & tout le refte blanc /4). 3.° L’étourneau à tête noire vu par Willughby /e), ayant tout le refte du corps blanc. ; TITI L’étourneau gris cendré d’Afdro+ vande /f). Cet Auteur eft le feul qui en ait vu de cette couleur, laquelle n’eft autre chofe, comme nous l'avons dit, que Île blanc fondu avec le noir. On conçoit. aifément combien ces variétés peuvent être multipliées, foit par les différentes diftributions du noir & du blanc, foit par Îles différentes nuances de gris, réfultant des différentes proportions de ces couleurs fondues enfemble. ( d ) Aviartum Siefiæ » page 353. {e) Ornithologia, page 145. (f) Pages 638 & 639. £D ER 261 OISEAUX ÉTRANGERS. Qui ont rapport à l'ÉTOURNEAU. É. L'ÉTOURNE AU DU CAP DE BONNE-ESPÉRANCE SES EE L'ÉTOURNEAU- FFE 4 AI donné à cet oifeau d’ Afrique Je nom d'Étourneau- pie, parce qu'il m'a paru avoir plus de rapports, quant à fa forme totale, avec notre étourneau, qu'avec aucune autre efpèce, & parce que lÎe noir & le blanc qui font les {eules couleurs de fon plumage, y font difiribués à peu près comme dans le plumage de Îa pie. S’il n’avoit pas le bec plus gros & plus long que notre étourneau d'Europe, on pourroit le regarder comme une de fes variétés, d'autant plus que notre étourneau * Voyez les Planches enlumirées, n.° 280, 262 H foire Naturelle | fe retrouve au cap de Bonne-efpérance ; cette variété le rapporieroit naturellement à celle dont j'ai fait mention ci-deflus, & où le noir & le blanc {ont diftribués par grandes taches. La plus remarquable & celle qui caractérite le plus la phyfronomie. de cet oïifeau, c’eft une tache blanche fort grande, de unie ronde, fituée de chaque côté de la tête, fur laquelle l'œil paroït placé prefqu’en entier, & qui {e pro- longeant en pointe par-devant jufqu’à fa baie du bec, a par-derrière une efbec a d’appendice variée de noir qui SEE le. long du cou. Cet oifeau eft le même que l’étourneau noir & blanc des Indes d'Edwards, planche z 87; que le contra de Bengale d’Aibin," tome 111, planche 2 1; que l’étourneau du cap de Bonne- “efbérance de M. Briflon, tome 11, page 446; & même que font neuvième troupiale, fome IT, page 0 4% Il a avoué & rectifié ce double emploi, page 54 de fon fupplément, & il eftu en vérité bien excufable au milieu de” ce cahos de de elcriptions incomplettes de figures tronquées & d'indications équi- voques qui embarraffent & furchargent, | DT: : 1 | | | > des Oifeaux étrangers, &'c. 263 THiftoire Naturelle. Cela fait voir com- bien il eft effentiel, lorfqu’on fait l'hifloire d’un oiïfeau, de le reconnoiïtre dans Îles diverfes defcriptions que les Auteurs en ont faites, & d'indiquer les différens noms qu’on lui a donnés en différens temps & en différens lieux; feul moyen d'éviter ou de rectifier [a ftérile multiplication des efpèces purement nominales. à Ft LEÉTOURNEAU DHEA Lo U TNT MNeE € ŒYU LE: SE) ORNE CE mot de Stourne eft formé du Latin Sturnus , je Vaï appliqué à un oïfeau d’A- mérique aflez différent de notre étourneau pour mériter un nom diftinét, mais qui a affez de rapports avec lui pour mériter un nom analogue. Îl a le deflus du corps d’un gris varié de brun & Île deflous du corps jaune. Les marques les plus diftimcives N … À Voyez les Planches enbminées, n° 256, 264, Hifloire Naturelle de cet oïfeau en fait de couleur, font, 1.” une plaque noirûtre variée de gris, fituée au bas du cou & fe détachant très- bien du fond, qui, comme nous venons. de le dire, eft de couleur jaune: 2.° trois bandes blanches qu'il a fur la tête, toutes les trois partant de fa bafe du bec fupérieur, & s'étendant jufqu’à locciput; Vune tient le fommet ou le milieu de la tête, les deux. autres, qui font parallèles à cette première, paflent de chaque côté au-deffus des yeux: En général, cet oïfeau fe rapproche de notre étourneau d'Europe par Îles pro- portions relatives des ailes & de [a queue, & en ce que fes couleurs font difpotées. par petites taches : il a aufii la tête plate, mas fon bec elt plus alongé. Un Correfpondant du Cabinet nous affure que la Louifiane eft fort incom= _modée par des nuées d’étourneaux, cew qui mdiqueroit quelque conformité dan | la manière de voler des étourneaux de [a Louïifiane avec celle de nos étourneaux* | - d'Europe; mais à n'eft de bien für que le Correfondant veuille parler de l'efpece Noé ‘00 1112 des Oifeaux étrangers, de. 265 LIST, | LE. TE CAN À; (a. LA courte notice que f'ernandez nous donne de cet oïleau, eft non- feulement incomplette, mais elle eft faite très-négli- gemment; car après avoir dit que Île tolcana eft femblable à l’étourneau pour la forme & pour la grofleur, il ajoute tout de fuite qu’il eft un peu plus petit; cependant c’eft le feul Auteur original qu'on puifle citer fur cet oïfeau, & c’eft d’après fon témoignage que M. Briflon la rangé parmi les étourneaux: il me femble néanmoins que ces deux Auteurs carattérient le genre de l'étourneau par des attributs très -différens; M. Briflon, par exemple, établit pour lun de fes attributs caractériftiques le bec droit, obtus & convexe; & Fernandez parlant d’un a) Nom formé du nom Mexicain Tolocatzanatt, . & qui fignifie étourneau des rofeaux. Fernandez, Hit avium novæ Hifpaniæ, cap. XXXVI. C'eft le troifième étourneau de M. Briflon, tome If, 4 page 446: Oifeaux, Tome V. M à ‘ 266 . Fifloire Naturelle oifeau du genre du fzanatl ou étour- neau /b), dit qu'il eft court, épais & un peu courbé : & dans un autre endroit /c) il rapporte un même oïfeau nommé caca- lototolt, au genre du corbeau { qui fe nomme en eflet cacalot/ en Mexicain, chap. CLXXXIV) & à celui de l'étour- neau /d); en forte que Fidentité des: noms employés par ces deux écrivains ne garanut nullement l'identité de lefpèce dénommée, & c’eft ce qui m'a déterminé à conferver à l’oifeau de cet article {on nom Mexicain, fans affurer ni nier qu’il {oit un.étourneau. Le tolcana fe plait comme nos étour- neaux d'Europe dans les joncs & les (4) Fernandez, chap. XXXVII. (c) dbid chap. CxxxN. (d) Cacaltototl feu avis corvina ‘ad flurnorum tzanatlre £enus vldetuy pertineres Cet oifeau a, felon Fernandéz, le plumage noir tirant au bleu, le bec tout-à-fait noir, Piris orangée, la queue longue, la chair mauvaife à manger, & point de chant. Il fe plait dans les pays tempérés & les pays chauds. nl eft difficile d’après cette notice tronquée, de dire fi loïfeau dont il s'agit .eft un corbeau ou un étourneau, | des Oifeaux étrangers, 7e. 267 plantes aquatiques. Sa tête eft brune, & tout le refte de fon plumage eft noir. Cet oifeau n’a point de chant, mais feu- lement un cri, & il a cela 4 commun avec beaucoup d’autres oïfeaux d’Amé- rique qui font en général plus recomman- dables par léclat de fleurs couleurs que par l'agrément de leur ramage. I V. Ne LE GACASTOL (e). JE ne mets cet oifeau étranger à [a fuite de létourneau, que fur la foi très- fufpeéte de Fernandez, & auffi d’après l’un de fes noms Mexicains qui indique quelque analogie avec l’étourneau. D'ail- leurs je ne vois pas trop à quel autre oifeau d'Europe on pourroit le rapporter ; M. Briflon qui a voulu en faire un couinga /f, a été obligé pour l’y amener (e) Nom formé du nom Mexicain Caxcaxtototi, ‘Fernandez, chap, CLVIII, On lui donne encore dans la nouvelle Lfpagne le nom de Huerrzanatl, & nous avons vu que le mot Mexicain Teanatl répondoit à notre mot étourneau. (f) Brion, rome IT, page 3247. Li 268 Hiflorre Naturelle de retrancher de la defcription de Fer- nandez, déjà trop courte, les mots qui indiquoient {a forme alongée & pointue du bec: cette forme de bec étant en effet plus de l’étourneau que du cottinga. Outre cela le cacaftol eft à peu-près de la groffeur de l’étourneau , il a la tête petite comme lui, & n’eft pas un meilleur manger; enfin il fe tient dans les pays tempérés & les pays chauds. If eft vrai qu'il chante mal, mais nous avons vu que Île ramage naturel de l’étourneau d'Europe n’étoit pas fort agréable, & il eft à préfumer que s’il pafloit en Amérique où prefque tous les oifeaux chantent mal, il chanteroït bien-tôt tout aufli mal, par la facilité qu’il a d’ap- prendre, c’eft-à-dire, d’imiter le chant d'autrur, | V. LE PIMALOT {g). LE bec large de cet oifeau pourroïit faire douter qu’il appartint au genre de l’étourneau : mais s’il étoit vrai, comme /g) Mot formé du nom Mexicain de cet oifeau Pirmaloi, des Oifeaux étrangers, re. 269 le dit Fernandez, qu'il eût Ia nature & les mœurs des autres étourneaux, on né pourroit s'empêcher de le regarder comme une efpèce analogue, d'autant plus qu'il fe tient ordinairement fur les côtes de la mer du fud, apparemment parmi les plantes aquatiques, de même que notre étourneau d'Europe fe plait dans les rofeaux comme nous avons vu. Le pimalot _ eft un peu plus gros. M, NPC *LEÉTOURNEAU DES TERRES MAGELLANIQUES, “ot | LE BLANCHE-RAIE, JE donne à cette efpèce nouvelle, apportée par M. de Bougamwville , le nom de blanche-raie, à caufe d’une longue raie blanche qui, de chaque côté, prenant naiflance près de la commifiure des deux pièces du bec, femble pafler par-deffous l'œil, puis reparôit au-delà pour defcendre le long- du cou. Cette raie blanche fait * Voyez les Planches culuminées, n° 113. M ij 270 Hifloire Naturelle, dc. d'autant plus d’effet qu’elle eft environnée au-deffus & au-deflous de couleurs très- rembrunies: ces couleurs fombres domi- nent fur la partie fupérieure du corps; feulement les pennes des ailes & leurs couvertures font bordées+de fauve. La queue eft d’un noir décidé, fourchue de plus, & ne s'étend pas beaucoup au-delà des aïles qui font fort longues. Le deflous du corps, y compris la gorge, et d’un beau rouge cramoifi, moucheté de noir fur les côtés ; fa partie antérieure de laile _eft du même cramoifi fans mouchetures, & cette couleur fe retrouve encore autour des yeux & dans Pefpace qui eft entre Voœil & le bec. Ce bec quoiqu'obtus, comme celui des étourneaux, & moins pointu que celui des troupiales, m'a paru cependant à tout prendre avoir pius de rapport avec celui des troupiales; & fi lon ajoute à cela que fe blanche-rate à beau- coup de la phyfionomie de ces derniers, on ne fera pas difficulté de le regarder comme faifant la nuance entre ces deux eélpèces, qui d’ailleurs ont beaucoup de rapports entr'elles. LÈTLERS LES TROUPIALES. LE Offeaux ont, comme je viens de le dire, beaucoup de rapports Avec nos étourneaux d'Europe, & ce qui le prouve, c’eft que fouvent le Peuple & les Natu- ralifies ont confondu ces deux genres & ont donné le nom d’étourneau à plus d’un troupiale ; ; CEUX - ci pourroient donc être regardés à bien des égards comme les repréfentans de nos, étourneaux en Amérique, concurremment avec les étour- peaux Américains dont je viens de parler, quoique cependant ils arent des habitudes très - différentes, ne füt-ce que dans la manière de conftruire leurs nids. | Le nouveau continent eft [a vraie patrie, la patrie originaire des troupiales & de tous les autres oïteaux qu’on a rapportés à ce genre, tels que les caffiques, les baltimores & les carouges:; & fi l’on en cite quelques-uns, {oi-difant de l’ancien continent, c'eft parce qu'ils y avoient été tranfportés originaiïrement d'Amérique ; tels font probablement le troupiale du M ie , ‘ 272 Hifloire Naturelle Sénéval, appelé cap-more, & repréfenté dans nos Planches enluminées, à deux A . / 4 âges différens fous les ns” 7 SENS US le carouge du cap de Bonne-efpérance, Planche 6 0 7, & tous les-prétendus trou- piles de Madras auxquels on a donné ce nom fans les avoir bien connus. Je retrancherai donc du genre des troupiales, 1.” les quatre efpèces venant de Madras, & que M. Brifilon a empruntées de M. Raï /a), parce que la raïfon du climatne permet pas de les regarder comme de vrais troupiales ; que d’aileurs je ne vois rien de caractériflique dans les defcrintions originales, & que les figures des oïfeaux décris, font trop négiigées pour qu’on puille en tirer des marques diflinétives qui les conftituent troupiales plutôt que pies, gens, merles, loriots, gobe-mouches, &c. Un babile Ornithologifte (M. Edwards} croit que le geai jaune & le geai-bouffe de Petiver, dont M. Briffon a fait fon fixième & fon quatrième troupiale, ne Ÿ (a) Voyez VOrnithologie de M. Briffon, tome F1, pages 90 à fur. & le Snopfis avium de Raï, pages 194 À Jus des Troupiales. 273 font autre chofe que le loriot mâle & fa femelle /4) ; que le geaï bigarré de Ma- dras, du même Petiver, dont M. B:ilion a fait fon cinquième troupiale, eft ton étourneau jaune des Indes /c); & enfin que le troupiale huppé de Madras, dont M. Briflon a fait fa feptième eipèce /d), eft le même oifeau que le gobe- mouche huppé du cap de Bonne-eipérance du même M. Briflon /e). 2.° Je retrancheraï le troupiile de Ben gale, qui eft le neuvième de M. Briflon (f), puifque cet Auteur s’eft aperçu lui-même que c’étoit fa feconde eipèce d’étourneau. 3.” Je retrancherat encore le troupiale à queue fourchue, qui eft le feizième de Es (b) Voyez les Oifeaux d'Edwards, Planche 1 8 5 (c) Zbidem, Planche 1 86, {d) Ornithologie , tome IT, page 02. (e) idem, page 4718, le male; à 4124, la femelle ; il ajoute que fr les deux longue, pennes de la queue manquoïient dans ces deux individus, c'eft, ou parce qu’elles n'étoient pas encore venues, ou parce que la mue ou quelqu'autre accident les avoit fait tomber, Voyez Edwards, Planche ? 2 JS (f) Tome I, page 94. | M y 274 Hifloire Naturelle M. Briflon /g), & la grive noire de Seba /h4); tout ce qu’en dit ce dernier, c’eit qu'il furpafle de beaucoup la grive en groffeur, que fon plumage eft noir, qu'il a le bec jaune, le deflous de Ia queue blanc, le deflus, ainfi que le dos, comme voilé par une légère teinte de bleu, & une queue longue, large & fourchue; enfin, qu’à la différence près dans la forme de fa queue & dans h grofleur du corps, il avoit beaucoup de rapport à notre grive d'Europe : or je ne vois rien dans tout cela qui reffemble à un troupiaie, & la figure donnée par Seba, & que M. Briflon trouve très- mauvaile, ne reflemble pas plus à un troupiele qu'à une grive. | 4° Je retrancherai le carouge bleu de Madras /i), parce que d’une part il m’eft fort fufpect à raïfon du climat; que de Tautre, la figure ni la defcription de {g) Tome II, page 105. (4) Tome Ï, page ro2. (i) M. Briflon, tome 11, page 125, M, Rai lui donne, d’après Periver, le nom de petit geaï bleu, petite pie de Madras; en langue du pays, Peach caye, Voyez Synopfis avium, page 195, a 2% des Troupiales. 275 M. Raï, n’ont abfolument rien qui ca- ractérife un carouge, & que même ïül n'en a pas le plumage : 1 a, felon cet Auteur, la tête, la queue & fes aïles de couleur bleue, mais la queue d’une teinte plus claire : le refle du plumage eft noir ou cendré, excepté cependant le bec & les pieds qui {ont roufsûtres. s. Enfin, je retrancheraï le troupiale des Indes /X), non-feulement à caule de [a différence de climat, mais encore pour d’autres raïons tout aufli fortes, qui me l'ont fait placer ci-deflus éntre les _ rolkicrs & Îles oïfenux de Paradis, Au refte, quoïqu'on ait réuni dans un ème genre avec les trouprales, comme je l'ai dit plus haut, les cafliques, les baltimores & les carouges, il ne faut pas croire que ces divers oifeaux n'aient pas des différences, & mêine aflez caractérifées, pour conilituer de peits genres fubor- donnés, puifqu'ils en ont eu aflez pour qu’on leur donnât des noms différens. En général, je fuis en état d’affurer, d’après fa - comparaïion faite d’un affez grand nombre (4) Briflon, tome VI, page 37. | M vj 276 Hiflorre Naturelle, dre. de ces oïfeaux, que les caffiques ont le bec plus fort, enfuite les troupiales, puis : les carouges. A l’égard des balimores, ils ont le bec non-feulement plus petit que tous les autres, mails encore plus droit & d’une forme particulière, comme nous le verrons plus bas. Is paroïfient d’ail- ‘leurs avoir d’autres mœurs & d’autres allures, ce qui fuffit, ce me femble, pour m'autoriier à leur conferver leurs noms paruculiers, & à traiter à part chacune de ces familles étrangères. Les caractères communs que leur afligne M. Briflon, ce font les narines decouvertes, & le bec en cône alongé , droit & très-pointu. J'ai aufli remarqué que la bafe du bec tupérieur fe prolonge fur le crâne, en forte que le toupet au lieu de faire la pointe, fait au contraire un angle rentrant aflez confidérable ; dif- pofition qui fe retrouve à la vérité dans quelques autres efpèces, mais qui eft plus marquée dans celles-ci. R RÈS ; 1 R 22 . le * rs + y El - *LE TROUPIALE (a). Cr qu'il y a de plus remarquable dans l'extérieur de cet oïfeau, c’eft fon long bec pointu, les plumes étroites de {a gorge, & la grande variété de fon plu- mage : on ny compte cependant que trois couleurs, le jaune orangé, le noir & le blanc; mais ces couleurs femblent fe multiplier par fleurs iaterruptions réci- proques & par l’art de leur diftribution : le noir eft répandu fur la tête, la partie antérieure du cou, le milieu du dos, Îa queue & les ailes ; le jaune orangé occupe les iniervalles & tout le deflous du corps; * Voyez les Planches enluminées, n.° 34 (a) C’eft le Troupiale de M. Briflon, rome IT, page #86, H le nomme en Latin, /éferus ; (l'un des noms latins du lorior, & qui ne peut convenir aux troupiales noirs) d’autres Pica, Ciffla, Picus, Turdus, Xanthornus, Coracias ; les Sauvages du Brefil, Gurra T'angeima ; ceux de la Guyane, Fapou; nos Colons, Cul-jaune ; les Anglois lui ont donné dans leur Jangue une partie des noms ci-deflus; Albin, celui d'orfeau de Danana * s 275 Hifloire Naturelle il reparoît encore dans liris /2) & fur fa parte antérieure des ailes; le noir qui règne fur le refte, eft interrompu par deux taches blanches oblongues dont l’une eft friuée à l'endroit des couvertures de ces mêmes ailes, & l’autre à l'endroit de leurs pennes moyennes. Les pieds & les ongles font tantôt noirs & tantôt plombés ; E bec ne paroït pas non plus avoir de couleur conftante ; car il a été obfervé g'is-blanc dans les uns /c), brun-cendré deflus & bleu deflous dans les autres /4), & enfin dans d’autres noir deffus & brun deffous /e). Cet oïfeau qui a neuf ou dix pouces de fongueur de la pointe du bec au bout de la queue, en a quatorze d’en- vergure, & la tête fort petite, feton Marcgrave. If fe trouve répandu depuis la Caroline jufqu'au Brefil, & dans les (B) Albin ajoute que l'œil eft entouré din large bande de bleu; mais il eft le feul qui l'ait vue, c'eft apparemment une variété accidentelle. {c) Briflon, Ornithologie, tome 11, page 88, {d) Albin, tome 11, page 27, _(e) Sioane, Jamaica ; & Marcgrave, Hip} Braf be PFs° 192e ARR : à: > pis B ” de Ep ES = | du Troupiale. 279 iles Caraïbes. Il a [a grofleur du merle ; il fautille comme la pie & a beaucoup de fes allures, fuivant M. Sloane; ïl en x même le cri, felon Marcpgrave, mais Albin aflure qu'il reflemble dans toutes fes actions à l'étourneau , & il ajoute qu’on en voit quelquefois quatre ou cinq s’aflo- cier pour donner la chafle à un autre oïfeau plus gros, & que lortqu'ils l'ont tué, ils dévorent leur proïfe avec ordre, Chad mangeant à fon rang, cependant M. Sloane, qui eft un Auteur digne de for , dit que fs troupiales vivent d’intectes. Au refte, cela n’eft pas abfolument contra- dictoire ; car tout annnal qui fe nourrit d’autres animaux vivans, quoique três- petits, ef un animal de proie, & en dévorera à coup für de plus grands s'Il trouve l’occafion de le faire avec füreté, par exemple, en s’aflociant comme fes troupiales d'Albi. Ces cileaux doivent avoir les mœurs très-{octales, puifque lamour qui divife tant d’autres fociétés femble au contraire refferrer les liens de la leur: bien loin de _ fe féparer deux à deux pour s’apparier & remplir fans témoin les vues de la Nature 280. Hiffoire Naturelle, dc. far La multiplication de lefpèce, on en voit quelquefois un très- grand nombre de paires fur un feul arbre, & prelque 3 toujours fur un arbre fort deve & voifin des habitations, conftruifant leur nid, pondant leurs œufs, les couvant & De 4 nant leur famille naïflante. Ces nids font de forme Éhatue: fufpendus à l'extrémité des hautes branches * & flottans librement dans Vair; en forte ! que les petits nouvellement éclos y font bercés continuellement. Mais des gens qui fe croient bien au fait dés intentions des oïfeaux , aflurent que c'eft par une fage Mince que Îles père & mère fufpendent amfi leur nid, & pour mettre la couvée en füreté contre certains anhinaux terreftres & fur-tout contre les ferpens. On met encore fur la lifte des vertus du troupiale Ia docilité, c’eft-à-dire, la difpofiion naturelle à fubir l’efclavage $ domeftique, difpofition qui fe rencontre prefque toujours avec les mœurs fociales. Re SE np om HS om. V. 4 F7 . XVZ. PAT : 290 SSL a re SR neue De Vive del. ve Mag. Th. Rousset Seulp LA TROUPIALE. Pag:180. Î L'ACOLCHI DE SEBA (0) Spa a pris ce nom dans Fernandez (b}; & layant ap pliqué arbitrairement, felon fon ufige, à un oifeau tout dite de celui dont parle cet Auteur, au moins . quant au plumage, il a encore appliqué _ à ce même oïfeau ce ‘qu’ a dit Fernandez du véritable acolchi, favoir, que les À . Efpagnoks | appellent T ordo, c’eft-à-dire, _étourneau, Ce faux acolchi de Seba à un long … bec jaune fortant d’une tête toute noire, ‘l gorge de cette dernière couleur ; la » queue noirâtre ainfi que les ailes; celles-ci Pont pour ornement de petites plumes | couleur d’or qui font un bon effet fur ce fond rembruni. Seba donne fon acolchi pour un oifeau d'Amérique, & j'ignore pourquoi \ 4 (a) Le vrai nom eft Acolchichi que j'ai raccourci our le rendre d’une prononciation moins défa- gréable. Voyez Seba, rome 1, page 9 o ; #' Planche LV, Jg +: (D) De Avibus novæ Hifpaniæ, cap. 1V, page 144 282 Hifloire Naturelle, &c M. Briflon, qui ne cite d'autre autorité que celle de Seba, ajoute qu’on le trouve, } fur-tout au Mexique (c). IL eft vrai que le mot acolchtreft Mexicain, mais on ne peut. affurer la même chofe de l’oifeau auquel Séba a trouvé bon de l'appliquer. c) Voyez. fon Ornithologie, tome IT, page 88. J lui a donné en conféquence le nom de #roupiale du Mexique: WT ta 1 e + Leu, Pr TE. De Le lL'ARC-EN-QUEUE (a). Fe RNANDEZ donne le noim d’O- ginifcan /b) à deux otfeaux qui ne fe | reflemblent point du tout 67; & Seba a pris la licence d’appliquer ce même nom à un troïfième oileau qui diffère entièrement des deux autres /d), excepté pour la groffeur; car ils font dits tous trois avoir la groffeur d’un pigeon. Ce troifième Ozinifcan, c’eit l'arc-en- queue dont il s’agit dans cet article. Je Le nomme ainfi à caufe d’un arc ou croiflant noir qui paroît & fe defline très-bien fur la queue lorfqu’elle eft épanouie, d'autant qu’elle eft d’une belle couleur jaune, ainfi que le bec & le corps entier, tant deffus que deflous ; la tête & le cou font noirs, — (a) C'eft le rroupiale a queue annelée de Brifen. (db) Tome I], page #9, La véritable orthograrhe _ fauvage ou Brafñiienne de ce mot, Orginitzcan. (c) De avibus nova Hifpanie, cap. LXXXVI & CLVI. {d) Seba, rome I, page 9 7+ Planche LXL fig: 34 oi Hifloiré Naturelle, de. & les aïles de fa même couleur avec ne légère teinte de jaune. 3 i | J’oubiiois de dire que le croiffant de 12. queue a {a concavité tournée du côté du corps de loiïfeau. Seba ajoute qu if a recu d'Amérique = eurs de ces oïfeaux, & q' Luis pi {Tent plufi ua le pays pour des efpèces d'Éfe de proie; peut-être ont-ils les mêmes. habitudes que notre premier trouplale ; d’ailleurs la figure que donne Seba, pré- fente un bec un peu crochu vers la ponte. RE PR ER PAPA ARRET Ath CC ONE PRE LOT Li ED nd GE à LE JAPACANI (0). Jr fais que M. Sloane a cru que fon petit gobe-mouche jaune 7 brun [b), étoit le même que le japacani de Marcgrave ; cependant indépendamment des diffé- rences de plumage, le japacani eft huit fois plus gros, mafle pour maffe, toutes fes dunenfions étant doubles de celles de loifeau de M. Sloane; car celui-ci n’a que quatre pouces de longueur & fept pouces de vol, tandis que felon Marc- grave le japacani eft de a groffeur du bemtère, & le bemtère de celle de l’étour- neau /c); or l’étourneau à plus de huit pouces de longueur & plus de quatorze … (a) C'eft le nom Brafilien de cet oïfeau. Marc- grave, lift. Brafil. page 212; je n’y change riem | parce qu'il peut être prononcé par un gofier Euro- pécen. M. Klein fui a donné le nom de Roffignol jaune à brun, Ordo avium, page 7$, n.° xiIL. En Allemand, Gell-braun-Grafmuke, ré b Poe Hiflory of Jamaica , page 309; (c) Hifh Brafilæ, page 216, ln. 286 Hifloire Naturelle pouces de vol. Il cf difficile de rapporter!| à [a même efpèce deux oïfeaux, & fur-M tout deux oïfeaux RUNEEES de tailles fi différentes. ‘4 Le japacani a le bec noir, long, pointu il un peu coubé , fa tête noiratre, l'iris couleur d’or, Ia partie poftérieure du cou le dos, les An & le croupion variés dell noir & de brun clair; la queue noirâtre par-deflus, marquée de blanc par-deflous ;. la poitrine, le ventre, les jambes variés del jaune & de blanc avec des lignes tran{-w verfales de couleur noiïrâtre, les pieds] bruns, les ongles noirs & points {d). 1 Le petit oïfeau de M. Sloane a le beg rond, prefque droit, long d’un demi pouce; Îa tête & le dos d’un brun clair avec quelques taches noires; la queuel longue de dix-huit lignes & de coule n brune, ainfi que les ailes qui ont un peu de blanc à leur extrémité; le tour des! yeux, la gorge, les côtés du cou & Jesi couvertures de la queue jaunes ; la poitrine de même couleur, mais avec des marques! brunes ; le ventre Po. ; les pieds bruns, (4 ) Voyez Marcgrave, loco citato, du. Japacant. : 287 longs de quinze lignes, & du jaune dans Les doigts. Cet oïfeau eft commun aux environs de San-Jago , capitale de la Jamaïque : il fe tient ordinairement dans les buifions. Son eftomac eft très-mufculeux , & doublé comme font tous les géfiers, d’une mem- brane mince, infenfible & fans adhérence. M. Sloane n’a rien trouvé dans le géfier de l'individu qu'il a difféqué, mais il a obfervé que fes inteftins faïfoient un grand nombre de circonvolutions. Le‘même Auteur fait mention d’une variété d efpèce qui ne diffère de fon petit "oifeau qu’en ce qu’elle a moins de jaune dans fon plumage. Cet oifeau fera fi l’on veutun troupiale ; à caufe de la forme de fon bec, mais ce “era certainement un troupiale autre que le japacani, 288. H bois Nararene LE XOCHITOL RE PRE 1 LE COSTOTOL. M e BRISSON fait ji dixième efpèce ou fon troupiale de la nouvelle Efpagne /a) du xochiiol de Fernandez, chapitre CXX11, que celui-ci dii n'être autre chole que le cofiotol adulte. Or ïl fait mention de deux: coftotols, l’un au chapitre XX VI11, Vautre au chapitre CXLIII, & tous deux fe reflembient afféz: mais s'ils différoient Ai un certain point, il faudroit néceffairement. appliquer ce que dit ic Fernandez au coflotol du chapitre X XVIII, puifquen c'eft au MA CXXII, qui en pa le -comme d'un oïfeau dont il a déjà été quef tion, & que l’autre coftotol, eft commen nous l'avons dit, du chapitre CRETIL Maintenant G lon compare la defcripal ton du xochitol du chapitre CXXII à. celle du coftotol du chapitre XXV111 (a) Ornihologie, tome IT, page 95. où du Xochitol & du Coflotol. 289 @n y trouvera des contradiétions qui ne feront pas faciles à concilier: en effet, comment le coftotol qui étant déjà affez formé pour avoir fon chant, n’eft alors que de la groffeur d’un ferin de Canarie, peut-il parvenir dans [a fuite à celle de l'étourneau ! comment cet oïfeau, qui étant encore jeune, ou fi l’on veut n’étant encore que coftotol, a le ramage agréable du chardonneret, peut-1l étant devenu xochitol , n’avoir plus que le cri rebutant de la pie! fans parler de là grande & trop grande différence qui fe trouve entre les plumages; car le coftotol a la tête & le deffous du corps jaunes, & le xochitol du chapitre CX XII a ces mêmes parties _ noires; celui-là à {es ailes jaunes termmées _ de noir, celui-ci les a variées de noir & de blanc par-deflus & cendrées par- deffous , fans une feule plume jaune. Or toutes ces contradictions s’éva- nouiflent, fr au xochitol du chapitre _CcxXx1I1 on fubfititue le xochitol ou l’oifeau fleuri du chapitre CXXV. Les groffleurs «fe rapprochent puifqu’il n’eft que de celle _ d’un momeau; 1 a Île ramage agréable comme le coftotol, le jaune de celui-cr Oifeaux, Tome YF. NM 290 Hiflotre Naturelle fe trouve mêlé avec les autres couleurs qui varient le plumage de celui-là; ils® font tous deux un bon manger, & de plus le xochitol préfente deux traits de confor-! mité avec les troupiales, car 11 vit comme! eux d’infeétes & de graines, & 1f fufpend fon nid à l'extrémité des petites branches. La feule différence qu’on peut remarquer entre le xochiol du chapitre CXXV & le coftotol, c’eit que celui ci fe trouve dans! les pays chauds, au lieu que l’autre habite indifféremment tous les climais: mais: _n'eft-il pas naturel de penfer que les. xochitols viennent nicher dans Îles pays chauds, où par conféquent leurs peus, c’eft-à-dire , les jeunes coftotols, reftent _jufqu’à ce qu'étant devenus plus grands. c’eft-à-dire, xochitols, ils foient en état de fuivre leurs père & mère dans des pays” plus froids. Le coftotol a le plumage jaune” avec le bout des ailes noir, comme j'ai dit; & le xochitol du chapitre CXXV, à le plumage varié de j jaune pâle, de br de blanc & de noirûtre. Il eft vrai que M. Briflon à fait de ce “dernier fon premier carouge; maïs comme: | il fufpend fon nid précilément à la manière” du Xochitol & du Coflotol 291 des troupiales , c’eft une raïfon décifive de le ranger avec ceux-ci, fauf à faire un autre troupiale du xochitol du chapitre CXX11 de Fernandez, lequel a la groffeur de l’étourneau , la poitrine, le ventre & la queue couleur de fafran , variée d’un peu de noir: les ailes variées de noir & de blanc par-deflus & cendrées par-deffous; _ Ja tête & le refte du corps noirs; le chant _ de la pie & Ia chaïr bonne à manger. C’eft ce me femble tout ce qu’on peut dire d’oifeaux fi peu connus & fr impar- faitement décrits. N i 292 AHifloire Narurelle, dre. LE TOCOLIN (2). f F ERNANDEZ regardoit cet oïlfeau comme un pic à caufe de fon bec long & pointu, mais ce caraétère convient aufli aux troupiales, & je ne vois d’ailleurs dans la defcription de Fernandez aucun des autres caractères des pics; je le laif- ferai donc avec les troupiales où la mis M. Briflon. | I eft de la groffeur de l’étourneau ; if! {e tient dans les bois & niche fur les arbres; ? {on plumage eft agréablement varié de. & les pieds qui font cendrés. jaune & de noir, excepté le dos, le ventre Le tocolin n’a point de ramage; mais! fa chair eft un bon manger ; on le trouve ! au Mexique. De > (a) Son vrai nom c'eft FOcocolin, Fernandez, | page 54, Cap. CCXI ; mais comme j'ai déjà appliqué. ce nom à un- autre oïfeau /rome II, page 489), je lai changé ici en y ajoutant la première lettre” du mot Troupiale. C'eft ie troupiale gris de M. Briflon,w some Îl, page 96, ne 19 at ” ds Le AE a. D ete À LeY “< PRE VRINCEe 2 LC EE Re LT 7 AT AN LAL Lots * LE COMMANDEUR (a). . prie ici le véritable acolchr de Fernandez /b); il doit fon nom de Com- imandeur à la belle marque rouge qu'il a fur la partie antérieure de Vaile, & qui femble avoir quelque rapport avec la marque d’un Ordre de Chevalerie : elle fut ici d'autant plus d’eflet qu’elle fe trouve comme jetée fur un fond d’un noir brillant & luftré; car le noir eft la couleur générale, non-feulement du plu- image, mais du bec, des pieds & des ongles; 11 y a cependant de légères exceptions à faire; Viris des veux eft blanche & Ja bafe du bec eft bordée d’un cercle rouge fort étroit ; le bec eft aufit quelquefois plutôt brun que noir, fuivant * Voyez les Planches enluminées, n° 402. (a) On lui a donné prefque dans toutes les Langues le nom d’Ætourneau-rouges-ailes ; M. Briflon l'appelle 7roupiale à ailes rouges, tome I], page 97: en Latin, {erus prerophænicæus, avis rubeorum hu- erorum ; en Anglcis, Red-winged- flarling ; en Éfpagnol , Commendadoza ; en Mexicain, Acolchichée (5) Hifloria avium novæ Hifpaniæ, cap. 1V. N 5 L 294 Hiffoire Naturelle Albin. Au refte, la vraie couleur de Ia marque des ailes n’eft pas un rouge décidé, felon Fernandez , gnais un rouge affoibli par une teinte de roux qui prévaut avec le temps & devient à la fin la couleur dominante de cette tache: quelquefois même ces deux couleurs fe féparent de manière que Île rouge occupe la partie antérieure & la plus élevée de 1 tache, - & le jaune la partie poftérieure & la plus bafle /c). Mais cela eft- il vrai de tous les mdividus, & n’aura-t-on pas attribué à l’efpèce entière ce qui ne convient qu'aux femelles? on fait qu’en effet dans celles-ci la marque des ailes eft d’un rouge moins vif: outre cela le noir de leur plumage eft melé de gris /d), & elles font auffr plus petites. Le commandeur eft à peu-près de Ia grofleur & de la forme de l’étourneau : il a environ huit à neuf pouces de longueur de la pointe du bec au bout de la queue, & treize à quatorze pouces de vol; il pèle troïs onces & demie. . fc) Albin, tome 1, page 23, | (4) Briflon, rome II, page 98, du Corimandeur, 295$ Ces oïfeaux font répandus dans les pays | froids comme dans les pays chauds; on les trouve dans la Virginie, fa Caroline, ! Ja Louifiane, le Mexique, &c. Ils font propres & particuliers au nouveau Monde, . quoiqu'on en ait tué un dans les environs de Londres ; mais c’étoit fans doute un oïfeau privé qui s’étoit échappé de fa _prifon: ils fe privent en effet très-fici- lement, apprennent a parler & fe plailent ba chanter & à jouer, {oit qu'on Îles trenne en cage, foit qu’on les faïffe courir dans la maïfon; car ce font des orfeaux très- familiers & fort actifs. L’eftomac de celui qui fut tué près de _ Londres ayant été ouvert, on y trouva _ des débris de fcarabées, de este volans & de ces petits vers qui s’engendrent dans les chairs : cependant Hbrihouirriiuret de préférence, en Amérique, c’eft le froment, le maïs, &c. & ils en confomment Dan coup: ces redoutables confommateurs vont ordinairement par troupes nom- * breufes & fe joïgnant comme font nos étourneaux d'Europe, à d’autres oïfeaux non moins nombreux & non moins def- tucteurs, tels que les pies de la Jamaïque, N iïj 296 Hifloire Naturelle malheur aux moïflons, aux terres nouvel. lement enfemencées fur lefquelles tombent ces eflaims affamés! mais ils ne font nulle part tant de dommages que dans les pays chauds & fur les côtes de la mer. Quand on tire fur ces volées combi- nées, il tombe ordinairement des oïfeaux de plufieurs efpèces, & avant qu’on ait rechargé, 1] en revient autant qu’au- paravant. Catefby affure qu’ils font leur ponte dans la Caroline & Ia Virginie, toujours parmi les joncs. Ils favent en entrelaffer les pointes pour faire une efpèce de comble ou d’abri fous lequel ils établiffent leur nid à une hauteur fr jufte & fi bien mefurée qu’ fe trouve toujours au-deffus des marées les plus hautes. Cette conf- sruction de nid eft bien différente de celle : de notre premier trouprale, & annonce un inftint, une organifation & par confé-. quent une efpèce différente. | Fernandez prétend qu’ils nichent fur les | arbres, à portée des lieux habités; cette efpèce auroit-elle des ufages différens felon les différens pays où elie fe trouve! Les commandeurs ne paroïflent à Ia | du Commandeur. 297 Louifiane que l'hiver, mais en fr grand nombre qu'on en prend quelquefois trois cents d’un feul coup de filet. On fe fert pour cette chafie d’un filet de foie très- long & très-étroit, en deux parties comme le filet Pete) « lorfqu'on veut le tendre, dit M. Lepage Duprats, on va nettoyer un endroit près du bois, on fait une efpèce de fentier dont a terre foit bien battue, bien unie, on tend _ les deux parties du filet des deux côtés du fentier fur lequel on fait une traînée de riz ou d autre graine, & l’on va de-là fe mettre en embufcade derrière une Prouffaiile où répond la corde du tirage ; quand des volées de commandeurs paflent au - deflus, leur vue perçante découvre l'appât : PRES defflus & fe trouver pris n'eft l'affaire que d’un inflant: on eft contraint de les aflom- mer, fans quoi il {eroit impoñlible d’en cc cc cc remefler un fi grand nombre /e); au refte on ne leur fait la guerre que comme à des oïfeaux nuïfibles, car quoïqu'ils prennent AY, Lepage Duprats, Hifloire de la Louifiane, tome ÎT, page 534. N v 298 Hifloire Natarelle quelquefois beaucoup de graifle, dans aucun cas leur chair n’eftun bon manger ; nouveau trait de conformité avec nos étourneaux d'Europe. J'ai vu chez M. l'abbé Aubri une variété de cette efpèce, qui avoit la tête & le haut du cou d’un fauve clair: tout le refte du plumage étoit à Pordimaire; cette première varieté femble indiquer que V'oïfeau repréfenté dans nos planches enlu- minées , 7.” 243, {ous le nom de carouge de Cayenne, en eft une leconde, laquelle ne diffère de a première que par la : privation des marques rouges des ailes; ear elle a tout Île refte du plumage de même : à peu-près même groffeur, mêmes proportions; & la différence des climats _p’eft pas fr grande qu on ne puifle aifément fuppofer que le même oïfeau peut s’ha- ‘bituer également dans tous les deux. Il ne faut que jeter un coup d'œil de : comparaïlon fur les planches enluminées, Ai 40 aude 29 fie 2, pour. le perfuader que Poileau repréfenté. dans cette dernière, fous le nom de 7 roupiale de Cayenne, n’eft qu’une feconde variété de l'efpèce repréfentée, n° 402, fousle _ du Commandeur, 299 nom de 7Zroupiale à ailes rouges de la Louifiane, qui eft notre commandeur : c’eft à peu-près la même groffeur, la même forme, les mêmes proportions, les mêmes couleurs diftribuées de même; excenté que dans le n° 2 7 6, le rouge colore non- feulement [a partie antérieure des aïles, mais la gorge, le devant du cou, une partie du ventre & même l'iris. Si lon compare enfuite cet oïfeau du n. 27 6, avec celui repréfenté n° s > 6, fous le nom de 7roupiale de la Guyane [f), On jugera tout auffi {ürement que le dernier eft une variété d'âge ou de fexe du premier, dont il ne diffère que comme la femelle troupiale diffère du mâle, c’eft-à-dire, par des couleurs plus fotbles; toutes fes plumes rouges font bordées de blanc, & les noires, ou plutôt les noirätres, font bordées de gris clair, en forte que le contour de chaque plume fe deffine très- nettement, & que lotleau paroït comme s’il étoit couvert d’écailles ; c’eit d’ailleurs la même diftribution de couleurs, même groffeur, même climat, &c. Il eft {f) Voyez Briflon, tome II, page 1 0 7: | vi 300 Hifloire Naturelle, &re. impoffible de trouver des rapports aufii détaillés entre deux oiïfeaux d’efpèces différentes. J'ai appris que ceux-ci fréquentoient ordinairement Îles favanes dans Fifle de Cayenne, qu’ils fe tenotent volontiers fur les arbuftes, & que quelques -uns leur donnoient le nom de Cardinal. 301 * LE TROUPIALE NOIR (4). L E plumage noir de cet oïfeau lui a valu Îles noms de corneille, de merle & de choucas; cependant il n’eft pas aufii profondément noir, d’un noir aufli uni- forme qu’on l'a dit; car à certains jours ce noir paroît changeant & jette des reflets verdâtres, principalement fur Ja tête & fur la partie fupérieure du corps, de Ia queue & des ailes. Ce troupiale eft environ de Ia groffeur du merle,ayantdix pouces de longueur /b) & quinze à feize pouces de vol; les aïles, dans leur état de repos, vont à la moitié de la queue qui a quatre pouces & demi de long , eft étagée & compofée de douze * Voyez les planches enluminées, n.° $ 34. (a) On a appelé cet oïfeau, Cornix parva profundè nigra, Klein; Monedula tota nigra, Sloane. Nan Hiiflory of Jamaïca , page 299, n.° XIV. En Anglois, Small-black - bird, C’eft le Troupiale noir de M. Briflon, tome 11, page 1 0 7, (b) J'entends toujours la longueur prife de 12 pointe du bec au bout de la queue, 302 Hiflowe Naturelle, &c.. 4 pennes. Le bec a plus d’un pouce, & le doigt du milieu eft plus long que le pied | ou plutôt que le tarie. | Cet oifeau fe plait à Saint-Dommgue, & il eft fort commun en certams endroits de la Jamaïque, particulièrement entre | Spanish - town & Paffage-fort. I a : leflomac mufculeux, & on le trouve : ordinairement rempli de débris de fcara- « bées & d’autres infectes. 4 ; l PR " S RAC, D os 7 RS NS NE SNS Se RE | LE PEIIT TROUPIALE NOIR. J AI vu un autre troupiale noir venant d'Amérique, mais beaucoup plus petit, plus petit même que le mauvis; 1l n’avoit que fix à lept pouces de longueur, & fa queue qui étoit quarrée, n'avoit que deux pouces fix lignes : elle débordoit les ailes d'un pouce. Le plumage étoit tout noir fans excep- tion, mais ce noir étoit plus luftré & SACS des reflets bleuâtres fur Îa tête & les parties environnantes. On dit que cet oïfeau s’apprivoile atfément & qu'il s’ac- coutume à vivre familièrement dans Îa mai{on. L’oifeau repréfenté x. 0 6, fig. 1, de nos planches enluminées, eit vratlembla- blement {a femelie de ce petit troupiale, car il eft par-tout de couleur noire ou noirâtre , excepté fur [a tête & le cou qui font d'une teinte plus claire ou fr l’on veut plus foible, comme cela a lieu dans toutes les feinelles d’orfeau. On retrouve encore dans le plumage de celle-ci les reflets bleus 304 ÆHifloire Naturelle, &'c: qu'on à remarqués dans [e plumage du mâle ; mais au lieu d’être fur les plumes de la tête, comine dans le mâle , ils fe trouvent fur celles de la queue & des ailes.” Aucun Naturalifte, que je fache, n’a fait mention de cette efpèce. L 395 *L£E TROUPIALE À CALOTTE NOIRE, L, ET oifeau me paroît être abfolument de la même efpèce que le troupiale brun de la nouvelle Éfpagne de M. Briflon /a). Pour fe former une idée jufte de fon plumage, qu’on fe repréfente un oïfeau d'un beau jaune avec une calotte & un manteau noir. La queue eft de la même couleur fans aucune tache, mais le noir des ailes eft un peu égayé par du blanc qui borde les couvertures & qui reparoît à l'extrémité des pennes. Cet oïfeau a le bec pris clair avec une teinte orangée & Îles pieds marrons. I fe trouve au Mexique & dans lille de Cayenne. 9 CAL * Woyez les Planches enluminées, n° 533. (a) Tome IT, page 105. \ g 306 17 foire Names pi sl Ja mers = * LE TROUPIALE TACHETÉ DE CAYENNE É ES taches de ce petit troupiale réfultent de ce que prefque toutes fes plumes qui ont du brun ou du noirâtre dans leur milieu, font bordées tout autour d’un jaune plus ou moins orangé fur les ailes, Ja queue & Ia partie dure du corps; & d'un jaune plus ou moins rembrunt fur le dos & toute la partie fupérieure : du corps. La gorge elt fans tache & de couleur blanche : un trait de même couleur qui pafle immédiatement fur l’œil, fe pro- longe en arrière entre deux. traits noirs parallèles, dont lun accompagne le trait blanc par-defflus, & l’autre embraffe l'œil ! par-deffous : l'iris eft d’un orangé vif & prefque rouge; tout cela donne du jeu & de Pexpreffion à la phyfonomie du mâle : je dis du mâle, car la femelle n’a aucune : phyfionomie, quoiqu’elle ait aufli Firis * Voyez les Planches eniuninées, w° 448, fg 1» | le mâle; fig, 2, la femelle, du Trouprale tacheté, &c, 307 erangée : à l'égardde fon plumage, c’eft du jaune lavé qui fe brouïllant avec du blanc fale, produit la plus fade uniformité. Ces oïifeaux ont le bec épais & pointu des troupiales, & d’un cendré bleuûtre, leurs pieds font couleur de chair. On jugera des proportions de leur forme par la figure indiquée ci-deflus. Le carouge tacheté de M. Briflon /a), qui a plufieurs traits de reflemblance avec le troupiale de cet article, en diffère cependant à beaucoup d’égards, non- feulement parce qu'il eft plus de moitié plus petit, mais parce qu'il a longle poftérieur plus fong, liris noïfette , le bec couleur de chair , la gorge noire ainfr que les côtés du cou; enfin le ventre, les jambes, lés couvertures du deflus & du deflous dela queue fans aucunes taches. M. Edwards héfitoit à laquelle des deux efpèces il falloit le rapporter, celle de la grive ou de lortolan; M. Klein /4) (a) Tome II, page 126. (b) Page 9 8. Je ne fais pourquoi M. Klein carac- térile cette efpèce par fa queue relevée, caudä fuper- biens, fi ce n’eft d’après la figure de M. Edwards, planche #5 ; mais on fait qu'un Deflinateur ne 308 Hifoire Natnrelle, de, décide aflez leftement que ce n’eft ni à lune ni à l’autre, mais à celle du pmçon: malgré fa décifion, la forme du bec & l'identité de climat me déterminent pour l'opinion de M. Brifion qui en fait un carouge, repréfente qu'un moment, qu’une atiütude, & qu'il choifit ordinairement le moment Îe plus beau, l'attitude la plus pittorefque, D'ailleurs M. Edwards ne dit rien du port habituel de la queue de cet oifeau qu'il appelle Schomburger ae “ En Q + You PT SAT + | Le « ë *LE TROUPIALE OLIVE DE CAYENNE, dent oïfeau n’a que fix à fept pouces de longueur: il doit fon nom à la couleur olivaure qui règne fur la partie poftérieure ® du cou, fur le dos, la queue, le ventre & les couvertures des aïles; maïs cette couleur n’eft point par-tout la même; plus fombre fur le cou, le dos & les couvertures des aïles les plus voifines, un peu moins fur la queue, elle deviert _ beaucoup plus claire fous le ventre, _ comme aufli fur la plus grande partie des couvertures des aïles les plus éloignées du dos, avec cette différence entre Îles grandes & les petites, que celles- ci font fans mélange d'autre couleur, au lieu que les grandes font variées de brun. La tête, la gorge, le devant du cou & fa poitrine font d’un brun mordoré plus foncé fous la gorge & tirant à l’orangé fur la poitrine où le mordoré fe fond avec la couleur Voyezles Planches enluminées, n.° 606, fig. 2, k 310 Hifloire Naturelle, rc. | olivâtre du deffous du corps. Le bec & les pieds font noirs; les pennes de l'aile & quelques-unes de fes grandes couver- tures les plus proches du bord extérieur, font de la même couleur, mais bordées. de blanc. } Au refte, Ia forme du bec eft celle des troupiales, la queue eft affez longue, : & les ailes dans leur fituation de repos ne | s’étendent pas au tiers de fa longueur. ÿ À nr STE PRE Re À. y haies De EE De, “AR ET = = > PET ÿ se vs SE the pi LP , en Te Ms *LE CAP-MORE. ‘ L E S deux mdividus reprélentés dans les planches 375 © 376, ont été apportés par un Capitaine de vaifleau, qui avoit _ ramaffé une quarantaine d’oifeaux de diffé- Madagafcar, &ç. & qui avoit nommé ceux-ci pinçons du Sénégal. Je leur ai donné le nom de cap -more, à caufe de leur capuchon mordoré, & j'ai fubftitué ce nom qui exprime laccident le plus remarquable de leur plumage, à a déno- mination impropre de troupiales du Sé- Imégal: elle m'a paru nnpropre, ceite dénomination, foit à raïfon du climat indiqué, qui n’eft point celui des trou- piales, foit à*raïon même de l'elpèce défignée; car le cap-more s’éloïgne affez de j’elpèce des troupiales, & par les pro- portions du bec, de fa queue & des aïles, & par la manière dont 1f travaille fon nid, à Voyez les Planches enluminées, n° 375$ le mûle adulte, & 376 Le jeune mäle, tous deux fous le nom de troupiales du Sénégal, rens pays, entrautres du Sénégal, de | 212 Hiffoire Naturelle 1 pour qu'on doive l'en difiinguer par un. nom particulier ; & il pourroit fe faire que . fans être un véritable troupiale, il fût en. Afrique le repréfentant de cette efpèce Américaine. Les deux dont 1l s’agit ici, ont appartenu à une perfonne d’un haut. rang, qui nous a permis de les faire. deffiner chez elle; & cette perfonne ayants jeté un coup d'œil fur. leurs façons de faire, & ayant bien voulu nous commu- niquer ce qu'elle avoit vu, elle nous a: appris fur l’hiftotre de cette efpèce étran- gère & nouvelle tout ce que nous em favons. Le plus vieux avoit une forte de” capuchon brun qui paroiffoit mordoré au {oleik; ce capuchon s 'eflaça à à Ja mue de Parrière - faifon, laïflant à la tête une couleur jaune ; mais il reparut au prin-* temps, Ce qui fe renouvela conftamment” Jes années fuivantes. La couleur principales du refte du corps étoit le jaune plus ou. moins orangé; cette couleur régnoit fur, le dos comme fur fa partie inférieure dus corps, & elle bordoït les couvertures des | ailes, leurs pennes & celles de la queue} Jefquelles avoient toutes le fond noiräâtre. Le! du Cap-more. 41% : Le jeune fut deux ans fans avoir le capuchon, & même fans changer de couleurs, ce qui fut caufe qu’on le prit d’abord pour une femelle, & qu ‘on le deflina fous cette dénomination, °° 2 76. La méprife étoit excufable, puifque dans la: plupart des animaux lé premier âge fait prefque difparoître les différences qui k difinguent les mâles des femelles, & qu'un des principaux caractères de ces dernières confifte à conferver très- long- temps les attributs de Ia jeunefle; mais enfm: lorfqu’au bout de deux ans le jeune troupiale eut pris le capuchon mordoré & toutes les couleurs du vieux, on ne _ put',s’empêcher de le reconnoître pouf _ un mâle. | | 1 Avant ce changement de couleurs, le jaune de fon plumage, étoit d’une teinte plus foïble que dans le vieux: il régnoit fur: Ia gorge, le cou, la poitrine , & bordoïit, comme dans %e vieux, toutes des plumes de la queue & des ailes. Le dos étoit d’un brun olivatre , qui s’étendoit derrière le cou & jufque fur a tête. Dans _ Fun & l’autre, l'iris des yeux étoit me AN le bec doleisé de corne ,:pläs épais & Oifeaux, Lome F. 314 Hifloire Naturelle moins long que. celui du troupiale ,! & les pieds rougeûtres. La Ces deux oifeaux vécurent d’ bord en aflez bonne intelligence dans là même cage ; le plus jeune étoit ordinaïrement fur le bâton le plus bas, ayant le bec:fort près de lPautre; il fui répondoit toujours en. battant de alles & avéc l'air de Ia fubordination. : Comme on s’: aperçu dans l'été qu ls entrelafloient des tiges de mouron dans la grille de leur cage, on prit cela pour l'indice d’une difpofition prochaine à nicher, & on leur. donna de petits brins de joncs, dont ils, eurent bientôt conftruit un nid, lequelavoit aflez de capacité pour que Pun des deux y füt caché tout entier. L'année fuivante ilsrecommencèrent, mais alors le vieux chafla le jeune qui prenoit| déjà la livrée de fon fexe,: & celui-ci fut obligé de travailler à part à l’autre bout: de la cage. Nonobftant une conduite..fi foumife, ilétoit fouvent battu & quelque. fois fi dci ent qu’il reftoit fur la place: on fut obligé de les féparer tout-a-fait, & depuis ce temps ils ont travaillé chacutil de leur côté, mais fans fuite; l'ouvrage du Cap-more. 315 du jour étoit ordinairement défait le lendemain: un nid n'eft pas l'ouvrage d’un feul. Ifs avoïent tous deux un chant fingulier, un peu aïgre, maïs fort gai: le plus vieux eft mort fubitement, & le plus jeune à la fuite de quelques attaques d’épilepfie, Leur grofleur étoit un peu au -deffous _ de celle de notre premier troupiale ; ils avoient aufir les ailes & la queue un peu _ plus courtes à proportion, oÿ 316 Hifloire Naturelle *LE SIFFLEUR J E ne fais pourquoi M. Briflon a fait un balüimore de cet oifeau /4), car il me femble que, foit par la forme du bec, foit par les proportions du tarfe, il eft plutôt troupiile que baluimore. Au refte, je laifle la queftion indécife en plaçant le fiffleur entre Îles balumores & les troupiales, fous le nom vulgaire qu’on lui donne à Saint-Domingue, nom qu’il doit fans doute aux lons : aigus & perçans de fa voix. Fn général cet oïfeau eft brun par- deflus, excepté les environs du croupion-, & les petites couvertures des ailes qui font » d’un jaune verdâtre, commetout le deflous du corps; mais cette dernière couleur eft plus rembrunie fous la gorge, & elle eft variée de roux fur le cou & la poitrine ; les grandes couvertures & les pennes des 1) * Voyez les Planche enluminées, n° 236, fig. re (a) C'eft le Baltimore vert de M, Briflon, tome Il FE 1198 | du Siffleur. 317 ailes, ainfr que les douze pennes de la queue , font bordées de jaune ; mais pour avoir une idée jufte du plumage du fifeur, il faut fuppofer une teinte olive plus ou moins forte, répandue fur toutes fes dié- rentes couleurs fans exception ; d’où ïl réfulte que pour caractérifer cet oïfeau par la conleur dominante de fon plumage, il “eût fallu choïfir l'olive & non pas le vert comme a fait M. Brion. Le fiffeur eft de la groffeur du pinçon, il a environ fept pouces de longueur & dix à onze pouces de vol; la queue qui eft étagée , a trois pouces, & le bec neuf a dix lignes. O ii 318 Hiflore Natarelle *LE BALTIMORE fa). z PT (@ ET oïifeau d'Amérique a pris fon nom de quelque rapport aperçu entre les cou- leurs de fon plumage ou leur diftribution, & les armoiries de Mylord Baltimore. C’eft un petit oifezu de fa grofieur d’un moineau-franc, pefant un peu plus d’une once; qui a fix à fept pouces de longueur, onze à douze de vol, la queue compofée de douze pennes, longue de deux à trois pouces & dépafflant les aïles en repos prefque de la moitié de fa longueur, Une forte de capuchon d’un beau noir lui couvre la tête & defcend par-devant fur BR gorge, & par-derrière jufque fur les épaules; Îles grandes couvertures & les pennes des ailes font pareïllement noires ainfr que les pennes de la queue, mais les premières font bordées de blanc & les * Voyez les Planches enluminées, n° 506, fig. 1, _ (a) C’eft le Balimore de M. Briffon qui en a fait fon dix-neuvième troupiale, tome Il, page 1093 & le Baltimore-bird de Cateiby, tome 1, page & planche 48 r dm Baltimore, 319 dernières ont de l’orangé à leur extré- mité & d'autant plus qu’elles s ’éloignent davantage des deux pennes du milreu qui n’en ont point du tout ; le refte du PR eft d'unitrès-bel orangé , enfin le: bec & les ‘pieds font de couleur de plombil) La femelle que j'ai obfervée dans Ie Cabinet du Rotï, avoit toute la partie antérieure d’un beau noir, comme le mâle, la queue de la même OMEtE: Les grandes couvertures & les pennes FE ailes noï- râtres, le tout fans aucun mélange d'autre couleur M b); & tout ce quiet d’un ff bel orangé dans le mâle, elle Favoit d’un rouge terne. J'ai dit plus haut que le bec des balti- mores étoit non-feulement plus court à proportion & plus droit que celui des carouges, des troupiales & des cafliques, mais d’une forme particulière : c’eft celle d’une ren à cinq pans, dont deux pour le bec fupérieur, & trois pour le bec inférieur. J’ajoute qu'ils ont le pied (8) M. Ballon à remarque que l'oifeau donné par Catelby pour la femelle du baltimore bâtard, paroit être plutôt celle du baltimore véritable, O 1j Li 320 Hifloire Naturele, re. 4 ou plutôt le tarfe plus grêle Liu: les carouges & les troupiales, Les baltimores difparoïffent l'hiver, ‘&ù | moins en Virginie .& dans le Maryland À où Cätefby les a obfervés. Es fe trouvent auffi dans fe Canada; mâis Catefby n’en à point vu dans Îa En | Ils font leurs nids fur les plus tint il arbres, tels que peupliers, tulipiers, &c. is Pattachent à l'extrémité, d’une groffé branche, &.ül eft ordinairement foutenu | par Fi à petits rejetons. qui entrent. dans | fes bords: en quor les nids des baltimores | me paroiflent avoir du rapport avec celui de nos loriots. ÜXLE BALTIMORE BÂTARD. O Nha fans doute appelé cet oïfeau bas ‘ parce que Îles couleurs de fon plumage font moins vives que celles du bañimore, & qu'à cet égard on l’a confidéré comme une efpèce abâtardie: & en eflet, for qu'on s’eft affuré par une comparailon exacte que ces deux oiïfeaux font reffem- blans prefque en tout /a4), excepté pour les couleurs, qu’ils ne diffèrent, à vrai dire, que par les teintes des mêmes couleurs diftribuées prelque ab{olument de même, on ne peut guère fe difpenfer d’en con clure que le baïtimore bâtard n’eft qu'une variété de l’efpèce franche, variété dégé- nérée, foit par l'influence du climat, er par quelqu’autre caufe. Le noir de [a tête eft un peu marbré, celui de fa gorge eft pur; la partie du coqueluchon qui tombe par-derrière eft d’un gris olivätre qui fe fonce de plus en plus en approchant du * Voyez les Planches enluninées, n° $fo6, fg 235 & Ornithologie de Briffon, tome I1, page 37, (a) Le bitard a les ailes un peu plus courtes, ; O v 322 Hifloire Naturelle, Pc. dos. Prefque tout ce qui eft d’un orangé {x brillant dans Pautre, eft dans celui-ci d'un jaune tirant fur lorangé, plus vif fur la poitrme & fur les couvertures de fa queue que par-tout ailleurs. Les ailes font brunes, mais leurs grandes couvertures & leurs pennes font bordées de blanc fale, Des douze pennes de fa queue, les deux du miliea font noirâtres dans leur partie moyénne, olivâtres à leur naïflance & marquées de jaune à leur extrémité: [a fuivante de chaque côté préfente les deux premières couleurs mêlées confufément, & dans les quatre pennes fuivantes les deux dernières couleurs font fondues enfemble. En un mot le baltimore- franc eft au baltimore bâtard , par rapportaux couleurs du plumage, à peu-près ce que celui-ci eft à fa femelle: or cette femelle a les couleurs du deffüs du corps & de la queue lus ternes, & le deflous du corps d’un Élane jaunâtre, | | | 323 * LE CASSIQUE JAUNE DEL B ER ES LE: LU | O U L'YAPOU (a) E N comparant les cafliques aux trou= piales, aux carouges &c aux baltimores, avec leiquels ils ont beauc: oup de chotes communes, on s’apercevra qu'ils font plus gros, qu “ls ont le bec plus fort, & les p'eds plus courts à proportion, Ans parler du : caractère de leur phyfionomie, aufft facile à:faifir par le coup d’æil;! ou même 3 : * Voyez les Plañches enluminées, n° 184 [a) C’eft un oifeau fort app’ochant du caffique jaune de M. Briffon, rome 11, page. Too, & de da pie du Bref de, Beion, -Nature des, Oifeaux, pagt 292. On lui a donné plufieurs noms Latins’, Picu, Picus m'nor, Cia nioras, &C. Én-la: en, Gaza du Zola 4 Terra nüova. En Any ois, Plack and gellow daw of Brafl: en François,” Cul j jaune ; Barrière ajoute, de da perite epéce , Er. équinoxia €, page 142 ; mais H eft évident que ce fonf ceux dont j'ai parlé. ci-deilus qui iont les ‘petit: culs Jaunes, ayant à peu-pres ke grofleur de l'aiouette. vJ 32 24 Æiffoire Naturelle _ à exprimer dans une figure que difficile # rendre avec le {eul pinceau de la paréle, Plufieurs Auteurs ont donné fa def. criptiom &. la, figure dy caffique- jaune , fous différens noms, & il y a à peine deux de ces figures ou de ces defcriptions qui s'accordent parfaitement. Mais avant ÿ : L | d’entrer dns le détail de ces variétés, LR eft bon d’écarter tout-à-fait un oïfeau qui ne paroïr avoir des différences trOp CaraC+ tériées pour appartenir même de:loin'à Pefpèce de Pyapou; c’eft la pie de Perfe d’Aldrovande /b) : ce Naturalïfle ne l'a décrite que d’après un deflin qui lui avoit été envoyé de: Vepile; il la jugeide : a grofleur de! notre: rpie ; fa ‘couleur domi nante n’eft pas le noir , elle eft feulement rembrunie ffubfufeur de elle.a fe bec fort épais, un peu court (reviufculum) & blanchätre, les yeux blancs & les ongles | petits; tandis que notre yapou n'eft guère plus gros que le merle, que tout ce qui eft noir dans fon phumage eft d’un noir décidé ; que fon bec. at aflez long: & de couleur de foufre, Ÿ Ans de fes yeux “AP Tue J, page 793: du Caffique janne du Brefil, rc. 32 $ couleur de faphir, & fes ongles:aflez forts, felon M. Edwards, & même bien forts & crochus, felon Belon. On ne-peut guère douter que des oileaux fi diflérens n’appariennent à des efpèces différentes, {ur-tout fi celui d’Aldrovande étoit réelles ment originaire de Perle, comme on le lui avoit dit, çar l’yapou eft certainement - d'Amérique, Les couleurs principales de ce divit font conflamment le nojr & le jaune, mais. Ja diftribution de ces couleurs n’eft pas [a même dans tous les individus obfervés : . ar exemple, dans celui que nous avons Led defliner tout eft noir, excepté le bec & l'iris des Yeux, comme nous venon$ de le dire. & encore les grandes cou- vertures des ailes les plus voifines du Corps gr font jaunes , ainfi que toute fa partie ftérieure du corps tant deffus que def- fous , depuis & compris les cuifles jufques & par-delà la moitié de la queue. Dans un autre mdividu venant de Cayenne, qui efl au Cabinet du Roi, & qui eft plus gros que le précédent, il y a moins de jaune fur les ailes & point . 0: DEL 3 26 Hifloiré Naturelle du tout au bas de [a jambe ; enfin Îes pieds paroïffent plus forts à Proportogs ce peut être le mâle. nd :} Dans la pie noire & jaune de M. Edwards, qui eft évidemment le même oï eau que le nôtre , il y a fur quatre ou cinq des couvertures jaunes des aïles une tache noire près de leur extrémité: outre cela le noir du plumage a des reflets couleur de pourpre, & l olfeau paroît être ‘un peu plus gros. Dans l'yapou ou le jupujuba de Marc- grave [c), la queue n’eft mi- parie de noir & de jaune que par- -deffous, Car fa face fupérieure eft toute noire, excepté Ja penne lé plas extérieure L chique côté, qui eft jaune juiqu’à la moitié de fa longueur. I fuit de toutes ces diverfités, que les co leurs du plumage ne font rien ,moins | que fixes & conftantes dans cette elpéce, ï & c’eft ce qui ine féroit pencher à à croire avec Marcgr ve que loifeau appelé par” h (€) Hiloria Brafiliæ, page 393. ‘4 - dé éux -| dE “ du Caffique jaune du Brefil, rc. 3 27 M. Briflon, caffique roue, eft encore une variété dans cette elpèce / d): j'en diraï les raïlons plus bas. (d) Vidi quoque toraliter nigras, dorfo Janguiner coloris, Marcgrave , loco ciatos ATÉ Dr 2%, CS 6 sé È É ETS CZ) \ AN | TP t — À Na: ne. S > 2. # O À >? : } ' di . iflotre Naturelle, L 8 el 4 : LE VARIÉTÉ DE L'YAPOU. Le CASSIQUE ROUGE DU BRESIL ou LE JUuPUBA *, Ce nom eft l’un de ceux que Marcgrave donne à l’yapou, & je lapplique au caflique rouge de M. Briflon , parce qu’il lui reflemble exactement dans les points efflentiels ; mêmes proportions, même groffeur, même phyfionomie même bec, mêmes pieds, même noir-foncé {ur la plus grande partie du plumage; ïl eft vrai que la moitié inférieure du dos eft rouge au lieu d’être jaune ; & que le deffous du corps & de la queue eft noir en entier; mais cette différence ne peut guère être un caractère fpécifique, dans une efpèce fur - tout où les couleurs font très- variables, comme nous avons eu occafion de Îe remarquer plus haut; d’ailleurs le jaune & le rouge * Voyez les Planches enluminées, n° 482, La bafe du bec s'étend beaucoup fur le front & y forme un angle rentrant aflez profond qui ne peut paroïtre dans le profil, Voyez l'Ormihol, de Brifion, tome Î1, page 968, : Variété de l'Yapon, 329 font des couleurs voifines , analogues, fujettes à fe mêler, à fe fondre enfemble dans orangé qui ft la couleur intermé- diairé, ou à {e rémplacer réciproquement, _ & céli par la feule différence du fexe, de l’âge, du climat ou de la faïfon. ‘Ces oïfeaux ont environ douze pouces de longueur, dix-fept pouces de vol, Ia fangue fourchue & bleuâtre, les deux _ pièces du bec recourbées également en bas, În première phalange du doigt extérieur de chaque pied unie & comme foudée à celle du doïret du milieu, fa queue compofée de douze pennes, & le _ fond des plumes blanc, tant fous le noir _ que fous le jaune du plumage. Ils conftruifent leurs nids de feuilles de gramen entrelaflées avec des crins de cheval & des foïes de cochon, ou avec des produétions végétales qu'on a prifes pour des crins d'animaux : ils Jeur donnent la forme d’une cucurbite étroite furmontée de fon alambic : ces nids font bruns en dehors, leur longueur totale eft d’environ eh pouces , maïs la cavité intérieure n'eft que d’un pied; la partie fupérieure eft pleine & maflive fur la longueur d’un ue 330 Hifioire Naturelle, érc. demi-pied, & c’eft par-là que ces oifeaux les fufpendent à l'extrémité .des petites branches. On a vu quelquefois quatre cents de ces nids fur -un feul arbre, : de ceux que les Brafiliens appellent wi; & comme les yapous pondent trois fois l’année , on peut juger de leur prodigieufe multiplication. Cette habitude de nicher ainfi en fociété fur un même arbre, eft un trait. de conformité qu'ils ont. avec nos choucas, | 1: 348 *LE CASSIQUE VERT DE CAYENNE. | J E n'aurai point à comparer ou à con cilier les témoignages des Auteurs au fujet | de ce caflique, car aucun n'en a parlé, Aufli ne pourrai-je rien dire moi-même de fes mœurs & de fes habitudes. IL eft plus gros que les précédens, il a le bec plus épais à fa bafe & pluslong, il paroît avoir aufli les pieds plus Ar ss égar lement courts. On l’a très- Hit nommé | cafique vert, car toute la partie anté- Vrieure tant deffus que deffous & compris les couvertures des ailes, eft de cette | couleur ; [a partie poftérieure eft marron ; les pennes des ailes font noires ; celles de la queue en partie noires & en partié jaunes ; les pieds tout-à-fait noirs, & Îe bec rouge dans toute fon étendue. Ce caffique a environ quatorze pouces de longueur, & dix-huit à dix - neuf de vol. F Voyez les Planches enluminées, n° 328, CZ A à = * Hifloire Naturelle 4 2% à Enr TT -$ 2 33 * LE CASSIQUE HUPPÉI DE CAYENNE. | EU encore ici une efpèce nouvelle & la plus grande de celles qui font pars venues à notre connoïfflance; elle a Îe: bec plus long & plus fort à proportion que toutes les autres, mais fes aïles fontl plus courtes ; Ja longueur totale de l’oiïfeau eit d'environ dix - huit pouces, celle den la queue de cinq pouces, & celle du bec“ de deux pouces ; il eft outre cela diftingués des eipèces précédentes par de petitesu plumes qu’il hérifle à volonté fur 1e fommet de fa tête, & qui lui font une efpèce de huppe mobile. Toute fa partié" antérieure de ce caffique, tant deflus quen deflous, compris les ailes & les pieds M eft noire, toute la partie poftérieure efl« marron foncé. La queue qui eft étagée a les deux pennes du milieu noïres comme: celles des aïles, maïs toutes Îes latéralesh L | | * Voyez les Planches enluminées, n° 344. du Caffique huppé de Cayenne. 333! font jaunes; le bec eft de cette dernière couleur. J'ai vu au Cabinet du Roï un individu dont les dimenfions étoient un peu plus oibles, & qui avoit la queue entièrement jaune; mais je n’oferois affurer que les deux pennes intermédiaires n’euffent point été arrachées, car 1 n’y avoit que huit pennes en tout. Le 334 Hifloire Naturelle, érc. sh *LE CASSIQUEN DE LA LOUISIANE 44 E blanc & le violet changeant, tantôt méêlés enfemble & tantôt féparés, com pofent toutes les couleurs de cet oifeaus If a la tête blanche ainfr que le cou, Iei ventre & le croupion; les pennes des ailes! & de Ia queue font d’un violet changeant & bordées de blanc, tout le refte dun plumage eft mêlé de ces deux couleurs. C’eit une efpèce nouvelle , tout récem=* ment arrivée de Îa Chute on peutl ajouter que c’eft le plus petit des caffiquesh connus : 1] n’a que dix pouces de longueur! totale, & {es aïles, dans leur état de repos;s|. ne s'étendent que jufqu' au milieu de Ha}: queue qui eft un peu étagée. 1 * Voyez les Planches enluminées, n° 646, ET SE ES Le. à *LE CAROUGE (a). E N général les carouges font moins gros & ont le bec moïns fort à proportion que les troupiales ; celur de cet article a le plumage peint de trois Couleurs diftribuées ar grandes males: ces couleurs font, 1. le brun rougeäâtre qui règne fur toute la partie antérieure de loiïfeau, c’eft-à- dire, la tête, le cou & la poitrine; 2.° le noir plus ou moins velouté fur’ le dos, les pennes de la queue, celles des'ailes & fur leurs grandes couvertures, &'même fur le bec & les pieds : 3° enfin l’orangé * Voyez les Planches enluminées , n° 535, fig. 1e _ fa) En Latin, Zéerus minor, Turdus minor varius Xanthornus minor: en François, Carouge; quelques- uns Jui ont donné lé nom d’ofeau de Banara, comme au Troupiale. ; M. Briflon le regarde tome 11, page 116, comme le même oifeau que le Xéchitol altera de Férnandez, cap, CXXV, dont j'ai parlé plus haut, cependant il conftruit fon nid différemment dans le même pays, & d'ailleurs le plumage n'eft point du tout le même, ce qui auroit dû être pour M. Briflon une raifon décifive de ne point rapporter ces deux oifeaux à la même efpèce, % Fs 336 Hiflore Natarelle foncé fur les petites couvertures des ailes; le croupion & les couvertures de la queue, Toutes ces couleurs {ont plus ternes dans la femelle. La longueur du carouge eft de fept pouces, celle du bec.de dix lignes, celle de la queue de trois pouces & plus ; le vol de onze pouces, & les ailes dans leur état de repos s'étendent jufqu’à la moitié de la queue & par- delà. Cet oifeau a été envoyé de la Martinique; celui de Cayenne, repréfenté, planche 6 0 7, JS: Ts en diffère parce qu'il eft plus petit; que l'efpèce de coqueluchon qui couvre :la tête, le cou, &c. eft noir, égayé pat quelques taches blanches fur les côtés du cou, & par de petites mouchetures rougeâtres fur le dos; enfin, parce que les grandes couvertures & Îles pennes moyennes des ailes font bordées de blanc; mais ces différences ne font pas à mon, avis. ft confidérables qu'on ne puiffen regarder lé carouge de Cayenne commen une variété dans lefpèce de Ja Martis nique. On fait que celle-ci conftruit desi nids tout-à-fait finguliers. Si lon coupe un globe creux en quatre tranches égales, la, forme. du Carouge. - 337 forme de l’une de ces tranches fera celle du nid des carouges; ils favent le coudre fous une feuille de bananier qui lui fert * d’abri & qui fait elle-même partie du nid; le refte eit compofé de petites fibres de feuilles / 2). IL eft difficile de reconnoïtre dans ce qui vient d’être dit, le roffignol d'Efpagne de M. Sloane /c), car cet olfeau eft plus petit que le carouge felon toutes fes dimen- fions, n'ayant que fix pouces Anpglois de longueur & neuf de vol; il a le plumage _ différent, & ïl conftruit fon nid fur un _ out autre modèle; ce font des efpèces _ de facs fufpendus à l'extrémité des petites “branches par un fil que ces oïfeaux favent _ filer eux-mêmes avec une matière qu'ils tirent d’une plante parafite, nommée barbe de vieillard; fl que bien des gens ont pris mal-à-propos pour du crin de cheval. L'oïfeau de M. Sloane avoit la bafe du __ (b} Noyez l'Ornithologie de M, Briflon, rome 11, Page 117 | {c) Nat Hiflosy of Jamaica, page 299,n°° 16 vd 17, En Anglois, Spanish Nivhringalk, Warcky «Pichet, American hang-nefl Oifeaux, Tome V, P 338 Hifloire Natarelle à bec blanchätre & entourée d’un filet noir, | le fommet de fa tête, le cou, le dos & la queue d'un brun diér ou plutét d'un gris rougeñtre ; les ailes d’un brun plus foncé, varié de quelques plumes blanches, Ja partie inférieure du cou marquée dans - fon milieu d’une ligne noire; les côtés du cou, la poitrine, & le yentre de couleur feuille morte. | } M. Sloane fait mention d’une variété ‘âge ou de fexe, qui ne différoit de l'orieau précédent que parce que le dos . étoit plus jaune, la poitrine & le ventre d’un ; jaune plus vif, & qu'il y avoit plus» de noir fous le Dre | Ces oïfeaux habitent les boiïs & chantent affez agréablement. [ls fe nourriflent d’in-* feftes & de vermifleaux, car on en am trouvé des débris dans pe eftomac ou Leur foie eft partagé en un grand nombref de lobes, & de couleur noirûtre. } J'ai vu une variété des carouges de Saint-Domingue, autrement des culs 4 jaunes de Cayenne, dont je vais parler, ! laquelle approchoit fort de la femelle du carouge de a Martinique, excepté qu elle Re me À Caroñge: 329 avoit la tête &-le cou plus noirs; cela me confirme dans l'idée que. Ja Hlupart de ces efpèces font. fort voilines | &* -que malgré notre attention continuelle à en réduire le nombre, nous pourrions encore mériter le reproche de les. avoir tro multipliées , fur-tout à égard des oïfeaux _ étrangers qui font. fr peu obfervés & 4 peu connus. | < 6 Hiffoire Nargrelle NL LE PETIT CUL - JAUNE. DE. CAYENNE (a). C: EST le nom que l’on donne quil | cette ille à l’oifeau. repréfenté dans les, planches enluminées, n°5, fig. 1, fous leu nom de.carouge du Mexique ; & fig. 2, fous le nom de carouge de Saint-. Domingue; c’eft le mâle & la femelle. Is ont un jargon à peu-prés femblable à \ celui de notre loriot & pénétrant comme Fe de la pie. | | Es. fufpendent leurs nids en forme de bourfes à l'extrémité des petites branches, comme les troupiales ; maïs on n’aflure que c’eft aux branches longues & dépourvues, (a) On leur aohRe à Saint-Domingue le ” de Demoifelle; & M. Edwards celui de Bonannas M. cet tome ÎT, pages 118 à 1217, croit} ! que c’eft l’Ayoguantototl de Fernandez, cap, CCVII ÿ &x la vérité eft que l'Ayoguanrotolt eft à peur près ae même groffeur, & qu'en général il a dans fon . plumage du noir, du jaune & du blanc, commen nos Cul-jaunes : mais Fernandez ne dit rien de Îa: diftribution de ces couleurs, ni de ce qui pourrait caraclérifer l'efpèce, du petit Cul-jaune de Cayenne. "34% de rameaux des arbres qui ont la tête mal faite, &,.qui font penchés fur une rivière: on ajoute que dans chacun. de ces nids il y a de petites féparations où _ font autant de nichées, ce qui n’a point été obfervé dans les nids des troupiales. Ces oïifeaux font extrêmement rufés & difficiles à furprendre ; ils font à peu-près de la groffeur de Falouette, ils ont huit pouces de longueur, douze à treize pouces de vol, la queue étagée, longue de trois à quatre pouces, dépaflant de plus de Ja moitié de fa longueur lPextrémité des aïles en repos. Les couleurs principales des deux individus repréfentés au #5, font le jaune, & le noir: dans Ia fo, 1, le noïr règne fur la gorge, le bec, lefpace compris entre le bec & l'œil, les grandes couvertures & Îles pennes des ailes, Îles pennes de la queue & les pieds; le jaune fur tout le refte; maïs il faut remarquer que les pennes moyennes & Îes grandes couvertures de l’aile font bordées de blanc, & que les dernières font quelquefois toutes blanches /2), Dans la ffg, 2, une partie : | (8) Voyez Edwards, Planche 243. | | P ii # SR L 342 Hifloire Naturelle x 1 des petites couvertures des ailes, les jambes & le ventre jufqu’à la queue font j jaunes, tout le refte éft noir. : On peut rapporter à cetté cfpèce comme! variété, 1. * Jecarouge à tête jaune d’ A= mérique de M. Briflon (c) qui a en efet le fommet de la tête, les petites couver-. tures de la queue , celles des aïles & le bas dé la jambe jaune, &' tout le refte noir ou noiïrâtre : il aenviron huit pouces. de longneur, douze EPS de vof, Ia queue étagée, compofé ée de douze pennes- ri longue Fa près de quatre pouces. ” Le carouge de P ifle Sant-T'homas (4) qui à a aufli le plumage noir, à la réferve d'une tache jaune ‘jetée fiés petites couvertures des: ailes. IT a [a queue come. pofée de douze pennes ; étagée comme. dans les cui-jatinés, mais un peu pluse fc) Tome VI, page 38. ie d , Répréfenté dans les Planches enluminées, n° f}5, ji 2, Celt le caïouge de Cayenre de M. Briflon,, ‘ome[l, page 127, | (e) Nota Que dans la fig, 2,n. $, le Defhs nateur à fait la queue trop courte & le bec top one, 3 longue fe). M. ae a defliné un. Re 2 il ” du petit Cul-jaune de Cayenne. 34% . individu de la même efpèce, planche 3 22, _ qui avoit un enfoncement remarquable à li bafe du bec fipérieur. 3.° Le jamac “de Marcgrave {f) qui n’en diffère que trés-peu, quant à la grofleur, & dont lès couleurs font les mêines & à peu-près diftribuées de la même manière que dans là fig. r, excepté que la tête eft noire, que le blanc des aïles eft raffemblé dans une feule tache, & que le dos eft traverfé . d’une aile à l’autre par une ligne noire. 24 (. f) Hiflor, Brafiliæ, page 198. C’eft le Caronve du Brefil de M, Brion, tome 11, page 120, P üÿ ‘tal ëre. Er 4 Hifloire Nar urelle, MEAT. di NT PE A TRES TL UR Eire 1 # LES COIFFES JAUNES (a). Cr font des carouges de Cayenne qui ont le plumage noir, & une efpèce de coiffe jaune qui recouvre la tête & une partie du cou, mais qui defcend plus bas par - devant que par- derrière. On auroit dû fure fentir dans Îa figure un trait noir qui va des narines aux yeux & tourne autour du bec. L/mdividu repréfenté dans la planche 3 43, paroïît notablement plus grand qu'un autre individu que j'ai vu au Cabinet du Roï: eft-ce une variété d’âge ou de fexe ou de climat, ou bien un vice de fa préparation! je Pignore ; mais c’eft d’après cette variété que M, Briflon a fait fa defcription ; fa groffeur eft celle d’un pinçon d’Ardenne: il a environ fept pouces de longueur & onze pouces. de vol, *X Voyez les Planches enluminées, n° 343. (a) C’eft Le carouge à tête jaune de M. Briflon, tome 11, page 124, & l'érourneau à tête jaune de M. Edwards, Planche 327, ÆOAR 345 LE CAROUGE OLIVE DE LA) L'OUISIANE. Lx ST loïfeau repréfenté dans Îes planches enluminées, n° 607, figure 2, fous le nom de carouge du cap de Bonne- efpérance /a), J'avois foupçonné depuis long - temps que ce carouge, quoique apporté peut-être du Cap de Bonne-eipé- ‘rance en Europe, n’étoit point originaire d'Afrique, & mes foupçons viennent d’être Tufifiés par l'arrivée récente /er ottobre 1773), d'un carouge de a Loui- frane, qui eft viliblement de là même efpèce, & qui n’en diffère abfolument que par la couleur de fa gorge , laquelle eft noire dans celui-ci, & orangée dans celui-h. Je fuis: bérfuadé qu’il en fera de même de tous les prétendus carouges & troupiales de l’ancien continent, & que Ton reconnoïtra tôt ou tard, ou que ce font Ke CHERE d’une autre rs y OU {a) M. Brion Fa: ‘donné fous le même nom de carouge du cap, tome Il, page 128, Y 346 H, loire Naturelle, rc. que leur patrie véritable, - Leur - Climat originaire elt l'Amérique, - 5 Le carouge olive de Ia Ébbifans a en. effet beaucoup d’olivâtre dans fon plu- mage, principalement fur la partie lupé- ricure 4 ÇOTps;, mais cetie couleur, na sas la même teinte par- tout: fur Le fommet de. la tête elle eft: fondue avec du gris; derrière lé’ cou, fur le dos, les épaules, les ailes & la queue avec du brun; fur le croupion & l’origine de fa queue avec un brun plus .chur; fur Jes flancs & les jambes avec du jaune: enfin elle borde les grandes, couvertures. & les ennes des ailes, dont le fond. eft. brun. Qi le deffous du corps eit jaune, excepté la gorge qui eft orangée ; le bec & les pieds font d’un brun cendré. Cet oifeau a à peu-près la groffeur du moineau-franc ; fix à fept pouces de, lon- gueur, & dix à onze pouces de. vol. Le bec après d'un pouce ,.&: la queue deux pouces &, plus: celle-ci eft quarrée & compofée.de. douze, pennes. Dans l'aile c’eft la RÉRIEE penne qui eft la plus : La confirution ‘du nid dupicis & du galgulus, étant à peu-prés la même & fort reffemblante à celle du loriot, on en peut conclure qué dans ces deux paffages ‘il s’agit de notre loriot fous deux noms ._ différens; maïs que le galoulus foit le même oifeau ‘ | que Paris iferus & que l'ales luridus., c'eft ce qui eft . ‘démontré par les deux paflages fuivans. Avis iéterus & ES £ (T4 : ‘socätur aricolore, qua” fi ifpectetur, fanari id malun (regium) tradunt, à avem mort; hauc puto launé 352 Hifloire Naturelle oifeau que le chlorion. Quoi qu'il en foit, le Ioriot eft un oïfeau très-peu fédentaire, qui change continuellement de contrées & femble ne s'arrêter dans les nôtres que pour faire Pamour, ou plutôt pour accomplir la oi impofée par la Nature à tous les êtres vivans, de tranfmettre à une génération nouvelle l'exiftence qu’ils ont reçue d’une génération précédente , car l'amour n’eft que cela dans la langue des Naturaliftes. Les loriots fuivent cette loi avec beaucoup de zèle & de fidélité : dans nos climats c’eft vers le: milieu du printemps que le mâle & la femelle fe recherchent, c’eft-à-dire, prefque à leur arrivée. Ils font leur nid fur des arbres élevés, quoique fouvent à une hauteur fort médiocre ; ils le façonnent avec une fingulière induftrie & bien différemment de ce que font les merles, quoïqu’on ait placé ces deux efpèces dans le inême vocari galgulum, b.XXX, cap. XI. {CHerias (lapis) aliti lurido fimilis, idee exiflimatur Jalubris. contra regis morbos, lib. XXXVIT, cap; x. D'ailleurs ce .que Pline dit de fon galeuius ,:ib,. X ; cap :XXV., Gura \fætum eduxere abeunt, convient -tout-à-fait à notre loriot, : , SE TUUEQU | in icés du Lorot. 352 genre. Îls lattachent ordinairement à Ia bifurcation d’une petite branche & ïls enlacent autour des deux rameaux qui forment cetie bifurcation de longs brins de paille ou de chanvre, dont les uns allant droit d’un rameau à l’autre forment le bord du nid par-devant, & les autres pénétrant dans le tiffu du nid, ou paflant AE par-deflous & revenant fe rouler fur le rameau oppofé, donnent la folidité à l'ouvrage. Ces fongs brins de chanvre ou de paille qui prennent le nid par- deffous, en font l’enveloppe extérieure : 1e matelas intérieur , deftiné à recevoir les œufs, eft tiffu de petites tiges de gramen, dont les épis font ramenés fur la partie convexe & paroiflent fr peu dans Îa partie concave, qu'on a pris plus d’une fois ces tiges pour des fibres de racines; enfin entre le matelas intérieur & lenveloppe extérieure il y a une quantité affez confi- dérable dé moufle, de lichen & d’autres matières femblables, qui fervent, pour aimfi dire, d’ouate intermédiaire & rendent le nid plus impénétrable au dehors, & tout-à-la-fors plus mollet au dedans. Ce nid étant ani préparé, la femelle y dépole 354. Hiffoire Naturelle quatre ou cinq œufs, dont le fond blancs fale eft femé de quelques petites taches bien tranchées, d’un brun prefque noir, & plus fréquentes fur le gros bout que par-tout ailleurs; elle les couve avec affiduité l’efpace d’environ trois femaines, : & lorfque Îes petits font éclos, non- feulement ellé leur continue fes foins affectionnés pendant très-long-temps (d}; mais elle les défend contre leurs ennenris & même contre l’homme, avec plus d’intrépidité qu’on n’en attendroit d’un fi peüt oïfeau. On a vu le père & 11 mère s’élancer courageufement fur ceux qui leur enlevotent leur couvée, & ce qui eft encore plus rare, on a vu fa mère, prife avec le nid, continuer de couver en cage & mourir fur fes œufs. Dès que les petits font élevés, la familié fe met en marche pour voyager; c’eft ordinairement vers la fin d'août ou le commencement de feptembre ; ïls ne fe. réuniflent jamais en troupes nombreufes, .(d) Les petits //oriots) fuivent long-temps leurs père & mère , dit Belon, jufqu'a ce qu'ils aient bien appris à fe pourchaffer eux-mêmes, Mure des Oijeaux, page 293: du Loriot. 3155 . ils ne reftent pas même affemblés en famille, car on n’en trouve guère plus de deux ou trois enfemble. Quoiqu’ils volent peu légèrement & en battant des _aïles, comme le merle, il eft probable qu’ils vont pafler leur quartier d’hiver en Afrique, car d’une part, M. le chevalier des Mazy, Commandeur de lordre de Malte, m'afflure qu'ils paflent à Malte dans dermois de feptembre & qu'ils re- paflent au Pont & d'autre part, Thévenot dit qu’ils paflent en Égypte au mois de mai & qu'ils repañlent en feptembre (e). I! ajoute, qu’au mois de mai ils font très-gras ; & alors feur chair eft un bon manger. Aldrovande s'étonne de ce qu’en France on n’en fert pas fur nos tables /f). Le loriot eit à peu- près de la groffeur du merle, il a neuf à dix pouces de Ion- gueur, feïze pouces de vol, a queue d'environ trois pouces & demi, &le bec de quatorze lignes. Le mâle eft d’un beau jaune fur tout le corps, le cou & la tête, {e) Voyage du Levant, rome T, page 49 Le {f) Ornithologie, rome I, page 861: 356 Hifloire Naturelle à l'exception d’un trait noir qui va de l'œil à l'angle de l’ouverture du bec. Les ailes font noires, à quelques taches jaunes près de terminentia plupart des grandes pennes & quelques-unes de leurs couvertures ; Ja queue eft auffr mi-parte de jaune & de noir, de façon que le noir règne fur ce qui paroît des deux pennes du milieu, & que le faune gagne toujours de plus en plus {ur les pennes latérales, à commencer de l'extrémité de celles qui fuivent immé- diatement les deux du milieu: mais il s’en faut bien que le plumage foit le même dans les deux fexes; prefque tout ce qui eft d’un noir décidé dans le male n’eft que brun dans [1 femelle, avec une teinte verdatre; & prefque tout ce qui eft d’un f1 beau jaune dans celui-là, eft dans celle-ci olivätre , ou jaune-pâle , ou blanc; olivâtre fur la tête & le deffis du corps, blanc - fale varié de traits bruns fous le corps, blanc à l'extrémité de la plupart des pennes des ailes, & jaune-päle à l'extrémité de leurs couvertures ; 11 n’y à de vrai jaune qu’au bout de la queue & fur fes couvertures inférieures. J’aï obfervé de plus dans une femelle un petit efpace du Lortot. 357 derrière Poil qui étoit fans plumes & de couleur ardoïfée- claire. | Les jeunes mâles reffemblent d’autant plus à la femelle pour le plumage, qu'ils font plus jeunes ; dans les premiers temps … jls font mouchetés encore plus que Îa . femelle, ils le font mème fur [a partie | Supérieure du corps; maïs dès le mois d’août le jaune commence déjà à paroiître . fous le corps; ils ont aufli un cri différent de celui des vieux; ceux-ci difent yo, 40, yo; qu'ils font fuivre quelquefois d’une 1orte de miaulement comme celui du chat: … amais indépendamment de ce cri, que * chacun entend à fa manière /g), ils ont | encore une efpèce de fifilement , fur-tout Torfqu’il doit pleuvoir /4/, {1 toutefois ce ifement eft autre chofe que le miau- lement dont je viens de parler. Ces oifeaux ont l'iris des yeux rouge, : - {g) Gefner dit qu'ils prononçent ort ou boriot : .Belon, qu'ils femblent dire, compére loriot ; d’autres ont cru entendre, loufor bonnes merifes, &c. Voyez V'Æifloire Naturelle des Orfeaux de M. Salerne, page 1 56 (h) Aliquando inflar fflule, canit prafertim im misent pluit Gefner, De Ayilus, page 714 » 358 Hifioire Naturelle le bec rouge - brun, le dedans du bec rougeûtre, les bords du bec inférieur:un peu arqués fur leur Tongueur, la angue fourchue & comme frangée par le bout, le géfier mufculeux , précédé d’une poche formée par la dilatation de l’œfophage, la véficule du fiel verte, des cxcum très- petits & très-courts, enfin la première phalange du doïgt extérieur foudée à celle du doigt du milieu. | Loriqu'ils arrivent au printemps ‘ils font la guerre aux infeétes & vivent de fcarabées, de chenilles, de vermifleaux, en un mot, de ce qu'ils peuvent attraper; mais leur nourriture de choix, celle dont ils font le plus avides, ce font les cerifes, : les figues /i), les baies de forbier, les | pois, &c. Il ne faut que deux de ces oïfeaux pour dévafter en un jour un cerifier bien garni, parce qu’ils ne font : que becqueter les ceriles les unes après : (i) C'eft de-là qu’on leur donne en certains pays ” les noms de becfigues, de auupA 9e &c. & c'eft | eut-être cette nourriture qui rend leur chair fr RE à manger. On fait que les figues produifent *, le même eflet fur la chair des merles & d'autres | Oifeaux. 8 Gb, Legrand Ju! , »Æ L €? F4 PL XVI. Pay à LE LORIOT \ { A KA \R 1 déda. du Loriot, 359 les autres, & n’entament que Îa partie a + plus mûre. Les loriots ne font point faciles à élever ni à apprivoifer. On les prend à fa pipée, ” à l’abreuvoir & avec différentes fortes de filets. Ces oïifeaux fe font répandus quelque- fois jufqu’à l'extrémité du continent, fans fubir aucune altération dans leur forme … extérieure ni dans leur plumage; car on a vu des loriots de Bengale & même de {a … Chine parfaitement femblables aux nôtres; “ mais aufir on en a vu d’autres venant à peu-près des mêmes pays, qui ont - quelques différences dans les couleurs, & « que l’on peut regarder, pour la plupart, … comme des variétés de climat jufqu’à ce h que des obfervations faites avec foi fur … les allures & les mœurs de ces efpèces étrangères , fur la forme de leur nid, &c. éclairent ou reclifient nos conjectures. D. Le 360 Hifloire Naturelle, VARIÉTÉS DU LORIOT: get Es: COULAVAN [a). Cet Gite de la Cochinchine eft peut-être un tant” foit peu plus gros. que notre loriot ; il au aufir le bec plus fort à proportion; les. { couleurs du plumage font ablolpment les, mêmes & diftribuées de la même manière par-tout, excepté fur les couvertures des ailes qui font entièrement jaunes, & fur. la tête où l’on yoit une efpèce de fer-à-# cheval noir; Îa partie convexe de ce“ fer-à- cheval borde locciput, & fesw branches vont en paffant fur l'œil aboutir aux coins de l'ouverture du bec; c’eft” le trait de diffemblance Ie plus caraété. | rifé du coulavan , encore retrouve-t-on« dans le loriot une tache noire entre l'œil! l & le bec qui femble être la naïflance deu ce fer-à-cheval. | | * Voyez les Planches enluminées, n° $70o. {a) Les Cochinchinoïs Je nomment Couliavam c'eit le cinquante -neuvième merle de M. BAGUE '] tome Î1, page 3 26 4 Variétés du Loriot. 36 J'ai vu quelques individus coulavans qui avoientde deflus du corps d’un jaune rembruni. Tous ont le bec jaunätre & les pieds noirs. | | * II. Le LORIOT DE LA CHINE /b). II eft un peu moins gros que le nôtre, mais c’eft la même forme, les mêmes pro- portions & les mêmes couleurs , quoique difpofées différemment. La tête, la gorge &: la partie antérieure du cou font entiè- rement noires /c), & dans toute la queue il n’y a de noir qu’une large bande qui traverfe les deux pennes ‘intermédiaires près de leur extrémité, & deux taches fituées aufli près de l’extrémité des deux pennes fuivantes. La plupart des couver- tures des ailes font jaunes, les autres font mi-parties de noir & de jaune; les plus grandes pennes font noires dans ce qui 0 * Voyez Les. Planches enluminées, n° 709. (b) C'eft le Joriot de Bengale de M. Briflon; some IT, page 329, & le Black-headed fidian iClerus de M. ds, planche 77. {c) L'efpèce de gigce noire qui couvre la gorge & Île dei du mn 7 a dans frire d'Bdwards; une échancrure le chaque côté vers le milieu de fa longueur. Oiféaux, Tome Y. Q 362 Hifloire Naturelle, paroït au dehors, l'aile étant dans fon repos, & les autres font bordées ou termi- nées de jâune : tout le refte du pluma eft de cette dernière couleur & de la plus belle teinte. La femelle / 4) eft différente, car elle a le front ou l’efpace entre l'œil & le bec d’un jaune vif, la gorge & le devant du cou d’uñe couleur chaire plus ou moins ‘jaunätre avec des mouchetures brunes, le refte du deffous du corps d’un jaune plus foncé, le deflus d’un jaune brillant, toutes Îles aïles variées.de brun & de jaune, I queue jaune auffr, excepté les deux pennes du iiieu qui font brunes, encore ont - elles un-œil jaunatre .&. {ont - elles terminées de jaune. : 5 II. Le LORIOT DES IN DES./e). {d) C'eft Fyelow fudian flarling d'Edwards, Panche 186; & d'Albin, tome II, page 724, M. Edwards lui’ aurôit donné le nom: de l6riot tachèté, fpotted iéterus, S'il n'avoit erulplus à propos de :conferver le nom d’Albing i--penfe\que ce pourroit bien. être le mioufcd'jgmdlét Niadras, & par -conféquent le cinquième tromgiale de M. Briffon. (e) C'eftle nom que A Aldrovande, Tone: Î, page C2 ; & N #94 qui elR a fait fon foixantième merle. Voyez Îe tome 11, page. 28 à +! FI  LTCE . \ vs Variétés du Loriot. 363 _ C'eft le plus jaune des loriots; car il eft en entier de cette couleur, excepté, 1.” un fer-àa-cheval qui embrafie le fommet de Ia tête & aboutit des deux côtés à l'angle de l'ouverture du bec: 2.” quelques taches longitudinales fur les couvertures des ailes : 3.” une bande qui traverfe la queue vers le milieu de fa longueur ; le tout de couleur azurée, mais le bec & les pieds font d’un oUES éclatant, *Q if 364 Hiffoire Naturelle LE LORIOT RAYE /a). Hi oïfeau ayant été regardé par les uns comme un merle & par les autres comme un loriot, f# vraie place femble marquée entre les loriots & les merles ; & comme d’ailleurs 11 paroît autrement pro- portionné que l’une ou l’autre de ces deux efpèces , je fuis porté à le regarder plutôt comme une efpèce voifine & mitoyenne que comme une fimple variété. Le loriot rayé eft moins gros qu’un merle & modelé fur des proportions plus légères ; 11 a le bec, la queue & les pieds plus courts, mais les doigts plus longs ; fa tête eft brune, finement rayée de blanc ; les pennes des aïles font brunes aufli, & bordées de blanc; tout le corps (a) C'eft le loriot à tête rayée de M. Briflon, tome 11, page 332; & le merula bicolor d'Aldrov. tome 1], pages 623 Ü' 624; je ne fais pourquoi ce dernier Auteur lui applique l’épithète de Licolor, vu que, felon fa defcription même, il entre trois ou : quatre couleurs dans le plumage de cet oïfeau, du | | brun, du blanc & de l’orangé de deux nuances, LL du Loriot rayé, 305 eft d’un bel orangé, plus foncé fur Ia partie fupérieure que fur linférieure : le bec & les ongles font à peu-près de la méme couleur, & les pieds font jaunes. ? AO Qi urelle HI AR PAS LEZ SEP APMERETE 366 FHifloire Nat LES GRIVESS L, famille des Grives a fans doute beaucoup de rapports avec celle des merles /a), mais pas affez néanmoins pour qu'on doive les confondre toutes deux fous une même dénomination, comme ont fait plufieurs Naturaliftes ; & en cela le conmun des hommes me paroît avoir api plus fagement en donnant des noms difiinéts à des chofes vraiment diftinétes : on a appelé grives ceux de ces oïfeaux dont le plumage étoit grivelé /2), ou marqué fur la poitrine de petites mouchetures dif- pofées avec une forte de régularité /c); (a) Merulæ dr turdi amicæ funt aves, dit Pline; en-ne peut guère douter que les merles & les grives n'aillent de compagnie, puifqu'on les rend communément dans les mêmes piépes, (b) Ce mot privelé eft formé vifiblement du mot grive, & celui-ci paroït l'être d’après le cri de la plupaït de ces oïfeaux, {c) Quoique les Anciens ne fiflent guere la defcription des oifeaux tres-connus, cependant un trait échappé à Ariflote , fuppofe que tous les e . » / e oïfeaux compris fous le nom Grec XKA4, quis des Grives. 367 au contraire, on a appelé merles ceux dont le plumage étoit uniforme ; ou varié feulement par de grandes parties; nous adoptons cette diftinction de noms d’autant plus volontiers que la différence du plu- mage n’eft pas la feule qui fe trouve entre ces oïlfeaux ; & réfervant les merles pour un autre article, nous nous bornons dans celui-ci à parler uniquement des grives. Nous en diflinguons quatre efpèces prin- cipales vivant dans notre climat, à chacune defquelles nous rapporterons, felon notre ufage, fes variétés, & autant qu'il fera poflible les efpèces étrangères analogues. La première efpèce fera la grive pro- prement dite, repréfentée dans les planches enluminées, x. 406, fous le nom de litorne : je rapporte à cette efpèce comme variétés, la prive .a téte blanche d’Aldro- vande , & la grive huppée de Schwenckfeld ; & comme efpèces étrangères analogues, la orive de la Guiane, repréfentée dans les répond à notre mot François grives, étoient mou- chetés, puïfqu'en parlant du surdus Hacus, qui eft notre mauvis, I dit que c’eft l'efpèce qui à le moins de ces mouchetures, Voyez Hifloriu Anina- Zum, Bb. IX, cap. xx. | 1 Q üij 368 Hifloire- Naturelle planches enluminées, »° 298, fie, r; & la grivette d'Amérique, dont parle Catefby (4). - La feconde efpèce fera la draine de nos planches enluminées , r,° 48 9, qui eft le turdus vifcivorus des Anciens, & à laquelle je rapporte comme variété, la draine blanche. | | La troifième efpèce fera [a Zitorne, repréfentée dans les planches enluminées ; ñn 49 0, fous le nom de calandrote, C’eit le turdus pilaris des Anciens, jy rapporte comime variétés , la litorne tachetée de Kiet, la litorne à tête blanche de M. Briflon; & comme efpèces étrangères analogues, la litorne de la Caroline de Catefby /e), dont M. Briflon a fait {a huitième prive, & It litorne dé Canada du même Catefby ff), dont M. Briflon a fait fa neuvième grive, La quatrième efpèce fera le mauvis de nos planches enfuminées, n° $ 1, qui eit le turdus iliacus des Anciens, & notre véritable calandrote-de Bourgogne. JA (d).. Tome I, page 31, .(e) Îbid page 28. (f) lbid page 29. des Grives. 369 Enfin je placeraï à la fuite de ces quatre efpèces principales, quelques grives étran- gères qui ne font point aflez connues pour pouvoir les rapporter à l’une pluiôt qu’à l’autre, telles que la grive verte de Barbarie du dotteur Shaw /g), & le 4oami de la Chine de M. Briffon /4), que j'admets parmi les grives, fur la parole de ce Naturalïfte, quoiqu'il me paroïfle différer des grives , non-feulement par fon plumage qui n’eft point grivelé, mais encore par les proportions du corps. Des quatre efpèces principales appar- tenantes à notre climat, les deux premières, qui font la grive & la draine, ont de l'analoyie entre elles: toutes deux paroiffent moins aflujetties à Ia néceflité de changer de lieu, puifqu’elles font fouvent leur ponte en France, en Allemagne , en ftalie, en un mot, dans le pays où elles ont paflé hiver ; toutes deux chantent très- bien & font du petit nombre des oifeaux dont le ramage eft compofé de différentes (g) Travel, page 253. (h) C'eft fa feptième grive, Voyez tome I, page 22Œ0o À Q v 370 ÆHifloire Natarelle phrafes ; toutes deux paroïffent d’un naturel fauvage & moins focial, car elles voyagent feules . , felon quelques Obfervateurs. M. Frifch reconnoît encore entre ces deux efpèces d’autres traits de conformité dans les couleurs du plumage & l’ordre de leur diftribution, &c. (i) Les deux autres efpèces , je veux dire Ia litorne & le mauvis, fe reflemblent aufii de leur côté en ce qu elles vont par bandes nombreufes, qu’elles font plus pañlagères, qu'elles ne ete prefque jamais dans notre pays, & que par cette raïlon elles n’y chantent l’une & l’autre que très- rarement /k), en forte que leur chant eft inconnu, non-feulement au plus grand nombre dés Naturaliftes, mais encore à Ja plupart des Chafleurs. Elles ont plutôt un azouillement qu’un chant, & quelquefois lorfqu elles fe trouvent une vingtaine fur un n peuplier, elles babillent toutes à la /i) Voyez Frifch, Planche 27, (À ) Frifch, Planche 28, — In affate apud nos, dit Turner, aut var aut aunqua ur videtur turdus piaris, lg hieme perd tanta copia eft ut nullus avis #iajor fit y \ mg À Pa D ln des \Grivess 44L fois, &. font un très- grand bruit & très= peu mélodieux. En général parmi les grives, les mäles & les femelles font à peu- près de même roffeur, & également fujets à changer de couleurs d’une faifon à l’autre (ls toutes ont la première phalange du doigt extérieur unie à celle du doigt du milieu, les bords du bec échancrés vers la ponte, & aucune ne vit de grains, foit qu fs ne conviennent point à leur appétit, foit qu'elles aïent le bec ou leftomac trop foible pour les broyer ou les digérer. Les baies font ke fond de leur nourriture, d'où leur eft venu [a dénomination de PAR elles mangent : auffi des infectes, des vers 7 &.c’eft pour attraper Ceux qui ‘fortent der terre après les pluies, qu’on les voit courir alors dans les champs & gratter [a terre, {ur-tout Les draines & les litornes: ne {ont la même chofe l'hiver dans les endroits bien expofés où Îa terre eit dégelée. Leur chair eft un très-bon man gér, ur- tout celle de nos prémière & quatrième efpèces qui {ont Îa grive RARRFEREN: dite ") SA heme co, ; ai mare, Ariftot, LAN NT «1 EP ” V4 f 372 FHifloire Naturelle & le mauvis ; mais les anciens Romains en fariorent encore plus de cas que nous /m}, & ils conter voient ces offeaux toute l’année dans des efpèces de volières qui méritent d’&re connues. la Chaque volière contenoïît plufieurs mi- liers de grives & de merles, fans compter d’autres oïfeaux bons à manger, comme ortolans, cailles, &c. & y avoit une fi grande quantité de ces volières aux en- virons de Rome, fur-tout au pays des Sabins, que la fiente de grives étoit employée comme engrais pour fertilifer les terres, & ce qui eft à remarquer, on s’en fervoit encoré pour engraifier les bœufs & les cochons /2). ; Les grives avoient moins de liberté dans ces volières que nos pigeons fuyards n’en ont dans nos colombiers, car on ne les en laïfloit jamais fortir, aufli n’y pondoïient - elles point; mais comme elles * (m) Inter aves turdus. . . . Later quadrupedes gloria prima lepus, Martial. $ (#) Ego arbitror praflare (flercus) ex aviaris durdorun ac merularum quod non folam ad agrum utile, fed etiam ad cilbum, ita bubus 7 fuibus ut frant PINGUES Varro, de re Raflica, Gb, 1, cap. xXXVUL des Grives, 373 y trouvoient une nourriture abondante & choilie, elles y engraifloient au grand avantage du propriétaire /o/: Les individus femlicient prendre leur fervitude en gré ; . mais f’efpèce refloit litre. Ces fortes de … grivières étoient des pavillons voûtés, garnis en dedans d’une quantié de juchoirs, vu que la grive eft du nombre des oïfeaux qui fe perchent; la porte en étoit très- baffle, ils avoient peu de fenêtres & tournées de manière qu’elles ne laiffoient voir aux grives prifonnières nt fa cam- pagne, niles bois, niles oïfeaux fauvages voltigeant en liberté, nt rien de tout ce qui auroit pu renouveler leurs regrets & les empêcher d’engraifler. H ne faut pas que des efclaves voient trop clair; on né leur laïffoit de jour que pour diftinguer les chofes deftinées à fatisfaire leurs prn- _ cipaux befoins. On les nourrifloit de millet {o) Chaque grive grafle fe vendoit, hors des temps du paflage, jufqu'à trois deniers romains, qui reviennent à environ trente fous de notre monnoïie, & lorfqu'il y avoit un triomphe ou quelque feftin public, ce genre de commerce rendoit jufqu'à douze cents pour cent. Voyez Columelle, de re Rujicë, lib, VIH, cap. x, — Varron, 4% JE, #ap: Vo ‘ 374 Fifloire, Naturelle & d’une efpèce de pâtée faite avec des figues broyées & de la farine, & outre cela de baies de lentitque , de mirthe , de Berre, en un mot, de tout ce qui pouvoit rendre Îeur chair fucculente & de bon goût. On les abreuvoit avec un filet d’eau courante qui traverfoit {a volière. Vingt jours avant de les prendre pour les manger, on augmentoit. leur ordinaire & on ie rendoit meïlleur, on poufloit l'attention jufqu’à faire pafler doucement dans un peut réduit qui communiquoit à la volière, les grives grafles & bonnes à prendre, & on ne les prenoït.en effet: qu'après, avoir bien refermé.. la, communication, afin d'éviter tout Ce qui auroit pu inquiéter & faire maigrir celles qui refloient;.on tâchoit même de leur faire illufion en tapiffant la volière de ramée & de verdure fouvent renouvelées , afin qu’elles puflent fe croire encore au milieu des bois: en un mot, c’étoit des efclaves bien traités, parce que le propriétaire entendoït fes intérets. Celles qui étoient nouvellement prifes fe gardoïent quelque temps dans de petites volières féparées avec plufreurs de celles qui avoiént! déjà T'habitude dé des Grives. 375 la prifon /p), & moyennant tous ces foins on venoit à bout de les accoutumer un peu à l’efclavage, mais prefque jamais On n'a pu en faire des oïleaux vraiment privés. On remarque encore aujourd’hui quelques traces de cet ufage des Anciens, perfectionné par les Modernes, dans celui où l’on eft en certaines provinces de France d’attacher au haut des arbres fré- quentés par les grives, des pots où elles puiflent trouver un abri commode & für fans perdre la liberté, & où elles ne manquent guère de pondre leurs œufs /g), de les couver & d'élever leurs petits ; tout cela fe fait plus fürement dans ces efpèces de nids artificiels que dans ceux qu elles auroient faits elles-mêmes; ce qui con- tribue doublement à Îa mukiplication de l’efpèce, foit par la confervaion de Ia couvée, foit parce que perdant moins de temps à arranger leurs nids, elles peuvent faire aifément deux pontes chaque (p} Voyez Columelle & Varron, bcis citats, (4) Voyez Belon, Nature des Oifeaux, page 326: 276 Hifioire Naturelle année /r). Lorfqu’elles ne trouvent point de pots préparés, elles font leurs nids fur les arbres & même dans les buiflons, & les font avec beaucoup d'art; elles les revétifient par- dehors de moufle, de paille, de feuilles sèches, &c. mais le dedans eft fait d’une forte de carton aflez ferme, compofé avec de la boue mouillée, gachée & battue, fortiflée avec des brins de paille & de petites racines; c’eft {ur ce carton que la plupart des grives dépofent leurs œufs à cru & fans aucun matelas, au contraire de ce que font les pies & les merles. Ces nids font des hémifphéres creux, d'environ quatre pouces de diamètre. La couleur des œufs varie, felon les diverfes efpèces , du bleu au vert, avec quelques petites taches obfcures, plus fréquentes au gros bout que par-teut ailleurs. Chaque {r) M paroït mème qu'elles font quelquefois trois couvées, car M. Salerne a trouvé au commencement de feptembre un nid de grives de vigne où il y avoit trois œufs qui n'étoient point encore éclos, ce qui avoit bien l'air d’une troifième ponte. Voyez fon Fifloire Naturelle des Oileaux , page 1694 des Grives. 377 _ -efpèce a auffi fon cri différent, quelque- … fois même on eft venu à bout, de leur apprendre à parler /f), ce qui doit s’en- tendre de la grive proprement dite ou de la draine, qui paroïffent avoir les organes de la voix plus perfectionnés. On prétend que les grives avalant les grames entières du genièvre, du gui, du lierre, &c. les rendent fouvent affez bien confervées pour pouvoir germer & pro- duire lorfqu’elles tombent en terrein convenable /r); cependant Aldrovande affute avoir fait avaler à ces oïfeaux des raifims de vigne fauvage & des baies de gui, fans avoir jamais retrouvé dans leurs excrémens aucune de ces graines qui eût confervé fa forme /u). Les grives ont le ventricule plus ou moins mufculeux, point de jabot, ni même de dilatation de Fœfophage qui (J) Agrippina conjux CL Cafaris turdum habuit, guod nunquam ante , imitantem fermones hominum, Plin, lb, À, cap, XLIL, Voyez aufli le Traité du Roffignol, page 93. (t) Diffeminator vifei, ilicis. . .. juniperi, Linnæus, Svflem, Nat, edit. X, page 168. (u) Ornithologia , tome IF, page 585. 378 Fifloire Naturelle puifle en tenir lieu, & prefque point de cæcum, mais toutes ont une véficule du fiel, le bout de la langue divilé en deux ou plufieurs filets, dix-huit pennes à chaque aile & douze à la queue. Ce font des oïfeaux triftes, mélanco- liques, & comme c’eft l’ordinaire , d’autant plus amoureux de Îeur liberté; on ne les voit guère fe jouer, ni même fe battre enfemble, encore moins fe plier à Ia domefticité ; mais sis ont un grand amour pour leur liberté, il s’en faut bien qu'ils aient autant de reflources pour la conferver ni pour fe conferver eux - mêmes: l’iné- galné d’un vol oblique & tortueux eft prefque le feul moyen qu'ils aient pour échapper au plomb du chafleur /x) & à la {erre de l’oïleau carnaffier : s’ils peuvent gagner un arbre touffu, ils s’y tiennent immobiles de peur, & on ne Îes fait partir que difficilement /y). On en prend par {x) D'habiles Chaffeurs m'ont affuré que des grives étoient fort difficiles à tirer, & plus difhciles que les beccaffines. (>) C'eft peut-être ce qui a fait dire qu'ils étoient lourds, & quia fait pafler leur furdité en des Grives. 379 milliers dans les piéges; mais la grive proprement dite & le mauvis font les deux efpèces qui fe prennent le plus aifément au facet, & prefque les feules, qui fe prennent à la pipée. Les lacets ne font autre chofe que deux ou trois crins de cheval tortillés enfemble & qui font un nœud coulant; on les place autour des genièvres, fous les aliziers, dans le voifimage d’une fontaine ou d’une marre, & quand l'endroit eft bien choift & les lacets bien tendus, dans un efpace de cent arpens, on prend plufieurs cen- taines de grives par jour. II réfulte des obfervations faites en différens pays, que lorfque les grives paroiflent en Europe, vers le commen- cement de l’automne, elles viennent des climats feptentrionaux avec ces volées innombrables d’oifeaux de toute efpèce qu'on voit aux approches de lhiver traverfer la mer Baltique, & pafler de la Lapponte, de la Sibérie , de la Livonie, proverbe, Jwporéeos MXAN, mais c'eft une vieille erreur : tous jes Chafleurs fayent que la grive a à l'ouie fort bonne, 380 _Æiffoire Naturelle en Pologne, en Prufle, & de-là dans les pays plus méridionaux. L’abondance des grives eft telle aiors fur la côte méri- dionale de Ia Baltique, que felon Îe calcul de M. Klein, la feule ville de Dantzick en confomme chaque année quatre-vingt- dix mille paires /7); ïl n’eft pas moins certain que lorfque celles qui ont échappé aux dangers de fa route, repaffent après l'hiver, c’eft pour retourner dans le nord. Au refte, elles n'arrivent pas toutes à Îa fois; en Bourgogne c’eft la grive qui paroït la première, vers [a fin de fep- tembre , enfuite le mauvis, puis la litorne avec la draine; mais cette dernière efpèce eft beaucoup moins nombreufe /a) que les trois autres, & elle doit le paroître moins en effet, ne fût-ce que parce qu’elle eft plus difperfée. | Îne faut pas croire non plus que toutes les efpèces de grives paflent toujours en même quantité; quelquefois elles font en très - petit nombre, foit que le temps ait été contraire à leur muluplicaion, ou (x) Ordo Avium, page 178, {a) Klein, co ciao des Grives. 381 qu'il foit contraire à leur pañlage /b); d’autres fois elles arrivent en grand nombre, & un Obfervateur très-inftruit /c) m'a dit avoir vu des nuées prodigieufes _ de grives de toute efpèce, maïs princi- palement de mauvis & de Jitornes , tomber au mois de mars dans la Brie & couvrir, pour ainfi dire, un efpace d'environ fept ou huit lieues; cette paflée qui n’avoit point d'exemple, dura prés d’un mois, & on remarqua que le froid avoit été fort long cet hiver. Les Anciens difoient que Îles grives venoient tous les ans en Italie de de-1à les mers, vers l’équinoxe d’automne, qu’elles s’en retournoïient vers léquinoxe du printemps (ce qui n’eft pas généra- lement vrai de toutes les efpèces, du moins pour notre Bourgogne), & que (Bb) On m'aflure qu'il y a des années où les mauvis font très-rares en Provence; & la même chofe eft vraïe des contrées plus feptentrionales, {c) M. Hebert, Receveur général de l'Extraor- dinaire des guerres, qui a fait de nombreufes & très-bonnes obfervations fur la partie la plus obfcure de lOrnithologie, je veux dire les mœurs & les habitudes naturelles des Oifeaux, _ 382 Hifloire. Naturelle foit en allant, foit en venant, elles fe raflembloient & fe repoloient dans les Ifles de Pontia, Palmaria & Pandauria, voifines des côtes d'Italie / d). Elles fe repofent aufir dans lifle de Malte où elles arrivent en octobre & novembre; le vent de nord-oueft y en amène quelques volées, celui de fud ou de fud-oueit les fait quelquefois difparoîïtre , maïs elles n’y vont pas toujours avec des vents déterminés, & leur apparition dépend fouvent plus de la température de l’air que de fon mou- vement; car fi dans un temps ferein le ciel fe charge tout-à-coup avec apparence d'orage , la terre fe trouve alors couverte de grives /e). Au refte, il paroît que l’ifle de Malte n'eft point Îe terme de la migration des (d) Varro, de re Ruflic&, lib. IT, cap. v. Ces ifles font fituées au midi de la ville dé Rome, tifant un peu à l'eft On croit que l’ifle de Par- datarta eft celle qui eft connue aujourd’hui fous le nom de Ventotene, (e) Voyez les Lettres de M. le Commandeur Godeheu-de-Riville, some I, pages 9 1 à 92, des Mémoires préfentés a l’Académie royale des Sciences par les Javans étrangers, r i rs des Grives. 383. o TT . ge Ê e grives du côté du midi, vu fa proximité des côtes de lAfrique, & quil s’en trouve dans l'intérieur de ce continent, d’où elles paffent, dit-on, tous les ans en Efpagne (f. À, Celles qui reftent en Europe fe tiennent lété dans les bois en montagnes; aux approches de l'hiver elles quittent lin- térieur des boïs où elles ne trouvent plus de fruits ni d’infectes , & elles s’établiffent « Étant en Efpagne en 1707, dit Îe Traducteur d'Edwards, dans le royaume de « Valence, fur les côtes de la mer, à deux pas « de Caftillon de la Plane, je vis en octobre de « grandes troupes d’oifeaux qui venoient d'Afrique « en ligne directe. On en tua quelques-uns qui « _ fe trouvèrent être des grives, mais fr sèches & fi « | maigres qu’elles n’ayoient ni fubfiance ni goût: « les habitans de la campagne m'aflurérent que tous « _ Jes ans en pareille faïfon elles venoiïent par troupes « chez eux, mais que la plupart alloient encore plus « loin, » Voyez Edwards Préfice du tome L, page xxvij, En admettant” le fait, je me crois fondé à douter que ces grives qui arrivoient en Efpagne au mois d'o&obre; vinflent en effet d'Afrique, parce que la marche ordinaire de ces oïfeaux eft toute contraire, & que d'ailleurs fa direction de leur routëé, au moment de leur arrivée, ne prouve rien; cette direction pouvant varier dans un trajet un peu Jong ; . par mille caufes difiérentes, | 3 84 Hifloire Naturelle {ur les lifières des forêts ou dans Îes plaines qui leur font contiguës : c’eft fans doute dans le mouvement de cette migra- tion que lon en prend une fi grande quantité au commencement de novembre dans la forêt de Compiegne. Il eft rare, fuivant Belon, que les différentes efpèces fe trouvent en grand nombre, en même temps, dans les mêmes endroits /z).. T'outes ou prefque toutes ont les bords du bec fupérieur échancrés vers la pointe, l’intérieur du bec jaune, fa bafe accom- pagnée de quelques poils ou foies noires dirigées en avant, la première phalange du doigt extérieur unie à celle du doigt du milieu , la partie fupérieure du corps d’une couleur plus rembrunie, & la partie | inférieure d’une couleur plus claire & grivelée; enfin dans toutes ou prefque toutes la queue eft à peu-près le tiers de la longueur totale de loifeau, laquelle varie dans ces différentes efpèces, entre! huit & onze pouces, & n’eft elle-même | que les deux tiers du vol, les ailes dans leur frtuation de repos s'étendent au moins. | {g7 Voy. Belon, Nature des Oifeaux, page 326. jufqu’à des Crives, sr 38 jufqu’à la moitié de Ja queue, & le poids de l'individu varie d’une efpèce, à l'autre de’ deux onces & demié à quatre onces & demie. M. Klein prétend être bien fifbrmé que R partie feptentrionale de FPlnde a aufli fes grives , mais qui différent des nôtres, en ce qu "elles ne changent point de climat /#). + { k} De Avibus , rm 170, Pr CES LAC QE D * 4% “ Oifeaux, Tome V- R 6. Fifloire Naturelle J * LA GRIVE fa). Ca TÆE efpèce que je place ici Ia -première, parce qu’elle a donné fon nom au RERRR quel troïfième dans l'ordre .de da grandeur ; elle eft fort commune en …. X Voyez des Planches enluminées, n° 406 où cette grie ef? nommée par erreur, la litorne. (a) La Grive proprement dite; en Grec Ki4n@ KoXxam; en Latin, Turdus, Turdus minor, Thurdus muficus ; en Jtaïien, Tordo mezzano ; en Efpagnol, Zorçal - en Allemand, Drofel ou Drofll, mot qui s'altère de fept ou huit façons diflérentes, felon les diflérens dialeétes, & auquel on ajoute quelque- fois des épithètes qui ont rapport ou au plumage ou au chant de l’oifeau, Sg-droflel, Weifs-droffel, &c. Dans le Brandebourg, Ziype; en Anpglois, Throflle, Troffel, Thrush, Song-Thrush, Mavis ; en Gallois, Cediog.bron fraith; en Pologne, Droyd; en Smolande ; Kl-ra; en Ofirogothie, Xlaedra ; en certaines provinces de France, Zourdre, petit Tourd, oïfeau Durette, Grive, Sifelle, Vendangette, Grivette, Mauvierre,. M: Salerne voyant que cette grive s'appeloit Aaris en Anglois & Mauvis en François, w dans la Brie & quelques autres Provinces, s'eit per- fuadé qu'elle devoit être le Mauvis des Naturaliftes, & en conféquence il lui a appliqué tous les noms donnés par Belon au véritable Mauvis. (Voyez AMature des Oifeaux, page 327.) Mais un coùp-d'œil de la Grive, 387 certains cantons de la Bourgogne où les gens de la campagne la connoiffent fous les noms de grivette & de mauviette; elle arrive ordinairement chaque année à peu- pres au temps des vendanges, elle femble être atrée par la maturite des raifins, & _ c'eft pour cela fans doute qu’on lui à donné le nom de grive de vigne: elle difparoït aux gelées & fe remontre aux mois de mars ou d'avril, pour difparoître encore au mois de mai. Chemin faifant, la troupe perd toujours quelques traîneurs qui ne peuvent {uivre, ou qui plüs preffés que les autres par les douces mfluences du printemps, s'arrêtent dans les forêts de comparaifon fur ces oifeaux, ou même fur leurs defcriptions, lui eût fait connoitre que le mauvis de Belon a le deffous & le pli de l'aile orangé, en quoi il reflemble à la Grive rouge, dont M. Salerne a fait fa quatrième efpèce, & non à fa feconde efpèce qu'il nomme petite gre de gui, laquelle eft célie de cet article & a le deflous de laiïle rouffitre tirant un peu au citron. Voyez {on Æifloire des Oifeaux, page 168. Un Hoilandois qui avoit voyagé, m'a affuré que notre grive ordinaire, qui eft la plus commune en Hollande, y étoit connue, ainfi qu'à Riga & ailleurs, fous le nom de litorne, C’cft la petite grive de M. Briflon & {a deuxième efpèce, some Î1, page 2054 R à À D : 388 Æifloire Naturelle qui fe trouvent fur leur paffage pour y faire leur ponte /b/: c’eft par cette raifon qu'il refte toujours quelques grives dans _mos bois où elles font leur nid fur les pommiers & les poiriers fauvages, & même fur les genévriers & dans les buiflons , comme on Va obfervé en ‘Stléfie /c) & en Angleterre /d). Quel- quefois elles Pattachent contre le tronc d’un gros arbre à dix ou douze pieds de hauteur, & dans fa conftruétion elles emploient par préférence le bois pourri & vermoulu. ; Elles s’apparient ordinairement fur Îa {(b).M. le Doûeur Lottinger m'affure qu’elle arrivent aux mois de mars & d'avril dans les mon- tagnes de la Lorraine, & qu’ellés s’en retournent ‘aux mois de feptembre & d’o&obre; d’où il s’en- ‘fuivroit que c'eft dans ces montagnes, où plutôt dans les bois dont elles font couvertes, qu’elles paffent été, & que c'eft de-là qu'élles nous viennent en ‘automne; mais ce que dit M. Lottincer doit-il s'appliquer à toute l’efpèce, ou feulement à uh certain nombre de familles qui s'arrêtent en paflant dans les forêts de la Lorraine, comine elles font dans les nôtres! c’eft ce qui ne peut être décidé que par de nouvelles obfervations. 7 2 . {c) Noyez Früch, Planche 27, | (4) British Zooley, page Qué. de la Grive, 389 fin de l'hiver, & forment des unions durables : elles cr coutume de faire deux ontes par an, & quelquefois une troi=. fième , lortque Îes premières ne font pas venues à bien. La première ponte eft de cinq ou fix œufs d’un bleu fôncé avec. / des taches noïres plus fréquentes fur le | gros bout que par-tout ailleurs, & dans les pontes fuivantes le nombre des œufs va toujours en diminuant. If eft difficile dans cette efpèce de diftinguer les mâles des femelles, foit par la grofleur qui eft _ égale dans Îles deux fexes, foit par le _ plumage dont les couleurs font variables , comme je l'ait dit. Aldrovande avoit vu & fait defliner trois de ces grives , prifes en des faïfons différentes , & qui diffé- roient toutes trois par la couleur du bec, des pieds & des plumes: dans l’une Îes mouchetures de [a poitrine étoient fort peu apparentes /e). M. Frifch prétend néanmoins que les vieux mâles ont une raie blanche au- deflus des yeux, &. M. Linnæus fait de ces fourcils blancs Jun des caraétères de lefpèce; prefque | wir Ornithologia , tome IT, pages s 8: & 601. KR 5) 390 Hifloire Naturelle tous les autres Naturaliftes s’accordent à dire que les jeunes mâles ne fe font guère reconnoître qu’en s’effayant de bonne heure à chanter; car cette efpèce de grive Chante très- bien, fur-tout dans le prin- temps / (f), dont elle annonce le retour, & l’année a plus d’un printemps pour elle, puifqu'’elle fait plufieurs pontes; auffi dit-on qu’elle chante les troïs quarts de l’année : elle à coutume pour chanter de fe mettre tout au haut des orands arbres , & elle s’y tient des heures entières : fon ramage eft compofé de plufieurs couplets différens, comme celui de Ja. rame, mais il eft encore plus varié &. plus agréable, ce qui lui a fait donner! en plufieurs pays la dénomination de griven chanteufe : au refte ce chant n’eit pas fans! intention, & l’on ne peut en douter ,* puilqu'il ne faut que favoir le contrefaire,# même imparfaitement, pour attirer Cesk ol eaux. | | "s F {[) Dans les premiers jours de fon arrivée, furs la fin de l'hiver, elle ne fait entendre qu'un petits fiflement, la nuit comme le jour, de mëme que les ortolans, ce que les Chaffeurs provençaux appellent Fiffer, de la Grive, 391 Chaque couvée va féparément fous la conduite des père & mère; quelquefois plufieurs couvées fe rencontrant dans les bois, on poutroit penfer à les voir ainfr raflemblées, qu’elles vont par troupes nombreufes ; mais leurs réunions font fortuites, momentanées, bientôt on les voit fe diviler en autant de petits pelotons qu'il y avoit de familles réunies /z), & même fe difperfer :ablolument: [orfque les petits: font aflez forts pour aller feuls /A). Ces oïfeaux fe trouvent ou plutôt voyagent en Îulie, en France, en Lor- raine , en Allemagne, en Angleterre, en coffe , en Suède où ils fe tiennent dans les bois qui abondent en érabies / à); 1fs paflent de Suède en Pologne quinze jours avant la Saint- Michel, & quinze jours (g? Frifch, article relatif à la Planche 27. M. le Docteur Lottinger dit aüffi que quoiqu’elles ne voyagent pas en troupes, on en trouve’ plufieurs enfemble ou peu éloignées les unes des autres, (ha) On m'aflure cependant qu’elles aiment Îa compagnie des calandres. (i7 Linnæus, Fauna Suecica, page 72. R üüi; 292: Hifloire Naturelle après Torfqu'il fait chaud & que le ciel eft ferein. Quoique la grive ait Poe perçant, &: qu’elle fache fort bien :fe fauver de fes! ennemis déclarés & fe garantir des dangers: manifeftes, elle eft peu rufée:au fond, &: n’eft point en garde contre les dangers. moIns apparens : elle fe prend facilement foit, à Ja pipée, foit au lacet, maïs moins. cependant -que. le mauvis. H':y a des cantons en Pologne où onen prend une. fr grande quantité qu’on en exporte de petits bateaux chargés 4). C’eft un oïfeau des bois, & c’eft dans les bois qu’on peut lui tendre des piéges avec fuccès ; on le trouve trés-rarément dans les phines ” & lors même que ces grives fe jettent | aux vignes, elles fe retirent habituellement. dans les tailis ‘voifins le foir & dans le chaud du jour, en forte que pour faire de bonnes chafles, il faut choïfir fon temps; € eft-à-dire, le matin à la {ortie, le foir à Ia entrée , & encore l’heure de la journée où la: chaleur'eft la plus'fortes Quelquefois elesisenprrent à MABEE des — 7 Renato , Muluarium page 4256: de la Grive. 393% raifins mürs, & c’eft alors que tous les piéges font bons. Willughby qui nous apprend que cette efpèce niche en Angleterre & qu’elle y pafle toute l’année, ajoute que fa chair eft d’un goût excellent, maïs en général la qualité du gibier dépend beaucoup de fa nourriture: celle de notre grive en automne confifte dans Îles baïes, la fame, es raïfins, les figues, [à graine de lierre, de genièvre, l'alize & plufieurs autres fruits: on ne fait pas fi bien de quoi elle fubfifte au printemps; on la trouve alors le plus communément à terre dans les boïs , aux endroits humides & Île long des buiflons qui bordent les prairies où l’eau s’eft répandue ; on pourroit croire qu'elle cherche Îes vers de terre, Îes limaces, &c. S'il furvient au printemps de fortes gelées, les grives, au lieu de quitter le pays, & de pafler dans des climats plus doux dont elles favent le chemin, fe retirent vers les fontaines où elles maigriflent & deviennent étiques, il en périt même un grand nombre fr ces fecondes gelées durent trop, d’où l’on pourroit conclure que le froid n’eft point OUR 394 Hifotre Naturelle la caufe, du moins la feule caufe déter- minante de leurs migrations, mais que leur route eft tracée indépendamment des températures de l’atmofphère, & qu’elles ont chaque année un certam cercle à parcourir dans un certain efpace de temps. On dit que les pommes de Grenade font un poilon pour elles. Dans le Bugey on recherche les nids de ces grives ou plutôt feurs petits dont on fait de fort bons mets. Je croirois que cette efpèce n’étoit point connue des Anciens, car Ariftote n’en compte que trois toutes différentes de celle-ci //), & dont il fera queftion dans les articles fuivans: & l’on ne peut pas dire non plus, ce me femble, que Pline lait eu en vue en parlant de lefpèce nouvelle qui parut en Îtalie dans le temps de la guerre entre Othon & Vitellius ; car cet oïleau étoit prefque de la groffeur du. pig:on /m), & par -conféquent quatre fois plus gros que la grive proprement dite qui ne pèle que trois onces. J'ai obfervé dans une de ces grives que (2) Hifloria Animalium, Gb. TX, cap. XX. (wr) Pine, Gb, À, cap, XLIX: de la Grive, 395 j'ai eue quelque temps vivante, que lorf- qu’elle étoit en colère, elle faifoit craquer fon bec, & mordoit à vide. J’ai aufii remarqué que {on bec fupérieur étoit mobile, quoique beaucoup moins que linférieur. Ajoutez à cela que cetteefpèce a la queue un peu fourchue, ce que la figure n'indique pas affez clairement. R vi 396 Hi fo» 1 dé VARIÉTÉS DE ri GRIVE P! oprement dite. I. Lo A GRIVE BLANCHE: elfe n’en diffère que par la blancheur. de fon plumage : on attribue communément cetie blancheur à linfluence des climats du nord, quoiqu'’elle puiffe être produite par des caufes particulières fous les climats les plus tempérés, comme nous l'avons vu dans lPhiftoire. du corbeau: Au refte, cette couleur n’eft ni pure ni be elles elle eft prefque toujours femée à l'endroit du cou & de Ia poitrme, de ces mouchetures qui font propres aux grives, mais qui font ici plus foibles.& moins tranchées ; quelquefois elle eft obfcurcie fur Ie 4, par un mélange de brun plus ou moins foncé, altérée fur la poitrme par une teinte de roux, comme dans celles que Frifch a repréfentées fans les décrire , planche 33. Quelquefois il n'y a dans toute la partie fupérieure que le fommet de la tête qui foit blanc, comme dans Variétés de la Grive. 397 l'individu que décrit Aldrovande / a): d’autres fois c’eft la partie poftérieure du cou qui a une bande tranfverfale blanche en manière de demi- collier; & l’on ne doit pas douter que cette couleur ne fe combine de beaucoup d’autres manières en différens individus avec les couleurs propres à lefpèce; mais on doit aufit fe fouvenir que ces différentes combi- naïfons, Îom de conftituer des races diverfes, ne conftituent pas même des variétés conftantes, IT. LA Grive huppée dont parle Schwenckfeld (b) doit être auffi regardée conune variété de cette efpèce, non- feulement parce qu elle en a la groffeur & le plumage, à lexception de fon aigretté blanchâtre , faite comme celle de l'alouette huppée, & de fon collier blanc, mais encore parce qu'elle eft très - rare; on peut même dire qu’elle eft unique jufqu'ici, puifque Schwenckfeld eft le feul qui l'ait vue, & qu'il ne la vue qu’une feuie fois: elle avoit été prife en (a) Ornithologia, tome IT, page 601. | {b) Aviarium Silefiæ, page 362. 308 Hifloire Naturelle, dc. 1599 dans les forêts du duché de Lignitz. Il eft bon de remarquer que les oïfeaux acquièrent quelquefois eit fe defféchant une huppe par une certaine contraétion des mufcles de la peau qui recouvrent la ieie. | 399 2 Ve AA A CE PRES E OISEAUX ÉTRANGERS, Qui ont rapport à la GRIVE proprement dite. I. * JL A GRIVE DE LA GUYANE, Lx figure enluminée dit, de ce petit oïfeau, à peu-près tout ce que nous en favons: on voit qu'il a fa queue plus longue & les ailes plus courtes à pro- portion que la grive, maïs ce font prefque es mêmes couleurs; feulement les mou- chetures font répandues jufque fur les _ dernières couvertures inférieures de Îa queue. | Comme la grive proprement dite fré- quente les pays du nord, & que d'ailleurs elle aime à changer de lieu, elle a pu très-bien pafler dans l'Amérique fepten- trionale & de-là fe répandre dans les Tr * Voyez les Planches enluminées, n° 398 , fig. 1e Je 400 Hifloire Naturelle parties du midi, où elle aura éprouvé les altérations que doit produire le change- ment de clinat & de nourriture. LT L'A;5G RIVE EE D'AMÉRIQUE (a). CETTE grive fe trouve non-feulement au Canada, mais encore dans la Pen(yl- vanie , la Caroline & jufqu’a la Jamaïque, avec cette différence qu’elle ne paîfle que l'été feulement en Penfylvanie, en Canada & autres pays feptentrionaux où les hivers font trop rudes, au lieu qu'elle pafle J'année entière dans Îles contrées plus {a} C’eft le Mauvis de la Caroline de M. Brifion, tome Il, page 212, La petite Grive d'Edwards, Planche 296, La petite Grive de Catefby, rome I, page 314 Le Merula fufca de M. Hans Sioane, Jamaica, tome [1], page > e 5. Je ne fais pourquoi piufieurs Naturalifles ont confondu cette grive avec le Tümatia de Marcgrave, page 2 0 #, lequel ayant le bec & la tête d’une grandeur difproportionnée , & manquant abfolument de queue, paroïit être un oifeau tout diflérent des grives, Voyez ls Vlanches céluninées, n° 556, fig. 24 des Oifeaux étrangers, dc. 404 méridionales, comme la Jamaïque /b) & même Ja Caroline /c); & que dans cette. dernière province elle choïfit pour le lieu * de fa retraite les boïs les plus épais aux environs des marécages, tandis qu'a la Jamaïque, qui eft un pays plus chaud, e’eft toujours dans les bois qu’eile habite, mais dans Îles boïs qui fe trouvent fur les montagnes, Les individus décrits où repréfentés par les divers Naturaliftes , diffèrent entre eux par la couleur des plumes, du bec . & des pieds, ce qui donne lieu de croire { {1 tous ces individus appartiennent à Îa méme efpèce ) que le plumage des grives d'Amérique n’elt pas moins variable que celui de nos grives d'Europe, & qu’elles fortent toutes d’une fouche commune. Cette conjecture eft fortifiée par le grand nombre de rapports qu’a l’oifeau dont ïf s’agit iciavec nos grives & dans fa forme, * {b) M. Slcane qui parle des endroits où habite cette grive, ne dit point que ce foit un oïifeau h de: paflage, d'où lon peut préfumer qu'il re la |regardoit point cemme telle. _. (c) Voyez Catefby, co cire, 402 Hifioire Naturelle | & dans fon port, & dans fon habitude de La voyager, & dans celle de fe nourrir. de baies, & dans la couleur jaune dé. fes parties intérieures , obfervées par M. Sloane, & dans les mouchetures de la poñrine; mais il paroît avoir des rapports encore plus particuliers avec la grive pro- prement dite & Île mauvis qu'avec Îles autres, & ce n'elt qu'en comparant Îles traïts de conformité que l’on peut déter- miner à laquelle de ces deux efpèces elle doit être fpécialement rapportée. Cet oïfeau eift plus petit qu'aucune de nos grives, comme font en général tous les oïifeaux d'Amérique, relativement à ceux de l’ancien continent ; 1 ne chante # point, non plus que le mauvis ,1f a moins! de mouchetures que le mauvis qui en à moins qu'aucune de nos quatre efpèces ; enfin fa chair eft comme celle du mauvis. un très-bon manger. Tels font les rapports de fa grive de Canada avec notre mauvis; mais elle en a davantage, & à mon avis de beaucoup plus décififs, avec notre. grive proprement dite, à laquelle elle: reflemble par les barbes qu’elle à autour du bec, par une elpèce de plique LE des Oifeaux étrangers, &'c. 403 jaunâtre qu’on lui voit fur la poitrine, par {a facilité à devenir fédentaire dans tout pays où elle trouve fa fubfiflance, par fon cri affez femblable au cri d’hiver de la grive, & par conféquent fort peu agréable, comme font ordinairement Îes cris de tous Îles oïfeaux de ces contrées fauvages habitées par des Sauvages; & fi l’on ajoute à tous ces rapports lin- duction rélultante de ce que la grive & non le mauvis fe trouve en Suède /d), d’où elle aura pu facilement pañler en Amérique, il femble qu'on fera en droit de conclure que la grive du Canada doit être rapportée à notre grive propre- ment dite. Cette grive, qui comme je l'ai dit, eft paffagère dans le nord de l'Amérique, arrive en Pentiylvanie au mois d'avril; (4) M. Briflon prend pour le mauvis le 74rdus alis fubtus ferrugineis, rc. n° 189 de la Faune Suecica ; vais. il paroït que c’eft une méprife, pui que M. Linnæus le donne pour un oïfeau qui chente trés bien & pour le même que le rradus vifcivorus minor, que le turdus fimpliciter dilus de M. Ray, & que le swrdus muficus, lequel eft ja quatrieme grive du Syfhk Nar, page 1 69, & cer- tainement notre prive proprement dite, 404 ÆHifloire Naturelle, dc. elle y refte tout lété, pendant lequel temps elle fait fa ponte & élève fes petits. : Cate{by nous apprend qu’on voit peu de Le ces grives à la Caroline, foit parce qu'il « n'y en refte qu’une partie de celles qui. y arrivent, ou parce que, comme on l'a vu plus haut, elles fe tiennent cachées dans les bois; elles fe nourriflent de baies | de houx, d’aubépine, &c. Les fujets décrits par M. Sloane avoient les ouvertures des narines plus amples & les pieds plus longs que ceux décrits par Catefby & M: Briffon ; ils n’avoient pas non plus le même plumage, & fi ces différences étoient permanentes on feroit ! fondé à les regarder comme les caractères d'une autre race, ou fi l’on veut d’une variété conftante dans l'efpèce dont il s'agit iCI. 495 *LA ROUSSEROLLE (a). Ox a donné à cet oïfeau le nom de Roflignol de rivière, parce que le mâle chante fa nuit comme le jour, tandis que la femelle couve, & parce qu'il fe plaît dans les endroits humides: mais il s’en faut bien que fon chant foit auffr agréable que celui du roflignol, quoiqu'il ait plus d’étendue : l'accompagne ordinäirement d’une action très- vive, & d’un trémouf- fement.de tout fon corps: il grimpe le * Voyez les Planches enluminées, n.° $ 1 3 fa) C'eft la fixième grive de M, Briflon, tome IL, page 219, Belon a cru sa AE que c'étoit Valcyon vocal d'Ariftote; car cet alcyon a le dos _ bieu: on lui a donné le nom de rouferolle, à |‘ caule de la couleur rouffe de fon plumage , d’autres : celui de roucherolle, parce qu’elle fe tient parmi les .youches, c’eft-à-dire, parmi les joncs; d’autres celui ” de trire-arrache, à caufe de fon cri: felon Belon elle prononce diftinétement ces fyilabes: soro, rrer, -fays, huy, tret En Latin, Turdus paluitris, Junco, + Cinclus, Paffer aquaticus ; en talien, Paffere d’acqua ; en Aliemand, ruch-weiden-rohr droffel; en Anolois, Greater-reed-fparrow ; en Américain, Atotothquichil, {elon Nieremberg; Acororloquichit, felon Fernandez; Caracure, {don Las 406 Hifloire Naturelle long des rofeaux & des faules peu élevés, . comme font les grimperaux, & il vit des infectes qu’il y trouve. | L’habitude qu'a la roufferolle de fré- quenter les marécages, iemble l’éloigner : de la clafle des grives, mais elle s’en rapproche tellement par fa forme exté- rieure, que M. Kieim qui l’a vue preique vivante, pulfqu'on en tua une en fa préfence, doute qu’on puiffe la rapporter à un autre genre. Î[ nous apprend que . _ces olfeaux {e tiennent dans les ifles de embouchure de fa Viftule, qu'ils font leur nid à terre fur le penchant des petits W tertres couverts de moufle\/p), Enfin il . foupçonne qu'ils paflent l'hiver dans les » bois épais & marécageux fc): il ajoute qu'ils ont toute la parte fupérieure du corps d’un brun roux, la.partie inférieure d'un blanc fale, avec quelques taches cendrées ; le bec noir, le dedans de la. 4 4. %: (5) Ws le font entreiles cannes & rouches, avec M de petites pailles de roufeaux, fuivant Belon, & ils M pondent cinq à fix œufs, page 2 24. n. (c) Belon qui avoit d'abord regardé la roufferolle #4 comme oifeau de paflage, aflure que depuis il avoit connu le contraire, | ï on Ve ie Pa D, XVUL. pag . 40 6: 2 = = = SSS ST 044, 104 Un un LP CL00 W, — Ê 5 EL ||] il | {|| 1} M, A } W! Six ® REX NT £ à $ ST RAY | Hit { ]I (ll, DE A Up 1 NERF an SN ns D — SNS LUN | Lp 3 | D D el RDS = : KR PSS NS Ÿ ISSN. PASS RES s RE EST ANS rase + os AS TRRÈ 7 = nr SE RS IN Ssant a: # È eve del: \ "4 LA ROUSSEROLLE. | PET : 280: Guttenbi rg sc de la Rouferolle. 407 bouche orangé comme les grives, & Îles pieds plombés (d?. Un habile Oblervateur m'a afluré qu’il _connoifloit en Brie une petite rouflerolle, nommée vulgairement effarvatte, laquelle _babille aufli continuellement, & {e tient “dans les rofeaux comme fa grande. Cela | explique la contrariété des opinions fur la taille de la roufferolle .que M. Klein a vue groffe comme une grive, & M. Briflon, feulement comine une alouette. € et un.oifeau qui vole pefam- ment & en battant des ailes : les plumes qu'il a fur {a tête font plus longues que les autres, & lui font une. _etpèce. de huppe affez peu marquée. M. Sonnerat a rapporté des Philinpiles une véritable roufferolie, parfaiiement _femblable à celle du »° $ 12. (4) Voyez Ordo Avi, page Won :. ÎNVa rureile ‘À A ADR. AE tir 4 Ÿ 408 Fifloire * LA DRAINE (a).* ! t# RS 0 Le TTE Grive fe diftingue de toutes. les autres par fa grandeur, & cependant ils s’en faut bien qu’elle foit auffi groffe que. 14) bbitatroo 2} Sa pie 3 i 41 # # Voyez les Planches enluminées, n° 489. ‘1 {a) La Draïine ou la groffe Grivede M. Brion, tome T1, page 200 ; en Grec, XiX nas , I E0o009ç eMvupmmunnos ; en Turc, Garatauk; en Latin … Turdus major, maximus, vifcivorus ; en \talien, Tordow Turdela, Gardenna, Dreffa, Drefano, Gafo PA | Columbina ; en Allemand, Xrambs-vogel, Schnarre« Ziering, Zeher, Zerrer, Schnerrer; en Suiïfle, Mifllérn - Miflel-droftel, Miflel-ziemmer, dc en Angloism Mifsle où Miffel-bird, Shrite, Shreüch , Miffe- toël Thrush; en Gallois ou vieux Breton, Per-ye/lwyn« (ceft-à-dire, Maitre : du Buifon), Y Drefglenw « Crecer ; en Polonoïs, Orozd Naywrieksky, Jemiolucha Cnapio : on l'appelle en différentes provinces des France, Ciferre, pb où Jacode, Grive de Bron Grive Provençale, Gilloniére {du mot Gillon, q 4] fignifie Gui en Savoyard) rie, Trage, Traiess Treiche, Traîne, Tric-trac, rc, Le tout felon M. Salerne qui applique mal-à- propos à Îa drainel| (page 16 8) les noms de Cha-cha, Chia-chigés| Gia-gia , lefquels expriment évidemment le cri de fa litorne. Belon prétend que c’eft par erreur qu'on né x à l'appelle à Paris une Cafandre ; [Mature des Orfeausl a 2 à * A mx à 7 | de gui, “de la Draine, 409 apie, comme on le fait dire à Ariftote (b}s eut-être par une erreur de Copifte , car 4 pie a prefque le double de maffe, à moins que les grives ne foient plus groffes en Grèce qu'ici, où la draine qui eft certainement la plus grofle de toutes ne pèlé guére que cinq onces. Les Grecs & les Romains regardoiïent les grives comme oïfeaux de paffage /c), & ils n'avoient point excepté la draine qu'ils connoifloient parfaitement fous le nom de grive vifcivore, ou mangeufe En Bourgogne Îles draines arrivent en troupes aux mois d’oétobre & de novem- bre, venant felon toute apparence des montagnes de Lorraine /4), une partie page 324) nous avons vu en effet que c'étoit le nom de la grofle allouette, & il ne faut pas donner le même nom à des efpèces différentes, La draine s'appelle aufli Æaute grive en Lorraine, & Verquere en Bugey où le gui je nomme Verquer, {b) Hifloriæ Animallum, Kb. 1X, cap. xx. {c) Voyez Ariftot. Hifloria Animalium, Gb, VIIL, cap. XVI, — Pline, 4 X, cap, XXIV: — Varroy de ve Raflva, Gb, IT, cap. v. CESSE {d) M. le Doëteur Lottinger, de Sarbourgy Oifeaux, Tome V., S) 410 F loire Natarelle continue fa route & s'en va, “toujours is bandes, dès! le: ‘eomihentéient: hiver, tandis qu'üne autre partie dchere jufqu at mois de mars & même plus lon: th) Car vil en rete Rs rt beauéoup Mise iQ 3 k 34 m'affure que | adltié de per rep quoi des: montagneseyde ÆcfFainé ‘aux approches hivers, partent, en | eptembre. & € ao? re “elles reviennent aux mois de ‘inats & d'avril ’ellés pichént dans has forêts ‘dont die (ofit ouvertes ; ci -tout ,cela s'accoide, fort bien avec £e.que. NOUS ,AvOns dir d'après nos. connoiffances par tieulières A mais je ne dois pas diffimuler À contrat! été‘ qui fe trouve entre une autre obfetvation ie Hemène M Eemiagtromia commüniquée & cle d'un Oprni hologäte : trés - habile : Celui - çi à 0 Hé cbet #t) prétend, quwen Brie les grives ne fe réu- rs “darts aucun temys ‘de fannée, & M 2 Lortingér “aflire quiéh: \Poiattét rélles: voleur à toujoirs par .YOURES » foit au printemps, foit en automne, _ëc en efret nous les voyons arriver par bandes aux ‘environs de’ Monthard/'commie je Pai ‘rémiarqué ; Fours a iures feroïent -etles ‘différentes en des/pays'où en des temps ‘différens ééla® vel ? ras ‘fans exemple; & je crois devoir ajouter ci, d'apres une obfervation plus détaillée, que ‘lé paffage ditimois denovembre étant fini, celles qui. reftent l'hiver dans-hos cantons, vivent {éparément: continuent de vivre ainfi ju(- quan la couvée ; en forte que Jes afertions dés deux Obervateurs fe trouvent vraies à pourvu qu'on our Ôte leur trop gra ande généralité, &c qu’on les reftréigne.i À un certarn gi : & à de cértains lieux, de là Draine: 41 pendant l'été, tant en Bourgogne qu’en plufieurs autres provinces de France & d'Allemagne, de Pologne, &c. /e) I en refte même une {1 grande quantité en Italie & en Angleterre, que Aldrovande a vu les jeunes de l’année fe vendre dans les marchés /f}, & qu’'Albm ne regarde point du tout les draines comme oïfeaux de pañlage /g). Celles qui reftent, pondent, comme on voit, & couvent avec fuccès: elles établiflent leur nid tantôt fur des arbres .de hauteur médiocre, tantôt fur la cime des plus grands arbres, préférant ceux qui font les plus garnis de moufle: elles le conftruifent tant en dehors qu’en dedans avec des herbes, des feuilles & de la moufle, mais {ur-tout de la moufle blanche, & ce nid reflemble moins à ceux des autres grives qu’à celui du merle, ne füt-ce qu'en ce qu'il eft matelaffé en dedans. Elles produifent à | (e) Rzaczinsky, Auchiarium , page aù%e « (f) Oruithologia, tome I, page 5. {g) Albin, tome Î, page 28. Les Auteurs de la Zoologie Brirannique ne difent point non plus que S ïj ce foit un oïifeau de pañage, 412 Hifloire Natareile chaque ponte quatre où cinq œufs gris tachetés /4), & nourriflent feurs petits avec des chenilles, des vermiffleaux , des limaces & même des limaçons dont elles caflent la coquille. Pour elles, elles mangent toutes fortes de baies pendant la bonne faifon, des cerifes, des cor- nouilles, des raïfins, des alifes, des olives, &c. pendant hiver, des graines de genièvre, de houx, de lierre & de nerprun , des prunelles, des fenelles, de Ja faine & fur-tout du gui /i). Leur cri d'inquiétude eft zré, tré, tré, tré, d'où paroit formé eur nom Bourguignen draine, & mème quelques - uns de leurs _noms Anglois; au printemps les femelles n’ont pas un cri différent, mais les mâles chantent alors fort agréablement, fe plaçant (h) « Ces oifeaux , dit Albin, ne pondent guère » plus de quatre ou cinq œufs, ils en couvent trois, _& n’ont jamais plus de quatre petits. » Je ne rapporte ce paflage que pour faire voir avec quelle nég'igence cet ouvrage a été traduit, & combien on doit être en garde contre les fautes que cette Traduétion ‘a ajoutées à celles de l'original. {i) Suivant Belon, elles mangent l'été le gui des fapins, & l'hiver celui des arbres fruiiiers, Nare des Oifeaux, page 316% À de la Draire, 413 à la cime des arbres, & leur ramage eft coupé par phrafes différentes qui ne ie fuccèdent jamais deux fois dans le méme ordre: lhiver on ne les entend plus, Le male ne diffère extérieurement de la femelle que parce qu'il a plus de noir dans fon plumage, | Ces oifeaux font tout-à-fait pacifiques : on ne les voit jamais fe battre entre eux, & avec cette douceur de mœurs ils n’en font pas moins attentifs à leur confer- vation; ils font même plus méfians que les merles qui paflent pour l’être beaucoup; car on prend nombre de ceux-c1 à fa - pipée, & lon n’y prend jamais de draîres ; mais comme il eft difficile d'éviter tous les piéges, elle fe prend quelquefois au lacet, moins cependant que la grive pro- prement dite & le mauvis. _ Belon aflure que la chair de la draine, qu'il appelle grande grive, eft de meilleur goût que celle des trois autres efpèces /4/; mais cela eft contredit par tous {es autres Naturaliftes, & par notre propre expé- rience. 1 eft vrai que nos draines ne | (#) Belon, Mature des Oifeaux, page 326. S ii 414 Hifloire Naturelle, &rc. PR ; CAT L Fe F -e cdi à LL PL ” 2 Le Ad vivent pas d'olives, ni nos petites grives ÿ de gui, comme célles dont il parle, & lon fait jufqu’à à quel point fi différence de nourriture peut influer fur la qualité & le “ai du LE he 3: VARIÉTÉ D DE LA DRAINE. NE ” 21 33 ÉSÛE . Fr "À | "TT pi E: there À. feule variété ‘que Je {rouve dans cette efpèce, C'eft la draine Phnc dite obfervée. par Aldrovar ide /a): elle aVOIE. les pennes de La queue & des ailes d’ une couleur foible & _prefqué blanchâtre, # la tête. cendrée ; à. inf, q .qMe;, tout le des us. du; corps s. OYAIN A SUR 4 }: srl leis I ar HEMArqUEr. dans cette, variété. l'altération de la couleur des” pennes des ailes & de 1: queue, lefquelles OI regarde ordinairement comme moins fujettes au changement, & commerétant, pour aïn{t dire, de mcilleuréteint,) que toutes Îes autres phuness? (TA en Sb SpA | où at ACI PORN urs des draines qui Face au Jardin du Roi fur les arbres efféufllés: clles paroïffent trés-friandes de Îa graine de Vif, & en mangent tant que leur frente en eff rou ge: elles “ét aufli fort avides de la graine de nicocoulier. à” (a) Tome II, page 594 S üÿ 416 Hifloire Naturelle, dc. En Provence on a une forte d’appeau avec lequel on imite en automne le chant que les draines & Îles grives font entendre au printemps ; on fe cache dans une loge de verdure, d’où l'on peut découvrir par une petite fenêtre une perche que lon a attachée fur un arbre à portée ; l’'appeau attire les grives fur cette perche où elles accourent croyant trouver leurs femblables ; elles n’y trouvent que les embuches de l’homme & la mort; on ks sue de Ia loge à coups de fufil. 417 Lure Grive eft la plus groffe après la draine, & ne fe prend guère plus qu’elle à [a pipée, mais elle fe prend comme elle au lacet: elle diffère des autres grives par fon bec jaunâtre, par # Voyez les Planches euluminées, n° 490, où la _ Âitorne à été repréfentée mal-ä-propos fous le nom de ralandrote, {a) La Litorne, en Grec Kixaa, Teiyas; en Hatin, Turdus pilaris, Trichas; en Maken, Tordo, Wifcada, Vifcardo, & parmi le peuple, Schiron ; en Efpagnol, Zordo, Zorzol; en Allemand, Krammet- _ vogel, Kranwit-vogel, Ziemmer; dans la Lorraine Allemande, Schomerlin; en Suédois, Krams-fogel ; en Suifle, Recholier, Wecholter, Wachholder-dro/tel; en Anolois, Fiekd-fare ; en Gallois, Cafed y ddryccin ; en Polonois, Drozd-frzedni, Kwiczot; en Wiyrien, Kwicyiela ; en difiérentes provinces de France, Tourdelle, Cha-cha, Cla-cla, Fia-fa, Tia-tia, Cancoine, Serre-montagnarde, Te La plupart de ces noms paroiflent formés d’après fon cri, qui a plufeurs inflexions. M. Salerne dit qu’elle s'appelle en Picardie, Columbaffe : ce nom qui vraifemblable- * ment a été donné à la plus groffe des Grives, ! conviendroit mieux à la draimk, d'autant qu'en ftalien on la nomme Cofibiua, S v PPT , 418 Hifloire Naturelle fes pieds d’un brun plus foncé, '& par fa couleur cendrée , quelquef.i is varicé de noir, qui ‘règne Le {a têié, derrière fon : cou & fur ion croupion. MA uäle & la feñelle ont le même cri, & peuvent Ég lement {ervir pour attirer les litornes dau vages dans le temps du paflage /b); mais la femelle fe dif. tingue du anâle par la ‘couleur de fon: bec, la aquei le eft beaucoup plus obfcure. Ce oïfeaux qui nichent en Pologne & dans la bafle Autriche /c), ne nichent point dans notre pays : 1ls y arrivent em troupes après les mauvis, vers le conmen- cement de décembre, & crient hs en volant (a); ils" fe tiennent alors dan les friches où croît le genièvre, & lorf- qu'ils reparoiffent au printemps /e), ils préfeient le JEU des prairies humides, 7 ) dons Frifh, Fe 26: _(c) Klein, ide Avibus, page 178. = rer, Ælenchus, page 361: + (d) Noyez. Ranczynski; j Auttariun ses page 424. (e )'Elles arrivent en Ang eterre vers le commen- cemenñnt d'octobre & elles Sen vont au mois de: mars, Voyez la Zoologie Britannique, page 90€ * À de. La Litorues 419. _&en. géné cils frein beaucoup. | moins, les bois que les. deux cfpèces | 1 précédentes. Quelquefois ils font dès le. | commencement, de l'automne une pre- mère & couqte apparition dans le moment de la maturité dés alizes dont. ils font très - aides 4 is n'en revienhent Re 1s MOINS au LEMpPs. ACÇQutUmE, | I n'eft pa | rare de voir les Jirornes. fe. ralembler ah non nbre de deux Qu trois mille dans un endroit où Il y.a des, alizes mûres, & elles Les mangent fs avidement qu elles en, jette L : Ja. MOIUÉ. Par. terre, On. les vQit aufi ï fogt | lauyent après, Les pluies COUT arts les. flans. pour attraper Îes vers & les Jimaçes.. Dans Jes fortes gelées, ‘elles vivent de gui, du fruit del’ épine blanche ë& ans: baies. /f). | On peur conclure de. ce qui. vient d être dit , Que les litornes ont les INœŒUTS, 4 diféremes dercelles de, la BH ou de la digine. €. beañcoup. As. Jogiales. Elles vont, que quefois , feules ., mais le plus fouvent elles forment, comme je lai RIMALQUÉ , : des. bandes trés.- -nombreufes, rm, Damme 2 TE © PT res Pereen ee GE» eue pre due, 0 ares à Th M. le. Dodieur, Lottinger pus S Vj 420 Hifloire Nararelle | & lorfqu’elles fe font ainfr réunies elles’ voyagent & fe répandent dans les prairies fans fe féparer ; elles fe jettent auffi toutes enfemble fur un même arbre à certames heures du jour, ou lorfqu’on les approche de trop près. M. Linnæus parle d’une litorne, qui ayant été élevée chez un Marchand de vin, fe rendit fi familière qu’elle couroit fur fa table & alloit boïre du vin dans les verres; elle en but tant qu'elle devint chauve, mais ayant été renfermée pendant un an dans une cage, fans boire de vm, elle reprit fes plumes /g). Cette petite anecdote nous offre deux chofes à remar- quer , l'effet du vin fur les plumes des olfeaux, & l’exempie d’une fitorne appri- voifée, ce qui eft aflez rare; les grives, comme je lai dit plus haut, ne fe privant pas aifément. Plus le temps ef froid, plus les Jitornes abondent, il femble même qu’elles en _preffentent la ceffation, car les chaffeurs & les habitans de la campagne font dans l’opinion que tant qu’elles fe font {g) Faune Suecica, page 714 de la Litorue. 421 + entendre, hiver n’eft pas encore paflé, Elles fe retirent l’été dans les pays du … nord où elles font leur ponte & où elles trouvent du genièvre en abondance; Frifch attribue à cette nourriture le bon goût qu’il reconnoîft dans leur chair /4}. J'avoue qu'il ne faut point difputer des goûts, mais au moins puis-je dire qu’en Bourgogne cette grive pafle pour un manger aflez médiocre, & qu’en général le fumet que communique le genièvre eft mélé de quelque amertume, D'autres prétendent que la chair de la litorne n’eft jamais meilleure ni plus fucculente que dans le temps où elle fe nourrit de vers & d’mfeétes. La litorne à été connue des Anciens, fous le nom de £vrdus pilaris, non point parce que de tout temps elle s’eft prile au facet, comme le dit M. Salerne /i), car cette propriété ne Vauroit point difiinguée des autres efpèces qui toutes fe prennent de même; mais parce qu’elle a autour du bec des efpèces de poils ou {h) Frifch, ariicle relarif à la planche 26, (i) Hifi. Nat, des Oifeaux, page 1710 422 Hiflore N nidl ec. de barbes noires: qui ‘reviennent en ayant &. qui font plus longues. que dans la grive & la draine. Il faut ajouter qu’elle a la ferre très-forte, comme l'ont remarqué les Auteurs de fa Zoologie Briannique. Frifch rapporte: que lorlqu'on ,met les petits de fa draine dans le nid de laitorne, celle-ci les adopte, les nourrit & les éieve comme fiens ; mais. je ne conclurois point de cela feul, comme fait M. Frifch, qu'on peut efpérer de turer des ne du mélange de ces deux efpèces ; ; Car on ne s'attend pas fans doute à voir éclore une race houvelle du mélange del: poule & du canard, --quoiqu on it. Vu fouvent des couvées entières de cannetons nn &. LE céggns cars une poule. o ‘ . LUETTS fe: Par den é 24 , An Er é D LA R: #“ # s LE 5 4 À d AUS FAR : | » La 21. XIX. pag . 422. ti es Lu Lyrme Aya CAE un MS me ex Lust d dll d'eve del. 1 , l H fl \ SSÈS 22 OS TI RPETA Luttenbe cul: uttenbe rg feud Fi71T À DRAINE Fig. 2.1 A LITORNE. PET :19 2 , x k ? 7 s ‘ À ; « 1 4 L 4 BOL MN OR PTE CAR AUS HER t y : MORT ARE AUVEN LE A Le RAT ART TE à DA MG PAT LONUE 4 OL AU TON CR De 71 ue EL ARE ll , NES AE Le ee LANTA NU À # * 1 x dE MES PR AT " \ JR A fa ENT QE PAT, AE ATX PT : È % à ‘ 04 LAN ee PU ne CAL > NRC pe GS A7 5} " « PE TS TE fe, 1 V / Al: (3 ste ré 73% À PARLE VARIÉTÉ DE LA LITORNE. La LITORNE PIE ou TACHETÉE {a): elle eft en effet variée de blanc, de noir & de piufieurs autres couleurs diftribuées de manière qu’excepté la tête & le cou, qui {ont blancs tachetés.de noir, & la queue qui eft toute noire, les couleurs fombres regnent fur la partie fupérieure du corps avec des taches blanches, & au contraire, les couleurs claires & fur-tout le blanc fur Îa partie inférieure avec des mouchetures noires dont fa plupart-ont 1 forme de petits croiflans. Cette litorne eft de la grofleur de lefpèce ordinaire.” On doit rapporter à cette variété la litorne à tête blanche de M. Briflon /b); elle a comme elle la tête blanche, ainfi qu'une parte du cou, maïs fans mouche- tures noires, & de ne diffère de la (a) Voyez Albin, rome 11, page 24, — Klein, » Ordo avium, page 67, n° Xi — Briflon, Oraitho- … hgie, tome Il, page 218. (b) Tome Il, page 217 | 424 Hifloire Naturelle, érc. litorne commune que par cette tête blanche, en forte qu’on peut la regarder comme la nuance entre la litorne com- inmune & la litorne pie, IT eft même affez naturel de croire que Îa variation du plumage commence par la tête, le plu- mage de cette partie étant en effet fujet à varier dans cette efpèce d’un individu à l’autre, comme je l'ai indiqué dans l'article précédent. | : ENT: 84 \OISEAUX ÉTRANGERS. | Qui ont rapport à la LITORNE. 1. Mb ML net \LITORNE DE CAYENNE | J E rapporte cette orive à la litorne, _ parce qu'elle me paroït avoir plus de . rapport à cette efpèce qu'à toute autre . par la couleur du deflus du corps & par : celle des pieds : au refte, elle diffère de . toutes ces grives, en ce qu'ellé n’a pas | à beaucoup près les grivelures de Îa | poitrine & du deflous du corps aufli . marquées, en ce que fon plumage eft L varié plus univerfellement , quoique d’une l - autre manière, prefque toutes les plumes … du deffus & du deffous du corps ayant un bord de couleur plus claire, qui | | * Voyez les Planches enluminées, n° $15, où cet oifeau eft repréfenté fous le nom de Grive de Cayenne, 4 — y: 4260 Hifloire Naturelle deffine ‘nettement leur contours-en ce! que la gorge eft de couleur cendrée , fans mouchetures; enfin en ce qu’elle a de bords du bec inférieur échancrés vers le. bout, ce qui m'’autorife à en faire une efSèce différente, jufqu’à ce que lon connoifle mieux fa nature, fes mœurs. & es habi RaMele hi | R . étit nÊ # LÀ LiroRnAl DE CANADA ah. cl "C'EST anfi que Carefby apple M) grive qu'il a décriie & fait repréfenter. dans fon Hifloire de la Caroline /b 7} & jadopte cette dénomiÿation d'autant plus volontiers que Îa litorne fe trouvant ya Voyez les Planches enluminées, n° Leg fig. 1e } (a C'eft la neuvième give de M. Briflon, & qu ‘il nomme Grre de Canada, tome 1], page 223$, Le nom de Æeldfure que lui donne M:Catefby, efk celui qui en Anpglois défisme particulièrement la ltorne, Voyez Willughby page 139; & Brisish Zoolgy, page 90. (b) Tome J, page (29 js des Oifeaux étrangers, dc 427 en Suède, du moins une partie de l’année , elle a Bien. pu pafler de notre continent dans l’autre & y produire ri races nouvelles. La litorne de Canada a le tour de: l’œil blanc, une marque de cette même couleur entre l'œil & le bec, le deffus du corps rembruni, le deffous orangé dans fa partie antérieure, & varié dans fa partie poftérieure de HAE fale, & d’un brun roux, voilé d’une teinte Do. elle a auffi quelques mouchetures fous (a gorge dont le ‘fond eft blanc. Pendant’l’hiver elle paie par troupes nombreufes du nord de l'Amérique 1 (1e Virginie. & à la Caroïme, & s’en retourne au printemps comnie Ét notre litorne ; mais elle ‘hante mieux fc ) "M. Caelby dit qu’elle a [a vole perçante comme la grive de guy, qui eft notre draine. Ce même Auteur nous apprend qu'une de ces litornes de Canada ayant fait la découverte du premier alaterne qui eût été planté dans la Virginie, (ce) HN faut toujours fe rappeler qu’on ne fait point comment chante un oifeau quand on ne fa pas entendu chanter au temps de l'amour, & que la litorne ne niche point dans nos contrées, 423 Hifloire Naturelle, dre, prit tnt de goût à fon fruit qu’elle réfta | tout l'été pour en manger. On a afluré : à Cateiby que ces.oifeaux nichoïent dans le Marvland, & y demeuroient toute l'année, Z ; F F # A > LL, 2 Se À #Y di “. ER RS D EL RCE er b— à) LA # [de LEA *LE MAUVIS (à). ÏL ne faut pas confondre le mauvis avec les mauviettes qu’on fert fur les tables à Paris pendant l'hiver, & qui ne {ont autre chofe que des alouettes ou * Voyez les Planches enluminées, n° 51. (a) Le Mauvis; en Grec, KiYra, ilae, inadk, en Latin, Turdus illis, Hiacus, Tylas ; en Italien, Malvizzo, Tordo-facello, Cion, Cipper ; en Efpagnol, Mais; en Catalan, Fortalarorrg ; en Allemand, Wer-dreflel, Roth-droflel, Heide-droftel, : Ffeff- droftel, Rot-troftel, Heide-ziemmer, Bemer- giemmer, Behemle, Boemerlin, Boemerle, Weiss arf vogel, & parmi le peuple, Birter; en Suife, Berg- troflel, Wintzel, Girerle, Gixerlke; en Hiyrien, Gr. raweckz ; en Polonois, Drozd-ninieyffy ; en Anglois, Wind-thrush, red-wing, Swine-pipe ; en Gallois, Y Drefglen-goch, Soccen-yretra; en différentes provinces de France & pays limitrophes, Grive montagnarde, Grivette, Rofelle, Grive Champenoife, Grive des Ardennes, ardennoife, Grive de vendange, Tris, Sfleur. (Voyez Salerne, page 172) Les payfans dé Brie lui donnent le nom de Can où Quan, qui paroït évidemment formé de fon cri. Nos payfans des environs de Montbard fui donnent celui de Boute-quelon à celui de Calandrote, F5 dans nos . planches enluminées à éi£ donné maï-àpropos à 1g Yitorne, 2° 49 0: ( 430 . Fifloire Naturelle ‘d’autres petits oifeaux tout anne mauvis. Cette petie grive ef la plus intét reflante de toutes, parce qu ‘elle eft Ian meilleure à manger, du moins dans notre” Bourgogne, & que fa chair eft d'un! goût très-fin /b). D'ailleurs elle fe prend, plus fréquemment au Jacet ‘qu ‘aucune autre /c), ainfi c’eft une efpèce précieufe & par la quel ré & “par la quantité. Elle | _paroît orGinairement la feconde, c’eft- ne | dire, après la grive & avant la litorne : elle arrive en gran aides bandes au mois del novembre, & repart avant Noël; elle fait. . fa ponte dois les bois qui font aux environs | - de Dantzick /d), elle ne niche prefque. jamais dans nos cantoñs, non plus qu ‘en. Lorraine où elle: arrive en avril & qu’elle | % À “{b) M. Linnœæus it le contraire, , Sf Na page 169, Cette diflérence d'un pays à l'autre. |! dépend apparemment de celle de la nourriture ou | peut-être de celle des goûts. À (c) M. Frith & les Oifeleurs Re qu'e le. | ne fe prend pas aifément aux lacets, quand ils font ! | faits de crin blanc ou de crin noir; & ül eff. vrai | qu ’en Bourgogne l'ufage eft de les faire de crins noirs & de crins blancs tortillés enfemble, Voyetil si EFrifch , article de la Vi ART. PRES {d) Klein, Ordo Auium, page 178. hi Mais, 434 abandonne fur la fin de ce même mois pour ne repäroitre qu’en automne, quoi- qu'élle pût trouver dans les vaftes forets de cetté province une nourriture abor- dante & convenable; mais du moïns elle y féjourne quelqué témps, au heu qu elle hé ‘fait: qe pailer en certains endroits de VAïñlemagne … feton M Frifch. Sa | noutriture ordinaire’ ce font'les baies! \& | és ‘vermiilcaux, -qu'ellé: fait fort bien trouver ên graftant Îa térre. On la ‘reconnoit à ce qu'elle a les plumes plus Juftrées , plus polies que les autres grives, “& à ce qu'élle a le bec & les yeux plus Inoirs que la grive proprement dite, dont élléapproché pour la groffeur , & qu elle a moins de mouchetures fur {a poitrine : elle fe diftingte encore par ja : conleur “rangée du deffous de l’aile, raifon pour- ‘oi on la‘nomine én plufieurs Ares ; Crive à ailes: robes | 4 Sôn'ert ordinaire eft tan, tan, be ke, & lorfqu’elle a apérçu un renard, fon ennemi naturel, elle lle éénduit fort foin, comme font re les merles, en répétant toujours le même cri. La plupart des X 432 Hiflorre Naturelle | Naturaliftes remarquent qu’elle ne chante” point; cela me femble trop abfolu, il faut dire qu’on ne l’entend guère chanter” dans les pays où elle ne fe trouve pas dans la faïfon de l'amour, comme en France, en Angleterre, &c. Cette ref. triétion eft d’autant plus néceffaire qu’un. très-bon Obfervateur { M. Hébert) n'a” affuré en avoir entendu chanter dans [a Brie, au printemps; elles étoient au. nombre de douze ou quinze fur un arbre, & gazouilloient à peu- près comme des. lmottes. Un autre Obfervateur, habitant. la Provence méridionale, m’aflure que. le mauvis ne fait que fiffler, & qu'il. fie toujours, d’où l’on peut conclure qu'il ne niche pas dans ce pays. Ariftote en a parlé fous le nom de turdus Îliacus, comme de fa plus petite grive & la moins tachetée /e). Ce nom. de turdus Îliacus, femble indiquer qu'elle ! pañloit en Grèce des côtes d’Afle où fe irouve Ja ville d’Zlium, | L'analogie que j'ai établie entre cette! fe) Arfiot, FF, Aximaliun, Kb, 1X, cap xx. i 1 efpèce: SR je du Mauvis. 433 efpèce & Ïa litorne fe fonde fur ce qu’elles font l’une & l’autre étrangères à notre climat, où on ne les voit que deux fois l'année /f), fur ce qu’elles fe réuniffent en troupes nombreufes à certaines heures, pour gazouiller toutes enfemble, & encore ur une certaine conformité dans la grive- lure de Ia poitrine ; mais cette analogie n’eft point exclufive, & on doit avouer que le mauvis a auflr quelque chofe de commun avec Îa grive proprement dite ; fa chair n'eft pas moims délicate, il a le deffous de l’aile jaune, mais à la vérité d’une teinte orangée & beaucoup plus vive; on le trouve quelquefois feul dans les bois & il fe jette aux vignes, comme la grive avec laquelle M. Lottmger a obfervé qu’il voyage fouvent de com- pagnie, fur-tout au printemps. I'réfulte + rt (f) En Hifloire Naturelle, comme en bien d'autres matières, il ne faut rien prendre trop abfolument. Quoiqu'il foit très-vrai en général que le mauvis ne pañle point l'hiver dan: notre Pays, cependant M. Hébert m'affure qu'il en a tué une année, par un froïd rigoureux, plufieurs douzaines fur une aubépine qui étoit encore chargée de fes fruits rouges. Oifeaux, Tome F, T , 434 Hifloire Naturelle; dc. de tout cela que cette efpèce a les moyens de fubfifter des deux autres , & qu’à bien des égards on peut la regarder comme faifant là nuance entre la grive & la litorne. | OISEAUX ÉTRANGERS, Qui ont rapport aux GRIVES aux MERLES. Mr LA GRIVE. BASSETTE ODA BARBARIE (a). J ‘APPELLE ami cet oïfeau à caufe de fes pieds courts: il reffemble aux grives par fa forme totale, par fon bec, par les mouchetures de la poitrme femées régulièrement fur un fond blanc, en un mot, par tous les caractères extérieurs , excepté les pieds & le plumage; fes pieds font non-feulement plus courts, mais plus forts, en quoi il eft directement oppofé à l’hoamy, & femble fe rapprocher un peu de la draine, qui a les pieds plus (a) Thomas Shaw lui donne le nom de Green rush h Ti 436 Hifloire Naturelle courts à proportion que nos trois autres grives. À l'égard du plumage, ïl eft d'une grande beauté; la couleur domi- nante du deffus du corps, compris la tête & le cou, eft un vert clair & brillant, le croupion eft teint d'un beau jaune, amfi que lextrémité des couvertures de la queue & des ailes, dont les pennes Tont d’une couleur moins vive: mais ïl s’en faut bien que cette énumération de couleurs, füt-elle plus détaillée, püt donner une idée jufte de l’effet qu’elles produifent. dans loïfeau même: pour rendre ces fortes d’effets il faut un pmceauw & non pas des paroles. M. Shaw qui à obfervé cette grive dans fon pays natal, en compare le plumage à celui des plus _ beaux oïfeaux d’A mérique /b) : il ajoute qu’elle n’eft pas fort commune, & qu’elle ne paroït qu'en été au temps de la maturité des figues; ce qui fuppofe que ces fruits ont quelque influence fur l’ordre de fa marche; & dans ce feul fait j’aperçois deux nouvelles analogies entre cet oïfeau | Oua (bd Thomas Shaw's Travels, page 2 53e des Oifeaux étrangers, &'« 437 & les rives, qui font parelllement des olfeaux de pañlage, & qui aiment beau- coup les figues /c). RHANAE | pa PS NE EN CE ME Es 4 Oo U LA GRIVE CENDREE D'AMÉRIQUE (d). _ TOUT le deffus du corps, de Ia tête & du cou elt d’un cendré-foncé dans loifeau dont il s’agit ici: cette couleur 3 y ; . s'étend fur Îles petiies couvertures des ailes, & paflant fous le corps, remonte d'une part jufqu’a la gorge exclufive- ment , & defcend d’autre part, mais en fe LL (c) Nous avons vu plus haut que c'étoit la nourriture que Îes Anciens recommmandoiïent de donner aux porives qu'on vouloit engraifler pour la table ; & nous verrons plus bas qu’elle rend la chair des merles plus délicate. * Voyez les Planches enluminées, n° 56 0; fig. fà - /d) C'eft le Red leg'd Trush ou la Grive aux pieds rouges de Catelby, {tome Î, page 30) & ke Turdus vifcivorus plumbeus de Klein, Ordo Aviunt, gen, V, fp. XXII; enfin la guarantiéme Grive de M. Briflon, tome ll, page 288, | Tr 433$ Fifloire Naturelle dégradant, jufqu’au bas-ventre qui eft de couleur HAS ainfi que les couver- tures du deffous de la queue : Ia gorge eft blanche aufir, mais grivelée de noir ; les pennes & les grandes couvertures des ailes font noïrâtres & bordées extérieure- ment de cendré : les douze pennes de la queue font étagées & noirâtres comme celles de Païle, mais les trois latérales de chaque côté (bn términées par une marque blanche d'autant plus grande dans chaque penne que cette penne eft plus extérieure. L'iris, le tour des yeux , le bec & les pieds font rouges, l’efpace «entre l'œil & le bec eft noir, & le palais eft teint d’un orangé fort vif. La longueur totale du uy eft d'environ 10 pouces, fon vol de près de 14, fa queue de 4,.fon pied de 18 lignes, fon bec de 12, & fon pords de 24 1 onces: enfin fes FT dans leur repos ne vont pas jufqu”: à Ja moitié de {a queue. Cette efpèce eff fujeite à des variétés, car l'individu obfervé par Catefby avoit 4e bec & la gorge noirs; cette différence de couleurs ne tiendroit -elle pas à celle du fexe! Catefby fe contente de dire que Ê PE 4 des Oifeaux étrangers, &"c. 439 la femelle eft d’un tiers plus petite que le mâle; il ajoute que ces oïfeaux mangent les baies de l'arbre qui donne la gomme élemi. Ils fe trouvent à la Caroline & font trés-communs dans les ifles d’Andros & d'Iathera fwivant M. Brifion. FFT LAPALIRES,GRUTE AUDE S PHÉLIPPINES. : ON peut rapporter au genre des grives cette nouvelle efpèce dont nous fommes redevables à M. Sonnerat : elle a le devant du cou & la gorge grivelés de blanc fur un fond roux : le refte du deflous du corps d’un blanc fale tirant au faune, & le deffus du corps d’un brun fondu avec une teinte olivâtre. à La grôffeur de cette grive étrangère eft au-deflous de celle du mauvis: on ne peut rien dire de létendue de fon vol, parce que le nombre des pennes des ailes n'était point complet’ dans le fujet qui à été oblervé, Tu 440 Fiffoire Naturelle Tv! L'HOAMY DE LA CHINE. M. BRISSON eft le premier qui ait décrit cet oïleau, ou plutôt la femelle de cet oifeau /e). Cette femelle eft-un peu moins grofle que le mauvis; elle fui reflemble, ainfi qu’à la grive proprement dite, & bien plus encore à [a grivette de Canada, en ce qu’elle à les pieds plus longs proportionnellement que les autres grives ; ils font jaunâtres de même que le bec ; le “deflus du corps eft d’un brun tirant fur le roux, le deffous d’un roux clair, uniforme; la tête & le cou font rayés longitudinalement de brun; a queue left auffr de Ia même couleur, mais tranfverfalement, Voilà à peu-près ce qu’on dit de l'extérieur de cet oïfeau étranger s mais on ne nous apprend rien de fes mœurs & de fes habitudes. Si c’eft en effet une prive, comme on le dit, il faut avouer cependant qu’elle n’a point de fe) Voyez fon Ornithologie, tome 1], page 221: des Oifeaux etrangers, re, 44 grivelures fur la poitrine, non plus que la rouflerolle. | V. RO CRIME LETTE DE SAINT-DOMINGUE. CETTE Grive eft voifine pour Îa petitefle de la grivette d'Amérique, & elle eft encore plus petite; elle a la tête ornée d’une efpèce de couronne ou de calotte d’un orangé vif & prefque rouge. L'mdividu qu'a defliné M. Edwards (planche 252) diffère du nôtre, en ce qu'il n’eft pomt du tout grivelé fous le ventre: il avoit été pris au mois de novembre 1751, fur mer, à huit ou dix lieues de l'ifle de Saint- Domingue, ce qui donna Fidée à M. Edwards que c’étoit un de ces oïfeaux de paflage qui quittent chaque année le continent de j Amérique feptentrionale aux approches de lhiver, & partent du cap de Ia Floride pour aller pafler cette faifon dans des climats plus doux. Cette conjecture a été * Voyez les Planches enluminées, n° 398 » ÎGe.2 442 Hifloire Naturelle juftifiée par lobfervation ; car M. Bartram a mandé enfurie à M. Edwards que ces oïlfeaux arrivoient en Penfylvanie au mois d'avril, & qu'is y demeuroïent tout l'été; il ajoute que la femelle bâut fon nid à terre, ou plutôt dans des tas de feuilies sèches, où elle fait une efpèce d'exca- Vation en‘ihanière de four; qu’elle le matelafñie aVét de l'herbe, qu’elle l'établit toujours fur le penchant d’une montagne, à l’expofrion du midi, & qu’elle y pond cimq œufs blancs mouchetés de brun. Cette différence dans la couleur des œufs, dans celle du plumage, dans fa manière de nicher, à terre & non fur Îles arbres, quoique les arbres ne manquent point, femble mdiquer une nature fort différente de celle de nos grives d'Europe. | RENE, | * LE PETIT MERLE HUPPE DELA CRI E." hell é ; . Ç — JE place encore cet oïfeau entre les grives & les merles, parce qu'il a le port U& Vayez Les Planches euluminées, n° 508 { | À des Oiféanx étrangers, €, 443 & le fond des couleurs des grives, fans